The Walking Dead RPG

Un brin de toilette, je crois que ça me ferait vraiment pas de mal. Parce que là, même moi, j'arrive à sentir que je pue le sang et les entrailles. En même temps, je pouvais pas m'attendre à éternuer en plein dépeçage et à taper dans une collection de sang fichée sous la peau de l'animal que j'avais chopé au petit matin. Mais bon, si on voulait avoir un truc à se mettre sous la dent à midi, fallait bien que je me dévoue pour tout ça. Bref.

Prenant le chemin de la salle d'eau pas très loin de ma chambre, je me dépêche d'aller me laver avant d'aller rapidement me changer. Puis pour éviter d'empuantir – c'est un vrai mot ça ? - tout le coin, j'en ai profité pour rincer aussi mes fringues que je suis ensuite partie accrocher dehors. Perdue dans mes pensées, réfléchissant déjà à si l'animal que j'ai attrapé allait être suffisant pour nous tous ou pas, je ne remarque même pas les bruits de pas venant dans ma direction.

Sauf que quand je finis par entendre une voix, je sursaute, pousse un cri de terreur et attrape le premier truc que j'ai sous la main pour le balancer sur l'origine de cette fameuse voix : des pinces à linge. Et ça y va hein. Pire qu'une mitraillette, vu que j'avais le sac contenant toutes celles que j'ai à disposition dans une main, l'autre balance mes munitions par poignées. Enfin, jusqu'à ce que je me rende compte qu'il s'agit de Aaron. Là, je m'arrête et me sens un peu débile, on va pas se mentir. Oups... Le pauvre est encore en train de se remettre des blessures dont il a écopé pendant l'attaque des pirates sur le domaine et moi je le mitraille de pinces à linge en bois. Mais en même temps, on a pas idée de faire peur à quelqu'un comme ça ! C'est sa faute aussi !

Me tournant complètement vers lui, déposant précautionneusement mon sac de projectiles au sol, je me racle la gorge et lui offre un sourire désolé. Je t'ai pas fait mal au moins? Ce serait dommage un peu. Malgré tout, je me demande ce qu'il vient faire dans le coin. S'il cherche ma mère, c'est sûre qu'elle est pas là. Enfin, à moins qu'elle soit devenue une pro du camouflage et que je sois passée cinquante fois devant elle sans la voir. Mais ça m'étonnerait. T'avais besoin de quelque chose ? Si tu cherches Faith, elle est pas ici.

Evidemment que tu m'as fait peur, on a pas idée de débarquer comme ça sans faire de bruit! Et surtout, j'ai pas vraiment comme tradition d'envoyer des pinces à linge en bois dans la tronche des gens en guise de salutation. Même si maintenant que j'y pense, c'est quand même assez marrant. En tout cas, il s'excuse et je me contente de hausser les épaules pour lui faire comprendre que c'est pas grave. En soit, y'a pire dans la vie qu'une petite frayeur de rien du tout. Surtout sans la moindre gravité, comme celle là.

J'allais demander au compagnon de ma mère s'il a besoin d'un coup de main pour accrocher son linge mais il a l'air de plutôt bien se débrouiller tout seul alors je le laisse faire, me contentant de terminer d'accrocher le mien avant de hausser un sourcil à sa question. Si je vais bien ? Je souffle un coup, détournant le regard pour aller ramasser les pinces que j'ai jeté juste avant, sourcils légèrement froncés. Ouais, ça va, t'inquiète. C'est plutôt à toi qu'il faut poser la question. Ta jambe, ça va mieux?, que je demande en me redressant finalement et en désignant sa blessure peinant à guérir d'un signe de tête. Ouais, ça m'arrange bien de pas avoir à répondre à la question. J'esquive toujours, en général. Parce que dans le fond, je sais jamais trop quoi dire.

L'accompagner ? Où ça? Parce que bon, je veux bien, mais ce serait cool de savoir où et pourquoi faire. Parce que jouer les gardes malade, je suis pas forcément super douée pour ça. Bon, si c'est pour partir à la recherche de ma mère, ça me dérange pas. Après tout, je suis toujours contente de la voir même si c'est que cinq minutes avant de la laisser vaquer à ses occupations. Je peux pas non plus tout le temps être collée à elle. Même si depuis que ces pirates ont attaqué le domaine, je dois dire que j'ai souvent des pics d'angoisse qui montent et qui me poussent à vouloir constamment m'assurer qu'elle va bien.

Au moins les explications tardent pas à tomber. Aller m'occuper de mon frère avec lui pendant que ma mère est à l'infirmerie. Bah, si ça peut lui faire plaisir. En plus, j'imagine que ça me coûte pas grand chose de passer un peu de temps avec Aaron. Ça me permettra de le jauger encore plus. Histoire de m'assurer qu'il risque pas de faire du mal à Faith. Parce que sinon, il finit dans ma cabane à se faire dépiauter comme les animaux que je chasse pour la bouffe. Et j'hésiterai même pas une seule seconde.

Je hoche donc la tête, acceptant sa proposition, avant de me remettre en marche avec lui tout en m'adaptant à son rythme pour pas trop lui faire remarquer qu'il est diminué. Le pauvre. C'est gentil de veiller sur Gawain. Puis, un sourire espiègle aux lèvres, je pose mon regard sur le brun. Tu l'aimes vraiment ma mère, hein? Ouais, j'y vais direct.

Alliés ou pas, chacun a fait les choix qu'il devait faire. Et j'aurais tué chacun d'eux sans hésiter pour protéger les gens de mon groupe. Comme eux l'auraient fait pour protéger les leurs. Enfin, j'imagine. Quoi qu'il en soit, à ce sujet, je suis assez catégorique. J'ai pas mauvaise conscience, et si j'avais dû ôter la vie de quelqu'un que j'ai pu connaître ou avec qui j'ai pu m'entendre, et bien la vie est ainsi faite. Ce qui m'importe c'est de protéger ma famille. Les connaissances, ça va, ça vient. Mais ceux que j'ai aujourd'hui avec moi, ma vraie famille, ils comptent plus que tout au monde.

J'ai un petit rire qui m'échappe par le nez et je hoche la tête, satisfaite par la réponse de Aaron. Bien sûr que Faith est quelqu'un de bien. Comme si c'était une question qu'on peut se poser, sérieusement. De toute manière, si tu venais à lui faire du mal, j'espère que tu sais courir très vite et très loin. Le pire c'est que je lui dis ça avec un grand sourire, presque amusée. Mais la menace est sincère. Je n'hésiterai pas une seule seconde. Et a mon avis, il peut toujours essayer de courir plus vite qu'une flèche. Ou plus vite qu'une archère sur le dos d'un cheval lancé au galop. Enfin bref, heureusement pour lui, c'est pas vraiment un problème d'actualité. D'ailleurs, je viens même tapoter son bras comme pour le rassurer. Enfin, puisque t'as pas l'intention de la blesser, t'as pas à t'en faire pour ça!

On se dirige vers la chambre où se trouve mon petit frère et si je laisse Aaron le prendre dans ses bras, Gawain ne manque pas de réclamer son bisou sur le front dont il a l'habitude depuis son plus jeune âge. Alors je me penche, le lui offre, avant de relever le regard vers le copain de ma mère. Ouais, j'en fais. Et t'inquiète, il a l'habitude de venir voir les chevaux avec moi et effectivement il aime ça! Puisque le brun a l'air d'avoir envie d'aller à l'écurie, autant y aller. C'était ma prochaine destination de toute façon. Autant faire d'une pierre deux coups dans ce cas là.

Dès qu'on arrive à l'écurie, j'entends déjà Gawain essayer d'appeler Sleipnyr en écorchant son nom, mais malgré tout mon cheval relève rapidement la tête en sachant très bien que ça signifie que je ne serai pas loin. Le sourire aux lèvres, toujours heureuse de venir ici, je viens glisser mes mains sur le museau de l'animal et pose ma tête contre la sienne l'instant d'après. Tu fais du cheval en temps normal, toi ? Après tout, y'a pas que lui qui peut poser des questions hein.

Bah pourquoi pas ? Tu sais, y'a pas de prédisposition particulière pour monter à cheval hein. Enfin, à part si tu fais trois tonnes, là je plains l'animal quoi. Je hausse les épaules, reculant un peu la tête pour la décoller de celle de mon cheval avant d'offrir un sourire amusé à mon frère qui tend les bras vers son ami à quatre pattes et Sleipnyr qui piaffe. Tu peux approcher, il lui fera rien. Ils ont l'habitude l'un de l'autre. C'est loin d'être la première fois que mon frère vient dans l'écurie avec moi après tout.

Reportant mon attention sur Aaron, je hoche la tête et lâche un petit ricanement sans joie suite à sa question. Équitation, tir à l'arc et j'en passe. Je faisais tout ça déjà bien avant l'apocalypse,oui. Mes parents étaient riches. Très. Sûrement trop. Je crois que s'ils avaient pu, ma mère aurait carrément accouché en wi-fi pour être sûre de bien faire passer sa carrière avant le reste jusqu'au bout. Quand t'es seule dans un grand manoir avec juste les employés de maison et ta gouvernante, t'as plutôt intérêt à faire des activités pour pas devenir totalement folle. Si j'en parle avec un certain détachement, j'ai pourtant toujours ce même pincement au cœur. Celui de la peur d'être à nouveau abandonnée, négligée au point d'en douter du fait d'avoir une quelconque importance pour qui que ce soit.

Je prends une grande inspiration, balayant ces mauvais souvenirs d'un revers de la main avant de reculer et inviter Aaron à faire de même avec Gawain pour que je puisse ouvrir la porte du box de mon cheval. J'entre, lui enfile son licol et sa longe avant de le faire sortir, me dirigeant vers l'enclos avec lui. T'as de la chance d'être blessé, sinon je t'aurais fait monter ! Mais t'y échapperas pas, quand t'iras mieux ! Tu verras, c'est pas si compliqué! Et comme pour prouver mes dires, sans même prendre la peine de seller Sleipnyr, je siffle pour qu'il se mette à trottiner et je grimpe sur lui avec une impulsion précise et marquée par l'habitude.

A force, c'est comme si tu montais dans une voiture ou sur une moto. Tu te posais pas de questions, à l'époque, quand t'avais l'habitude de rentrer dans une bagnole à longueur de journée nan ? Et bah à cheval, c'est pareil. Sauf qu'au moins là, ton moyen de transport est pas juste un tas de ferraille. Y'a une vraie relation qui se crée. Sleipnyr et moi, ça a tout de suite été le coup de foudre. Enfin, après que cet enfoiré m'ait envoyée au tapis le jour où on avait voulu le capturer. Mais c'est sûrement ça qui a tout de suite fait que je l'appréciais. Un sale caractère, comme sa cavalière.