Arrivée au dispensaire, Ivy ne perd pas une seule minute. Elle garde le silence, ignore les questions, trop concentrée sur l'état de June. Elle distribue des ordres d'une voix claire et ferme. Leur dirigeante est conduite sans attendre dans la salle du scanner. Là, durant la quinzaine de minutes que dure l'examen, tout le monde est attentif, tendu. Si June est prise de convulsions ou de vomissements, ils devront tout arrêter.
Heureusement, tout se passe et pendant que leur dirigeante est prise en charge, Ivy examine les clichés obtenus. Ce qu'elle voit n'est pas encourageant pour la suite. Elle prend le temps de bien les observer pour ne rien louper. De toute manière, le résultat est là, bien visible sous ses yeux. Le diagnostique ne fait aucun doute.
C'est la mort dans l'âme qu'Ivy se rend auprès de Levi et de Madisson et leur fait signe de la suivre. Ils se dirigent dans son bureau. Pour le moment, elle préfère que cette conversation ne soit entendue que d'eux. Les patients sont nombreux ici et les oreilles peuvent trainer. « Je n'ai pas une bonne nouvelle » annonce-t-elle d'entrée de jeu. Elle ne tourne pas autour du pot. « C'est bien un AVC, mais ce n'est pas tout, le scanner a montré la présence d'une tumeur au cerveau. June a déjà eu quelques soucis de santé cet automne. » Elle se tourne légèrement vers Maddie. Cette information doit probablement la surprendre car June ne voulait surtout pas que ses proches soient au courant. « Je lui ai fait passer un scanner et à l'époque, ils n'ont montré qu'un ulcère à l'estomac. La tumeur est agressive et a progressé très rapidement. »
Ivy accroche des clichés sur le négatoscope mural. « Vous voyez le premier cliché ? Il a été pris en octobre. Il n'y a rien. » Elle montre la deuxième image où une tâche se distingue particulièrement. « C'est la tumeur. Au vu de sa localisation et de sa grosseur, je ne peux rien faire. » Même si elle avait les compétences d'un neurochirurgien, ce serait trop risqué. « Si j'opérais, June en garderait de lourdes séquelles réellement handicapantes, avec un très faible pourcentage de survie. » Elle secoue doucement la tête, navrée de ce qu'il se passe.
Durant tout le trajet jusqu’au dispensaire, je ne lâche pas la main de June. Je me contente d’avancer machinalement, mettant mon cerveau sur pause, ne voulant pas y croire. J’espère naïvement que tout ira bien, que l’état de notre dirigeante s’arrangera. Je reste silencieuse, veillant sur la rousse… Une fois au dispensaire, Ivy se charge rapidement de lui faire passer des examens. Je patiente, fébrilement, craignant les paroles de la médecin quand elle nous annoncera les résultats.
Puis le verdict tombe. Cela me fait l’effet d’une violente gifle alors que j’ouvre la bouche sans qu’aucun mot n’en sorte. Je n’étais pas au courant des problèmes de santé de June. Je la savais fatiguée, parfois, mais elle ne m’en avait jamais parlé. « Il n’y a vraiment rien à faire ? » Que je demande finalement, la voix cassée, réalisant que c’est la fin. Je viens me mordre l’intérieur de la joue, retenant mes larmes. Cette nouvelle est un véritable choc et je peine à garder mes moyens. Il le faut pourtant…
Je ferme les yeux quelques secondes, déglutissant difficilement. Puis, je m’adresse à nouveau vers la médecin pour lui demander « Est-ce qu’elle souffre ? » Mon regard dérive sur les clichés qu’elle a affiché sous nos yeux. La tumeur est bien là et il n’y a rien à faire… « Quel est le pourcentage de réussite d’une telle opération ici ? Les séquelles seraient trop handicapantes pour lui permettre de continuer à travailler ? A gérer Fort Ward ? » Des centaines de questions inondent mon esprit Dans le regard d’Ivy, pourtant, je n’ai pas de mal à comprendre qu’il serait impossible pour l’avocate de reprendre son poste.
Je prends le temps de réfléchir, de me mettre à la place de June, l’espace d’un instant. Puis, relevant les yeux vers Levi et Ivy, je finis par souffler « Elle ne voudrait pas que l’on s’acharne… » Puis, en captant toujours leurs regards, je demande « Est-ce que Valentine a été prévenue ? » Mes lèvres se pincent… « Il lui reste combien de temps ? »
Il scruta Ivy et l'écouta. Son diagnostic était clair et à dire vrai, elle n'avait pas concrètement besoin de lui montrer les radios pour qu'il comprenne la situation. Il ne pouvait pas se douter que c'était aussi grave. Que la fin de June Phelbs se ferait en un rien de temps, une poignée de minutes où tout s'était joué. Un symptôme plus vindicatif qu'un autre et la voilà balayait par un corps qui refusait de jouer le jeu plus longtemps. Ouais, tout ça faisait un choc à l'évidence, et l'israélien n'était pas sûr de comment réagir. En toute honnêteté, il se sentait un peu con.
Il porta le regard vers Madisson, alors qu'elle peinait à y croire. Les questions s'enchainaient, certaines pertinentes, certaines totalement à côté de la plaque. Il ne pouvait pas être trop dur avec elle, notamment parce qu'elle encaissait la nouvelle, et plus que perdre un leader, elle perdait aussi une amie proche. Une patronne, des habitudes. Le choc devait être rude. Il passa la main dans le dos de la blonde, pour la soutenir un instant. Plus qu'essayer de la réconforter, il voulait s'assurer qu'elle ne lui ferait pas un malaise au pire moment.
Je vais prévenir Valentine, assura-t-il alors. Pas la peine d'épilogue. Scrutant la blonde, ses propos le laissèrent songeur. Plus que ne pas vouloir qu'on s'écharne, il était évident que June détesterait surtout vivre handicapée, diminuée ou impuissante. Et avertir les autres de la situation, ajouta-t-il d'un ton ferme. Faites ce qu'il faut pour qu'elle ne souffre pas, demanda-t-il, notamment à Ivy qui avait cette lourde responsabilité. Bien sûr, ça pourrait attendre, Valentine aurait le dernier mot pour celle qui partageait sa vie.
Levi s'éclipsa, laissa Madisson après s'être assuré qu'elle ne s'effondrerait pas. Ivy se chargerait sans doute mieux de la réconforter ou de la prendre en charge, mais s'il fallait la trainer sur un lit ou sur une chaise, il aurait une prise plus ferme. La jeune femme se retint de s'épancher en émotions incontrôlables et pour tout dire, Levi lui en était reconnaissant. Ses pas le menèrent dans un premier temps où se trouvait Valentine. Il lui demanda de se rendre urgemment au dispensaire, June y était et avait fait un AVC. Il laissa à Ivy l'explication du reste. Ensuite ? Il devait trouver Arizona et Stanley, passer le message aux autres. Drôle de journée...
Inachevés
La médiocrité commence là où les passions meurent. C'est bête mais j'ai besoin de cette merde pour sentir battre mon cœur. J'ai tellement misé sur mes faiblesses et mes failles, j'mérite une médaille au final j'ai fait qu'briller par mes absences.
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CASIER DE SURVIVANT
Sujet: Re: Hit your head Dim 9 Avr 2023 - 23:22
Ivy secoue la tête. Elle aimerait réellement être plus optimiste mais malheureusement, elle ne peut pas. Elle doit la vérité à Madisson et Levi. Est-ce qu'il y a quelque chose à faire ? « Non, la tumeur est bien trop avancée » soupire la médecin. « June est dans le coma, elle ne souffre pas... » Et cela soulève également un autre problème. « Nous n'avons pas les moyens de maintenir quelqu'un dans le coma... » Cela demande une logistique et du matériel qu'ils n'ont pas et partir les chercher à l'extérieur maintenant serait risqué au vue de l'épidémie qui règne à Fort Ward. Dans tous les cas, June ne voudrait pas d'acharnement ce qui resoud ce problème là.
Maddie garde espoir et lui demande les risques d'une neurochirurgie. Ivy se mord la lèvre. Elle n'a peut-être pas été assez claire. « Je n'en sais rien... Je ne suis pas neurochirurgienne. J'ai quelques connaissances en chirurgie mais uniquement les bases et le cerveau est bien trop complexe. Cela dépasse de loin toutes mes compétences. » Il faut des années à un chirurgien pour se spécialiser dans la neurochirurgie, elle n'a pas eu cette pratique. « Et il n'y a personne au dispensaire qui les a... » Même Maeve aurait difficilement pu opérer une telle tumeur. Maintenant c'est pire, depuis l'absence de l'ancienne gestionnaire du dispensaire, ils n'ont plus de chirurgien. Les simples chirurgies peuvent être faites par les médecins encore présents, mais une opération du cerveau ? Impossible.
Levi affirme qu'il va prévenir Valentine et les autres de la situation de June. Ivy hoche la tête, c'est la meilleure chose à faire. Face à la nouvelle question de Maddie, la médecin secoue doucement la tête. « C'est une question d'heures. » souffle-t-elle. Elle-même peine à croire qu'ils parlent bien de l'ancienne avocate, de la cheffe des Remants. Tout a été si brutal, si soudain. C'est difficilement croyable et pourtant... Le corps humain reste fragile et imprévisible. Nul ne pouvait prévoir ce qui allait arriver ce jour.
Il n'y a rien à faire. Les paroles de la médecin résonnent dans mon esprit alors que je peine à encaisser la terrible nouvelle. Le choc est violent et j'ai du mal à tenir sur mes jambes. Et si j'apprécie la vaine tentative de réconfort de Levi, je peine à y trouver quelconque soutien. Je le gratifie pourtant d'un mince sourire, le remerciant d'être présent. Mais au fond de moi, je sens quelque chose se briser. June était ma supérieure, je ne l'ai jamais vraiment considérée comme une amie... Mais j'ai passé tellement de temps à ses côtés ses dernières années que la nouvelle est difficile à accepter. Jamais je n'aurais imaginé Fort Ward sans l'avocate à sa tête, j'ai l'impression que la terre entière s'écroule sous mes pieds.
D'autres auront certainement du mal à croire que je puisse être aussi triste. June, bien que charismatique, n'était pas forcément appréciée de tout le monde... Mais aujourd'hui, j'ai le sentiment de perdre une part importante de moi-même. L'avenir semble brusquement plus sombre, plus incertain. Que va-t-il se passer maintenant ? Je l'ignore et cela me terrifie énormément...
Et alors que Levi s'éclipse pour aller chercher Valentine, je lui souffle un « Merci. » Une boule dans la gorge, je capte à nouveau le regard d'Ivy, les lèvres tremblantes. Je me retiens de ne pas craquer, mais c'est difficile. « Elle n'aurait pas voulu qu'on la pleure, pas vrai ? » Ma voix déraille légèrement, pourtant, aucune larme ne coule pour le moment. « Je... Je vais rester près d'elle. » Il n'y a plus que ça à faire; rester à ses côtés... Si elle était toujours consciente, elle aurait certainement apprécié cette loyauté que j'ai toujours eu pour elle. Alors, en attendant Valentine, je retourne auprès d'elle, attrapant doucement sa main.