Le deuxième homme est rapidement géré par Preston et j’ai l’impression que l’on vient de me retirer tout un poids de sur les épaules. Ruben est sauf, il n’est pas blessé… mais… Mon regard vient effleurer le cadavre de l’homme que j’ai éliminé sans trop réfléchir. Je déglutis avec peine. C’est la première fois que je tue quelqu’un. Les coyotes ça m’est malheureusement arrivé quelques fois, mais jamais un… Homme. Pendant que l’on ne fait pas attention à moi, je m’éloigne un petit peu. J’ai l’impression que mes jambes tremblent sous moi, qu’elles vont lâcher à tout moment. J’ai la nausée. Il est hors de question que… que quoi ? Que les gens me voient dans cet état ? Oui, voilà. Je ne veux pas qu’on pense que je suis faible. Que je suis une enfant.

Il faut juste que je m’éloigne un petit peu. Que… que je prenne un peu d’air. J’ai la tête qui tourne. Je… j’ai… la nausée. Je…

Je me plie en deux et vomis tout le contenu de mon estomac, un peu plus loin du groupe. Les yeux remplis de larme, j’essaie de reprendre mon sang-froid. J’essaie de… de repousser toutes les pensées qui viennent se fracasser dans tous les recoins de mon crâne. Je… qu’est-ce que j’ai fait ?! Il allait les blesser, mais… J’ai agi par instinct… je… Est-ce que j’ai fait une erreur ?!

Spoiler:

You cannot see the futur

with tears in your eyes ...

L'homme, dernier survivant de son groupe, se tend brutalement en comprenant que l'ambiance ici n'est pas là pour l'épargner. Je lance un regard soucieux à tout le monde et notamment un instant à Sebastian : Nous ne sommes pas obligés de prendre une décision maintenant, que je précise rapidement pour éviter de faire un scandale. Preston prendra, je pense, le choix le plus judicieux pour le groupe entier.

Je le scrute d'ailleurs un instant, pour lui rappeler qu'il n'est pas obligé de se précipiter. Le camp n'est pas loin, nous pouvons le mettre en cellule en attendant de voir ce que nous faisons de lui, que j'ajoute pour la précision avant de hausser les épaules. Je ne le pleurerais pas alors qu'il a essayé de nous piller et de nous laisser sans armes, qu'il y aurait eu probablement plus de victimes... Mais bon, on peut sans doute veiller à une issue non violente pour quelques jours.

We're all stories in the end, just make it a good one

ANAPHORE

Nash ! Je vois la jeune femme s'éloigner du groupe pour prendre un peu de distances, et pendant que les autres discutent, j'en profite pour la rejoindre. Je m'arrête à quelques pas en l'entendant vomir, en réalisant ce qu'il se passe. Tout ça me tord le ventre mais je dis rien, c'est pas ça le plus important, je me rapproche et viens saisir ses cheveux pour les relever en arrière et l'empêcher de se salir malencontreusement. C'est pas glamour mais ça aussi on s'en fiche.

Un regard en arrière, j'avise qu'ils ont pas fini leurs débats. J'attends de voir si Nascha se sent un peu mieux à vider le contenu de son estomac avant de la soutenir : Tiens, bois un peu, que je lui souffle. Quelques gorgées devraient la rafraichir, j'en profite pour humidifier moi aussi un tissu et venir le passer sur ses joues. C'est pas grand chose mais qu'elle soit pas toute seule déjà, je pense que ça compense un petit peu... Viens, que j'ajoute finalement en venant la serrer contre moi.

The hate you give

ANAPHORE

Mon regard se fait froid malgré mon demi sourire et c’est avec une amabilité qui sonne presque comme une menace que je demande :

« Evidemment que vous n’aviez pas le choix que de prévoir de tuer plusieurs innocents au lieu de juste essayer de demander, voir proposer des services pour avoir. »

Dans ma prunelle il y a tout le jugement que je porte a cet homme qui a mis en péril la vie de ma compagne, de notre bébé et de ses amis. Mais je m’incline quand Olivia demande une solution qui ressemble plus a une forme de procès et de gaspillage de ressources a mes yeux. Pour autant je ne compte pas plus la bousculer qu’elle ne l’a déjà été par la faute de cet imbécile.

« Ma foi, en tant qu’invité, je me range a vos coutumes. »

Tout en parlant, je tourne lentement la tête vers l’homme et j’imagine qu’il ne peut pas douter qu’il n’a la vie sauve que grâce a Olivia et son cœur tendre.

Je n’entends même pas les pas qui se rapprochent de moi. Quand je reconnais la voix de Ruben par contre, je suis tellement gênée ! Sauf je n’ai même pas la force de rougir. Je suis juste… tellement mal. C’est pire que lorsque j’ai tué mon premier Coyote. Parce cet homme… il n’était pas possédé lui. Pas animé par un mauvais esprit ! C’était simplement… un homme.

Ru s’approche davantage et retiens mes cheveux pendant que je rends le contenu de mon estomac. J’ai honte. J’aurais aimé être plus forte. Plus en contrôle, je crois. Moins fragile et sensible.

Je ne lutte pas, je… je ne pense pas que j’en serais capable vu mon état. Ma fierté en prend un sacré coup. Je bois un peu et je laisse mon petit-ami me débarbouiller les joues et lorsqu’il m’attire à lui pour me serrer dans ses bras, je m’y blottis en essayant de ne pas pleurer. Laissant les larmes couler silencieusement sur mes joues.

Je crois que les autres s’occupent du dernier homme qui nous a agressés, je ne sais pas. Je… je suis mal.

You cannot see the futur

with tears in your eyes ...