Eh merde, ils ont déjà bien avancé des trucs... C'est tellement bizarre de revenir à la prison après tout ce temps. Je saurais pas expliquer le pourquoi du comment mais quoi qu'il en soit, c'est juste une évidence pour moi : c'est un autre monde. Un passé qu'on a laissé derrière nous, et avancé. Là où certains se sont agrippés à ces souvenirs, au point d'en faire des boulets à leurs chevilles, j'ai eu l'impression de grandir entre temps et de faire le deuil d'une époque révolue. J'aurais pas envie d'y revenir. Mais je suis quand même content d'être là.
Tu crois qu'ils ont fait chauffer de l'eau ? Je me tourne un temps vers Daryl qui m'offre un sourire amusé : Mec, si y'a de l'eau chaude, après mon passage, y'en aura plus, je peux te le dire ! Il a un rire en le disant, et je secoue la tête de plus belle : Même tiède, j'ai besoin d'une douche... ces dix jours de route ont pas été de tout repos, j'ai encore les phalanges qui me font mal, et avec Wyatt, c'est le calme absolu depuis. Faut dire que les autres se sont arrangés pour mettre tout le convoi entre nous deux. J'attrape ma monture, prend celle de Daryl : Je sais où les amener, on se retrouve après...
Est-ce qu’à chaque fois que je mets les pieds ici j’espère le voir ? Bien sûr. J’ai toujours le cœur qui palpite du réveil au coucher quand je suis à Gig Harbor. Je me sens vraiment idiote, mais… nous sommes presque au printemps, donc… Il y a encore plus de chance, non ?
- Ils viennent d’arriver !
Que j’entends plus loin, pendant que je reviens du bâtiment de stockage.
- Qui ? je n’arrive pas à me retenir, c’est passé mes lèvres sans que je ne le réalise et l’espoir fait sans doute briller mes yeux. Ça semble amuser les deux hommes dont j’interromps la conversation.
- Les gens du camp principal.
Mon visage s’illumine d’un coup, tandis qu’un grand sourire vient étirer mes lèvres. Je détale aussi vite qu’un petit lapin, mais pas par peur ! Par espoir. Est-ce qu’ils sont encore au portail ? Est-ce qu’ils sont déjà dans le bâtiment pour les gens de The Hallows ? Est-ce qu’ils sont venus à pied ? À cheval ? Est-ce qu’il sera là ?
Je serais déçu si non, mais je pourrais demander des nouvelles ? Et si elles n’étaient pas bonnes ? Mon estomac se noue un petit peu en y pensant, puis… Mes yeux se posent sur sa silhouette. J’ai comme un grand vertige, comme si les papillons dans mon estomac s’étaient agités trop fort.
Je me mets à jogger. Ils s’en vont vers l’écurie. Je ne réfléchis juste pas. J’ai l’impression d’avoir des ailes.
- RUBEN ! Que je lui lance avant de lui sauter dans le dos pour m’accrocher à lui.
J'échange quelques mots avec Daryl, l'fait d'être arrivés à bon port nous fait tout drôle, déjà sur la route, on rêve qu'on fait du cheval toute la journée alors bon. Le truc c'est que là, ça va être encore différent. L'arrêt est pour une dizaine de jours, le temps de préparer le plus efficacement possible le retour, avec tout ce qu'il faut et... Ouais, on vient pas se reposer. Mais j'ai pas le temps d'en dire davantage que je sens un truc qui me bondit sur les épaules : Oh merde ! Je me retiens de justesse, Daryl éclate de rire, il l'a vu venir : Nash ?!
Le voilà qui m'attrape le lien de mes mains : Je m'en occupe ! Assure-t-il en nous faisant un signe de la main. L'occasion pour moi de redéposer Nascha au sol et de l'attraper quand même fermement dans mes bras pour la serrer fort, fort, fort contre moi. Je savais pas que tu étais déjà là ! Je comptais passer à la ferraille pour te faire la surprise ! J'ai un grand sourire en le disant, la reposant à nouveau pour lui attraper le visage de mes mains : Je suis si content de te voir ! Et coller sur ses lèvres les miennes, et embrasser son sourire.
Je n’aurais peut-être pas dû faire ça. S’il est blessé ? S’il n’est pas content ? Trop tard, je suppose. Moi, je suis surexcitée. Il m’attrape pour me poser par terre et c’est tout juste sir je ne sautille pas sur place. J’entends à peine l’homme qui l’accompagne dire qu’il s’occupe de leurs chevaux. Tout ce que je vois, c’est Ruben. Tout ce que j’entends c’est Ruben.
- Je ne savais pas, j’étais ici pour aider les pour les travaux. Ça reste une surprise ! Alors, oui vraiment une surprise. La plus belle de toutes !
Et il me serre tout contre lui, avant d’attraper mon visage pour m’embrasser. Comme ça m’a manqué. Comme il m’a manqué ! Comme j’aimerais arrêter le temps.
La meilleure des surprises, que je souffle contre ses lèvres, avec un rire amusé en la regardant. Je peux pas m'empêcher de revenir l'embrasser, mes bras viennent entourer fermement sa taille pour plus la laisser s'échapper. Je suis si content de la revoir, surtout aussi tôt, je m'attendais tellement pas à ce qu'elle soit déjà là. Mais c'est parfait ! C'est encore mieux que l'idée de lui faire la surprise chez elle, même si j'aurais payé cher pour voir sa tête.
Je la relâche pas, mais quitte ses lèvres quand même pour la laisser respirer. J'ai peur de l'étouffer je crois. On a l'air de deux adolescents qui sont trop heureux de se retrouver : Comment tu vas ? L'hiver, ça a été ? Pas trop compliqué avec la neige ? Que je demande, soucieux : Et tes amis ? Oui parce que je les oublie pas : Sasha est là aussi ? Je la cherche un instant du regard sans la trouver : Tu as vu Joachim d'ailleurs ? Que j'insiste finalement, en y pensant au passage.
Voilà, il dit tout haut ce que je pensais tout bas, avant de m’embrasser à nouveau. Je suis si bien au creux de ses bras. Enveloppée tout contre lui. C’est presque à regret que nos lèvres se séparent, j’aimerais presque ne pas avoir besoin d’oxygène aussi idiot ça soit.
Le menton relevé, les yeux dans les siens, je n’arrête pas de sourire. J’ai encore du mal à y croire, toujours cette envie de sautiller sur place tellement je suis heureuse, tellement c’est comme si ça allait déborder de moi. Je suis accrochée à lui et lui à moi, bien incapable de le laisser s’éloigner d’un centimètre.
- Bien ! Il y a de plus en plus de passage à Junk Town. Ce sont les allers-retours à Gig Harbor qui n’ont pas été de tout repos avec la météo. Il a pourtant fallu que je le fasse à quelques reprises pour obtenir des ressources. Tout le monde va bien aussi. Et toi ? Comment ça s’est passé ? L’hiver a bien été ? Les tiens vont bien ?
J’ai encore mille questions pour lui, au moins.
- Oui j’ai vu Joachim pendant les fêtes. Il y avait Isalin, Mary, Kaya et plein d’autres gens. Ils allaient bien quand on s’est vu. Isalin et Kaya étaient en train de guérir suite à leurs blessures lors de l’attaque contre New Eden.
Je lui offre un grand sourire. J'ose pas la lâcher parce que j'aurais l'impression de mettre encore trois ou quatre mois à la revoir et ça m'embêterait. Je suis... Merde, j'ai du mal à qualifier à quel point sa présence m'aide soudainement à tout oublier. L'engueulade avec Wyatt, ou le cancer de ma tante. Tout ça, ça... Ouais, ça me fait un bien fou. Ouais, ça a été, que je lui souffle alors avec enthousiasme : Tu verrais le camp, c'est vraiment...
J'en perds mon anglais, mais un rire m'échappe : On a beaucoup travaillé, on va être drôlement bien là-bas, je sais pas trop par où commencer : Et euh... Ouais, bref. Je la scrute, avant qu'un pli soucieux se pose : Isa et Kaya ont été blessé ? Comment ça se fait ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Que je demande. Elle a pas pu assister à la bataille mais j'imagine quand même qu'elle a plus d'informations que moi.
Je suis au moins rassuré que Joachim aille bien. Tu sais s'ils vont revenir dans le coin bientôt ? Que je lui demande finalement en fronçant les sourcils. J'aimerais les voir, eux aussi, sur le temps que je passerais ici. Tu restes... Tu restes le temps où je suis là, pas vrai ?