Sujet: Re: forgive me, your face looks familiar Jeu 16 Mar 2023 - 19:05
La gentillesse de cette jeune femme me surprend, mais je dois dire que je n'en suis pas déçue. Au contraire. Parce qu'elle aura au moins pris le temps de me parler, et apparemment elle semble même sincère dans son envie de vouloir m'aider à retrouver mon chemin. Je me demande vraiment si on va y arriver – car ce ne serait ni la première ni la dernière fois que je finis par abandonner et dormir dans la rue – mais j'imagine qu'il n'y a qu'en essayant qu'on aura une réponse. Elle tente de me rassurer en me disant qu'elle aussi s'est déjà perdue, et quant à moi je lui réponds avec un sourire reconnaissant.
Nous commençons à avancer, observant les alentours. Le truc c'est que j'ai beau chercher, je n'arrive absolument pas à trouver un quelconque indice qui pourrait me faire savoir si on s'approche du but ou pas. Fronçant les sourcils, je fais une petite moue malgré moi et finis par laisser une question que je pensais partir à voix haute. Dites, ça fait longtemps que vous êtes là ? On m'a dit que mes brûlures étaient dues à un incendie provoqué par des rebelles... Vous avez souvenir de quelque chose comme ça?
Le regard que je relève sur elle trahit mon trouble. Ma mémoire est tellement embrouillée que je cherche simplement à tenter de recoller les morceaux, de reconstruire ce qu'on m'a raconté comme étant le chemin que j'ai suivi pour en arriver là aujourd'hui. Le problème c'est que j'ai beau essayer, pour le moment personne n'a été capable de me donner plus d'informations. Enfin, sauf les médecins qui m'ont suivie jusqu'ici.
Si ce n'est pas indiscret, avec qui est-ce que vous pensiez m'avoir confondue ? Qui est... cette Amalia ? Rien que prononcer ce prénom me fait bizarre. Parce qu'il me semble à la fois étranger et pourtant si familier. Dans ces images que je vois parfois dans mon esprit, sur ces lèvres qui bougent et semblent m'appeler, c'est ce prénom que je lis. Sauf qu'on m'a dit que ce n'était qu'une invention des rebelles... Alors... Pourquoi ? Serais-je donc folle à ce point?
Sujet: Re: forgive me, your face looks familiar Ven 17 Mar 2023 - 11:57
Sans plus de cérémonie, les deux jeunes femmes se mettent en chemin. Le district est immense, mais Sienna ne perd pas espoir. Le simple fait d’avoir trouvé la blonde par ici indique peut-être que son logement n’est pas trop loin, et puis, si jamais elles devaient rentrer bredouille de cette petite balade dominicale, il y avait toujours l’option de se rendre dans son propre appartement pour patienter à l’abri du froid. Comme pour tant d’autres, le lieu d’habitation de la petite brune tenait plus de la cage à poules vétuste que du palais des mille et une nuits, mais c’était toujours mieux que de se retrouver dehors. Les enfants de sa voisine avaient pris l’habitude d’y entrer comme dans un moulin pour investir son peu d’espace personnel, mais ce n’était pas pour lui déplaire. Il y avait quelque chose d’agréable à voir des enfants galoper dans tous les sens et se chamailler pour des broutilles sans intérêt. C’était réconfortant de les entendre rire, comme s’ils étaient indifférents à la misère du monde. « Je n’ai jamais entendu parler d’un incendie dans les districts, mais si vous voulez je peux me renseigner ? Je ne suis pas médecin mais vos brûlures ne semblent pas récentes. Je ne suis là que depuis quelques semaines, donc je suppose qu’il y a encore beaucoup de choses que j’ignore. » Elle pense à Neela, qui après tout ce temps passé à New Eden doit probablement connaître l’histoire de la ville comme si c’était la sienne. Elle pense aussi à Anjali, récemment arrivée dans le cinquième district.
Elle sait qu’elle ne peut pas poser ce genre de questions à n’importe qui, parce que ça passerait probablement pour de la curiosité malsaine. L’idée même que cela puisse remonter jusqu’aux oreilles de personnes dont on se passerait bien de l’attention la fait frissonner, sans qu’elle comprenne bien pourquoi. On ne l’a jamais menacée de manière directe ou indirecte, personne n’a jamais essayé de l’intimider. Et pourtant il y a ce sentiment bizarre qui lui pèse parfois sur l’estomac, cette impression d’être observée. Peut-être que c’est simplement de la paranoïa. « Il y avait une zone d’échange à Seattle, pour les survivants. C’est là-bas que j’ai rencontré Amalia. Elle travaillait dans une sorte de motel. Je ne sais pas si elle est encore en vie, nous avons perdu contact lorsque l’endroit a été pris d’assaut. » Elle adresse un petit sourire à Skylar, se garde bien de préciser le métier qu’exerçait Amalia dans le No Man’s Land. Probablement qu’elle ne parviendrait même pas à prononcer le mot à haute voix sans rougir comme une pivoine de toute façon. « Mon groupe et moi, nous n’y étions pas quand s’est arrivé, mais les rumeurs se sont vites répandues. Des militaires ont ouvert le feu sur les gens qui s’y trouvaient, ils ont brûlé des bâtiments. Certains disent même qu’ils ont capturé des gens. Au moins ici, on est en sécurité. » Elle a envie de le croire. Difficile de dire si c’est Skylar qu’elle essaie de convaincre, ou bien elle-même, tout simplement.
Sujet: Re: forgive me, your face looks familiar Ven 17 Mar 2023 - 19:34
Offrant une moue désolée à Sienna lorsqu'elle m'annonce ne pas être au courant d'un quelconque incendie car elle n'est pas là depuis longtemps, une pointe d'angoisse monte en moi subitement quand elle me propose d'aller poser des questions. Comme si, tout au fond de mon être, je savais que chercher à en savoir plus n'était pas une bonne idée. Je déglutis presque difficilement, sur le coup, avant de secouer négativement la tête en essayant malgré tout d'offrir un sourire rassurant à la brune. Ne vous embêtez pas, ça ira. Je n'ai pas envie de lui faire courir des risques pour rien. J'ai bien vu de quoi était fait le bidonville, après tout. Et je ne souhaite ça à personne.
Tout en marchant, observant les alentours, j'écoute la réponse que me donne la brune après que je me sois montrée un peu plus curieuse au sujet de cette femme avec qui elle m'a confondue. Sauf que subitement, je m'arrête et me fige comme si je venais de voir un fantôme. Des images défilent dans mon esprit. Une chambre. Ma chambre. Les coursives de ce motel, les installations. Et ce prénom qui résonne dans mon esprit. Mon prénom. Oui. Impossible d'en douter tant c'est net. Je m'en souviens à la perfection...
Je finis par tourner le regard vers Sienna, bien incapable de cacher à quel point est-ce que tout ça m'a perturbée. Mais j'imagine qu'elle mérite de savoir. C'est... Oui, je m'en souviens maintenant... Skylar c'était, enfin c'est, mon deuxième prénom. Mon vrai nom c'est Amalia. Et instinctivement, je regarde autour de moi de crainte que quelqu'un m'ait entendue. Rien de tout ça n'est normal. Pourquoi est-ce que je ne me souvenais pas de ça ? D'un truc aussi basique et logique que mon propre prénom ?
L'angoisse monte, ma respiration s'accélère et sans même que je ne m'en rende compte je viens attraper le poignet de la brune à mes côtés. I-Il faut qu'on trouve mon appartement. Ou qu'on aille n'importe où mais ailleurs. Je me sens pas bien. Mais surtout, pas de médecin, d'accord ? Le ton de ma voix est presque digne d'une supplique, et j'espère que Sienna voudra bien accéder à ma demande. Je crains le pire si quelqu'un apprend que j'ai compris que je me souviens de quelque chose d'aussi important.
Sujet: Re: forgive me, your face looks familiar Ven 17 Mar 2023 - 20:04
Lorsque Skylar se fige soudainement en milieu de la rue, Sienna fait de même par réflexe, un air interloqué sur le visage. Pendant de longues secondes, aucun mot n’est échangé et la petite brune prend conscience que quelque chose d’important est en train de se produire. Quelque chose qui semble perturber grandement la femme qui l’accompagne, à en juger par son langage corporel. Pas besoin d’être une professionnelle de la question pour remarquer les signes d’agitation qui semblent soudain la traverser comme un électrochoc. Ça ressemble presque aux crises de panique que faisait parfois sa petite sœur devant une situation stressante ou un problème imprévu. Pas de sac en papier à portée de main pour aider la blonde à respirer, il faudra faire sans. Peut-être en demandant l’aide d’un passant. Mais Sienna n’a pas l’occasion de mettre son idée en exécution. Lorsque Skylar reprend la parole, c’est pour prononcer une phrase qui pousse la jeune fille à écarquiller les yeux, mélange de surprise et d’incompréhension. « Mais donc– Est-ce que ça veut dire que… » Elle ne comprend pas. Sans trop savoir pour quoi, elle sent poindre en elle un début d’anxiété et les battements de son cœur s’accélère. Un peu comme si la confusion était une maladie contagieuse. « Tu es– Pardon, vous êtes bien… » La fin de sa phrase meurt sur ses lèvres. Il y a trop d’informations qui se disputent la place dans son crâne. Ses pensées se bousculent, et finalement, elle ne sent plus capable de former une phrase cohérente sans bégayer comme une andouille.
Elle dévisage son interlocutrice. Skylar. Amalia. Les deux en fait. Ah ! J’en étais sûre ! Elle ne sait pas d’où vient cette petite voix pleine de fierté dans sa tête, comme si c’était le moment de se féliciter d’avoir eu raison. Elle ne réalise absolument pas ce qui est en train de se jouer sous ses yeux. Comment le pourrait-elle ? Elle se demande ce qui a bien pu arriver à la blonde pour qu’elle perde la mémoire comme ça. Elle imagine qu’elle a peut-être été blessée à Seattle, et recueillie par des soldats de New Eden, comme cela a été le cas pour elle. Elle est à mille lieu de comprendre les raisons de son trouble. Elle sursaute quasiment quand la main de la blonde vient s’enrouler autour de son poignet, comme pour appuyer les mots qui finissent par sortir de sa bouche. Sienna ne comprend pas, mais au final, elle n’a pas besoin de comprendre. Amalia est visiblement en détresse, et le mieux qu’elle puisse reste encore de l’amener jusqu’à chez elle pour qu’elle se calme et retrouve ses esprits. « On ne peut pas rester comme ça dans la rue. » On attire trop l’attention. Le sous-entendu est à peine voilé. « Allons chez moi, c’est à deux rues d’ici. » Elle n’attend même pas la confirmation de la blonde et accroche son bras au sien, comme le ferait deux vieilles amies en train de se balader nonchalamment par un beau dimanche de fin d’hiver.
Sujet: Re: forgive me, your face looks familiar Sam 18 Mar 2023 - 15:57
Sienna semble ne rien comprendre par rapport à ce que je raconte, à ma façon d'agir. Le problème c'est que je ne peux en rien la rassurer sur ce point. Car je suis certainement encore plus perdue qu'elle ne peut l'être. Je ne comprends pas pourquoi est-ce qu'on m'a dit que mon prénom était Skylar. Pourquoi m'avoir convaincue que cette Amalia n'était qu'une invention des rebelles ? A ce moment là... Que dois-je croire ? Qui suis-je ? On m'a menti. Et j'ai l'impression que je suis bien loin de me douter de l'étendue de ce que le brouhaha de mes pensées me cache.
Heureusement pour moi, la brune semble comprendre l'urgence de la situation. Elle s'empresse d'attraper mon bras, de faire en sorte de me rassurer tout en m'entraînant avec elle comme si nous ne faisions que nous promener entre amies. Déglutissant difficilement, j'essaie de cacher mon trouble comme je peux. Mais c'est difficile. Adressant un regard plein de reconnaissance à Sienna, je la suis jusqu'à chez elle en essayant d'éviter le plus de regards possible. J'ignore pour quelle raison est-ce que je lui fais confiance. Mais elle semble m'avoir connue avant. Et elle est certainement la seule personne qui peut m'aider à comprendre, dans ce cas.
Dès que nous arrivons chez elle, je la relâche et fais quelques pas, venant passer mes mains dans mes cheveux sans pouvoir cacher à quel point tout ça me fait paniquer. Ce déblocage de souvenirs était si soudain... Je relève le regard vers la jeune femme, plantant mon iris dans les siens. Désolée de t'imposer ça. Et merci. Le tutoiement est revenu naturellement. Comme si, lui aussi, avait été mis de côté pendant trop longtemps. Tu dois certainement me prendre pour une folle...
Comme un lion en cage, je fais les cent pas comme si je craignais de tout oublier à nouveau si je restais statique. Je crois... Je crois que j'ai besoin que tu m'en racontes plus. Tout ce que tu sais sur moi. S'il te plaît... Et si c'était la seule solution ? Je dois comprendre ce qui m'arrive. Qui je suis réellement.
Sujet: Re: forgive me, your face looks familiar Sam 18 Mar 2023 - 21:23
A l’abri derrière les murs de son studio, Sienna sent son anxiété baisser d’un cran. « Je t’en prie, tu n’as pas à t’excuser. » Elle lui offre un sourire qu’elle espère réconfortant, parce qu’il n’y a finalement pas grand-chose de plus qu’elle puisse faire sans avoir plus de cartes en main. D’un geste du bras, elle balaye le salon dans lequel elles se trouvent avec un petit haussement d’épaule gêné. « Ce n’est pas grand-chose, mais au moins ici nous seront tranquilles. » Les murs et le sol sont nus, ce qui n’a rien de très chaleureux. Il y a un petit canapé plus vieux que le monde lui-même et une table basse à trois pieds – le quatrième a cédé lorsqu’un des enfants d’Anjali a jugé bon de sauter dessus pour gagner un duel imaginaire au sabre contre un ennemi invisible. Il y a un coin cuisine avec un évier qui goutte et un four dont elle ne s’est jamais servie. Lorsqu’elle est arrivée ici, l’électricité avait déjà été coupée depuis longtemps. C’est un simple studio ayant connu des jours meilleurs, mais ça a le mérite d’être chez elle. Elle secoue négativement la tête lorsqu’Amalia lui dit qu’elle doit la prendre pour une folle. « Je me demande surtout ce qui a pu t’arriver pour que tu te retrouves perdue ici et sans aucun souvenir. » Elle a dû vivre des épreuves terribles, et rien qu’à cette idée, le cœur de la petite brune se serre. Elles n’ont jamais vraiment été amies, mais la souffrance ne la laisse jamais indifférente.
Du temps où elle venait régulièrement au No Man’s Land pour faire du troc, Sienna avait croisé tout un tas de personnage haut en couleur. Tout le monde là-bas la considérait comme une gamine naïve, impressionnable, et facilement manipulable. Ils avaient surement raison, mais ça ne l’empêchait pas d’avoir conscience de certaines choses. Un deal inéquitable sur lequel elle fermait les yeux parce que la personne en face semblait vraiment être dans le besoin. Une personne qui profitait de sa nature généreuse pour en tirer avantage. Amalia faisait partie de la seconde catégorie, mais ça ne faisait pas d’elle une mauvaise personne pour autant. Il fallait bien survivre, et Sienna ne s’était jamais plainte de la situation. « Tu travaillais à Seattle, dans un motel, avec d’autres filles. » Les joues de la petite brune rosissent à cette évocation. Elle n’ose pas préciser. Elle a peur que cela n’accentue l’agitation de son invitée impromptue. « Nous nous sommes croisées plusieurs fois là-bas. Je t’apportais de la nourriture quand j’étais de passage au No Man’s Land. J’imagine que– Eh bien, tu étais sûrement là-bas quand les soldats sont arrivés. » Elle tente de raconter au mieux les grandes lignes de l’histoire, de ce qu’elle en sait tout du moins. Elle cache certains détails, à ses yeux peu flatteurs, pour préserver la blonde d’une vérité oubliée, d’une violence refoulée. Elle ne réalise pas ce qui se joue sous ses yeux. Elle ne comprend pas qu’Amalia est la victime de ce système qu’elle-même porte aux nues pour lui avoir sauvé la vie.
Sujet: Re: forgive me, your face looks familiar Sam 18 Mar 2023 - 23:00
Me retrouver entre ces murs me fait du bien. Peu m'importe si l'endroit est vétuste et si la décoration est quasiment inexistante. Au moins, je n'ai pas l'impression que tous les regards sont subitement portés sur moi. Comme si tout le monde savait que je m'étais souvenue de quelque chose d'aussi important – et essentiel – que mon propre prénom. Je n'arrive toujours pas à croire que j'ai pu l'oublier. Comment est-ce possible ? C'est à n'y rien comprendre. Pourquoi me faire une chose pareille ? Pourquoi me faire croire que « Amalia » n'était qu'une invention de la part des rebelles ? Et surtout, comment est-ce qu'ils sont parvenus à me faire oublier une chose pareille ?
J'essaie de calmer ma respiration et le flux de mes pensées autant que possible, inspirant longuement et continuant de faire les cent pas dans ce salon pauvrement meublé. Ce n'est pas pire que ce qui est supposé être mon appartement. Parce que s'ils m'ont menti sur mon prénom, alors peut-être que sur ça aussi. Et quoi d'autre, après tout ? Si ça se trouve, tout ce que je crois savoir n'est qu'un vaste mensonge. Surtout si Sienna me dit qu'apparemment, on s'est connues à l'extérieur. Bon, en soit, personne ne m'a dit depuis combien de temps j'étais ici avant de finir au bidonville. C'est moi qui suis partie du principe que ça devait faire des lustres.
Je déglutis presque difficilement quand la brune reprend la parole, répondant à mes questions. Effectivement, maintenant qu'elle le dit, j'ai l'impression de revoir des scènes correspondant à ce qu'elle me décrit. Elle m'apportant de la nourriture, que je finissais par apporter au motel. Mais si je me souviens parfaitement du motel, je n'ai aucune idée d'à quoi est supposé ressembler l'endroit dans lequel nous faisions ces fameux échanges. Si ça se trouve, mon esprit essaie juste d'inventer quelque chose pour coller à ce que je veux imaginer être la réalité. Juste pour ne pas que je perde totalement la boule. Il faut dire que je n'en suis pas loin je crois.
Est-ce que tu connaissais d'autres de ces filles avec qui je travaillais ? Leurs prénoms, à quoi elles ressemblaient ? Je sais que je pose beaucoup de questions mais... Je crois que ce n'est même pas le quart de toutes celles qui fusent dans mon esprit.