The Walking Dead RPG

J'ignore combien de temps est-ce que je suis resté debout au coin de ce bâtiment, observant de loin les portes de la décharge que je ne pensais pas revoir de si tôt. En réalité, j'avais fait le deuil de l'idée de revenir ici un jour. Ou du moins, pas avant d'avoir pu mettre fin à la menace représentée par les Oblivions. Surtout après l'attaque qui a eu lieu ici. Sauf que de toute évidence, je ne pouvais pas m'attendre à ce que les choses évoluent de cette manière. Que les hommes du Grand Maître présents dans les alentours décident de se replier temporairement en voyant que deux de leurs équipes de recherche avaient été décimées de la pire des manières. Est-ce qu'ils sont retournés à Portland ? Ou simplement allés chercher d'autres renforts ? J'en sais rien. Mais tout ce que je sais c'est que ma seule chance de pouvoir vraiment mettre les autres en garde, c'est maintenant.

Alors j'ai fini par me décider à avancer, allant rejoindre l'entrée de la décharge. Visage couvert par une écharpe remontée au-dessus de mon nez, bonnet vissé sur la tête et capuche par-dessus le tout pour éviter que le froid ait la moindre chance de s'immiscer quelque part, j'avise rapidement Cliff qui est de garde avant d'entrer. S'il me garde à l’œil un moment, il me laisse pourtant avancer. Bah bravo, il m'a même pas demandé qui j'étais ou ce que je venais faire là. Il va m'entendre cet idiot. Enfin bref.

Sans vraiment demander mon reste, j'avance en direction de mon camion et suis assez surpris de le trouver fermé. Au sens où quelqu'un a foutu une chaîne sur les portes et un cadenas. Haussant un sourcil, je finis par soupirer et laisser tomber mon sac au sol. C'est bien ma veine. Moi qui rêvais simplement d'aller me poser enfin dans un endroit relativement sécurisé, où je sais que j'arriverai à trouver le sommeil, voilà que je vais devoir partir à la recherche de la personne responsable de ce foutoir. A moins que j'arrive à faire sauter le truc comme ça ? Du coup, dans le doute, j'essaie de forcer un peu. Puis un peu plus. Ouais, j'y arrive pas et ça m'agace. Mais j'ai pas dit mon dernier mot. Si ça marche pas avec de la force, c'est sûrement qu'il y avait pas assez de force.

Décidément, je sais pas si c'est moi qui suis nul ou si c'est cette chaîne qui est beaucoup trop solide, mais à l'évidence je vais vraiment arriver à rien si je continue comme ça. Tant pis pour moi j'imagine. Un profond soupir m'échappe, quelques jurons à voix basse en même temps, et je viens me frotter les yeux qui me piquent de fatigue. Moi qui n'aspirais qu'à un bon petit somme dans mon lit, je crois que c'est râpé sur ce coup là. Tant pis.

J'étais prêt à repartir faire un tour dans le camp pour trouver quelqu'un qui m'expliquerait un peu les raisons de ces chaînes et qui pourrait me donner de quoi les retirer quand j'entends des bruits de pas derrière moi. Sauf que j'ai pas vraiment le temps de réagir que je me prends un coup dans l'arrière du genou. La surprise d'avoir entendu cette voix couplée à l'attaque m'arrache un petit grognement alors que je me retrouve avec mes appuis totalement foireux. Pas le temps de dire quoi que ce soit, ça s'enchaîne. Coup derrière la tête, un autre dans le dos, je finis au sol sur le ventre. Et bah, quel accueil ! Mais je me rends compte maintenant que j'ai peut-être été un peu con de pas me découvrir le visage. Ou simplement annoncer que c'était moi, en fait. Ouais, je l'ai bien cherché sur ce coup là en fait.

Son pied sur moi, je grimace parce qu'elle appuie en plein sur un bel hématome que j'ai dans le dos, puis je finis par me faire retourner comme une crêpe. Faut dire que j'essaie pas non plus de résister, puisque contrairement à Max, moi je sais que je lui veux aucun mal. Venant présenter mes mains en signe de reddition, je me racle la gorge pour m'éclaircir la voix. Fut un temps, malheureusement c'était le cas oui. Je fais un mouvement lent pour venir descendre l'écharpe qui me couvrait le visage, affichant alors ce sourire idiot que la rouquine connaît bien. Je dois en déduire que c'est toi qui a barricadé ma piaule? Ouais, je risque d'en prendre encore une autre quand elle va se rendre compte que c'est moi et que je lui ai pas dit que j'étais rentré.

Content de voir que tu vas bien.

Un petit rire, presque nerveux, m'échappe face à la réalisation de Max. Je profite du fait qu'elle ait reculé pour me redresser, me remettant debout non sans grimacer un peu à cause des contusions que la rouquine vient de réveiller avec ses coups. Je m'en serais bien passé mais c'était mérité, j'avoue. A sa question, je hausse un sourcil et hausse les épaules. Parce que j'ai froid ? Ces fringues étaient trempées et ont séché sur moi, alors franchement j'ai connu mieux.

Malgré tout, je finis par retirer mon bonnet et ma capuche, baisser complètement mon écharpe pour au moins être plus ou moins présentable. Enfin, si on oublie l'état de mes cheveux qui ont pas été coupés depuis trop longtemps. Et ma barbe. Un vrai terroriste là. Je souffle un coup et reprends mon sérieux, mais j'ai pas vraiment le temps de dire quoi que ce soit qu'un coup finit en plein dans mon tibia. Un grognement de douleur m'échappe et je bascule la tête en arrière tout en me mordant les lèvres. Ça fait un mal de chien.

Il me faut quelques secondes avant de pouvoir reprendre la parole, essayant de me concentrer sur autre chose que la douleur. Au moins, j'ai retrouvé mon sérieux. Un soupir plus tard, sourcils légèrement froncés, je plante mon regard dans celui de Max. Je suis désolé pour tout ça. Je ne sais pas ce que Demetra t'a raconté sur ce qu'il s'est passé. Les Oblivions sont arrivés ici. Ils veulent me forcer à retourner à Portland pour me faire payer d'avoir déserté. Et je ne voulais pas risquer de vous mettre en danger, toi et les filles. Est-ce que ça pardonne quoi que ce soit? Je n'en suis pas vraiment sûr. En tout cas, tout ce que je sais c'est que c'était la seule solution envisageable pour moi. Jamais je ne prendrai le risque de les mettre en danger pour quelque chose qui ne les concerne pas.

Venant me passer la main dans les cheveux, je prends une grande inspiration avant de regarder autour de nous. Pour le moment, ils semblent avoir quitté la région. Mais... rien ne dit qu'ils ne vont pas revenir. Ils ne sont pas du genre à abandonner si facilement.

Bon, faut croire que je vais pas m'en tirer à si bon compte avec quelques excuses et une explication rapide. En même temps, je peux comprendre. La manière dont je suis parti, si subitement et en donnant le moins de détails possible... C'est vrai que c'était pas cool. Loin de là, même. Et si Max réagit déjà comme ça, je sens que Lexie va tout simplement m'arracher la tête quand je la reverrai. J'ai fait ça pour vous protéger... C'est sincère. Sauf que je crois que ça ne suffit pas.

Je détourne le regard, me sentant vraiment mal quand la rousse en rajoute une couche en me disant que Nascha et Sasha se sont inquiétées. J'imagine que c'est normal. Mais j'avais pas d'autre choix. Plus je donnais de détails et plus il y avait de risques qu'ils s'en prennent à vous. Ou pire encore, que vous essayiez de me retrouver. Hors de question de les mettre en danger à cause de mon passé. Déjà comme ça, je suis pas rassuré d'être revenu à la décharge alors que je n'ai aucune idée de quand est-ce que ces enfoirés décideront de revenir dans le coin...

Pourtant, la remarque de Max me fait hausser un sourcil surpris. Elle n'a pas la moindre idée d'à quel point ces types sont dangereux. Mais la façon dont elle semble déterminée à vouloir m'aider... Forcément, ça me touche. En plus, ça change vachement de l'ambiance qu'il y avait à voyager avec mon ex-femme qui m'aurait balancé devant le bus sans hésiter si ça pouvait lui éviter d’abîmer sa manucure. Pas vraiment le temps de dire quoi que ce soit, les ordres tombent et me font rire un peu. Je mime donc un salut militaire, acceptant la sentence de mon amie avant de la voir enfin libérer l'accès à mon camion en déverrouillant les chaînes. J'avais raison, c'était bien elle du coup. C'est chou. Mais je lui dirai pas, pour mon propre bien.

Prendre une douche, même froide, et mettre des habits propres me fait un bien fou. J'ai enfin l'impression de me réchauffer, étrangement. Surtout parce que cette fois, je n'ai pas enfilé des fringues trempées. Ça change, et ça fait plaisir. Bien décidé à exécuter les ordres donnés par Max, je la rejoins donc pour avoir droit à ma séance de coiffure. C'est vrai que pour avoir croisé mon reflet pour la première fois depuis un bon moment, je ne ressemble à rien.

Un frisson me parcourt quand j'arrive près du brasero réchauffant la piaule de Maxine, m'installant comme je peux pour que ce soit plus pratique pour elle. Je suis vraiment désolé de vous avoir inquiétées. Plus vous en savez, plus c'est dangereux. Mais... je me rends compte que de rien savoir peut aussi vous mettre en danger. Alors je te dirai tout ce que tu veux savoir.