Sujet: Re: Run deep, run wild Lun 13 Mar 2023 - 21:48
Jacob ne réagit pas davantage. Passé la surprise, il ne sait pas non plus quel avis avoir sur la question. Il entend autant les questions que les accusations, et ne voit pas de quel côté se ranger. Car pour lui, suivre les ordres pourrait mettre Victor en danger, d'autant plus si ça dégénère d'une quelconque manière. Et en même temps, ne pas le faire serait laisser passer l'occasion pour Tasya et Phoebe de retrouver un semblant de liberté. Que ses enfants aient enfin leur mère, ou que sa sœur puisse se reconstruire. Il se pince un temps l'arête du nez.
Incapable de s'épancher en émotion ou en une diarrhée verbale qui ne lui ressemble pas, il écoute simplement Armand remettre au centre les évidences qu'il veut incarner. Et comment ça doit se passer ? Demande-t-il d'une voix forte, essayant de ne pas faire de vague, mais tentant aussi de bien comprendre ce qu'on attend d'eux tous. Et ce qui va se dérouler dans les prochaines heures, puisque ça n'est plus une question : J'en serais parce que je veux contribuer à ce que ça se déroule pacifiquement. Mais l'après ? Est-ce que vous y avez pensé ? Est-ce qu'on peut en savoir plus ? Demande-t-il avec prudence.
Sujet: Re: Run deep, run wild Lun 13 Mar 2023 - 23:26
« Toi aussi, Kendale ? » Une lueur confuse se lisait au fond de mon regard quand je me retournai vers l’ancien pompier. Je cherchais ensuite Jacob dans les rangs, me demandant vaguement ce que mon meilleur ami pouvait penser de cette mise en scène. Sa réaction était plus mitigée. Quand certains aspiraient à faire couler le sang, lui voyait au-delà.
Les dissensions commençaient à apparaître au sein de nos rangs. « Mettre un terme à quoi exactement, Kendale ? Dis-le clairement. » Et il ne s’en priva pas. J’avais entendu ce même discours des centaines de fois dans la bouche de chaque rebelle arrêté et interrogé. Ils prônaient des valeurs comme l’égalité et la liberté, mais tout ce qu’ils avaient réussi à faire était de perturber l’ordre établi, de poser des bombes. « Bon sang, Kendale… tu as été aveuglé par leurs beaux discours féministes, et voilà le résultat. Tu penses qu’en prenant les armes contre l’Adonaï, tu pourras résoudre toutes les différences sociales ? Ce sont nos frères que nous allons attaquer là-bas. Ce sont nos familles qu’ils prendront en otage pour nous mettre au pas. » Mais les rebelles ne se souciaient jamais des conséquences, n’est-ce pas ?
J’étais rassuré d’entendre Benjamin sortir de son mutisme pour abonder dans mon sens, même si ses paroles me glacèrent d’effroi. L’échec n’était effectivement pas permis, mais au-delà de ça… « Qu’on choisisse d’en être ou non, vous irez, n’est-ce pas ? » Je les regardai un à un, sondant les troupes qu’Armand avait recueilli ici même. Certains, à l’image de Kendale, se battaient pour les idéaux. Ils voulaient uniquement mettre fin au règne de l’Adonaï, sans songer un seul instant aux conséquences qu’ils déclencheraient ensuite. « Vous êtes tous devenus fous ! C’est ça, votre solution ?! » Je me retournai vers Armand qui ne ployait pas. Il aurait pu me tirer en plein cœur à me parler de l’avenir de mes enfants. Je ne savais même pas si Wilan et April étaient encore en vie, après des mois loin d’eux. Le corps médical s’était peut-être déjà occupé d’abréger leur existence, sans que mes dispositions prises n’y changent rien.
Il avait l’air si sûr de lui, comme si tout avait été planifié de longue date. « Tu as l’air d’avoir bien préparé ton coup, Armand. Mais si tu veux qu’on te suive, il va falloir nous mettre dans la confidence. Tu n’as déjà que trop retardé ce moment. » Si l’entendre nous dire qu’il n’avait pas prévu de mettre Walla Walla à feu et à sang m’apaisait un peu, je dardai néanmoins un regard implacable sur lui. « Je rentre au QG. Je dois mettre ma famille en sécurité. » Soufflai-je, déterminé. « Malgré tout le respect que je te dois, si tu n’as aucune garantie à nous donner que nos familles ne seront pas prises entre deux feux, je ne marcherais pas. »
« Ils te feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas; car je suis avec toi pour te délivrer. » dit l'Eternel
Sujet: Re: Run deep, run wild Mar 14 Mar 2023 - 0:18
Mais ils sont cons ? Ou ils le font exprès ? Je lève les yeux au ciel à plusieurs reprises, que ce soit en réaction aux paroles de Benjamin ou de River. Leur dévouement presque aveugle pour cet homme dure depuis trop longtemps. Il suffit de les écouter. Tous les deux évoquent leurs frères de Walla-Walla, avant même leur propre famille… Franchement ? « Des hommes prêts à s’en prendre à vos femmes et à vos enfants ne sont pas et ne seront JAMAIS vos frères ! Réveillez-vous BON SANG ! S’ils ont suffisamment de bon sens ils nous suivront ! Ils suivront cet homme qui a les couilles de vouloir faire tomber ce système qui dure depuis bien trop longtemps ! » Je pointe Phillips du doigt, profondément agacé par certaines réactions. Des années à entendre les mêmes discours, à idolâtrer le même type ; je sais à quel point on leur a tous laissé croire que New-Eden était pour chacun d’eux, un renouveau, un rayon de lumière dans ce vaste chaos, l’espoir d’un monde meilleur.
Personnellement, je ne me suis jamais laissé duper. Et je rumine depuis bien trop longtemps de mon côté pour laisser une telle occasion m’échapper. Il est temps que tous ouvrent les yeux, qu’ils se réveillent. « Cet Adonaï vous manipule et vous ment depuis bien trop longtemps ! Enlevez vos œillères ! Écoutez cet homme ! » Je croise à nouveau le regard d’Armand avant de laisser ma colère retomber légèrement. Nous ne devons pas nous déchirer, pas maintenant. Je scrute les hommes face à moi, avant de reprendre « Je comprends vos inquiétudes. Moi aussi j’ai peur pour ma famille. » Je capte le regard de Benjamin, longuement, pour lui faire comprendre que je ne fais pas cela par gaieté de cœur. « Tout ce que je vous demande, c’est de l’écouter. » Que je finis par dire, faisant totalement confiance à Armand pour les convaincre à leur tour…
Sujet: Re: Run deep, run wild Mar 14 Mar 2023 - 22:49
Sur le fond, Armand ne pensait pas se tromper – du moins pour la grande majorité – en affirmant qu’il avait leur soutien. Même ceux qui s’affichaient réticents. Il devait cependant les convaincre avec la forme. Pour ceux qui ne le suivraient pas les yeux fermés.
- Nous interviendrons cette nuit, quand les rues seront désertes et les gens couchés. Je ne veux pas plus que vous mettre qui que ce soit en danger. Le déroulé sera proche de celui que nous avons travaillé ces dernières semaines. Pour l’attaque de Fort Ward. Les équipes et les rôles similaires. Nous y reviendrons. Mais si on maintient une coordination exemplaire, ça peut même être beaucoup plus simple. Walla Walla est notre foyer, on connait les lieux et on a déjà toutes nos entrées. Qui peut suspecter quoi que ce soit ? Je suis Grand Général et proche de notre Adonaï, vous l’avez dit. Et vous êtes presque tous des Trônes. Ils étaient de fait insoupçonnables. Craints comme respectés. La porte allait leur être grande ouverte. L’effet de surprise sera notre allié. Pour prendre le contrôle des différents postes armés, et cueillir Richardson.
Ce n’était que les grandes lignes, et les détails seraient évidemment revus au cas par cas. Mais à travers la préparation qu’ils avaient tous suivie, ces hommes pouvaient tous aisément se représenter comment les choses allaient se goupiller. Et parce qu’ils se pensaient, quelques minutes plus tôt, capables de vaincre les Remnants, en terrain inconnu et ennemi, pouvaient-ils vraiment douter ?
- La même chose aura lieu à Spokane, enchaina-t-il. Certains fidèles d’Armand manquaient effectivement ici à l’appel. Les communications seront contrôlées, le Général O’Kane arrêté. L’homme était une ordure finie. L’après, enchaina-t-il, en posant rapidement son regard sur Jacob. L’après immédiat sera une transition. Nous regrouperons les autres Grands Généraux. Ils n’ont pas nécessairement besoin de partir. Certaines choses fonctionnent bien. Nous devons absolument garder un maximum de stabilité. Et rallier l’opinion publique.
Et dans cette optique, il avait évidemment aussi des idées. Il n’avait rien laissé de côté. Même s’il ne pouvait évidemment pas tout contrôler. En dépit de son assurance, rien n’était parfaitement jouer d’avance.
- Je ne cherche pas le chaos et la destruction, précisa-t-il. Je suis New Eden et nous devrions tous être fondamentalement fiers de l’être. Alors c’est vrai, ça vous oblige à m’accorder votre confiance. Comme j'ai choisi de vous accorder la mienne, maintenant.
Sujet: Re: Run deep, run wild Mer 15 Mar 2023 - 10:45
« Tu ne comprends pas. » Lâchai-je entre mes dents serrées, en faisant face à Kendale. « Ils ne font que leur travail. Ils ont des familles eux aussi. Certains d’entre eux sont mes amis. Mais à t’entendre, on dirait que tu as juste décidé de tous les loger à la même enseigne et de leur coller une balle dans le crâne. » Je n’étais pas certain que les soldats restés à Walla Walla se laisseraient faire sans rien dire. Ils n’avaient pas tous les éléments en main pour décider de ce qu’il convenait de faire, et surtout : comme nous, ils auraient peur d’agir à l’encontre de ce régime qui nous broyait lentement et qui pourrait signer notre arrêt de mort au moindre faux-pas.
Face aux esprits qui s’échauffaient, le nouvellement promu Général faisait preuve de calme et de maîtrise. Il s’était certainement attendu à quelques réactions vives, à devoir rassurer nos craintes. Après tout, il avait planifié ce coup d’état de longue date à l’entendre. Je me demandais quand l’idée avait germé dans son esprit et ce qui l’avait décidé à se retourner contre son meilleur ami, Richardson. « Et l’Adonaï, que comptes-tu en faire ? » Il nous parlait d’arrêter le Général O’Kane, de regrouper les autres Généraux, mais il ne parlait pas de lui. Qu’il ne songe pas à destituer Hale ou Ortega me rassurait un peu, car j’avais toujours eu confiance en leur décision. Je doutais néanmoins qu’Hale se plie à ses exigences, l’homme avait toujours été loyal et inflexible. Ridlehoover et Torres ne voudraient sans doute pas perdre leurs avantages non plus. Son coup d’état allait forcément diviser, et je ne voyais qu’une moitié capable de le suivre. On courrait vers une guerre civile, avec des rues amoncelées de cadavres.
« Bon sang… » Je lâchai mon arme pour me passer deux mains sur le visage. J’étais abattu, indécis quant à la marche à suivre. Le plan d’Armand n’était pas mauvais et avait le mérite d’éviter les effusions de sang inutiles. Peut-être qu’il pourrait changer la donne pour mes enfants également, si ce n’était pas déjà trop tard… ou alors il scellerait leur sort quand les pro-Adonaï, qui ne se seraient pas pliés à ses exigences, riposteraient.
Ses précisions me crispèrent un peu. « Ne me parle pas de confiance alors que tu as préparé tout ce plan pendant des mois pour nous mettre devant le fait accompli le soir même, avec un choix impossible à faire. Tu as seulement besoin de nous pour mettre ton plan à exécution. » Nous n’étions que des outils dans l’histoire, qui passaient d’une main à l’autre pour mettre sur le trône une nouvelle tête dirigeante. Je me disais uniquement qu’Armand valait bien mieux que Richardson à l’heure actuelle, mais je n’oubliais pas qu’il pouvait décider à n’importe quel moment de me sacrifier en évoquant le massacre de Bellevue si l’envie lui disait. « Je n’agirais pas contre vous, sois en certain, mais j’ai besoin de réfléchir. » J’allais prendre les quelques heures qu’il nous offrait pour acter ma décision. Au final, le choix était simple : soit je désertais pour faire cavalier seul et mettre ma famille en sécurité, soit je suivais Armand dans ce coup d’état en remettant mon sort et le leur entre ses mains. C’était un pari risqué, un gage de confiance… et si je faisais le mauvais choix, les conséquences seraient terribles dans les deux cas.
« Ils te feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas; car je suis avec toi pour te délivrer. » dit l'Eternel
Sujet: Re: Run deep, run wild Mer 15 Mar 2023 - 15:22
Armand disait ne pas vouloir prendre la place de son ami Richardson mais ce serait tout de même lui qui deviendrait ensuite leur nouveau leader. Il disait aussi que son insurrection, qu’il était en train d’organiser minutieusement, fonctionnerait, il disait que cette opération ne pourrait pas échouer et que ce coup d’état n’aurait aucune incidence sur leurs familles. Mais tout ceci n’était finalement que de belles paroles dignes d’un politicien. Il n’avait absolument aucun moyen de prouver à chacun des hommes ici présents que sa tentative de putsch se solderait par une réussite. Il ne pouvait pas non plus affirmer que leurs familles ne risqueraient rien. Kendale semblait quant à lui déjà avoir choisi son camp, celui d’Armand, et apparemment il ne semblait toujours pas comprendre cette solidarité et cette fraternité qui existait entre militaires ; contrairement à River qui avait exactement les mêmes états d’âmes que Benjamin si jamais ils devaient s’en prendre aux leurs restés à Walla Walla.
A l’instant présent Benjamin faisait donc face à un choix cornélien. Devait-il rester fidèle à l’Adonaï, qui avait finalement toujours presque ignoré sa présence, au risque de tout perdre si jamais c’était le camp adversaire qui remportait la bataille ? Ou au contraire devait-il se fier à Armand qui leur promettait monts et merveilles ? De toute façon comme venait de le dire River cette attaque aurait lieu, avec eux ou sans eux. Il allait donc falloir qu'ils choisissent rapidement dans quel camp ils allaient être. Armand leur détailla en tout cas très vite son plan d’attaque, qui se déroulerait apparemment de nuit, en leur précisant au passage que Spokane subirait également le même sort que Walla Walla et en leur annonçant quelques secondes plus tard que l’attaque aurait lieu cette nuit. - « Cette nuit ?! » S’étonna alors immédiatement le militaire. Le jeune homme positionna alors aussitôt sa main droite sur son front, il expira ensuite fortement avant de reprendre en direction d’Armand : - « Il faut que je réfléchisse aussi … »
Parce qu’ils seraient bientôt au beau milieu d’une guerre intestine. Et surtout parce que cette décision pouvait à tout jamais changer leur vie, en bien ou en mal. Benjamin savait en tout cas ce que Hailey lui conseillerait de faire. Elle lui dirait tout simplement de faire ce qui lui semble être juste et bien. Elle lui dirait de faire en sorte de pouvoir se regarder encore dans un miroir après tout ça et de pouvoir être fier de ce qu'il aura fait et ou décidé. Alors il choisirait sans doute le camp d’Armand. Non pas parce que celui-ci avait réussi à le convaincre que tout irait bien une fois qu’il aurait pris le pouvoir mais plutôt parce que c’était sans doute la meilleure des choses à faire pour lui et toute sa famille. Il fallait simplement espérer que ce choix soit le bon sinon sa famille et lui risqueraient ensuite d’avoir d’énormes problèmes si c'était le camp adverse qui remportait la partie.
Semper Fidelis
I am an American, fighting in the forces which guard my country and our way of life. I am prepared to give my life in their defense. I will trust in my God and in the UNITED STATES OF AMERICA
Sujet: Re: Run deep, run wild Mer 15 Mar 2023 - 15:42
Les discussions, les doutes, les dissensions. Jacob les entend, parfaitement, lisiblement. Il n'aime pas intervenir, mais se sent obligé de le faire : Vous avez tous mis votre vie entre les mains du Général Phillips, à plusieurs occasions. Vous lui faites confiance, comme il vous fait confiance pour prendre les décisions qui vous semblent les plus justes, pour le bien commun, fait-il en croisant le regard de l'homme un bref instant : Ce qu'il nous demande est un acte de foi, dont nous avons tous déjà fait preuve par le passé, rappelle-t-il, parce qu'ils ont tous connu ces instants suspendus où ils n'ont été que de la chaire à canon pour les autres. Jamais Armand ne l'a fait ressentir ainsi, lorsqu'ils étaient à Seattle.
Vous avez envie d'être là-bas, avec vos proches, rajoute-t-il. Pour cette fois, c'est pour un projet qui nous dépasse tous, mais dont nos familles ont cruellement besoin, souffle-t-il. Nous pouvons parler pendant des heures de la forme si c'est ce qui vous importe, mais nous ne découvrons pas le fond du message aujourd'hui. Nous savons depuis trop longtemps que quelque chose de mauvais s'est installé dans notre communauté. C'est notre rôle de la protéger, même d'un problème interne, il pourrait citer trop d'adage demandant aux forts de veiller sur les faibles, les innocents, sans rougir d'être à leur service. Les civils de Walla Walla ont peur de nous alors qu'ils devraient avoir confiance en nous, poursuit-il.
Et il ne trouve pas ça plus normal que le reste. Il n'a pas envie que ces hommes aient honte, ou inspirent la crainte, quand ils devraient obtenir le respect et la bienveillance de leur population. Dans tous les cas, c'est devant Dieu que nous rendrons des comptes, et lui qui nous jugera pour notre loyauté et notre comportement, ajoute-t-il. Cette nuit, demain ou dans dix ans : Aujourd'hui, je ne serais pas fier si je devais Le rencontrer, de ce que j'ai fait, et surtout de ce que j'ai laissé faire, au nom de New Eden, soupire-t-il en revenant vers Armand : Et pour les généraux qui voudront suivre Adonaï ? Les partisans qu'il a toujours ? Parce qu'ils sont nombreux. Que va-t-il arriver au bidonville également ? Questionne l'homme. Et... A Colville ?