The Walking Dead RPG

Avaient-ils seulement eu le choix ? La pensée traversa brièvement Riley, alors que ses interlocuteurs tiraient rapidement leurs conclusions et... posaient mille autres questions. Oh bon sang, être la messagère de ces nouvelles n'était pas une partie de plaisir, et ça la tuait de l'intérieur de devoir aller plus loin dans ses propos. Toute cette situation était monstrueuse, et ce n'était pas terminé. A la question d'Allïa, elle avisa du tac au tac : « Du temps ? Uh, on n'en a pas assez. » Elle grimaça, précisant : « Dans quatre jours au plus tard, je dois être revenue à Tvelve, on devra orchestrer la suite. » C'était une courte fenêtre, mais personne ne pouvait s'offrir plus de délai.

Aux interrogations plus personnelles et plus inquiètes, à raison, la buteuse tenta de faire bonne mesure. Mais les traits de son visage dévoilaient sa peine, ses yeux cernés étaient, eux, encore hantés par la boucherie de ces dernières heures.  « Je n'ai pas vu d'enfants, ils ont été évacués avant l'attaque » répondait-elle en premier, allant dans le sens de son dialogue initial : les Fuckers s'y étaient préparés. Sondant Alice, elle souffla doucement : « De chez vous, il y avait Roman. Il a été blessé pendant l'attaque, mais on s'occupe de lui, il est entre de bonnes mains. » Pour quelqu'un qui s'était mangé une mine, pour sûr que l'homme s'en tirait à bon compte. En revanche pour le reste... Riley baissa le menton, son talon râclant nerveusement le sol. Comment était elle supposée annoncer ça, au juste ? « Afin de nous pousser à obéir, les pirates ont menacé les leaders des Exiles et des Bastards. Ils leur ont fait comprendre qu'on devait attaquer Tvelve, ou bien que les otages restants pâtiraient de notre échec. » La blonde avait beau tourner et retourner la sentence dans sa tête, elle ne trouvait aucune bonne manière d'aborder correctement la menace de la décapitation. Non vraiment, aucune approche ne semblait bonne. Mais son terme employé juste avant trahissait la sombre vérité, et c'était dans un souffle étranglé qu'elle amorça le sujet : « Pour montrer qu'ils ne plaisantaient pas, Ulrich a ramené avec lui...Oh fuck, je ne sais comment vous le dire alors... il a ramené la tête de Joaquin. » Dans un foutu carton. Un frisson parcourut son corps et elle ferma les yeux, affligée. Mais il n'y avait aucune erreur dans ses mots. « Je... je suis désolée. On n'a rien pu faire, il... son sort était scellé, les pirates n'ont eu aucune pitié. » Sa tête avait été emballée dans du papier cadeau avant même qu'ils ne puissent embarquer. Quand Ulrich avait osé commettre une telle abomination ? Mieux valait ne pas le savoir exactement.

Simmons récupéra un peu de couleurs néanmoins, insistant d'une tonalité remplie d'une sérieuse vigueur : « Mais on peut encore sauver les autres otages, on le doit ! » Examinant Lennox avec un nouvel espoir, elle l'avisa : « Vous avez trouvé leur planque, vous dites ? Où ? Ulrich est en train d'être interrogé, et je doute qu'il parlera. Roman, et Hayden qui s'est infiltré chez les pirates, doivent aussi s'entretenir avec les autres, mais le temps est sérieusement compté. » Une lueur enfiévrée dansant dans ses prunelles, Riley suppliait presque : « Est-ce que les Stars peuvent nous aider ? On a besoin de réunir le plus de monde possible et attaquer les pirates au front, pour en finir. On doit les cueillir chez eux. » Et sauver ceux qui pouvaient encore l'être, avant qu'il ne soit trop tard.

Heart so hollow, I'm digging my own Grave.

Blood on my hands, what's done is done. Yet, I don't feel at peace, has the time come ? Heart so hollow, deep as a cave. One day, you'll be dancing on my grave. Six feet deep, heart can't take another beat.

Les explications de Riley répondent à toutes les questions. J'crois que de notre position, on peut pas vraiment imaginer à quel point ce choix d'con a de quoi retourner l'estomac. Mais fallait s'attendre à tout avec ces types et du coup, pas de malentendu : surtout à des décisions putassières. J'ai pas besoin d'en rajouter pour le coup, je pince les lèvres, concentrée, jusqu'aux dernières révélations de la plonge qui me font me figer : Ils ont... Je suis pas sûr de bien comprendre et pourtant, l'évidence me heurte de plein fouet : Quoi ?

Riley a pas besoin de répéter. Son air grave est suffisant pour poser les bases. Moi ? Je me sens tituber en arrière, sous le choc de la mort de Joaquin. J'ai du mal à y croire aussi, sans doute parce que... Je sais pas, voir les choses seraient peut-être plus simple pour réaliser ce qu'il se passe vraiment. Et pourtant, j'ai aucune raison de pas croire ce qu'elle nous dit, surtout dans ces circonstances. Je suis à côté de mes pompes, j'ai que le silence pour me reprendre, sans savoir bien quoi rajouter.

It is not how you hit the mat

it's how you get up

« Quatre jours » répéte l'archère. C'est peu, trop peu pour organiser une riposte. La suite des paroles de Riley soulage un peu la tension qui l'habite : les enfants ont été évacués avant l'attaque. Si soupirer tout haut de soulagement serait malavisé, elle se contient pourtant à grande peine. « Où ça ? Où ont-ils été évacués ? » insiste-t-elle. Ce n'est peut-être pas leur priorité, mais c'est la sienne : Maya passera avant tout. « Ma fille était là-bas » précise-t-elle alors. Maes l'avait emmené à Telve pour qu'elle y soit en sécurité.

La suite ? Allïa est suspendue aux lèvres de Riley. Qu'ont fait les pirates pour faire plier les Exilés et les Gentle Bastards ? Si elle est rassurée sur le sort des exilés, elle se doute que la vérité n'est pas toute rose. Le comportement de la femme devant elle lui laisse penser au pire. La révélation la sonne elle aussi. Joaquin est mort. Elle se recule légèrement et porte une main à ses lèvres. Joaquin était un ami. La nouvelle a du mal à passer. Ces salopards l'ont tué. Elle pense aussitôt à Ruby et ne peut que compatir avec la jeune femme. Le chagrin laisse vite place à la colère. « Ils nous avaient dit qu'ils ne toucheraient pas aux otages si nous faisions tout ce qu'ils disaient.  » Ils ont menti. Ils se sont pliés à leurs exigences pendant tous ces mois, et pourquoi ? Pour qu'ils butent les otages. Ses poings se serrent.

Elle se sent encore plus motivée pour en finir avec ces maudits pirates. Gin et Kait sont encore là-bas, prisonnières. « Est-ce que vous avez des preuves que les otages sont encore en vie ? » demande-t-elle alors, s'attendant à la même sincérité de la part de Riley qu'elle a pu avoir depuis le début. Ses yeux se posent ensuite sur Lennox puis sur Alice pour cette histoire de plate-forme.

Hunt or be hunted

We’ve all got a monster inside of us and we’re all responsible for what it does when we let it out

Spoiler:

Quatre jours ? C’était extrêmement court, et en même temps une éternité à la fois. Après tout, combien de temps les pirates resteraient inactifs, sans voir revenir les leurs ? « Vous avez ratissé les lieux ? Vous êtes sûrs de ne pas être observés ? Ils avaient, ils observaient les côtes, avec un drone qu’ils nous ont volé. » Il ne manquerait plus qu’ils soient cachés quelque part. Mais ils devaient être certains de leur victoire, ils n’avaient probablement pas pris d’échec en compte. À moins que les gens envoyés n’aient été que sacrifiables.

La navigatrice eut pourtant envie de s’accrocher à Riley et de la secouer, malgré elle, malgré la peine qui déformait son visage. À cause d’elle, si elle devait être honnête. Qu’est-ce qu’il s’était passé ? Qui avait… Se retenant difficilement de lui hurler de parler, elle enfonçait ses ongles dans ses poings, attendant. Si l’étau qui lui serrait son cœur s’était légèrement distendu alors que Riley semblait gagner en nervosité et ne pas oser poursuivre. « Arrête de tourner autour du pot ! » Elle était plus hargneuse que d’habitude, mais l’appréhension ne l’aidait pas à gagner son calme, alors qu’elle coupait presque la parole à Riley. La jeune femme venait leur donner des nouvelles, et elle ne méritait pas cette déferlante venant d’Alice. « Désolée… » Les excuses étaient murmurées mais sincères, presque aussi impulsives que son accusation.

Rien ne l’aurait pourtant préparée à la suite. Plus rien de ce qu’elle ressentait, ni la colère ni l’appréhension, ne subsistait dans son esprit, alors qu’elle prenait conscience de la terrible nouvelle. Plus rien sinon la terreur et le dégoût. Le choc prenait le dessus, la laissant bouche bée et blanche comme un linge, alors qu’elle se raccrochait à… Elle ne savait même pas à quoi, plus vraiment consciente de ce qui l’entourait. « C’est impossible ! Les otages sont forcément morts ! Ils ne leur sont d’aucune utilité ! » C’était déjà un miracle que Roman soit en vie. Elle sentait pourtant bien l’attente des deux autres femmes, leurs regards posés sur Lennox puis sur elle. Il lui fallut plusieurs minutes pour articuler la seule chose qui les intéressait sûrement – inconsciente de l’ingratitude qu’elle manifestait en pensant cela – et cracher la réponse qu’elles attendaient. « Neah Bay. Leur base est établie là. C’est une plateforme pétrolière. » Ruby leur donnerait plus de précisions – ou même Lennox, qui l’avait vue. Alice en était incapable pour l’instant. Les débuts entre Joaquin et elle avaient été difficiles, leur relation l’était toujours un peu, mais ils avaient fini par s’apprivoiser, à leur manière. Et devoir annoncer ça à Ruby, par-dessus tout… Elle se sentait perdre pied.

C'était délicat, pour ne pas dire abominable de devoir annoncer une telle nouvelle. Mais la bombe balancée, Riley sentait une boule la serrer à même la gorge. Son regard fuyant ceux de ses interlocuteurs alors que le choc se peignait sur leurs visages. Se ramassant toujours les interrogations autant que les nerfs lâchés dans la tronche, Simmons essayait de ne pas flancher, reprenant du courage à les dévisager l'un après l'autre. Elle avait beau n'avoir jamais connu Joaquin, elle compatissait à leur peine, douleur et même colère. Ce pourquoi ses lèvres s'ourlèrent alors qu'elle rétorquait, vindicative, à l'exclamation de la blonde : « Non ! Je refuse de croire ça tant qu'on n'en a pas la preuve concrète ! » Valerian aussi, avait eu la même réaction. Et même si la footballeuse ne connaissait pas un seul de ces otages en question, elle ne céderait pas au désespoir. Il fallait au moins une personne pour y croire encore.

Alternant entre tous, ses orbes s'arrêtèrent sur Allïa, alors qu'elle admettait en un soupir : « Dans l'immédiat ? Nous n'avons aucune garantie, aucun contact avec les pirates. » Et ça valait mieux, très franchement. « Mais aux dernières nouvelles, avant de nous pousser à attaquer Tvelve, ils étaient encore en vie. » La fougue et l'ardeur avec lesquelles s'était battu Roman suffisait largement pour en témoigner. Riley ayant ensuite embarqué rapidement pour rejoindre ses voisins présents, elle n'avait pas eu l'occasion d'échanger plus de détails avec les infiltrés et autres complices forcés. « Ecoutez, je ne suis pas là pour vous vendre des faux espoirs, mais il faut mettre un terme à cette histoire. » A n'importe quel prix, à ce stade.

Riley enregistra la localisation de la plateforme pétrolière dans un coin de sa tête. Ils allaient pouvoir avancer, elle en était persuadée. « Bien. Merci. Est-ce qu'on peut entrer en contact avec Ruby ? » Pour planifier la suite, et vite. Précisant doucement : « Je peux le lui dire, pour Joaquin. » Elle n'était plus à ça près, et elle avait un rôle à assumer. Quant aux enfants ? « Je n'ai pas énormément d'infos, mais de ce que j'en sais, ils ont été escortés en sécurité à Gig Harbor avant l'attaque. » C'était au moins ça de bien, pas vrai ?

Heart so hollow, I'm digging my own Grave.

Blood on my hands, what's done is done. Yet, I don't feel at peace, has the time come ? Heart so hollow, deep as a cave. One day, you'll be dancing on my grave. Six feet deep, heart can't take another beat.

Je vais lui dire de se ramener, que je souffle aux autres, encore sonné par la nouvelle. J'ai aucune idée de comment procéder, j'ai l'impression d'être sourd, au point où même mes propos ont l'air décousu. Faut que je me reprenne, j'ai toujours du mal à vraiment y croire avec tout ça. Ouais, on les a trouvé. Mais Ruby vous en parlera mieux que moi... Et je les laisse là-dessus, je me détourne pour rejoindre la radio au plus vite. On peut pas trainer : elle l'a dit, le temps est compté.

FIN

It is not how you hit the mat

it's how you get up