Ce n'est qu'un hématome à l'abdomen - Essaie t-elle de tempérer la brune, ne cherchant pas à lui mentir. Mais elle n'a pas vraiment le temps d'expliquer la cause ou les raisons, que la remarque de Nolan fuse. Contenant de justesse une grimace de circonstance, alors que la brune explose, comme elle aurait certainement explosé en se retrouvant à sa place.
J'ignorai jusqu'à maintenant, tout de ce que tu traverse. Rappelle la brune à son amie, essayant d'apaiser cette tempête qu'elle pressent l'horizon, qu'elle aimerait éviter. J'ai mené cette expédition en mon âme et conscience, veillé sur mes combattants, - nos combattants - pour que ce camp possède de quoi sauver le plus grand nombre, en cas de problèmes. Antibiotiques, matériel, compresses. Ils avaient besoin de tout ça, dans tous les cas. C'était la priorité, à l'instant précis ou ils avaient passé cette fenêtre brisée à l'étage.
Je comprends, ce que tu me demandes. Souffle t-elle avec cette douceur rare, venant croiser le regard de son amie. Parce que je dirai la même chose. Le disait déjà, ne serait-ce qu'avec ses élèves. C'était son rôle, de mourir pour la cause. Pas le leur. Il n'y à pas si longtemps, je t'ai promis que je ne te laisserai jamais seule Andrea. Lui rappelle t-elle pour la bonne note. De fait, je ne compte pas mourir de sitôt pour maintenir cette promesse. Et c'est la même chose, pour les équipes qui m'accompagnent. Avisant Nolan, rapidement. Et également pour toi, et tes collègues. Vous devez rester en vie et prêts. Elle ne doute pas qu'il le sait déjà, de toute manière. Dis moi seulement de quelle manière je peux t'aider. Insiste t-elle néanmoins auprès de la brune, soucieuse de l'apaiser un minimum.
« Vous m’épuisez. Toutes les deux. » Lâché alors que je me pince l’arête du nez, avant de reprendre, en direction de Nihima. « Toi, tu vas rester pour que je t’examine. » Et je me tourne vers Andrea. « C’est mon rôle de sauver des vies. C’est ma vocation depuis… toujours. Alors ce n’est pas que je fais pas exprès de ne pas comprendre. C’est que dans tous les cas, je ferais mon maximum. Et ça, il va aussi falloir que toi, tu le comprennes. »
Je m’éloigne un instant, les laissant discuter alors que je récupère un bonbon du bocal, gardant le silence aux paroles de Nihima. Je me contente d’arquer un sourcil quand elle me dit de rester en vie et prêt, me frottant la nuque avant de souffler, en direction de la native. « On sera prêts, c’est une question de jours avant qu’on s’attèle à la première étape. » Il nous manque pas beaucoup de matos et là, avec une nouvelle expédition, on sera rapidement parés. On doit encore s’entrainer avec Quinn, mais j’ai envie d’être confiant et de me dire qu’on va gérer. Tout ce qui est gérable en tout cas. Pour le reste, libre à Andrea de dire comment Nihima peut l’aider. C’est pour ça que je souffle, d’un ton plus doux. « Je vais vous laisser quelques minutes. Le temps de trouver un truc à boire pour digérer tout ça. » Parce qu’elles, je sais pas, mais moi, j’en ai besoin.
"Our wounds are often the openings into the best and most beautiful part of us."
Et c'était aussi bien quand tu l'ignorais, fait-elle entre ses dents, venant se passer la main sur le visage. Voilà tout ce qu'elle craint est justement en train de se produire. Ce qui change les gens autour d'elle, parce qu'ils ont peur, peut-être plus qu'elle. Parce qu'ils veulent bien faire, mais ne savent pas comment. Et qui demandent, quand elle-même n'a aucune idée de ce qu'elle attend. En tout cas, pas ça : Je n'ai pas besoin de plus, Nima, c'est justement tout ce que je ne veux pas, souffle-t-elle fermement.
Elle secoue la tête, la réprimande de Nolan ne l'aide pas davantage. Je n'ai pas besoin que qui que ce soit se comporte différemment avec moi parce que je suis malade, mais ça, sont-ils capables de l'entendre ? Nolan a le temps de s'y faire, de faire comme si, aussi, c'était "normal" entre eux. Mais il n'y a plus rien de normal de son point de vue, comme si sa tumeur prenait la place absolument partout, et salissait tout. Pas la peine, je rentre, annonce-t-elle simplement en se détournant. Elle n'a pas envie d'épiloguer. Pas encore.
Oh, my eyes are seein' red. Double vision from the blood we've shed. The only way I'm leavin' is dead : That's the state of my, state of my, state of my head
La réplique de Nolan lui fait brièvement pincer les lèvres, alors qu'elle encaisse toute cette frustration contenue d'Andrea. Avisant son regard sans ciller, baissant brièvement le regard à sa remarque. Non, elle ne savait pas comment se comporter. Comme elle ignorait parfaitement comment se comporter, comment agir, dans une situation telle que celle ci. Je ne me comporterai pas différemment avec toi, je cherche juste à être là pour toi. Parvient-elle finalement à articuler, quand c'est pourtant une guerre interne en elle. Une partie d'elle lui hurlant de réagir autrement, de lui rappeler qu'elle allait y survivre, parce qu'elle était l'une des femmes les plus fortes qu'elle ait été amenée de connaître. Elle le savait, pourtant. Qu'elle était d'avantage douée pour penser stratégie, combat, sang froid. Mais la diplomatie ? Ce n'était pas faute d'essayer pourtant. De toute ses forces.
Andrea, s'il te plaît, atte- Peine perdue. La brune tourne déjà les talons quand son corps se rappelle à elle, étouffant un gémissement plaintif. Sa main venant se poser par réflexe sur son hématome qui enserre sa taille, défiant silencieusement le regard noir de Nolan qui l'invite à s'asseoir immédiatement. Se murant dans un silence résigné, détournant le regard alors qu'elle peine encore à réaliser la nouvelle. Un cancer. Le terme tourne encore et encore dans sa tête, mêlé au reste. Hayden, Kaya. Les Croatoans. Un subtil mélange de soucis qu'elle ne montre pas au quotidien, et qui lui donne envie de hurler sans qu'un seul son ne sorte de sa bouche.
J’ai un froncement de sourcils aux paroles d’Andrea. Je peux comprendre ce qui la dérange et, même si j’essaie de pas changer de comportement avec elle, de pas prendre de pincettes quand on se parle, que ce soit à l’infirmerie ou ailleurs, forcément, les choses ont changé. Qu’on le veuille ou non. Et, tant que la situation aura pas évolué, d’une façon ou d’une autre, y aura toujours une ombre qui flotte autour d’elle.
Je soupire en la regardant partir, désignant le lit en silence à Nihima. Et je m’affaire, alors qu’aucun de nous deux cherche à dire quoi que ce soit. Il va lui falloir le temps d’assimiler l’information et c’est normal. Et je finis par prendre une grande inspiration, après avoir soigneusement nettoyé la lésion. « En théorie, je te prescrirais du repos. Mais on sait tous les deux que je vais parler dans le vide. Alors essaie juste… de ralentir un peu. Quelques jours. S’il te plait. » C’est après coup que je me rends que ma voix a tremblé, tout comme mes mains pendant que je m’occupais de nettoyer. Mais je me contente de toussoter avant de me tourner pour récupérer un petit pot que je lui tends. « Tu mets ça dessus les prochains jours. Et tu viens me voir tous les matins. Je veux voir comment ça évolue. »
Pendant une seconde, je me sens sur le point de craquer. De lui dire que je suis terrorisé à l’idée de pas réussir à soigner Andrea. Que je me suis jamais senti aussi démuni devant quelque chose et que même les rôdeurs me font pas aussi peur. Mais je me contente de souffler, à mi-voix. « Elle va avoir besoin de toi. Et va surement te repousser de toutes ses forces. La laisse pas faire. » Une nouvelle inspiration. « Tu peux y aller. »
"Our wounds are often the openings into the best and most beautiful part of us."
Nolan... Elle ne peut que soupirer à sa remarque. Du repos. Pourquoi faire, au juste ? Retarder une échéance dont elle ignore la date ? Détournant le regard en sachant pertinemment qu'elle n'était pas capable d'accéder à cette demande. Tant par son coeur qui rythmait sa cage thoracique avec force, qu'avec cette tête qu'elle sentait sur le point d'exploser. Un cancer. Par les Esprits, n'y avait-il pas eu assez d'enfers à parcourir, pour espérer obtenir un semblant de paix ? Pourquoi fallait-il que ça tombe sur elle, alors qu'elle venait de perdre sa fille ? D'y penser, ses lèvres tremblent une infime seconde. Les yeux résolument secs, alors qu'elle inspire profondément pour apaiser la tempête dans son esprit.
Bien. C'est la seule chose qu'elle trouve à dire à l'exigence du pédiatre, réceptionnant le baume qu'elle vient entourer de ses doigts, rabaissant son haut non sans grimacer quand le tissu vient frotter la peau à vif. Ne relevant ses yeux noirs sur la silhouette de Nolan qu'en avisant un infime tremblement à ses mains, venant croiser son regard.
Tu vas la sauver. Ce n'était pas une question. C'était un ordre qu'elle osait donner pour ne pas perdre pied. Se refusant à abandonner la partie maintenant, à accepter ne serait qu'un infime pourcentage de chance qu'elle puisse y rester. Parce qu'elle était de ces femmes fortes, qui seraient encore debout quand ce monde aurait pris fin. Je vais te ramener ce matériel, et l'intégralité des rôdeurs de cette ville maudite s'il le faut, pour que Quinn et toi deveniez experts en la matière. Mais tu vas la sauver, parce que tu es le plus qualifié pour ça. Quoi que tu puisse en penser. Et sa demande n'amenait aucune négociation, en l'état. Au risque qu'elle explose. Contre elle même pour n'avoir rien vu, contre le monde entier, si ça pouvait aider à apaiser cette douleur insidieuse dans sa cage thoracique. Relevant le visage dans une fierté propre à cacher ses émotions, alors qu'elle reprend. Je ne la laisserai pas tomber, ni maintenant, ni jamais. Je ne sais juste pas ... Comment faire. Mais les mots meurent sur sa langue, dans une amertume qu'elle masque au plus profond de son coeur, se contentant d'hocher brièvement la tête à sa remarque. Merci. D'avantage pour ses conseils, que pour les soins. Elle avait besoin d'air, désormais. Se relevant d'une démarche chancelante, se tournant une dernière fois vers Nolan. On va y arriver. Elle, lui, Andrea. Ils trouveraient une solution à tout ça.