C’te tactique, d’toute manière, c’celle qu’il faut faire d’base. Et c’celle qui s’fait dans la nature. J’suis pas spécialiste en faune sauvage, et j’suis pô scientifique ou j’sais pas quelle connerie d’ce genre non plus… Mais d’peu qu’j’en ai vu, quand un lion chope une proie, il l’chope à la jugulaire et n’lâche pas tant qu’l’animal est pas crevé. Si ces fous furieux ont trouvé l’truc où s’trouvent les ennemis, alors faut y aller.
« C’qu’il faut faire. » Que j’dis, alors qu’la Ruskov s’rapproche, et qu’elle tente d’me canaliser. J’vois bin’ c’qu’elle essaie d’faire, j’vois bin’ c’qu’elle réfléchit dans sa caboche. « Leurs copains savent qu’les pirates sont partis en expédition offensive. C’genre d’trucs, ç’peut durer qu’ques jours… D’coup, ils n’s’attendent pas à l’revoir d’si tôt. L’fait d’les attaquer, c’s’assurer d’un bon point d’départ, et d’l’élément d’surprise. Ouais, j’ferais ça moi aussi. » L’fait d’cogiter, ça m’fait du bien. Même si bon… J’sais qu’c’est qu’un temps quoi.
Sa question, quand elle m’demande c’que j’risque… Elle m’fait m’retourner vers elle. J’la regarde pas avec méchanceté hein, nan. Mais… J’sais pas, j’ai un mauvais présentiment. « J’risques sans doute rien d’plus que c’qu’j’ai d’jà risqué quand j’suis parti. Au mieux, j’passe un tour dans l’prison, et j’me fait taper d’ssus. Au pire, j’suis viré d’groupe. Et au pire d’pire… J’prends une balle dans la nuque. » J’pense. Enfin, pas qu’j’ai d’jà vu des cas similaires à Fort Ward… Parce qu’bon… Y’en a pas eu quoi. Mais bon, l’boss a toujours été claire quoi.
« J’rentres pas. J’vais y aller aussi. J’veux en finir. » J’espère qu’on va réussir. Parce qu’putain, en vérité, c’la merde. On a buté qu’ces fils d’putes qu’attaquaient… Y’en a encore dans leur foutu repère… Si on l’laisses tranquilles, l’fait qu’ils n’reviennent pas vont faire tiquer les aut’ restés au repère, et eux, ils vont r’venir avec plus d’moyens encore. Et c’hors d’question d’voir Yulia s’faire ramoner la gueule pour rien, ou la p’tiote, s’faire emmener, ou tuée, ou s’retrouver sans parents. P’tain, j’les détestes d’dingue…
you kill or you die, or you die and you kill you walk outside, you risk your life. you take a drink of water, you risk your life. nowadays you breath and you risk your life. you don’t have a choice. the only thing you can choose is what you’re risking it for.
Ouais, c'est c'qu'ils se disent, la préparation stratégique prend du temps et y'a pas mal de blessés, mais y'a pas l'choix. De toute façon, s'ils y vont pas, les otages qu'ils ont avec eux se feront abattre, et on préfère éviter ça. Surtout que Kaitlyn et Gin sont encore parmi eux. Qu'le seul qui a eu la chance de s'en extraire, c'est le dénommé Roman, et vu qu'il a essayé d'nous la faire à l'envers sur place, j'crois qu'il mérite pas mal le fait d'finir boiteux. Question de Karma, il faut croire ! J'aime l'idée qu'il a quand même eu ce qu'il a semé, même si j'imagine qu'il a du en chier à bord de cette plateforme. Autant dire qu'ça rend pas enthousiaste, clairement.
Je l'écoute, et l'analyse qu'il en fait m'laisse songeuse. J'comprends ce qui le travaille évidemment, et puis, j'suis là pour l'écouter. Il s'tourne vers moi, et c'est avec un air plus décidé qu'il finit par m'dire qu'il va y aller. Qu'il rentre pas pour l'instant, qu'il va aller se battre et achever ces mecs pour de bon. Sur l'coup, j'suis un peu surprise, presque sonnée, et j'me reprends : T'es sûr de toi ? J'veux pas qu'on dise que je l'ai forcé. Mais en même temps, j'ai conscience qu'il fait ça parce qu'il a envie d'leur faire payer ce qu'ils m'ont fait. Qu'sans moi dans l'équation, Logan y aurait même pas mis l'nez.
Je sais pas si je culpabilise de ça. P't'être pas. C'est surtout du fait qu'il puisse s'faire enfler en rentrant. J'tenterais pas le risque qu'ça soit le pire du pire, que j'lui souffle alors tout bas, en haussant les épaules : Si y'a vraiment une chance qu'ils t'butent, tu rentres pas tout court, j'te préviens, que j'lui somme fermement, en plantant sur lui un regard plus dur et plus décidé. En fait, j'veux pas négocier avec sa vie. J'sais qu'sa vie est toujours sur le fil, mais ma fille peut pas être orpheline direct. Et j'suis totalement capable d'te séquestrer quelque part si tu veux rien entendre, que j'ajoute finalement.
Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.
Ils ont des otages ?! P’tain, j’savais pas… Mais c’explique pourquoi qu’ils connaissaient d’gens parmi ceux qu’nous ont attaqués. Faut dire que j’me demandais comment qu’ça s’faisait… Et… Bah j’n’ai pas trop cherché. J’suis pas un leader, j’suis pas d’leurs groupes et j’suis pas leurs potes : donc, j’n’avais pas à poser d’questions. J’suis venu m’battre et j’avais d’quoi faire. Mais maintenant, j’comprends un peu pourquoi qu’tout c’bordel leur a fait du mal. Y’avait des copains dans les assaillants, en plus d’ceux qu’étaient blessés. C’qui veut dire qu’les pirates étaient, en plus d’nous attaquer… D’tortionnaires d’copains. P’tain… Ils ont forcé d’gens à s’battre contre d’copains à eux, parce qu’ils détenaient des otages… Moi qu’était prêt à les buter tous jusqu’aux derniers… M’enfin…
« Ouais. Ç’va l’faire. » D’toute manière, c’pas comme-ci qu’j’allais changer d’avis. J’suis v’nu m’battre, j’me suis battu… Mais maint’nant qu’je sais qu’tout peut r’commencer dans qu’que temps, parce qu’on a massacré qu’une section d’assaut, et pas l’maison mère, ça m’plaît pas. Hors d’question qu’je retrouve la p’tiote et la folle l’ventre ouverts dans c’bouiboui, parce qu’on aura pas buté ces fils d’putes jusqu’aux derniers. Nan, j’vais m’les faire.
« J’m’en bat les couilles. C’bon. J’suis d’jà dans la merde jusqu’au cou, autant faire l’choses comme il l’faut. » Voilà, c’dit. « J’pense qu’ils réfléchiront à deux fois avant d’me buter : y’a d’bons soldats et d’bons guerriers dans nos rangs, mais j’suis l’seul qu’était un p’tain d’SEAL. Ils m’buteront pas, d’moins, pas tout d’suite. Mais j’risque d’prendre un peu cher, ou d’me retrouver au trou… »
Et ça, ça m’plaît pas. J’veux dire… J’me suis d’jà retrouvé attaché à c’foutu pieu d’dispensaire, pieds et poings liés. Avec une piqure d’tranquillisants dans l’cul. T’ça pour pas que j’pète un énième câble, après l’retour d’chez les Oblivions. Alors m’trouver dans un p’tain d’pyjama d’merde, dans une cellule d’béton… Bah ça m’casserait bin’ les couilles. « C’bon, ça va l’faire. Au pire, si j’sens qu’ça vire au boudin… Je… » P’tain… J’n’y crois pas qu’j’vais dire ça. « J’me barrerais. »
you kill or you die, or you die and you kill you walk outside, you risk your life. you take a drink of water, you risk your life. nowadays you breath and you risk your life. you don’t have a choice. the only thing you can choose is what you’re risking it for.
Et tu pourras vraiment te barrer ? Je le fixe sans trop savoir ce que ça m'inspire. Fort Ward est pas exactement un gruyère, mais je lui apprends rien. De toute façon, il connait l'endroit mieux que moi, vu que j'ai exploré sa piaule, le terrain d'entrainement et le dispensaire, ainsi que le port de temps en temps, c'est pas exactement la fête quoi. Je soupire en y pensant, sans chercher plus loin. Il sait mieux que moi. Je dois lui faire confiance. J'ai pas trop le choix, même si ça m'inquiète forcément de pas avoir plus de certitude à me mettre sous la dent. Mais c'est comme ça depuis le début entre nous, non ?
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Tu peux la prendre ? Je vais pas avoir la force de la tenir, et si elle gigote, ça va taper dans la plaie, le passage à Gig aura été rapide. Le temps d'laisser le paiement pour le temps passé, d'récupérer les voyageurs qui rentrent avec nous. Echo a un regard pour moi, alors que j'confie Analya à Logan. Vaut mieux qu'il s'dépêche de l'attraper parce que j'ai des petits points blancs dans mon champ d'vision et j'ai du perdre des couleurs déjà. Pas faute de tout faire pour tenir la route. Il faut que je m'asseoir pour pouvoir la porter, que je souffle.
Mais avant, je dois retrouver un peu de mon souffle. Lentement, j'me pose contre une caisse, m'adossant au bois derrière mois pour respirer progressivement. Borde, que ça fait mal. J'déconseille vraiment le fait de se faire poignarder, c'est pas incroyable. J'ai l'impression que la plaie me brûle, j'en ai des sueurs froides. Les pirates ont des moyens, du coup ça veut dire qu'on peut encore te permettre une part du pillage quand ça sera fini, que je lui souffle. Je sais pas si ça adoucira possiblement la sanction pour toi, que j'ajoute.
Ouais, je reviens là-dessus alors qu'on est passés à autre chose et qu'Ana est là mais j'peux pas m'en empêcher. J'suis désolée, je suis en boucle sur ça depuis qu'on en a parlé à l'allée, ça tourne dans ma tête. Mais ça m'travaille, autant l'dire carrément. Logan doit s'en foutre, il a l'air confiant et résolu, et peut-être que ça le touche pas, sauf que moi je vois autre chose : J'ai pas envie d'te perdre pour des histoires qui t'concernent pas, que j'lui souffle en faisant en sorte d'pas le regarder.
Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.
« Hum… » J’grogne, pas d’mécontentement ou d’quoi qu’ce soit d’ce genre, mais disons qu’je sais bin’ qu’Fort Ward est pas un p’tain d’gruyère. J’sais bin’ qu’ça va pas être évident, et surtout, j’sais bin’ que j’me barrerais jamais sans mes p’tains d’affaires parce qu’j’ai pleins d’trucs que j’me trimballe depuis l’époque des SEALs. Et j’refuse d’me barrer sans mes affaires.
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Tout c’trajet était pas ouf. D’jà, parce qu’ce foutu bateau n’tient pas la flotte : y a pas assez d’poids, pas assez d’tirant d’eau et c’pas forcément bin’ piloter non plus. M’enfin, j’crois qu’j’n’ai pas eu vraiment l’choix. Mais bref, on a réussi à r’joindre l’coin où était Analya. J’dois dire qu’j’ai pas été très agréable comme bonhomme : j’ai passé mon temps à foutre un r’gard d’braise à tous ceux qu’j’ai croisé et qu’auraient pu toucher ma fille. J’n’avais pas qu’ça à foutre, j’n’avais confiance en personne ! Si un d’ces fils d’putes d’enfoirés touchait à ma fille d’quelconque manière qu’ce soit, j’le fume ! J’le défonce ! J’le bute et j’détruis toute sa foutue famille aussi !
D’coup, j’prends la p’tiote dans mes bras quand la folle m’fait comprendre qu’elle est à deux doigts du malaise. P’tain c’pas comme-ci j’le lui avais dis et qu’j’avais toujours raison ! P’tain, un d’ces quatre, j’vais d’voir la retrouver coincée dans l’gueule d’un ours ou j’sais pas quelle connerie, juste parce qu’sa folie lui aura prise d’pas écouter c’que j’lui disais ! « Hum… » En vrai, ça m’brise l’cul d’devoir la voir dans c’t’état alors qu’putain… J’aurais pu aller la chercher la p’tiote merde !
J’garde la p’tiote dans mes bras, et j’la dodeline. J’crois qu’c’est inné comme comportement, j’sais pas, mais j’le fais sans réfléchir. Ça a l’air d’lui plaire à la p’tiote, elle m’souris et elle… Est calme quoi. « J’sais pas si ça calmera la sanction ou quoi, m’enfin. On verra bien. » Au pire, j’ramènerais autant d’bouffe que d’munitions et j’aurais d’quoi appâter June et les autres. On verra bin’.
Elle tourne en boucle sur c’t’histoire. J’dois dire que j’la comprends, moi aussi j’y pense. J’veux pas m’prendre une balle dans l’crâne pour d’conneries ou quoi. J’n’aurais pas passé toutes ces foutues années à m’battre et à m’foutre sur la gueule avec l’moindre ennemi qu’je croisais, pour finalement m’prendre une balle d’la part d’mon propre groupe. P’tain… ça m’brise les couilles rien qu’d’y penser. « T’me perdras pas, t’en fais pas. » J’me battrais d’toute manière.
you kill or you die, or you die and you kill you walk outside, you risk your life. you take a drink of water, you risk your life. nowadays you breath and you risk your life. you don’t have a choice. the only thing you can choose is what you’re risking it for.
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