The Walking Dead RPG

Je te jure que si je me rouvre les points en te hurlant dessus, je trouve quand même la force de me relever pour te tabasser ! Je reprends mon souffle, pressant ma plaie pour essayer de contenir la douleur. Une nouvelle cicatrice à rajouter à toutes les autres : un plaisir. Logan en a eu marre de me veiller apparemment, faut dire que je suis une patiente super pénible et que c'est bien normal de pas avoir trop envie de me supporter. Sortir pour courir et faire autre chose, ça a été son aubaine.

Valérian a pris son relai néanmoins, et il porte sa mine des mauvais jours, ceux qui disent que ça va pas. Et il a des raisons de pas bien aller. J'ai à peine l'énergie pour hurler. J'ai vu ce qu'ils ont fait... que je lui souffle en reposant ma tête sur le coussin derrière moi. Sur le voilier qu'on a planté, j'ai vu la boite et son contenu... Je dis ça d'une voix sombre, en soupirant : C'est vraiment des fils de putes, mais c'est le bon moment pour les défoncer, je crois. J'imagine. Une toux m'échappe et la douleur revient : Enculé, ça fait mal !

Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.

Le visage de Valérian était aussi dur que s’il avait été gravé dans la roche. Il ne laissait rien apparaître : ni souffrance, ni regrets, quand, en vérité, ceux-ci le dévoraient. Ses mâchoires étaient contractées, refoulant avec obstination ces émotions, et ses yeux, creusés par la fatigue, étaient des puits insondables - révélateurs de la profonde apathie dans laquelle il était plongé. Installé avec raideur au chevet de Yulia, sa jambe blessée étendue devant lui, le grec se contenta de lui décocher un regard mauvais lorsqu’elle fit mine s’agacer contre lui.

Terrassée par un accès de faiblesse, la russe se calma pourtant vite, et s’enfonça de nouveau dans l’impressionnante pile de coussins installée derrière elle. À ses paroles, Valérian se renfrogna davantage, et se détourna pour jeter son regard par-delà la fenêtre de la chambre. « Ils ne perdent rien pour attendre… » maugréa-t-il, gagné par une colère froide, dangereuse. Il y avait longtemps que les liens avec Joaquin avaient été rompus, mais le fait de découvrir sa mort, surtout en de pareilles circonstances, avait représenté un choc considérable pour lui.

Très peu loquace depuis les combats de la veille, Valérian se claquemura une nouvelle fois dans un silence maussade - laissant un instant ses pensées vaquer vers l’inévitable affrontement à venir contre Jack et son équipage. Ses yeux noirs revinrent rapidement vers la russe lorsqu’elle se fendit tout à coup d’une toux sèche. « Yulia ! Est-ce que tu vas bien ? Tu as besoin de quelque chose ? » s’alarma-t-il aussitôt. « Tu veux que j’aille chercher Emilie ? »

Every time that I look in the mirror, all these lines on my face getting clearer. The past is gone. Oh, it went by like dusk to dawn. Isn't that the way ? Everybody's got their dues in life to pay.

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Non, ça va ! Valérian en fait toujours trop, je lève vers lui un regard douloureux mais un peu amusé quand même, en essayant d'avoir le coeur plus léger que lui. Une manière de l'encourager a pas me prendre trop au sérieux. J'ai l'impression quand même d'une finalité. La capture d'Ulrich notamment. Le savoir enfin enfermé, plus capable de nuire, ça me soulage d'un poids immense. Logan est toujours là ? Que je demande finalement en fronçant les sourcils.

La tête posée contre le coussin, mes yeux viennent le sonder longuement. J'ai pas besoin d'avoir fait dix ans d'études pour voir qu'il va pas forcément bien et... Je comprends. Je comprends que ces types ont réussi à salir tout ce qu'on a essayé de construire de bien. Et que ça fait mal. Et toi, comment tu vas ? J'ai pas vraiment besoin d'une réponse. Je sais. Je suis désolée... Que je lui souffle finalement. Je savais pas qu'ils viendraient vous chercher, on a vraiment tout fait sans penser à ce qu'il fasse un truc aussi tordu... que j'ajoute... Et on a trouvé... La boite, celle de Joaquin.

Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.

Valérian faisait preuve d'une extrême vigilance avec la russe, comme si elle avait été susceptible de disparaître en un claquement de doigts - emportée à son tour par la série de malheurs qui les avaient frappés ces derniers temps. Désemparé, le grec avait plus que jamais l’impression de perdre le contrôle de sa propre existence. Les personnes qu’il aimait semblaient disparaître les unes après les autres : elles lui étaient violemment arrachées par le cynisme qui gouvernait à présent cette vie, comme un monstre gigantesque qui se serait repu des efforts futiles d’un moucheron pour échapper à sa toile gluante. Il avait perdu Reese. Il avait perdu Elena. Ce constat l’accabla davantage, et le plongea de nouveau dans des affres vertigineuses, le coupant subitement de la réalité.

Après quelques secondes, la voix de Yulia résonna étrangement à ses oreilles - lointaine, indiscernable. « Mmh ? » marmonna Valérian, d’un air distrait, avant que la question de russe ne prenne finalement sens dans son esprit. « Ah, je l’ai croisé qui quittait l’infirmerie tout à l’heure. Faith l’aurait obligé à prendre du repos. Mais je crois, à en juger ses grognements mécontents, qu’il avait plutôt l’intention d’aller passer ses nerfs sur quelqu’un ou quelque chose. C’est une brute épaisse, mais il serait prêt à n’importe quoi pour toi, j’en ai bien l’impression. » acheva le grec en adressant un faible sourire à son amie. Celui-ci disparut presque aussitôt, mouché comme la flamme moribonde d’une bougie. Les lèvres de Valérian se serrent devant les excuses de Yulia, et il se mura de longues minutes dans un silence maussade. Depuis l’extérieur, les bruits diffus de conversations leur parvinrent alors, soulignant le silence qui s’était installé dans la petite chambre d’infirmerie. « Est-ce que tu l’as fait ? » demanda finalement le grec d'une voix rauque. « Est-ce que tu l’as trépané ? »

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C'est le moment où je te reparle de son énorme queue, si j'ai bien compris ? J'essaie d'pas sourire, mais c'est difficile. Sauf qu'avec la douleur et la situation, ça gagne pas vraiment mes yeux. Rien d'anormal, j'crois. Tout ça, ça s'prête pas à se marrer. J'essaie vraiment de te faire rire, que j'ajoute en regardant Valérian. Malgré la fatigue en tout cas, j'espère vraiment pouvoir l'soulager d'sa peine, aussi misérable qu'ça puisse être.

Et à sa question, je détourne les yeux : Oui... clairement. Un soupir m'échappe : J'allais pas le laisser comme ça plus longtemps, il- Je hausse les épaules. Nouvelle grimace d'douleur. On va pas se mentir : c'était un sacré con parfois. Mais il méritait pas d'rester dans cet état, tout simplement. Ni d'crever, même si toutes ses victimes soutiendront pas comme moi l'propos : J'sais pas... que j'ajoute, songeuse : J'sais pas ce qu'il a fait pour qu'ils finissent par l'buter, j'ai jamais eu les détails de la nuit sur la péniche. D'l'horreur.

Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.

Les plaisanteries de Yulia n’arrachèrent pas le moindre sourire au grec. Son esprit avançait sur le fil de l’oubli, menaçant à chaque seconde, à chaque silence, d’y basculer. Les traits de son visage, creusés par l’épuisement, étaient plus que jamais ciselés. Quant à son regard, il était cave, souligné de profonds cernes - glacés et bleuâtres. Dans sa poitrine, un vide grandissait petit à petit, aspirant ses forces jusqu’à le laisser inerte. Il retirait cependant du réconfort de la présence de la russe. Il avait si longtemps craint pour sa survie que de la retrouver, après tous ces mois, ôtait de sa poitrine un poids considérable.

Valérian hocha imperceptiblement la tête, soulagé d’apprendre que la russe avait mis un terme au calvaire de Joaquin, et que sa dépouille ne serait plus profanée de la sorte par ces salopards. Son visage s’inclina ensuite vers le bas, tandis qu’il se plongeait dans ses souvenirs clairsemés. « Mes souvenirs de l’attaque sont flous, mais je me souviens des cris de Ruby. » dit-il lentement, les sourcils froncés. «  Je me souviens l’avoir entendue crier à l’aide. Et puis, tout à coup, un coup de feu a retenti. »  L’écho de la déflagration rugit à ce moment-là à ses oreilles.

Un frisson remonta le long de son échine. « D’après ce que m’a raconté Thaïs, Joaquin aurait voulu s’interposer alors que les hommes d’Ulrich s’en prenaient à Ruby. Il en aurait tué un à main nue. Après quoi, ces salopards ont maîtrisé Joaquin et mutilé Ruby. » Le récit était raconté d’une voix monocorde, comme si le grec avait cherché à repousser l’horreur que lui inspiraient encore ces événements. « J’ignore à quel moment ils ont tué Joaquin. » dit-il avec amertume. « Mais il y a fort à parier qu’ils ont voulu lui faire payer cet affront. J’espère seulement pour lui que son supplice, quel qu’il fût, a été bref. »

Every time that I look in the mirror, all these lines on my face getting clearer. The past is gone. Oh, it went by like dusk to dawn. Isn't that the way ? Everybody's got their dues in life to pay.

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J'écoute. J'entends. Je comprends. Mes yeux se baissent en imaginant. J'essaie de ramener loin derrière moi les souvenirs qui s'imposent. Désormais, impossible de penser à Joaquin sans m'imaginer cette tête qui reste dans une boite. Je suis... Dépassée, clairement. Mais en même temps, c'est juste... Ouais, c'est comme ça. On a pas le choix que d'accepter, avancer. C'est tout le temps comme ça de toute façon. Accepter, avancer. Ouais, sans doute, que j'lui souffle simplement avant de le scruter.

Valérian a l'air épuisé. Au bout du rouleau. Je pince les lèvres en me redressant doucement, avant de tendre la main vers lui : Viens, que je lui souffle, en lui faisant signe de se rapprocher. Je sais qu'il a pas trop l'habitude de ça, mais bon c'est pas grave. Je lève l'autre bras, pour lui indiquer ce que j'ai en tête finalement. Tu me serres pas fort, ok ? Que je lui demande simplement en pinçant les lèvres : Mais t'as besoin d'une étreinte, alors viens, j'peux lui donner ça, ça ira peut-être mieux après, j'en sais rien.

Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.