The Walking Dead RPG

Assis sur une chaise pour soulager sa jambe blessée, nettoyée, suturée et bandée par les soins d’Emilie, Valérian s’était murée dans le silence, son regard, sombre, plongé dans les flammes de la cheminée qui faisaient danser sur les méplats de son visage ombres et lumière. Quelques mèches de ses cheveux désordonnés tombaient sur ses yeux  et trahissaient chez le grec une négligence, un abandon, qu’exprimait en outre sa posture avachie. Aucune émotion particulière ne transparaissait sur les traits ciselés de son visage. Il ne ressentait rien, si ce n’était une amertume douloureuse qui se déployait dans son corps à l’instar de relents pestilentiels. Il avait l’impression d’avoir été brutalement dépossédé de ce qu’il avait eu de plus cher en l’espace d’une nuit, sans qu’aucune de ses décisions n’ait pu inverser le cours des choses, ni faire sortir de ses ornières la roue du destin. Valérian se sentait ainsi vide, plus que jamais au cours de ces derniers mois de calvaire, comme une dépouille dont il ne serait resté que des os secs.  

La colère de Peter et Elena enflait comme les flammes dans la cheminée. Toutes ces émotions, que ce soit les fustigations, les menaces, les incompréhensions, se heurtaient à son expression fermée, comme si, tandis qu’il s’était traîné plus bas que terre, le grec s’était placé hors d’atteinte de ces différents émois. Alors que les esprits s’échauffaient, ce fut finalement la dénommée Riley qui prit la parole, révélant les motivations de chacun, et les circonstances de leur débarquement à Telve. Lorsqu’elle précisa, à la fin de sa tirade, que les otages risquaient de finir décapités, les traits du visage de Valérian se crispèrent imperceptiblement.

Éperdue, la jeune femme accrocha alors avec insistance son regard - dans l’attente évidente qu’il l’appuie. Le grec eût l’impression d’être soudain réintégré à ce petit comité et, sous l’insistance des regards de Thaïs et Riley, remua faiblement sur sa chaise. « C’est la vérité. » dit-il d’une voix particulièrement rauque, comme s’il ne s’était pas exprimé depuis des mois, des années. « les pirates nous ont tirés de nos lits au milieu de la nuit, et faits embarquer à bord de l’une de leurs embarcations. Nous n’avions aucune idée de notre destination, ni de ce qu’ils attendaient de nous. Avant de partir, ils nous ont montré la tête de Joaquin. Ils nous ont menacés de nous rapporter celles des otages si cette opération n’était pas couronnée de succès. » Sa voix contenait une grande lassitude. La détresse qu’il avait ressentie au cours de la nuit avait sapé ses forces. « Nous n’avons jamais divulgué la position de Telve à ces salopards, j’ignore comment ils en ont appris l’existence... »

Every time that I look in the mirror, all these lines on my face getting clearer. The past is gone. Oh, it went by like dusk to dawn. Isn't that the way ? Everybody's got their dues in life to pay.

Awards:

Je remercie Connor du regard. Je le sais épuisé, je e devine tendu aussi, mais il reste calme et ouvert. C’est surement idiot, mais qu’il ne condamne pas tout de suite ceux qui ne sont, au final, que des victimes parmi d’autres, m’enlève un poids.  Tout a un arrière-gout de déjà vue pour moi. Elena aussi fait des efforts malgré la colère visible qui palpite en elle. Evidemment la réaction de Thaïs dans cette salle qui a tout d’une poudrière, même si elle peut se comprendre, est malvenue.

« Thaïs, comprenez bien que nous ne savions pas vos intentions, que nous n’avions pas, non plus, anticipé que vous soyez dans les rangs des attaquants avant qu’ils ne soit trop tard. Dans les défunts dont vous parlez, il y a le fils d’un des nôtres. Soyez sûre que si nous avions pu éviter tout cela, nous l’aurions fait. »

Je ne parle pas seulement des morts ou des blessées en pagailles, ni a cette débauche de ressources malvenues alors que l’hiver est loin d’être fini. Peter réagis sans finesse avec toute l’aigreur d’avoir eu des pirates a ses portes. Riley et Valerian confirment un manque de choix qui me parle trop. J’ai tué, trahis pour sauver mon frère et Daemon. Je sais que pour eux, pour les Expendables, s’il fallait bruler tout Seattle, je le ferais. La mort dans l’âme, mais je le ferais. J’imagine tellement ce que Valerian doit vivre, même si je hais toujours Reese, je ne suis pas assez mauvaise pour lui souhaiter de vivre le même calvaire que moi.

C’est avec une voix posée et un calme patient que j’essaye de poser les choses, prenant, de façon assumée, la place d’arbitre dans cette discussion ou les Expendables sont, forcement, plus neutres que les autres groupes présents. Je me tourne vers ceux qui ont dû défendre leur logis et leur famille, ceux qui se sentent trahis :

« Elena, Peter, je comprends que vous soyez furieux, mais nous sommes d’accord ici que personne n’ignorait la détresse des Bastard et Exilés. On a tous voulu les aider sans savoir comment faire et personne ne pouvait envisager que les choses iraient si loin. Comment les pirates ont eu cette adresse est une bonne question, mais elle me semble moins urgente que le « comment on va sauver les prisonniers » et s’assurer que plus jamais ces montres ne reviennent toquer a cette porte ni aucune. »

Je fais une petite pause avant d’ajouter, avec autant de conviction et de sincérité :

« D’ailleurs, je vous rappelle que nous avons tous eu des nombreuses occasions de se trahir, de se lâcher, de profiter des uns et des autres, mais personne dans cette pièce ne l’a jamais fait. Nous sommes des alliés, des amis aussi. Alors je ne veux pas croire que ça a commencé aujourd’hui et je refuse de rayer des années de confiance mutuelle sans certitude qu’il y a vraiment eu une trahison. »

Je ne sais pas si les autres me suivront dans cette position. De toute façon le moment n’est pas encore a lécher nos plaies, traquer les sorcières ou reconstruire la confiance. On a plus urgent a débattre.

« Maintenant j’aimerais qu’on aborde le sujet le plus urgents. Il y a un coup a jouer. On a pris un de leur leader, le reste du groupe des pirates ne doit pas se douter de ce qui s’est passé ici. On a peut être un moyen d’anéantir cette menace pour de bon et sauver les prisonnier et ca vaut la peine de réfléchir, ENSEMBLE, a la suite. »

Je les dévisage tout. Je pourrais m’arrêter la, me dire que Roman est sauver, que je connais a peine les autres, que les expendables sont a l’abri et que les IF n’ont qu’a déménager. Sauf que ce n’est pas nous, ca ne l’a jamais été et ca le ne sera jamais. Personne dans cette pièce n’est comme ça et je veux garder cette certitude bien ancrée a fonds de mon âme. Quelque soit la route que le désespoir a fait prendre a tout le monde, l’espoir d’une solution commune ne peut que faire avancer les choses dans le bon sens.

La réaction de Thaïs mit le feu aux poudres, libérant la colère accumulée depuis plusieurs jours et exacerbée par des heures interminables d’affrontement, qui d’une certaine façon, jouait les prolongations ici. La grecque fit un pas en avant, prête à intervenir quand Peter dévora la distance pour venir cracher sa fureur sur l’ancienne militaire. Les uns et les autres s’exprimèrent à tour de rôle, manifestement motivés par la volonté de trouver une issue pacifiste à cette fâcheuse situation. La grecque entendait chaque voix, elle découvrait en même temps que les siens le récit glaçant de l’arrivée des pirates à Crescent, de leurs menaces impitoyables sur les otages pour s’assurer de l’obéissance de leurs chiens de guerre.

« Je suis navrée pour Joaquin, Lee et Aamir. Sincèrement. » affirma la brune après un moment de silence durant lequel elle avait pris le temps de rassembler les différents éléments. « Votre situation depuis plusieurs semaines est insupportable et c’est bien la raison pour laquelle nous avons proposé bien volontiers d’accueillir Yulia et les autres sur nos terres, en dépit du risque que cela représentait. » rappela la jeune femme. « De la même manière, l’un des nôtres s’est engagé avec d’autres Exilés dans une opération visant à récupérer des armes pour vous venir en aide. » Sebastian, Liv, Maes et les autres qui n’avaient toujours pas donné de signe de vie par ailleurs. « Nous vous avons apporté toute l’aide que nous étions en mesure de fournir, parce que comme ne cesse de le souligner Alex, nous sommes alliés de longue date. » Amis, pour certains. « Il semble pourtant que certains d’entre vous l’aient oublié durant l’assaut… » Elle darda un regard noir en direction de Valérian, avant de le poser sur Thaïs.

« La mort de Lee est une perte tragique. Celle d’Aamir n’est que la conséquence directe de tes actes. Vous aviez l’occasion de vous retourner contre les pirates – une opportunité que d’autres ont su saisir – mais en ce qui te concerne tu as délibérément attaqué l’un des nôtres. » Evan avait peut-être le sang de l’homme sur les mains, mais il n’avait fait que défendre sa propre vie. La grecque scruta durement la leader des Bastards, soucieuse que l’histoire ne soit pas réécrite et que toutes les vérités soient dites.

Elle enchaîna, après un bref regard pour Peter. « Pour ma part, je crains d’avoir besoin de temps et de preuves pour envisager de pardonner. Mais je suis consciente que du temps, les otages n’en ont pas. Aussi, je partage l’avis d’Alex : nous bénéficions d’un avantage et peut-être d’une fenêtre de tir, aussi fine soit-elle. Arrachons la localisation de leur camp à Ulrich, et frappons fort. » Avec tout le pragmatisme qui était sien, et malgré l’aigreur qui lui brûlait le cœur, la grecque était décidée à faire payer le prix fort à ces enfoirés. Elle s’adressa au néo-zélandais. « Tant qu’ils respireront, ces pirates seront une menace pour notre foyer. Et je ne veux plus vivre avec une épée de Damoclès sur la tête. » Alors, même s’il lui en coûtait, même si elle était fatiguée de se battre, terrifiée à l’idée de perdre des proches dans une énième bataille, elle la savait indispensable pour assurer un semblant de sérénité.

« Je suis prête à collaborer avec vous pour cette opération. Celle-ci uniquement. Après cela… nous verrons ce qu’il advient de nos relations. » Cela n’engageait qu’elle, bien sûr, Peter était libre de refuser catégoriquement, auquel cas, elle se plierait à sa décision finale.

She was two sides of the same coin

You don't know me well enough to label me, sick, or even disturbed when you break it down I'm just two girls : trying to blend, trying to vibe, trying to live just one life.

Spoiler:

Il n'intervint pas davantage sur la confrontation en cours. Peter avait des raisons d'être en colère et la réaction de Thais n'appelait pas à beaucoup de pitié. Alex le rappela très justement : Lee était le fils d'Aaron, un des leurs avait perdu un enfant, et ils en étaient la cause. Sans parler de vous retourner contre eux... Vous pouviez ne rien faire. C'était ce qu'on attendait de vous, certains des votres ont saisi cette occasion pour se planquer et ne plus faire parler d'eux en cours de route, d'autres avaient changé leur fusil d'épaule, même après.

Il ne le reprochait pas, Connor tâchait de rester factuel. Oui, les choses auraient été bien différente si les Bastards et les Exiles avaient simplement choisi de ne rien faire. Je sais pas si on aura le temps de les faire parler, surtout dans les délais impartis, souffla-t-il alors en analysant au plus vite la situation : Est-ce que vous avez réussi à obtenir des pistes sur eux, sur où ils vivent, et leurs moyens, leur nombre aussi ? Demanda-t-il aux deux autres leaders, concerné.

Avec un navire définitivement ancré à terre, et une vingtaine d'hommes qui se relèveront plus, ça fera un choc pour eux, donc c'était plus simple de les frapper quand ils avaient déjà un genou à terre. On peut tenter probablement quelque chose comme le pense Elena, il la rejoignait là-dessus, notamment parce qu'avec cette menace qui pesait, les Fuckers restaient dans le champ de tir. Mais il faut qu'on ait une visibilité la plus claire possible sur ce qu'on sait d'eux. On peut aller fouiller leur navire et peut-être trouver des informations, ajouta-t-il. Quand Roman se réveillera, il aura des choses à nous dire...

Si vient l'orage, le tonnerre et la foudre, le cœur solide

reste en vie, mon amour

La situation lui demande un effort de patience et de pragmatisme que son esprit blessé peine à faire. Pour elle, il y a urgence, elle pense à Reese, à Sam, aux otages des exilés aussi. Ils n'ont pas le temps de régler leurs griefs maintenant. Après, la militaire reviendra s'ils le désirent. La leadeuse des Gentle Bastards a toujours été droite, fiable et prête à assumer les conséquences de ses actes. Alors, ils régleront leurs différents, bien sûre, mais là, à ses yeux, ce n'est pas la priorité. Peter se lève, probablement pour l'intimider. L'homme pousse la provocation en venant attraper la cigarette qu'elle a entre les lèvres pour la jeter un peu plus loin. Thaïs ne prend pas la peine de réagir à ce genre de comportements. L'intimidation physique, elle la connaît. La plupart des hommes qu'elle a croisé l'ont tenté, du temps de son intégration à l'armée jusqu'à son statut de leadeuse maintenant, parce qu'elle est une femme dans un monde majoritairement masculin. Elle reste de marbre et se contente de lui jeter un regard froid avant que sa main vienne attraper une nouvelle cigarette qu'elle vient à nouveau placer entre ses lèvres. Nulle provocation dans ce geste, juste une lassitude, un besoin urgent de retrouver une habitude familière pour calmer son esprit échauffé.

D'un regard, elle remercie Riley pour son intervention et ses paroles justes, beaucoup plus posées que tout ce qu'elle aurait pu elle-même expliquer à cet instant. Elle se fait force pour respirer et pour prendre sur elle. Valérian ne lui répond pas, il semble résigné. Ce n'est pas son cas. Tant qu'elle n'aura pas la preuve que les otages sont morts, elle se battra pour retrouver les siens. Ses pupilles se posent sur Elena puis sur Peter. « Vous pensiez vraiment que si on avait eu le choix, on ne vous aurait pas prévenu ? De manière délibérée ? » Thaïs secoue doucement la tête, légèrement confuse. Pour elle, c'est une évidence qu'ils n'avaient pas eu le choix justement. « Nous étions des alliés » soupire-t-elle. Ils pouvaient compter les uns sur les autres. Par le passé, ils ont pris part aux mêmes combats, risquer leurs vies pour se venir en aide. Et maintenant ? Peut-on encore parler d'alliance quand ils se sont battus les uns en face des autres toute une nuit ? « Si nous en avions eu l'opportunité, nous l'aurions fait. Nous vous aurions prévenu » Que ce soit clair pour tout le monde.

Thaïs hoche la tête en silence en direction d'Alex et de ses paroles appelant à un calme et une issue plus pacifiste. Elle la remercie en silence et à nouveau, elle se fait force pour prendre le recul nécessaire à la situation. Effectivement, les Expendables et les Inglorious n'avaient aucun moyen non plus de savoir que les Exilés et les Gentle Bastards seraient là. Quant à l'adresse de Telve, la réponse, ils s'en doutent tous. Les otages la connaissaient. Sam et Reese notamment. Ses poings se serrent en songeant à ce que les pirates ont pu leur faire pour leur soutirer des informations. Elle ne souffle mot pour le moment, craintive qu'une telle vérité ne joue à cet instant précis contre la vie des otages, mais le moment venu, elle en assumera les conséquences aussi.

La leadeuse des Inglorious soutient que c'est de sa faute si Aamir est mort. Ses yeux se posent sur elle. « Je ne lui ai pas fait de mal, comme je n'ai levé mon arme à feu sur aucun d'entre vous. » répète-t-elle. « Je voulais seulement éviter que cette situation n'arrive. » Que les otages soient condamnés car elle a du mal à croire qu'il puisse en être le contraire. Et affirmer que c'était simple de se retourner contre les pirates est une aberration. Elle secoue négativement la tête. Rien n'est simple justement. La preuve en est aujourd'hui. À Connor, elle hoche à nouveau la tête en signe de respect. « Nous lui avons laissé le corps de son fils. » affirme-t-elle à propos de Lee et des Expendables. La douleur d'avoir perdu un membre de son groupe est moindre que celle d'avoir perdu un fils. Elle en a conscience et elle le respecte.

 « Comment ? » souffle Thaïs à propos d'un moyen d'agir. « Leur supérieur, Jack, va les attendre de pieds ferme. Ce n'est qu'une question de minutes avant qu'il ne s'en prenne aux otages. La menace était sérieuse. La tête de Joaquin est suffisante pour le prouver. »  C'est compliqué, elle en a conscience.« Je maintiens qu'il faut que nous retournions à Crescent. Il faut gagner du temps. Il faut leur dire que la bataille a été un échec et qu'ils ont perdu la majorité de leurs hommes. » Elle hésite. « Faites croire à Ulrich que nous avons été fidèles aux pirates et que vous nous renvoyez à eux en signe d'avertissements. Nos blessures, nos morts parleront pour nous. Rassemblez les morts sur la plage pour que Ulrich voit le massacre. Faites croire que beaucoup des notres sont morts aussi. Daniel, Valérian, Riley et d'autres, qu'ils se mêlent aux morts. Pendant ce temps, vous aurez plus de temps pour vous organiser, pour rassembler plus d'armes et pour contacter les Stars aussi. » Ces derniers sont des alliés fiables.  « Laissez-nous y retourner. Nous reviendrons vous aider à reconstruire, à assumer ce que vous voulez mais ne les laissez pas mourir. » C'est sa seule demande. À ses yeux, il faut agir dans les plus brefs délais.

Les réactions des uns et des autres figeaient Riley sur place, qui se sentait complètement inutile, pis, inconsidérée, même. Elle avait l’impression de brasser du vent, parlant dans le vide alors que sa cheffe était en ligne de mire de plus d’une personne réunie ici. Simmons essayait, vainement, de se mettre à la place de chacun. Mais elle était loin de saisir le lien fort qui, jadis, unissait ces groupes, renseignée uniquement par quelques discussions avec Thaïs. Elle n’était qu’un témoin extérieur qui peinait à compatir avec chacun, accusant le coup alors que tous se pointait du doigt. Secouant la tête, elle s’efforça, une dernière fois, de plaider l’humanité, n’accrochant toutefois pas un regard en face d’elle en particulier : « Ecoutez, je comprends que vous avez toutes les raisons de nous en vouloir, de nous considérer comme des traîtres ou des envahisseurs ou… » ou autres jolis noms d’oiseaux, fallait-il croire. « Mais on est humain, aussi. On commet des erreurs, on souffre de nos propres failles. On nous ramène de force chez vous en plein milieu de la nuit, en nous montrant une tête coupée sur un plateau en guise d’avertissement. On a tous été surpris, paumés, choqués par ce débarquement, sans aucune information en poche que ‘vous serez en première ligne’... Croyez-le ou non, mais on ne sait pas tous réagir avec raison, quand on nous met devant un tel fait accompli. Certains ont paniqué, tout simplement. » Était-ce si compliqué à croire ? « Si on nous promet que nos amis vont en pâtir si la mission n’est pas couronnée de succès… l’idée même de ne rien faire n’effleure pas spécialement les esprits de tout le monde. » C’était fou ça, n’y avait-il donc qu’elle, pour voir les choses sous un angle… objectif ? Les sentiments fiévreux de chacun semblaient les empêcher de considérer la situation sous tous les angles, et la footballeuse ne savait pas comment faire pour réparer les choses. Cela relevait de l’impossible ! Il ne suffisait pas de s’affubler d’un nom de super héros pour son équipe pour se comporter comme tel, bon sang.

La buteuse voulait abandonner le combat, à quoi bon ? L’intérêt de ces alliances mentionnées à tout va ne frappait pas bien à sa porte. Mais à la suite d’une énième provocation envers Thaïs, sa mâchoire se crispa. Automatiquement, elle fit barrage de son corps, ne réfléchissant pas alors qu’elle se plaçait ostensiblement devant la brunette, comme pour la mettre à l’abri des regards assassins des autres. C’était bête et ça n’apportait rien, mais l’attaquante s’en fichait royalement. « Stop ! Vous ne cessez de citer Thaïs, mais on a été plusieurs sur le terrain, dans chaque camp. On a été plusieurs à ne pas agir comme il aurait fallu, on le sait ! » La blonde lorgna sur chacun, s’arrêtant quelques secondes sur Valerian. Elle ne l’avait quasiment pas vu de la nuit, lui non plus. Pas plus que les autres, d’ailleurs. Etaient-ils tous si irréprochables, au point de croire que si les rôles étaient inversés, ils se seraient comportés parfaitement ? Riley ne leur fit pas l’affront de leur poser la question, peu encline à accepter toute autre forme d’hypocrisie. Endossant plutôt sa part de responsabilité dans l’histoire en tremblant de tout son long : « Vous voulez blâmer quelqu’un à tout prix ce soir ? Fine. Prenez-vous en à moi, alors. Parce que j’ai été trop stupide, parce que je ne savais pas à quoi m’attendre en débarquant sur votre territoire. Quand j’ai guidé Connor jusqu’à Ulrich, je ne savais pas ce que je faisais. Je n’ai pas pensé à prendre un talkie, je n’ai pas eu l’idée de communiquer avec mes alliés. Il suffisait d’un regard pour croire que je répondais à la demande des pirates, et que je leur apportai un otage. Pour éviter une tuerie de masse, pour empêcher le viol de femmes et enfants dont s’est vanté Ulrich, parce qu'il fallait empêcher ça. Thaïs ne pouvait pas deviner qu’on avait un autre plan en tête, parce que je n’ai rien dit, d’accord ? » Alors forcément, qu’elle ait tenté de ramener un otage de son côté, ça semblait logique. Parce qu’il fallait stopper la boucherie prophétisée par Ulrich. « On a merdé, royalement. Mais on n’a jamais voulu verser de sang, ni se liguer contre vous volontairement. Et résultat des courses, ce sont nos hommes qu’on pleure ce soir. » Ces groupes oubliaient qu’ils n’étaient pas les seules victimes de cette mascarade des pirates.

Riley remua sa tête de droite à gauche, dépitée. « Les pirates voulaient diviser les groupes, et de toute évidence, ils ont réussi. » C’était son interprétation, ce que captait durement son œil extérieur. « Si aucune collaboration n’est envisageable… par pitié, ne laissons pas les otages souffrir de nos différends, on peut encore les sauver. » N’est-ce pas ? C’était presque une supplique, cette fois. « J’ai bien conscience que je suis l’étrangère ici, que je n’ai peut-être pas mon mot à dire sur l’histoire mais… Si on veut se débarrasser des pirates, c’est tous ensemble. Ça ne fonctionnera pas autrement, bon sang, il suffit de voir ce que ça a donné là ! » Les mains sur les reins, elle asséna : « Nos groupes ne se battront pas une dernière fois, pas dans leur état, sans leurs leaders pour les guider. On a trop perdu, ne laissez pas les nôtres être morts pour rien ! La confiance est rompue, mais ça n’empêche qu’on a un ennemi commun et qu’on peut faire front commun, une dernière fois. Je suivrai Thaïs jusqu’au bout de ce tunnel, je suis sûre que les autres Bastards aussi. Je ne doute pas que les Exiles auront besoin de leur chef également de leur côté, n’est-ce pas ? » Acheva t-elle en sondant le grec. Sans compter qu’avec les blessés, leurs effectifs seraient réduits, hors de question de se priver de ceux qui peuvent encore mener la guerre jusqu'aux pirates. « Je ne suis personne à vos yeux, je le sais, mais laissez-moi vous prouver qu’on peut encore être avec vous, dans le même camp, cette fois. Ne l’ai-je pas déjà été ce soir ? Je ne suis pas de mauvaise foi, je vous le promets. Je veux autant en finir avec ce massacre que vous. » Simmons était prête à tout pour ça, quel qu’en soit le prix à payer.

We're a broken people living under a loaded Gun

Oh, like memories in cold decay. Transmissions echoing away. Far from the world of you and I, where oceans bleed into the sky | The Catalyst