Réfléchir n’avait pas l’air d'être le fort de la fine équipe que j’ai laissé derrière moi. Lex me semble du genre à s'emporter facilement, Maes a ne pas écouter les autres et Otis à faire des tétanies du hérisson trop souvent. Tous mes espoirs et ma confiance restent sur Camilla que je sais débrouillarde et peut être sur Jon que je ne connais pas bien. Je prefere garder pour moi ces inquietude et me contente de serrer un peu plus contre moi la jeune femme.
“De toute façon, je te l’ai dit, tu passes avant tout…”
Je lui embrasse le sommet du crâne avant de dégager une mèche de ses cheveux et lui sourire. Puis, c’est au creux de l’oreille que je lui chuchote, malicieusement:
“Je compte sur toi pour etre sage et tout faire pour te remettre vite, histoire que je puisse te glisser à nouveau quelques mots dans un meilleur contexte tout en joignant les gestes a la parole…”
Je lui vole un nouveau baiser,plus profond cette fois, espérant que cela la motive à tout faire pour guérir vite et que cela nous aide à tenir les prochains moments.J’ai un bref sourire énigmatique quand elle me dit ne pas pouvoir m'empêcher de faire mes verifications:
“Même si cela me fait peur, tu n’as pas idée du pouvoir que tu as sur moi Olivia.”
La situation ou nous en sommes en est la preuve la plus flagrante. Je sors ou j'ai laissé Jefferson et les autres. Je trouve son cadavre mais pas seulement. Karen et les enfants sont là, aussi, enfermés dans une pièce. La femme va bien, les petits aussi, ils sont même dessus de ne pas voir l’Expendable. La maman explique que les autres sont parti il y a quelques heures en mission et je ne comprends pas ce qu’ils ont foutue en 2 jours. Karl et les autres auraient pu repasser entre temps. Ils avaient toutes les indications en plus…
Bref, autant ne pas m'appesantir sur cette question. En les attendant, je compte bien prendre les choses en mains ici. Me rappelant de la réaction de la maman et des enfants quand je les avais trouvé, je prends le temps de poser les choses: Anika sera la et c’est grace a elle que leur nouvelle vie les attends. Je sens la jeune femme blême et les enfants plus interessés par des dessins de pokemons. Merveilleux… j’ai l’impression de parler a Roman conté concentration. Après quelques échanges, je conviens qu’il est trop tot pour confronter deux enfants traumatisés par la chute du camp a Olivia. Karen semble d’accord avec cela. Je propose un jeu aux deux jumeaux qui vont se cacher le visage dans la couverture pendant que je vais les porter dans le bateau.
Je fais en sorte que Karen voit le moins possible les autres alors que je l’escorte a l’interieur. Me mettant a ses cotés et ne cessant de parler pour amuser les enfants que je compte porter jusqu’a une cabine qui se ferme avec couchage. Je prends le temps de les rassurer une fois dans la cabine mais un des enfants décide de mal vivre cette expérience. Je me sens un peu privé de tentative de pouvoir gerer cela, une nouvelle preuve qu’un avortement ne sera pas un luxe au regard de mes capacités a gerer des petits. Je retourne rapidement aux parties communes pour prévenir les autres.
“Ils sont partis il y a seulement quelques heures. Jefferson est mort. J’ai récupéré Karen et ses enfants, ils sont dans la cabine avant droite. Olivia… les enfants sont traumatisés par ce les combats et visiblement, Ben les a marqués avec toi en te faisant passer pour un monstre. Cela serait préférable si tu évitais de les voir… a ce sujet… Zachary, je n’arrive pas a faire entendre raison a un des petits. peut être pourriez vous être plus capable que moi avec des enfants? Il faudrait juste qu’ils acceptent de fermer la porte le temps de la traversée.”
Je reste aupres d’Olivia avisant de sa pâleur et je suis prêt à la porter un peu dehors si cela l’aide a se sentir mieux. Au dela de sa blessure, je prends en compte que la vie en bateau n'est pas simple quand on est obligé de rester inactif. Le léger tangage d’un bateau au port est parfois plus traître que des vagues franches en pleine mer..
“Tu veux sortir un peu prendre l’air?”
_____
“J’avais mon propre bateau dans une ancienne vie, un petit plaisir qui fait que je peux t’affirmer etre capable de naviguer sans souci celui-ci.”
Ce n’est que plus tard que Zachary, qui j’espere a reussi avec les enfants nous signale l’arrivée des autres. Je rappele a Olivia, avec un dernier baiser que nous allons devoir prendre nos distances et c’est avec le pédiatre que je vais accueillir les autres
“Le bateau n’est pas assez grand pour tout le monde, mais nous allons faire des allers retours, il faudra compter entre 6h et 7 h pour notre retour. Une partie des nôtres est en mission et ne devrait pas tarder a rentrer a la marina. J’aimerais que le premier convoi privilégie les personnes les plus fragiles, enfants, leur maman, personnes âgées… je vous laisse vous organiser.”
Je passe dans les rangs pour etre sur d’avoir été compris et répondre aux éventuelles questions. Je trouve un responsable pour ceux qui restent à qui je confie ma montre a gousset. En cas de soucis, il faudra juste la montrer a une femme du nom de Camilla pour lui expliquer la situation.
Je fronce les sourcils en fixant toujours Sebastian. Si j'ai un sourire de circonstances, amusé, surpris, sans bien savoir quoi lui dire. Je réponds à son baiser comme à son étreinte, tentant de reprendre un peu d'énergie à ce contact : Tu devrais filer au lieu de dire n'importe quoi, que je lui souffle, en essayant de ne pas rougir. Il ne met pas très longtemps à revenir de toute façon, et très vite la situation semble prendre un tour inédit à mon sens, je ne suis à nouveau pas sûre de tout suivre.
Je vais voir ce que je peux faire, assure Zachary alors qu'on a droit à un petit débarquement à bord. Je fronce les sourcils sans bien comprendre, sans voir non plus que les deux enfants et la mère qui les accompagne essaient surtout de m'éviter, moi. Ils ont peur de moi ? Je fixe Sebastian : Mais pourquoi ? Je ne réalise pas bien ce qu'il se passe. Ni ce qu'ils ont vu. Ceux sont encore des souvenirs qui m'échappent totalement, dans ma mémoire, et rien ne semble les faire revenir. J'aimerais en comprendre les enjeux mais ça m'est inaccessible, et je n'ai qu'un soupir. Un temps passe quand les cris semblent redoubler dans la cabine.
Euh... tu es sûr que ça se passe bien là-dedans ? Que je demande à Sebastian. Sur le pont, nous parvenons à les entendre. Et si je n'en suis pas responsable, je me demande s'il faut que j'intervienne quand même. Après tout... J'arrive à gérer Romy quand elle fait des crises de nerfs, avant ça Nicolas. Je pince les lèvres, c'est Zachary qui s'extirpe de la cabine et nous rejoint, dépité : Je suis désolé, j'ai vraiment essayé et c'est... C'est pire maintenant... S'excuse-t-il. Il m'a balancé ses jouets au visage, ne veut parler qu'à Otis et maintenant est caché sous la couchette et refuse d'en sortir, ajoute-t-il. Et en plus, son frère a faim, je propose rapidement de cuisiner quelque chose mais il temporise : Mais... Karen a fermé la porte au moins, indique-t-il.
Quand les autres débarquent, Jessica est à nouveau agacée et ne manque pas de le montrer : Tu m'expliques ce que tu as foutu ? Rétorque-t-elle à son frère avec emportement, en venant lui donner son sac pour qu'il aille le ranger : Comment ça ce que j'ai foutu ?!Pourquoi on entend du bout de la rue un gosse qui hurle à la mort ?! Tu lui as fait peur, c'est ça ? Comment dire qu'elle a le nez creux, pour le coup : Zachary a vraiment mis de l'huile sur le feu. Et je suis étonnée que le gosse ait autant de coffre pour nous faire entendre à quel point il est triste. On finit par s'habituer au bruit de fond, cependant.
La dispute entre les frangins ne dure pas très longtemps, Sebastian donne les indications dans la foulée et Jessica organise les troupes pour que ça soit le plus simple. Les autres attendront dans le local où il a trouvé Karen et les jumeaux, qui sera fermé de l'extérieur et ils seront munis d'un talkie. Est-ce qu'on peut juste charger le navire ? Questionne Zachary simplement. Je hoche la tête. Tous se mettent au travail. Je me tourne vers Sebastian : Si je terrifie les gamins, tu penses que c'est une bonne idée que j'aille dans le premier voyage ? Que je lui demande : Je pose la question mais je pense que je connais globalement déjà la réponse, c'est surtout par confort pour tout le monde...
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Je soupire avec un air entendu en regardant Olivia des que les beuglements d’animal en detresse se font entendre des cabines. Zachary est visiblement aussi doué que moi.
« Au moins, ca nous aide un peu mieux a visualiser les joies d’avoir des enfants, si par hasard tu l’avait oublié ou si moi j’avais idéalisé. »
Parce que moi, là, je suis de plus en plus certain que je ne saurais pas gérer un enfant. D’ailleurs, j’ai vraiment l’impression de ne pas être le seul. Je regrette de ne pas avoir pris le somnifère de la Manbo et me jure de ne plus repartir sans à l’avenir. Je réfléchis a la question avant de répondre a Olivia avec des conclusion simple.
« Vas savoir combien d’heure ils ont passé avec un Ben bien amoché qui les a montés contre toi en te faisant passer pour le croquemitaine. Se faire battre par une femme a du être difficile à digérer. D’ailleurs, méfie toi aussi d’Hilda qui m’a l’air aussi reconnaissante qu’une folle dingue en forêt d’avoir été sauvée. Je pense qu’elle nous tient tous les deux pour responsables du coup d’état raté de Jefferson et ses petits camarades. »
Quand Zachary revient et nous fait le bilan de comment cela s’est passé, je lance un regard entendu a Olivia. Pour moi, elle ne peut qu’être sur la même longueur d’ondes, on ne peut pas rationnellement vouloir s’infliger ca, surtout une 3e fois pour elle. Je fais un signe de tête a l’homme et lui adresse une tape amicale dans le dos, comme si je le soutenais après un combat ardu.
« Au moins, la porte est fermée. »
La sœur de ce dernier ne tarde pas a ce montrer avec toute cette douceur et cette finesse qu’on ne peut que lui remarquer. Estimant que Zachary avait son lot de furie pour la journée, je vais au-devant de cette dernière avec mon sourire de commercial ;
« Jessica, vous m’auriez presque manqué. Nous avons un enfant traumatisé qui a vu une horde d’un peu trop près et est passablement agité. Votre frère a au moins eu le mérite d’avoir essayer de temporiser, mais vous savez ce que l’on dit : a l’impossible, nul n’est tenu, n’est ce pas Zachary ? »
Au moins, elle est utile pour organiser le premier convoi avec moi et que l’on puisse partir au plus pour espérer un retour avant le petit matin pour prendre les autres. J’hoche la tête affirmativement a Zachary et va faire les contrôles de base avant de pouvoir lever l’ancre, en plus que les monstres sont bien enfermés, quand Olivia soulève une question qui m’oblige a m’arrêter pour la dévisager, comme si j’attendais une chute comique :
« Ce n’est pas toi qui refusais que je parte quelques heures pour aller chercher les autres parce que tu avais peur de ne pas savoir te défendre en cas de problème ? »
La ca sera le double de temps, aussi, je ne vois pas la logique de la manœuvre. Au moins, elle a deviné ma réponse :
« J’ai été vérifier, les enfants sont enfermés dans la cabine. Quand ils sortiront on s’arrangera pour que tu ne le croises pas. Mais tu imagines bien qu’après t’avoir assurée, a ta demande, de rester près de toi, je ne compte pas appareiller en te laissant a quai ? »
J’ai un petit sourire en coin en disant cela tout en continuant mes vérifications afin que nous puissions partir dans les meilleures conditions possibles.
Oh non, tu peux me croire, tu es très loin du compte, que je lui souffle avec assurance avant de soupirer de plus belle. Et quand je dis "loin", ça n'est pas vraiment pour me donner un air. Au contraire. J'ai plus que conscience de ce que ça implique pour des parents, les enfants peuvent être pire que ça. Mais ils viennent aussi avec quelques moments heureux tout de même. C'est pour ça que je suis impatiente de revoir Romy. Car oui, elle a fini par me manquer, et l'idée d'être loin d'elle encore de longs mois me broie le ventre douloureusement. Je préfère ne pas l'évoquer, ça n'est pas une conversation que je suis capable d'avoir dans mon état. Peu importe, que je lui souffle finalement au sujet d'Hilda.
Je n'ai pas l'intention d'aller la voir de toute façon, je me fais davantage de soucis pour les enfants à dire vrai, et sur les raisons qui les poussent à être terrifiés. Nous allons être quelques temps ensemble à Gig Harbor, et je ne pourrais pas toujours les éviter. J'espère qu'ils ne me verront pas comme le croque-mitaine, mais nous verrons avec le temps ce que ça vaut. Tous ensemble, nous parvenons à charger le navire d'une partie des ressources ramenées. Il n'y en a pas énormément, on sent que le groupe a été bien pillé ces derniers mois. Je ne suis pas persuadée que ça permettra de terminer la semaine tranquillement, par ailleurs. Et puis, quand je dis "on" il est évident que Sebastian m'interdit de participer, je me contente d'indiquer et aider à organiser.
Avec juste Zachary en effet, avec un peu plus de monde, je n'ai pas l'impression de craindre de la même manière, que je glisse à Sebastian simplement en haussant les épaules. Oui, ça me parait logique. En tête à tête avec le pédiatre, face à n'importe quelle menace, nous aurions été bien plus exposés. Mais une dizaine va suivre le trajet, puis une dizaine rester à quai, c'est différent dans tous les cas. Sebastian a juste une vue de sa fenêtre, je n'ai pas l'impression qu'il envisage tellement la position des autres dans chaque situation, à croire qu'il n'y est pas sensible. Et est-ce que je vais devoir faire les trajets suivants pour que tu ne me perdes pas de vue ? Que je lui demande, un sourire moqueur sur les lèvres.
Preston devrait être à la Marina, de même que les Sanctuary Point, au moins Julian, que j'ajoute. Je suis très loin d'être au fait de ce qu'il s'est passé cet hiver pour ces derniers, et notamment le fait que Julian ne remettra jamais les pieds à la Marina dans son état. Je devrais pouvoir me faire accompagner à la prison sans trop de problème dans la foulée, si ça peut te dispenser de me porter comme un poids supplémentaire après tout ça, le poids, c'est moi évidemment. Pas besoin de lui faire un dessin. Peut-être que ça impliquera pour toi d'attendre que les autres reviennent tout seul un jour ou deux, d'ailleurs, que j'ajoute. S'ils sont partis aujourd'hui, on ne sait pas quand ils vont se repointer à la Marina. Tu n'es pas obligé d'attendre tout seul, si tu veux de ma compagnie, que je précise cependant, avec un air détaché.
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Veiller sur Olivia est un travail de tous les instants et je n’ai pas l’impression qu’elle réalise qu’elle a surement failli mourir et qu’elle n’est pas encore sortie d’affaire alors que cela fait à peine 2 jours… Je sens bien que si je n’étais pas là, elle serait à porter des charges, aider des enfants et j’en passe. On ne la changera pas, même si j’espère qu’elle apprendra a être plus prudente pour que je ne finisse pas faucher par une crise cardiaque avant que les Oblivions apprennent que je n’étais pas mort par leurs bons soins.
Je prends le temps de l’écouter dans ses arguments alors que le bateau se charge progressivement. Mon air sévère s’attendrit légèrement et j’ai un petit sourire en coin presque juvénile quand elle me dit qu’elle pourrait être de tous les trajets pour que je ne la perde pas de vue. Je jette un coup d’œil rapide pour m’assurer que nous sommes seuls avant de me pencher vers elle et, sans me détacher de son regard, lui prendre la main pour déposer en son creux un baiser plein de promesses.
« Je crois que cela pourrait être un programme attrayant… »
Je soupire au reste de ses propositions. Je m’assois a côté d’elle, toujours a l’affut de ne pas être remarquer et l’enlace avec toujours cette attention de ne pas lui faire mal. Je reste a l’observer et je n’ai pas besoin de réfléchir pour lui répondre, simplement.
« Tu n’es pas un poids pour moi et oui, je préfère t’avoir avec moi, mais pas seulement parce que je veux être celui qui veille sur toi. Que tu veuilles l’entendre ou non Melle Cooper, il est fort envisageable que je suis assez masochiste pour apprécier ta compagnie. »
Je lui fais un petit clin d’oeil rieur et attrape sa main que je serre dans la mienne. Un geste qui peut paraitre puéril et pourtant, je n’en connais pas de plus fort pour symboliser ce que l’on essaye de faire. De ce chaos qu’elle a mis dans ma vie, j’avoue avoir de la peine a m’y retrouver. C’est presque timidement que je lui demande :
« J’aimerais vraiment que l’on fasse ce qui nous reste de voyage ensemble Olivia… tu crois que tu pourrais supporter un homme qui n’est peut être pas aussi parfait qu’il le voudrait a tes cotés pour cette traverser et toutes celles a venir ? »
Je me détends devant l'œillade tendre qu'il me rend, ne pouvant m'empêcher de sourire en le regardant. J'ai la pupille qui brille d'un amour qui ne se mesure pas, d'autant plus quand il pose un baiser dans le creux de ma main et m'assure que mon idée est tentante. Quand il parle de son masochisme notoire, il me faut inspirer profondément pour garder mon calme et ne surtout pas me mettre à rire : Tu vois que tu es bizarre, que je lui souffle en sentant quand même à quel point il m'est difficile de me contenir.
Même les inspirations lentes tirent sur ma cicatrice, tout ça me demande un effort qu'il n'imagine pas à cet instant : Aucune personne avec toute sa tête apprécierait vraiment ma compagnie ! Que j'ajoute avec un sérieux d'experte : Même si je suis adorablement mignonne et excessivement drôle, j'ai bien quelques qualités que je veux bien reconnaitre. Conservant mon sourire, je pose ma main sur son épaule et prends une mine curieuse à sa question : Un homme ? Qui ? Les sourcils froncés, je plisse le regard : Je ne peux pas faire ça avec toi plutôt ?
Il comprend rapidement que je me moque de lui, et il m'est d'autant plus difficile de ne pas rire. Je dois me retenir, mais c'est aussi douloureux que compliqué, et même avec une profonde inspiration pour garder mon calme, je ne suis pas sûre de tenir le choc. Bon sang, c'est vraiment un monde d'être aussi bon public, même à ses propres boutades. Et puisqu'il faut bien faire preuve d'une pointe de mauvaise foi, il a le droit à un petit pincement du biceps : Ne me fais pas rire, je souffre déjà suffisamment ! Que je lui souffle avec un faux ton de reproche, vite chassé par un sourire à peine contenu.
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Tu es sûr que tu n'as pas besoin d'aide ? Il est tard. Nous naviguons de nuit, pour le deuxième retour vers la Marina. Cette fois-ci, plus personne à charger, du moins, pas tant que Lex et les autres n'auront pas donné signe de vie. Je ne sais pas si je dois commencer à m'inquiéter pour eux ou non, quoi qu'il en soit, je gagne le pont du navire pour rejoindre Sebastian, qui mène notre barque avec toute son expertise. Tomas serait si content, il pourrait parler pendant des heures de son navire. Je n'aime pas rester sans rien faire, que j'ajoute alors en haussant les épaules, serrant mon écharpe sur ma poitrine : Et puis, tu dois être fatigué avec tout ça ! Je peux sans doute prendre un petit peu le relai ?
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Au moins, la tension semble redescendre a mesure qu’elle doit lutter contre son envie de rire, même si cela semble douloureux. Je culpabiliserais presque d’être l’auteur, malgré moi de cette situation. Je fais mine de réfléchir une minute avant de lui répondre, avec un faux sérieux :
« On a dit pas mal de choses de moi, brillant, charmant, amusant… mais bizarre… non je ne me souviens pas que c’était sur la liste. »
Je lui souris et fait mine d’hésiter avant de trancher :
« C’est vrai, tu es sacrement mignonne et tu arrive a être excessivement drôle par moment… tu ne t’es jamais dit que les gens qui ne savent pas apprécier ta compagnie sont peut être ceux qui n’ont pas toute leur tête ? »
Je ris de bon cœur a sa boutade mais me ferme un peu quand elle ne comprends pas ce que j’essaye de lui dire, ou qu’elle détourne cela en plaisanterie. Peut être suis-je trop subtile ou qu’elle préfère cette façon détourner de me faire comprendre les choses. Je lâche doucement sa main en annonçant :
« Allez, capitaine Seb a du travail !! Pas de folie en mon absence matelot ! »
Je n’ai pas trop perdu la main avec un bateau. Si dans mes fantasmes les plus fous je me voir grand capitaine, mes connaissance restent celle d’un simple plaisancier qui a passé son permis bateau et adore faire du voilier. Dans tous les cas les aller retours se font sans souci, j’arrive a gérer intelligemment la descente des enfants, prenant le temps de les rassurer avant de réconforter Olivia. Ben leur a retourner le cerveau et ils ont associé leur traumatisme au visage de ma compagne. Je devine que ca la travaille. Pour ma part, j’ai appris a vivre en sachant que je dois hanter plus d’un cauchemars de ceux et celles qui sont passés par Portland.
En attendant la fatigue se fait sentir alors que je suis a la barre pour cet ultime retour a la marina. Le froid est plus mordant sur l’eau, surtout sans soleil et je frissonne dans mon manteau quand je vois une frêle silhouette arriver.
« Pour l’aide ca va, peut etre pour la manœuvre a l’arrivée… mais si tu n’as pas trop froid, je ne dirais pas non a un peu de compagnie. Comment tu te sens ? »