Depuis le début, notre union a plus d’une fuite en avant, une jolie parenthèse bien trop insouciante dans laquelle je m’étais engouffré en faisant taire la raison. J’ai suivi mon cœur comme un gosse enamourée, sans faire attention a la ribambelle d’erreur, de maladresse ou d’irresponsabilités crasses que j’ai accumulé. Comme une construction qui n’a pas été planifiée, tôt ou tard, les faiblesses de la fondation finissent par nous rattraper aux premières contrainte . C’est ça aussi de ne pas avoir pris le temps de vraiment discuter et en même temps, je nous voyais mal abordé ce sujet. Dans tous les cas, la lune de miel semble définitivement passée et je sens Olivia se raidir avec cette quasi certitudes que la riposte ne va pas tarder.
Malgré mes précautions, j’ai blessé la jeune femme qui préfère voir dans mes propos une attaque contre ses camarades plus qu’une demande raisonnable de prudence. Peut être est ce aussi un signe. Moi aussi je me raidis et relâche mon étreinte sans m’en rendre compte. Je reste a la dévisager avec autant de fatigue que de douleur, épuisé a un point qu’elle ne peut pas se rendre compte. Mon ton reste calme, voir lasse, de me rendre compte qu’elle n’a que faire de ce que je peux vouloir ou ressentir.
« Il me semble que Cassidy avait été citée, je me trompe peut être. J’entends que se sont tes amis et que tu as confiance, mais il n’y a pas qu’elles sans le camps. Si ce bébé reste et que tu souhaites le garder, tu ne pourras pas cacher ton ventre de tout le monde sans savoir qui est qui. On pourra faire venir ta fille et tes amis au domaine et je m’occuperais de votre protection le temps qu’il faudra. »
Cela me semble être un compromis raisonnable. Mais ce mot a rarement de sens pour Olivia.
« Je ne survivrai littéralement pas de revivre ce que je viens de vivre… »
Ce sentiment d’être coincé le temps qu’elle se mette en danger. Ce n’est pas ce que je veux et j’en suis a presque me dire que si c’est qu’elle a besoin, mettre un terme a cette grossesse comme au reste est surement le plus sage a faire. Je ne veux plus jamais avoir à revivre ce qui s’est passé dans ce camps. La prudence ne peut pas être une option avec des ennemis plus dangereux que ces nazillons.
Je souffle longuement, j'ai du mal à cacher autant mon emportement que ma fatigue. Mais l'un ne va pas sans l'autre dans ces circonstances, et la douleur - comme la faim - a tendance à rendre particulièrement irritable. Je pourrais être plus rationnelle et patiente en temps normal, mais rien ne me semble normal actuellement. Ni dans ce qui m'entoure, ni dans ce qu'il se passe à l'intérieur de moi. Je porte la vie, et mes nerfs lâchent comme mes hormones se déchainent, j'ai mal et je suis autant épuisée que lui de tout ça. Ajoutons à ça qu'avoir porté ce mensonge aussi longtemps m'a plus impacté que je ne le pensais, je ne suis pas de celle en capacité de tromper sans se perdre au passage.
Je ne peux pas déraciner Romy de chez elle, l'éloigner de son père, de sa famille ou de ses amis, et il ne pourra pas accueillir et compromettre le domaine auprès d'autant de personnes. C'est encore plus risqué pour lui, pour les siens. Alors, un partout, balle au centre, c'est bien tout ce que je peux dire actuellement. Non seulement ça poserait bien trop de questions, mais en plus ça a été suffisamment difficile pour elle de comprendre pourquoi je n'ai pas suivi la première fois, il n'imagine pas à quel point la discussion a été éreintante, pour Romy, Ludwig et moi. Même Tomas a eu droit à une conversation interminable et des larmes au passage.
Parce que j'ai dû lui expliquer que je n'allais pas disparaitre comme Nicolas. Parce que j'ai dû lui répéter cent fois que ça aurait une fin, qu'il faudrait compter les jours mais que je la retrouverais. Son quotidien en a été bouleversé, et je n'ai pour l'instant aucune idée d'à quel point ça a été le chaos sur le trajet. Ce n'est pas un compromis, Sebastian. Et je ne ferais pas de compromis avec le bonheur et la sécurité de Romy, pas même pour toi, c'est une condition à laquelle je ne peux pas toucher : elle passe avant tout le reste. Je ne suis probablement pas la mère de l'année, mais j'ai au moins conscience de ça.
Tout comme je ne vais pas dépendre de toi et des tiens pendant huit mois, je vous ai déjà suffisamment pesé cet hiver pour recommencer, que j'ajoute en détournant les yeux, me sentant suffisamment honteuse. Surtout si je vais devoir être alitée pendant plusieurs mois. Pour un groupe aussi conséquent que le mien, je serais déjà un poids. Pour un clan restreint comme le tien ? M'entretenir pourrait revenir à vous condamner s'il arrive quoi que ce soit, je serais seulement un gâchis de ressources et de temps, pour tout le monde. De toute façon si je ne peux pas me déplacer facilement jusqu'à la Marina, le voyage jusqu'aux contrées où se trouve le campement sera peut-être exclu, et ça encore, on ne peut pas le savoir pour l'instant, que j'ajoute en soupirant.
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On a surement été trop vite, grillé trop d’étape. Sans cette grossesse surement que le discours aurait été tout autre, qu’on aurait eu plus de temps, su faire plus de compromis. Mais ce qui s’est passé aux camps nazis, ce sentiment d’être coincé et cette peur qui m’a conduit a faire des erreurs ne doivent pas se reproduire.
Je regarde tristement Olivia a mesure qu’elle me parle et que je mesure que cet empressement pour vivre ce couple ne nous a pas permis de construire sereinement cette relation, de voir comment gérer un avenir a deux en admettant que les oblivions ne me dénichent pas sous peu. Surement aurions nous abordé le choix de notre lieu de vie, de notre façon de vivre. En fait, je pense que sans la Manbo et le bébé, y aller doucement, accepter de ne pas devoir vivre ensemble pour se laisser du temps, aurait été entendable. Sauf que là, ce n’est plus possible.
Je comprends parfaitement son attachement a sa famille et a son groupe mais je ne peux pas me permettre de faire de compromis sur la sécurité de cet enfant. Parce qu’au-delà de moi, c’est aussi les IF et ma propre famille que je mettrais en danger en me précipitant pour sauver mon enfant ou en devenant le jouet d’un taré. Je regarde tristement Olivia, dénouant mes bras de son corps pour m’assoir dans le lit que nous partageons.
« Je peux tout à fait subvenir à nos besoins a tous les deux si tu restes au domaine, voir plus si tu souhaites que Romi et Ludwig nous rejoigne. J’ai des talents qui ont de la valeur en terme de troc et je sais pertinemment qu’Elena comprendra parfaitement la situation. »
Je pose mon regard vers la jeune femme a coté de moi parce que je suis assez lucide pour deviner ce qui risque de se passer. Je n’en ai pas envie, mais je ne suis pas de ceux qui tergiverse. On a frôlé le drame avec les nazis et cela m’a prouvé que je dois écouter mon instinct avant tout. Et mon instinct me hurle que cette grossesse doit être caché a tout pris.
« Je peux deviner que ce que je te demande est horrible et injuste, mais je ne le ferais pas si je n’étais pas sûr de moi. Si tu es toujours décidé a ce que nous tentions de garder ce bébé, j’ai besoin que tu me fasses confiance et que tu acceptes de vivre cette grossesse au domaine dans le plus grand secret… »
J’estime ne pas avoir été de ceux qui impose, d’avoir laissé faire Olivia même dans ses pires idées, assurant au mieux ses arrières. Cette fois, j’ai besoin qu’elle fasse un pas vers moi et accepte de se plier, le temps de cette grossesse, a cette prudence qui peut faire la différence entre la vie et la mort pour trop de monde.
« Je t’aime Olivia, j’aurais préféré pouvoir te le dire dans un autre contexte. Je pense que depuis qu’on se connais, tu sais que je ne te demanderais pas cela si ce n’était pas véritablement important. Je voudrais vraiment te donner tout ce que tu rêves d’avoir et te faire plaisir, mais il y a trop d’enjeux sur ces prochains mois. Je te promets de faire tout ce que tu voudras au domaine, de rester à tes cotés nuits et jours si c’est ce tu veux, ou de me faire petit... juste accepte de m’accorder ces quelques mois s’il te plait. »
Et quoi ? Je ne ferais rien pendant que tu feras tout ? Un rire sans joie m'échappe, qui m'est douloureux et pas seulement physiquement. L'idée même me laisse une sale impression d'impuissance qui me ronge jusqu'à la moelle. J'ai horreur de ça. Horreur de dépendre des autres. Horreur du déséquilibre que ça va creuser entre nous, et toutes les frustrations que ça va impliquer. Je déteste le fait d'être impotente, limitée jusque dans mon propre corps, et de devoir compte seulement sur Sebastian. De faire peser sur ses épaules la responsabilité de ma survie, dans sa définition la plus simple.
Mais l'homme est à la recherche de compromis, et je fais en sorte de ravaler mes larmes. C'est d'autant plus difficile parce que ce qu'il avance me sépare de toute façon de ma famille pour une longue période. J'aurais pu l'encaisser en temps normal, il faut croire que les hormones ne m'aident pas à passer le cap. Et plus encore, à accepter ça vis-à-vis de Romy. Elle me manque, j'ai envie de la voir. Même pour quelques jours, jusqu'à en avoir assez d'elle. Jusqu'à vouloir qu'elle retourne au campement et qu'elle recommence à me manquer. Mais ça n'est pas comme ça que ça fonctionne, il faut croire.
Sa déclaration me fait, dès lors, l'impression d'une embardée dans ma poitrine. C'est un sanglot que je ravale en ramenant mes jambes contre moi, en essayant de ne pas craquer. C'est dans ces circonstances que tu me le dis ? Je n'ai jamais été aussi malheureuse de ça. Parce que m'aimer semble lui être un véritable casse-tête. C'est triste à en pleurer, que je souffle en lâchant un nouveau rire sans joie. Mais si Sebastian va vers le compromis, je suis obligée de faire un pas vers lui : A une condition, que je lui demande, comme une faveur.
C'est le mois prochain que les miens doivent revenir. Je dois être là pour l'installation du groupe de Zach, pour la gestion des stocks mais surtout pour passer le message aux éclaireurs et justifier que je ne pourrais pas rentrer sans pour autant déserter mon clan, pire que tout, l'idée qu'ils puissent croire que je les quitte ou les trahis me dévore. La grossesse n'est pas visible, je peux me bander le ventre pour en cacher la forme et encore porter des vêtements amples, personne n'aura besoin d'être au courant, la blessure peut justifier ma fatigue, à elle seule.
Personne n'a besoin de savoir la vérité. A part nous deux. Tu peux rester avec moi à la prison sur ce délai. C'est l'histoire de quelques semaines, deux ou trois. Dès que c'est fait, on retournera au domaine jusqu'à la fin de cette grossesse, ce n'est pas un caprice que je lui demande. Je ne peux pas laisser tout ça sur les bras des autres, et partir ensuite comme une voleuse. Si tu es là pour m'aider, nous irons sans doute plus vite, surtout dans mon état, où j'irai à la vitesse de l'escargot malade. Et puis, il y a de quoi s'occuper à la prison. Je t'ai parlé de la construction du pont qu'il y a à prévoir ? Je force un sourire en croisant son regard, essuyant mes yeux d'un revers de manche. Il faut un pont levis, c'est du challenge, non ?
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« Je te connais assez pour savoir que je ne t’empêcherais pas de trouver des tonnes de moyens de te rendre utile, même si tous les médecins du monde te disent de garder le lit. »
Ce n’est même pas une phrase pour lui remonter le moral ou faire de l’humour. Je sais qui est Oliva et c’est une certitude qu’elle ne saura pas rester en place ou inactive. Je ne cache absolument pas la douleur de cette situation qui a tout d’un cul de sac. Nous sommes tous les deux entiers, le compromis n’est pas, non plus, un mot qui semble faire partie de la vie de la jeune femme.
« Ne pas le dire maintenant c’est aussi prendre le risque de ne jamais te le dire. Même si je pense que mes actes ont toujours plus parlés que mes mots, je… je ne sais pas où on va, c’est une chose extrêmement difficile a accepter pour moi Olivia, surtout quand j’ai l’impression que nous fonçons dans un mur et qu’il y aura forcément des dégâts. »
On a jamais parlé de trajectoire, on a jamais pensé a faire un plan de route et cet embranchement imprévue qu’est l’arrivé d’un bébé dans un contexte de tension et de danger est en train de mettre en exergue toute les choses que nous avions absolument tenue a remettre a plus tard. Au lieu de nous laisser porter, il fallait, des maintenant, prendre des décisions, faire des choix, s’accorder, mémé si c’est sur notre désaccord. Ce poids de responsabilités ne risque t’il pas d’étouffé ce qui était en train de naitre ?
Olivia semble comprendre mon point de vue, du moins, accepte t’elle le pas en avant que je fais pour en faire aussi. Vue nos tempéraments, ce n’est pas anodin, ni pour l’un, ni pour l’autre et cela témoigne parfaitement le fait que nous voulons quand même essayer même sans savoir si cela ne fera que repousser une sortie de route inévitable. Deux personnes aussi indépendantes que nous, aimant la liberté d’action ou avec autant de casserole que moi ou de capacité a se mettre dans les problèmes qu’elle, ne sont pas fait pour être parents.
« Je comprends et je sais que je t’en demande déjà beaucoup. Nous allons faire cela. Ma seule contrainte est que personne ne sache pour cette grossesse. Je préviendrais Zachary et Audrey en leur expliquant exactement la situation. Maintenant, tu es sûre que tu vas pouvoir tenir le coup ? Zachary avait l’air de penser que tu devais rester aliter… »
Il y a de l’inquiétude dans ma voix. Au-delà du bébé, il y a aussi la femme qui a failli mourir, a été blessée et ne sait pas s’arrêter. Son ventre se voit a peine, avec des vêtements amples qui sont de saisons, cela ira. Il faudra espérer qu’elle ne souffre pas trop. J’arrive a esquisser un mince sourire :
« Je te l’ai déjà dit, on reste ensemble donc oui, je serais là pour aider. Quant au pont levis, je n’appellerais pas ca un challenge a moins que tu me disent qu’ils doivent supporter le passage d’une armée au pas. C’est le mécanisme le plus rudimentaires qui soit. Il faudra juste voir pour les matériaux. »
Je me rallonge en grimaçant a coté d’elle avant de regarder le plafond et, c’est après un silence que je pose, une nouvelle fois, la question.
« Tu es sûre de toi pour le bébé ? Tu veux le garder malgré ce que cela implique ? »
Une vie de secret, des mois de souffrance sans garantie qu’il reste, un accouchement qu’elle redoute et surement une protection a réfléchir si cette petite vie triomphe de tout cela. A mon sens, c’est trop tot, nous ne sommes pas prêts et les évènements qui nous ont frappé chez les nazis ont mis en avant tout ce qui n’allait pas dans notre duo. Même si je ne reviendrais pas sur ce que je lui ai dit, j’ai besoin d’être sur que c’est ce qu’elle a décidé.
Ce n'est quand même pas la même chose, en fait... De faire des choses pour compenser à peine l'investissement qu'on nous dédie. Et surtout, qu'un autre se charge de rattraper nos failles sans rien demander en échange, ça me broie. Je n'ai jamais dépendu de qui que ce soit, être aussi limitée dans mon propre corps me frustre au-delà de tout, même de la douleur qui m'incapacite. Tu te souviens, quand tu es venu à Nisqually avec... Ton rein en moins ? Difficile de l'oublier à dire vrai, ça doit encore lui en donner des sueurs froides.
Tu as frôlé la mort, et de très près, et tu as défié toutes les prédictions des médecins ensuite par simple esprit de contradiction, j'ai un bref sourire en le disant, on dira que sa capacité de récupération est extraordinaire, je dirais surtout qu'il est bien trop borné pour se laisser mourir. Tu as aussi détesté te sentir diminué, impotent et impuissant. Je me trouve à la même place, pas aussi proche de la mort mais... C'est différent. Et savoir que tu devras compenser pour moi, ça créé... Un déséquilibre, entre nous, j'ai horreur de ça, que je lui confie simplement en haussant les épaules.
En fait, je pense qu'il sous-estime totalement ça. Ou que pour lui, ça ne revêt pas la même importance que pour moi. D'autant que plus les mois vont avancer, moins mon champ d'action sera large. On ne peut pas tout contrôler, Seb, moi-même, je ne peux déjà rien faire avec mon propre corps. En fait... On ne peut rien contrôler, c'est ça l'idée. Ni toi, ni moi. Et surtout pas l'un ou l'autre. On investira très probablement des efforts dans ce qui nous semble insurmontable aujourd'hui pour très peu de résultats, mais nous sommes tous les deux trop têtus pour faire autre chose que ce qu'on veut, c'est ça le plus important. Bien sûr que ça fait peur. Bon sang, je suis la première terrifiée aujourd'hui.
Mais tu penses que ceux de chez toi ne vont pas se douter de quelque chose ? Que je demande finalement en le scrutant : Je connais Elena, mais les autres ? Mettra-t-il vraiment ma vie entre leurs mains sans sourciller ? Ils sont gentils, cependant je ne vois pas pourquoi leur faire plus confiance qu'à ceux que je connais, je ne les ai pas expérimentés et je n'oublie pas qu'ils accueillent des voyageurs de passage qui ne sont pas non plus des connaissances à qui je confierais mes enfants. Donc on fera quoi ? On me cachera dans une chambre et je n'en sortirais qu'une fois toutes les trois semaines ?
C'est bien la preuve que tu n'écoutes que d'une oreille : il a parlé de quelques jours pour cette blessure, je désigne la plaie, recouverte d'un bandage. Je ne pourrais te le confirmer que lorsque nous aurons fait le trajet jusque là-bas, que j'ajoute au sujet de si je suis prête à le supporter. Si je ne me sens pas de pouvoir bouger, on le saura très vite de toute façon, et ça règlera bien des questions. Un silence retombe. Je suis obligée d'étendre ma jambe quand la tension se fait plus douloureuse. Et à la question de l'homme à côté, je hausse les épaules. A moi de fixer le mur en face de nous. Je ne suis plus sûre de rien, tout simplement.
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Je me tourne doucement vers Olivia, passant ma main le long de sa taille et c’est avec autant de convictions que de sincérité que je lui réponds :
« Oui j’ai détesté être alité et prisonnier de mon corps mais tu as été là pour m’aider a passer ce cap et je serais là aussi pour faire même avec toi. Il n’y a aucun déséquilibre Olivia. Je te vois comme mon égale. Aujourd’hui c’est moi qui vais prendre soin de toi mais demain cela sera toi a nouveau… C’est aussi comme cela que ca marche dans un couple non ? »
Je soupire quand elle me dit qu’on ne peut pas tout contrôler. Si je suis en accord avec cette affirmation, je suis quand même de ceux qui aime calculer, anticiper, prévoir et, soyons honnête, Olivia a fait entrer dans a vie un véritable ouragan de chaos qui remet en question pas mal de mes petites habitudes de survivant.
« Certes, mais on peut aussi se montrer prudent, surtout quand on sait les conséquences si on se trompe. »
Enlèvement de bébé, chantage, torture, retour a portland, mise en danger de ceux a qui je tiens. Autant de bonnes raisons de ne pas être coulant sur les questions de sécurité. C’est en douceur que j’essaye de lui faire comprendre pourquoi je ne peux pas me permettre le moindre faux pas :
« La Manbo t’a fait promettre un premier né, je la pense assez dérangée pour croire a ses bêtises et vouloir aller au bout de ses délires. »
Je soupire quand elle demande des explications sur le fait que je la pense plus en sécurité au domaine qu’a TH. C’est d’une voix qui transpire mon épuisement que je me livre, peut être de façon maladroite :
« La Manbo a des yeux et ses oreilles a TH et nous savons qu’elle n’en a pas au domaine. Tous connaissent une partie de mon passé alors qu’elle était sincèrement surprise de me revoir. Ca fait du domaine une zone ou elle ne peut pas savoir ce qui se passe. J’imagine qu’une population réduite aide pas mal. Qui plus est, ces gens auraient tous plus a gagner de ne pas me tolérer parmi eux, pour autant, ils continuent a vouloir me cacher et espérer pouvoir me protéger. »
Ces dernières 48h s’imposent violemment a mon bon souvenir maintenant que je suis allongé, Olivia dans les bras, et dans la chaleur d’un lit. Ce n’est que l’inquiétude qui me tient encore.
« De toute façon, tant que Zachary ne donne pas son feu vert, on va essayer de faire en sorte que tu restes le plus possible au repos et même si ca te coute, repose toi sur moi, au moins le temps que tu ailles mieux d’accord ? Et promis, j’ai beaucoup d’idée pour te faire rembourser cette dette quand tu seras en état. »
J’essaye de lui sourire avant que le silence ne retombe comme cette incertitude quand a l’enfant dont on est même pas sur qu’il passera les prochains jours. Je n’ose pas dire que je pense que lui dire au revoir est surement le mieux pour tout le monde, nous sommes trop fatigués physiquement et nerveusement pour avoir les idées claires.
Surement que la nuit a été agité et ponctué de sombres rêves que je n’espère pas prophétique. Les lendemains, je me suis employé a ce qu’Olivia ne manque de rien, tout en gardant une certaine distance en publique, et aider au mieux pour ce convois vers la marina. Audrey et Zachary ont été prévenu de la menace qui plane sur Olivia et son bébé si sa grossesse s’ébruitait. Peut etre que laisser des rumeurs de fausse couche a Hilda pourrait aussi aider.
Si Hilda s’est montrée conciliante, son animosité presque palpable vis-à-vis de moi et d’Oliva couplé a son manque de valeur maintenant que ses frères sont loin, me laisse dans la réflexion. J’imagine que la question se posera avec les TE qui ont voulu lancer cette opération coute que coute. Surement que cela sera a eux de s’encombrer de la demoiselle et voir ce qu’il convient, en fonction de leur définition de l’humanité, de faire. Je ne suis pas encore décidé.
Le siège passager presque couché, Hilda attachée avec un sac sur la tête dans le coffre, Zachary avec nous au cas où, c’est avec la plus grande prudence que je nous conduis a la première étape de notre chemin qui nous conduit a GH.