Je ne sais pas vraiment quoi te dire. Sans doute aussi que je me doutais que vous n'étiez pas exactement qui vous disiez être, confie-t-il d'un ton fatigué. Pas par ce que tu lui racontes, plutôt par l'enchainement des évènements. Enfin... Ani- Olivia, pardon... Elle ne répondait pas toujours à son "nom", et... Elle a appelé après un Sebastian quand je l'ai veillé la nuit dernière, en ton absence, du coup pour lui, c'est mystère réglé. Il ne cherche pas plus loin : Mais tu n'es pas obligé de mentir. Si tu ne veux pas qu'un truc se sache, tu as juste à me le demander et je garderais le mot. Je vous dois ça. On a qu'à dire que ça relève du secret médical... Si tu as besoin d'être rassuré en tout cas. Le fait est qu'Audrey et moi, on ne pense pas qu'il y ait un monsieur Olivia en dehors de toi, précise-t-il. Et je suis persuadé qu'on ne le rencontrera jamais. Du coup, ton histoire, elle tiendra la route jusqu'où ?
Du reste, la mention d'Hilda le laisse dubitatif. Il ne sait pas vraiment quoi en faire, mais il te permet de préparer une chambre pour elle et d'en vérifier les accès, les issues, les possibilités, pour qu'elle puisse être au moins au chaud et en sécurité, sans devenir un danger pour les autres. De toute façon, la blonde devra sans doute vivre dans un espace restreint pendant plusieurs mois, n'est-ce pas ? Autant commencer tout de suite.
Sebastian, je me raidis aussi. L'homme rentre dans la pièce après avoir fait Dieu sait quoi, et le prénom qu'utilise Zachary n'est pas vraiment pour me tromper à ce niveau. Tu lui as dit ? Que je lui demande. Pourquoi je m'attendais à ce qu'il m'attende pour ça ? Au minimum. J'ai ma part de responsabilité dans ces mensonges, ça me met mal à l'aise de voir que je les ai entretenu quand lui a rétabli la vérité. Je tais mon appréhension et mon mécontentement avant de jeter un bref regard vers Sebastian. Il m'a dit que vous êtes de sacrés timbrés oui : infiltrer un groupe de nazis violents à deux ? Je suis à deux doigts de vous croire suicidaires, plaisante-t-il pour détendre l'atmosphère.
Je lui offre un maigre sourire, effectivement. On peut dire ça comme ça. Même si je suis celle qui entraine plutôt Sebastian dans mon sillage. Et que je dois être la plus "timbrée" des deux, par défaut. Mais je ne vais pas en rajouter, on dépend de vous pour retrouver un abri fiable, comme on ne peut pas rester ici avec un refuge connu et... Des moyens défaillants, je préfère éviter d'exposer ma sœur et mes amis davantage, ajoute-t-il. Donc il cesse ses moqueries au plus vite, se montrant le cœur aussi léger que possible pour ne pas m'inquiéter. On pourra parler de l'organisation du transfert d'ailleurs, c'est une grosse logistique mais vous pourrez compter sur la bonne volonté de tout le monde, souffle-t-il.
Je hoche la tête fermement, consciente que ça va nous demander du travail. Je vous ramènerais dans mon avant-poste, mes coéquipiers ne savent pas que vous venez, et ça va nous demander de revoir nos stocks et notre gestion, mais dès le retour du printemps, les choses devraient évoluer rapidement. Zachary acquiesce : Je te l'ai dit : on fera ce qu'il faut. Même ma sœur quand elle ne fait pas sa tête de pioche, rit-il doucement. Un temps de silence passe, avant qu'il ne sorte le stéthoscope de fortune : Sebastian a construit ça, annonce-t-il. Je sens mon souffle se suspendre. Je croyais que l'histoire était pliée mais vraisemblablement pas. Eux ont besoin d'un point final.
Bon... Je me redresse un peu plus pour relever mon pull. Le froid semble me cueillir, à force de ne pas bouger, j'ai l'impression d'être grippée de partout. La douleur m'empêche aussi de dormir comme je le voudrais. En bref, j'ai connu des jours meilleurs. Je vous le dis tout net, ça ne va pas être miraculeux. Je vais voir si je peux entendre les battements de son cœur - s'il est bien vivant. Si c'est le cas... Faudra essayer de trouver de quoi faire une échographie, vous saurez où trouver ça ? Demande-t-il alors en se tournant vers Sebastian. Moi aussi je l'interroge du regard : la prison n'est pas équipée pour. Si ce n'est pas le cas...
L'afro-américain revient rapidement vers moi, son ton est plus grave : Dans quelques jours, ton corps fera l'évacuation tout seul, à priori. Une fausse-couche. Visiblement, ça n'a pas été le cas jusque-là, mais ça peut arriver dans les temps à venir, dans une heure comme dans une à deux semaines, m'explique-t-il. Je déglutis et hoche la tête : S'il n'y a pas de rythme cardiaque mais que tu ne fais pas de fausse-couche, il faudra que j'intervienne à ce moment-là du coup... annonce-t-il. Je ne te lâche pas, ok ? Promet l'homme avec un sourire, en posant une main rassurante sur mon épaule. Je dois dire que ça me soulage quand même de le voir aussi avenant et... résiliant.
Comme la dernière fois : Je ne veux rien entendre, j'ai besoin d'un silence complet pour me concentrer, il s'arrange comme il peut et se focalise sur tout ça. Le gobelet passe sur mon ventre et je fixe le plafond pour me distraire l'esprit. Mes doigts serrent les draps, sans aucune douleur pourtant, je me sens tendue, une boule dans la gorge, suspendue au fait que je vais devoir me préparer au mur. Le temps que Zachary prend me semble interminable. Je crois que j'ai un truc, lâche-t-il finalement sans cacher sa surprise. Je ne suis pas sûre à cent pour cent, c'est discret et ça serait mieux de le confirmer avec une échographie, fait-il alors en se redressant : Mais je pense qu'il est encore là, et qu'il est bien accroché, reprend-t-il, confiant.
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Je soupire. Il va vraiment falloir, aussi, que nous soyons plus prudents Olivia et moi. Cette sorte n’a été que la mise en avant de tout ce que l’on pouvait faire de travers. Avec un sourire amer, je me contente de lui dire, quand il me fait part de ses certitudes et me demande si cette histoire tiendra la route :
« Pour la survie d’Olivia, il faut que cette histoire tienne la route. J’ai beaucoup trop de personnes qui veulent m’atteindre et certaines ont des yeux et des oreilles vraiment partout. »
C’est malheureusement ca la triste vérité. Je pense que, quelque part, aussi triste que soir la situation du bébé, c’est peut-être un mal pour un bien, surtout au regard de la constellation de mes échecs sur une mission pourtant simple à coté de ce que nous avons déjà traversée.
Apres la réalisation du stéthoscope, je vais inspecter la chambre qui va servir de prison a Hilda. J’ai laissé mon manteau a Olivia et la morsure du froid n’en est que plus intense quand je vais a la voiture ou est enfermé la sœur Anderson. Je m’assure qu’elle ne pourra pas s’y trouver une arme de fortune ni la quitter avec minutie avant d’aller la chercher et lui expliquer la situation.
« Hilda, j’ai entendu que j’étais surement la dernière personne avec qui vous souhaitiez échanger, mais pas de chance, je suis la seule actuellement qui s’inquiète de votre sort. »
Je pose calmement les choses parce que je n’ai rien contre elle et que je peux entendre que ce n’est pas une position confortable.
« Le fait est que vos frères vous ont cherchée, mais ont dû partir sans vous. Il a été convenu qu’il repasse dans 2 mois. A vous de me dire si vous souhaitez attendre leur retour dans de relativement bonnes conditions en restant avec nous ou si vous avez d’autres options qui vous viendraient ? »
J’attends patientèrent sa réponse prêt a faire le nécessaire et a réfléchir avec elle si elle a des contrepropositions raisonnable ou un comportement qui ne me laisse pas le choix.
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Ce n’est qu’après que je vais retrouver Zachary et Olivia. Si je suis un peu contrarié qu’il ne l’est pas laissé se reposer, au moins, elle va pouvoir avoir une auscultation plus qualitative. Glacé, je me place aux côtés de la jeune femme un peu en retrait pour ne pas gêné le docteur.
« Je t’avais dit que je reviendrais vite. »
Même si je ne suis pas que cela soit ce qu’elle veut vraiment. Je la sens contrarié quand elle comprend que j’ai eu une discussion avec Zachary. J’hoche la tête a sa question et lui caresse le visage :
« Il sait tout… ne t’inquiète pas… tout va bien. »
Je soupire et offre un visage fatigué a Zachary a sa remarque qui est, on ne peut plus vrai. J’essaye de me détendre et de rire a la pique du médecin.
« Je commence aussi a le croire. Mais j’envisage de plus en plus a prendre ma retraite. »
Je laisse Olivia et l’homme finaliser les détails de ce transfert qui risque d’être compliqué. Néanmoins, quelques soit mon point de vue, je ne suis pas le genre d’homme a le défiler et je compte bien épauler la jeune femme jusqu’au bout. Je prends la main d’Olivia et la serre doucement quand Zachary l’ausculte à la recherche d’un signe de survie du bébé.
« Nous savons où faire une échographie quand tout sera fini… »
Evidemment, je pense d’abord a Faith et au domaine. Même si la question ne se pose plus, je refuse qu’il y ai la moindre trace de grossesse a TH, surtout en sachant que la Manbo a des suivantes là-bas. Je reste, un peu pale, a écouté ce que je sais déjà, malgré moi, sur les fausses couches. Je fais silence comme il le demande, en même temps, je n’ai pas le cœur a être très bavard car je ne vois pas un monde ou la survie serait possible dans ce contexte. C’est limite comme si j’entendais plusieurs petites voix me susurrer que cela ne serait pas réaliste qu’un fœtus de quelques semaines survive à cela. A priori, il va y avoir matière a discussion dans les chaumières, car le miracle semble avoir eu lieu. Mettons cela sur les gênes du meilleur des trois, cela évitera surement de sulfureux débats que je ne veux pas forcement entendre.
J’espère qu’il n’est pas en train de distillé un espoir qui va un peu plus empoisonner nos âmes. Même s’il n’est pas mort sur le coup, je pense que Zachary est maladroit de nous dire qu’il est bien accroché alors que l’on est loin d’être sortie d’affaire et qu’il ne peut pas être sur a 100% Je serre un peu plus la main d’Olivia avant de demander :
« Est-ce… est ce que le transport ne risque pas d’aggraver les choses ? Doit on faire des choses en particulier pour… pour aider ? » .
Ca, je ne vous cache pas que les prochaines semaines vont être... Difficiles. Ça veut dire qu'Olivia, tu vas devoir te reposer, limite rester totalement alité pendant plusieurs jours pour être sûr que ça va, effort minimum inclus, souffle-t-il en réponse. J'ai beaucoup de mal à savoir où donner de la tête, beaucoup trop d'émotions dernièrement, en trop peu de temps. Bien sûr, surveiller que la blessure ne s'infecte pas, je ne sais pas si ça a tapé profondément et l'échographie le montrera mieux aussi, ajoute-t-il pour la précision. Je hoche la tête, alors qu'un silence retombe.
Je n'ose pas regarder les autres. Plongée dans mes pensées, j'essaie de faire le tri, sans vraiment y parvenir et sans voir que ma main s'est serrée autour de celle de Sebastian. Considérez ça comme une grossesse à risque, reprend alors Zachary d'un ton plus doux et paradoxalement plus sérieux : Et je vous dirais d'éviter de vous projeter, son timbre est sombre soudainement : Je ne sais pas s'il est attendu ou non, je ne sais pas s'il ira jusqu'au bout, il y a beaucoup de si à prendre en compte dans ces circonstances, et je serais mal placé pour pouvoir vraiment vous orienter, précise-t-il.
Je pince les lèvres. C'est de mon fait. Je n'ai pas été suffisamment prudente, à bien des égards même, j'aurais pu mourir sans faire attention à rien. Mais je sais que quand on n'a pas d'attente, on n'a pas non plus de déception, vu la situation, c'est peut-être le mieux, je hoche la tête. Même si... J'imagine sans mal que pour Sebastian, c'est très différent. Sans doute n'est-il pas très aidé par les petites voix qui lui martèlent leurs opinions sans être vraiment concerné par tout ça. Vrai qu'il serait dommage de laisser vivre, de laisser faire, ou de se mêler de ce qu'il se passe ailleurs. Ca nous changerait, à croire qu'on pourrait s'ennuyer sans elles, qu'on ne se fait pas assez de mal tout seul.
Même si c'est plus facile à dire qu'à faire, je relève le nez vers lui : Olivia... Il prend une mine sérieuse, et force un sourire : Tu ne quittes pas ce lit jusqu'à notre départ. Tu es venu en voiture ? On aura assez d'essence pour sortir de Seattle, même s'il le précise, ça n'est pas de l'essence de qualité. Le siphonnage implique qu'il s'est abimé avec le temps malheureuse, et qu'un plein peut tenir une heure entière. On a un navire à la Marina, nous comptions repartir par la mer, que j'explique alors. Il fronce les sourcils : Ok, alors... On peut gérer ça... Conduite extrêmement douce pour toi, interdiction de porter des charges lourdes, ou de rester debout plus de trente minutes, je suis clair ? Fait-il en nous fixant.
Je hausse les épaules, disons que je n'ai pas vraiment le choix. D'autant que la liste semble se rallonger : Interdiction de courir, de sauter, de danser, de te faire bousculer, pousser, je suis à deux doigts d'interdire qu'on te tienne la main si ça peut faire la différence, rit-il doucement. C'est communicatif : Et ça pendant combien de temps ?Aussi longtemps que nécessaire ? Quoi ? Vraiment ? Je ne vais pas passer huit mois allongée ? Et puis quoi encore ? Mon retour auprès des miens est conditionné par ça également, je ne peux pas me permettre de rester à Gig Harbor aussi longtemps.
Probablement que si. Mais vois le positif : il va être obligé de te bichonner, je peux prescrire les massages, les bains à bonne température, le piquage de couette la nuit et le fait qu'il va devoir te faire que les plats que tu préfères, fait-il en désignant Sebastian, essayant de détendre l'atmosphère. Franchement, tu y gagnes, non ? Plaisante-t-il simplement. Je sais qu'il est à moitié sérieux, qu'il va trouver des solutions pour m'aider. Et qu'il me faut me résigner. Mais l'idée est... Difficile à accepter. Je me demande s'il y a des femmes qui rêvent d'autre chose dans la vie, que j'ajoute simplement.
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J’aimerais sourire et me détendre mais je n’arrive pas a retirer le plis soucieux qui barre mon front malgré les efforts de Zachary. Je ne sais pas si cette situation est vraiment la meilleure. Rester dans un entre deux, pas fixé, surtout pour une femme comme Olivia qui ne sait pas tenir en place et angoissait de cette grossesse… pour peut-être quand même le perdre au bout du compte.
J’écoute, attentif et pale, notant mentalement toutes les préconisations de Zachary. Avant qu’Olivia ne parle du bateau, j’étais déjà en train de penser a se moyen de transport. A sa réaction quand le médecin explique qu’elle devra passer 8 mois alité, je sais que ca sera impossible pour elle. Je lui caresse la main avec un regard compatissant.
« Olivia… nous n’avons pas eu le temps d’en parler mais il va falloir prendre le temps de le faire dès que tu te sentiras prête. »
Jamais je ne lui imposerais ce supplice, surtout en sachant qu’elle a déjà failli mourir en accouchant de ses premiers enfants. J’essaye de lui sourire avant d’assurer a Zachary.
« De toute façon, je vais rester veiller sur elle et m’assurer qu’elle se repose. Pour ce qui est du trajet, je vais m’en occuper aussi. Vous avez beaucoup d’affaire a transporter ? Des membres de votre communauté fragile comme des enfants, des blessés et des vieillards ? Coté véhicule, vous avez des ressources ? »
Évidement je pense a la logistique pour faire le trajet jusqu’à la marina. Reste a savoir si on pourra tous tenir sur le bateau ou s’il faudra prévoir un autre convois. J’essaye de me détendre à la remarque de Zachary, mais une fois encore, il n’y a que la façade qui affiche un calme serein et rassurant. Derrière le masque le bouillon est beaucoup plus amer. Avec un air entendu, je lui réponds :
« En admettant que je sois son conjoint, ce que, nous avons tous les deux déjà admis que ce n’était pas le cas, il est fort possible qu’elle ait déjà le droit a ses attentions sans avoir a justifier d’une grossesse a risques. »
Je le remercie et attends qu’il parte pour enfin concentre a retirer mes chaussures et venir m’allonger contre Olivia. Un moment de repos plus que bienvenue au regard de ces dernières heures éprouvantes. Je reste le visage dans son cou, les bras autour d’elle, prenant garde a ne pas lui faire de mal, avant de lui chuchoter.
« Est-ce que tu veux en parler maintenant ? Tu sais que tu n’es pas obligée de vivre tout cela ? Ce que je t’ai dit dans le camp est toujours vrai.»
Nos véhicules sont à l'arrêt depuis plusieurs semaines, avec l'hiver et de toute façon, avec le temps... Il hausse les épaules, désolé d'avoir à nous l'expliquer. Il nous confirme qu'ils ont deux véhicules, de type 4x4, mais qui n'ont pas eu vraiment l'occasion de prouver leur utilité depuis qu'ils sont sous le joug des autres. Le fait de devoir donner leurs ressources les a totalement immobilisé, si de fait il ne reste plus grand chose au campement, et que ça implique pas énormément de choses à transporter, ça n'est pas pour autant qu'ils n'ont rien. Mais nous pouvons nous arranger pour concevoir en quelques jours de quoi trainer les affaires jusqu'à la Marina, ça prendra quelques heures de marche et d'efforts, mais ça vaut la peine, explique-t-il.
C'est apparemment déjà ce qu'ils sont en train de faire, le convoi devra être protégé, et ça n'est pas de plus simple pour eux. Cependant, ils ont bon espoir qu'une très bonne organisation pourra suffire à empêcher des problèmes plus graves finalement. Le déménagement ne peut pas se faire dans l'urgence complète dans tous les cas, je hoche la tête. Peut-être pourrions-nous solliciter déjà Preston, qui pourrait nous être d'une aide précieuse. Votre aide logistique sera la bienvenue, ajoute-t-il simplement. Je soupire, avant de lui offrir un maigre sourire en réponse : Merci Zachary, que j'ajoute alors. Il s'esquive, et je me laisse retomber contre le coussin derrière moi, jusqu'à être rejoint par Sebastian.
Je ferme les yeux un instant. J'aimerais que cet instant s'éternise mais ça n'est pas à moi de l'établir. Le temps a cet malléabilité étrange lorsqu'on a besoin qu'il se fige ou s'accélère, la bizarrerie de faire tout l'inverse de ce qu'on attend de lui. Je soupire, venant me mettre sur le flanc pour pouvoir regarder Sebastian tout en lui parlant : Oui, puisque nous sommes là tous les deux, et que je ne sais pas quand nous aurons l'occasion de l'être par la suite, de toute évidence. Je dois prendre une décision maintenant ? Sur cette grossesse. Le fait est que la décision me revient, aussi étrange que ça puisse paraitre, qu'il y ait encore cette chance n'est pas pour m'arranger. Même si la culpabilité est moins étouffante.
Je ne sais même pas si je ne vais pas faire une fausse couche demain, si le transport jusqu'à la marina ne va pas répondre à notre place, ou même l'installation à Gig Harbor, parce qu'il n'est pas question que je dépende des siens pendant huit mois, que je ne sois qu'un poids. Au moins, à la prison, je pense que j'aurais l'occasion de m'illustrer, notamment parce que je pense que Preston aura besoin de moi. De toute façon, j'en ai pour quelques semaines à devoir me ménager avec cette blessure, non ? Je le scrute, j'imagine qu'il peut me le confirmer, il en a déjà eu des semblables. Je déteste ce qu'il se passe, j'aurais dû être plus prudente... que je soupire. Mais si c'est le prix à payer, je dois l'accepter... Parce que ça compte pour lui.
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Je vois quelques détails de l’organisation avec Zachary sans une grande énergie. Cela va faire 48h que je n’ai pas dormi et subis pas mal d’émotions. Je lui demande si quelqu’un peut faire porter un message a la marina, soulignant que la prudence est de mise parce que nos amis seront sur les nerfs en redoutant une attaque. Je propose de confier un talkie a l’émissaire pour qu’il sache s’annoncer lui précisant de demander Cam de la part de Mufaseb. J’ai confiance en la jeune femme pour comprendre le message. Je confie un pli rapide résumant la situation, ou son les armes et apportant la clé de l’armurerie.
Ne pas nous projeter ? Je n’imagine pas une seule femme enceinte capable de faire cela et je trouve le médecin un peu utopiste de nous donner ce conseil. Dans tous les cas, le message est bien passé. Si le bébé est toujours en vie, ce n’est pas pour cela que ca sera encore le cas demain ou après demain.
Ce n’est que dans l’intimité avec Olivia que nous pouvons parler des choses plus intimes concernant cette mission dont le bilan restera toujours trop onéreux au regard du gain. Je l’aide a se retourner avec précaution pour qu’elle ne tire pas sur ses points, me demandant comment elle arrive encore a bouger avec ses blessures.
« Nous pouvons aussi nous offrir le luxe de reporter encore les choses. Je ne sais pas lequel des deux est le plus épuisé, mais je suis presque sûr que c’est toi. »
Je lui offre un maigre demi sourire à cette petite pointe de provocation faite sans grande conviction. C’est plus sérieusement que je lui réponds.
« Tu n’es pas obligée de le faire maintenant, comme tu le dis, nous n’avons aucune certitude sur l’avenir. C’est peut être le seul moment ou on a encore le de choix, même si c’est entre dire que nous arrêtons tout et celui qu’on fait notre maximum sans certitude de ce que cela donnera. »
Quitte a le perdre et a devoir lui dire au revoir, je préfère que cela soit notre décision et pas quelque chose que nous subissons. Peut être que ce que nous vivons n’est qu’un répit, le temps d’un au revoir. De la même façon, si elle veut se le garder, il faut que je sache comment nous organiser pour tenter mon maximum.
Je me raidis quand elle exprime quelques choses qui va forcement mené a un moment pas agréable. Avec beaucoup de douceur et de précautions, je tente de lui expliquer :
« Olivia… je crois que Zachary a plus parlé de mois que de semaine… et puis. Je veux que tu me fasses confiance, mais si tu veux garder ce bébé, ca doit etre fait dans le plus grand secret pour sa sécurité. A TH la Manbo a ses espionnes. J’ai déjà tellement tout raté pour vous protéger, je ne veux plus faire d’erreur… tu comprends ?»
Je pense que tu n'as pas croisé ton reflet dans un miroir depuis un moment, pour affirmer ce genre de choses, que je lui souffle en fronçant les sourcils. Sebastian a l'air épuisé. Moi, au moins, j'ai eu la chance de pouvoir dormir quelques heures même si le sommeil a été largement agité. Quoi qu'il en soit, un soupir m'échappe, j'essaie de réfléchir comme je peux à tout ça avant de me raidir à la remarque de mon compagnon. L'affirmation dont il fait preuve me fait froncer les sourcils.
Je ne vais pas vivre quasiment un an chez toi parce que tu vires totalement paranoïaque, que je lui annonce. Mon ton est sans doute plus sec qu'il ne le devrait pas je pense qu'il ne sait pas vraiment à qui il a à faire. Et par la même, il n'a pas conscience que personne ne me forcera a faire quelque chose que je n'ai pas envie de faire. En l'occurrence, dépendre totalement de lui et être traité comme une petite chose fragile. Est-ce que tu sais qui sont Quinn et Cassidy ? Que je lui demande en me redressant, la voix plus tranchante.
Avant d'être les "espionnes" de Jennifael comme tu l'affirmes sans avoir aucune idée de ce qu'il en est réellement, n'est-ce pas : ceux sont mes amies, l'une d'elle est quasiment comme une sœur pour moi, et je suis prête à mettre ma main à couper qu'aucune ne me mettra en danger, que je lui renvoie en plein visage sans aucun détour. S'il croit que je veux retourner chez moi malgré la "menace" qu'il affirme exister sans avoir conscience de ça, il me prend vraiment pour une débutante : Et tu sais quoi ? Je suis prête à mettre ma vie entre leurs mains sans une once d'hésitation, comme je le fais déjà avec toi, que j'ajoute.
L'occasion pour moi de me libérer de ses bras, avec toute l'humeur qui me caractérise : Oh, et tu connais Nihima ? Il l'a croisé que très rapidement. S'il imagine un seul instant que l'amérindienne répond de quoi que ce soit en dehors des habitants de notre groupe, il se fourvoie totalement, et il est en plus incompétent pour cerner les gens : La loyauté de Nima revient à notre clan, pas à une femme qui vit au milieu d'une forêt et qui fait tout pour éviter le contact avec les autres, que je lui souffle froidement.
Il y a quelques paramètres que Sebastian devrait prendre en compte. Notamment celui-ci : Elles me protègeront. Toutes. Et cet enfant aussi. Tu peux douter d'elles si ça te chante, ça n'est pas mon cas, et tu ne m'empêcheras pas de rentrer chez moi auprès de ma famille et de ma fille, que je lui souffle en lui jetant un regard noir. Moi aussi, ce que je t'ai affirmé ne change pas : nous devions aviser au printemps ce qu'il en serait, je dois rentrer retrouver mes proches, la donne n'a pas évolué parce que je suis enceinte de toi, et je suis bien trop butée pour revenir sur mes pas aujourd'hui.
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