The Walking Dead RPG

« Si tu prenais la peine de me l’expliquer, je suis sûre que je pourrais faire l’effort d’essayer de comprendre » grogna la grecque entre l’ivoire de ses dents serrées. Elle ne le quittait pas des yeux. Une lueur de défi, de provocation presque brûlait dans ses orbes. A mesure qu’elle prenait conscience de la gravité de la situation, une hargne ravageuse gonflait dangereusement sous sa poitrine lardée de coups de couteau invisibles, aussi douloureux que s’ils avaient été réellement portés. Sa froide colère fut cependant momentanément suspendue, saisie d’un doute, d’un bref remord, aux aveux pitoyables d’un Valérian désespéré. Elena eut alors un regard empreint d’une profonde pitié pour son plus vieil ami, découvrant avec émotion le lourd fardeau qu’il portait sur ses épaules. Elle eut un long soupir, fatigué. « Je comprends Val. Mais quoi, me tuer moi et les miens, tu penses que ça va sauver Reese, vraiment ? » Et c’était ça le problème, c’était qu’elle ne pouvait pas l’accepter. Elle pouvait le laisser presser cette détente pour lui infliger un châtiment mérité, pour l’obliger à vivre avec son sang sur les mains, pour que son regard d’ambre hante ses nuits pour toujours… Mais elle ne pouvait pas le laisser s’en prendre aux siens.

Aussi, un imperceptible souffle s’échappa d’entre ses lèvres lorsque le brun renonça. Il se recula alors farouchement, se retranchant misérablement contre le tronc d’un arbre, et Elena eut besoin d’un instant pour retrouver ses esprits. Son rythme cardiaque tambourinait encore lourdement dans sa prison thoracique. Il n’avait pas tiré. Elle se le répéta plusieurs fois pour dompter la colère qui la consumait. Il n’a pas tiré. Ses prunelles sombres se figèrent sur sa silhouette à moitié recroquevillée du brun. Elle hésita longuement. Le planter là avec ses regrets pour lui tenir compagnie était une option qu’elle avait envisagée. Et puis…

« Merde. » pesta la jeune femme en s’avança vers lui. Elle le toisa quelques secondes, de toute sa hauteur. « Enlève ton écharpe et fais un putain de garrot autour de cette jambe. Je n’ai pas envie que tu m’enlèves le plaisir de te torturer pour le restant de tes jours. » fit-elle froidement. Elle ploya ensuite les jambes, ses doigts saisissant son menton mal rasé pour le redresser. Sa détresse résonnait douloureusement dans sa poitrine. Pourtant, sans prévenir, elle lui administra une gifle monumentale qui, si elle ne lui remettait pas les idées en place, aurait au moins le mérite de la soulager. Avec un regard d’une rare dureté, les traits figés dans une franche résolution, elle s’adressa à lui en prenant la peine d’articuler distinctement pour qu’il intègre bien chacun de ses mots.

« Maintenant écoute moi bien. Ma famille est ici, et je n’ai pas l’intention de les sacrifier pour qui que ce soit. On va se battre, et tu vas m’aider à renverser la situation Val. On va conjuguer nos forces pour les défaire, capturer deux de ces fumiers et on ira récupérer Reese, où qu’elle soit. » Ils pouvaient le faire, elle en était persuadée. « Alors fais marcher ce qu’il te reste de cerveau, et faisons payer à ces connards pour tout ce qu’ils nous ont pris. » Les morts, le viol de Yulia, les otages… Leur amitié.

She was two sides of the same coin

You don't know me well enough to label me, sick, or even disturbed when you break it down I'm just two girls : trying to blend, trying to vibe, trying to live just one life.

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Il n’y avait plus rien de rationnel chez Valérian. Seule cette obsession désespérée emplissait son esprit, dévalant les canaux de sa pensée comme un torrent en cru, emportant tout sur son passage. La peur le tétanisait, raidissait ses muscles. Il resta de longues minutes dressé devant Elena, le canon de son arme appuyé contre son front, partagé entre la nécessité obsessionnelle de sauver Reese, et celle, désespérée, d’épargner sa plus chère amie. Il ne pouvait pas le faire. C’était au-dessus de ses forces ! réalisa-t-il finalement. D’un bond, il s’écarta brusquement d’elle. Comme un animal aux abois, il poussa un cri de souffrance, puisé au fond de ses entrailles, et s’effondra lourdement contre l’arbre le plus proche. Jamais il n’aurait pu faire de mal à Elena. Jamais. Ses larmes dévalèrent le long de ses joues, et de violents sanglots l’étranglèrent. Il était convaincu que son monde s’effondrait brutalement - qu’il avait condamné Reese, et perdu Elena par la même occasion.  

Les minutes s’écoulèrent, tandis qu’ils restaient chacun campés à l’opposé l’un de l’autre, dans une attitude de froide défiance concernant la jeune femme. Les larmes du grec continuaient de rouler en sillons glacés sur ses joues. Choqué, il prenait conscience de son geste, de l’inhumanité dans laquelle ils s’était retranché pour protéger Reese. Elena dévora finalement la distance qui les séparait. Elle se planta devant lui et le toisa de toute sa hauteur. Sa langue claqua sèchement. Valérian ne broncha pas lorsqu'elle s’accroupit et saisit son menton entre ses doigts fuselés pour lui administrer une claque retentissante. Celle-ci résonna dans le silence environnant. Et si la joue du grec lui cuisait affreusement, il ne pipa pourtant pas mot - tétanisé par la honte et les regrets.  

Les paroles d’Elena tombèrent alors comme des couperets. Froides, elles le transpercèrent et éveillèrent en lui des nouvelles résolutions. « Oui… » opina-t-il d’une voix rauque, en reprenant peu à peu ses esprits, se faisant violence pour sortir de cette léthargie. « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir mon réparer les torts que j’ai causés. » Avec des gestes fébriles, Valérian retira maladroitement son écharpe et entreprit de s’en faire un garrot. « Je suis arrivé ici avec la certitude que vous n’auriez pas la moindre chance contre ces salopards. Qu’ils vous asserviraient comme ils l’ont fait avec nous. Mais j’avais tort. Il existe peut-être une chance de l’emporter, aujourd’hui. » Il l’avait vu de ses yeux, les Inglorious Fuckers avaient résisté à l’assaut des pirates avec une volonté surprenante. Le grec acheva son garrot, puis, avec un grognement, se hissa péniblement sur ses jambes. « Une poignée des hommes d’Ulrich, cinq, s’est détachée du groupe avant l’attaque. Ils comptaient rejoindre le domaine par l’Est pour vous prendre en tenaille Ils étaient accompagnés de deux Bastards, et de l'un de mes hommes, infiltré dans leurs rangs. Si des Fuckers se trouvent là-bas, ils risquent de se faire massacrer. »

Il grimaça, conscient que le temps leur manquait. « Tu devrais y aller. Je ne pourrai pas tenir le rythme avec ma jambe, mais je t’y rejoindrai le plus rapidement possible ! » Il aurait aimé lui dire à quel point il regrettait, à quel point il avait honte, et implorer son pardon. Mais Valérian savait pertinemment que l’heure n’était pas aux regrets.

Every time that I look in the mirror, all these lines on my face getting clearer. The past is gone. Oh, it went by like dusk to dawn. Isn't that the way ? Everybody's got their dues in life to pay.

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La grecque renvoya un regard aiguisé à Valérian devant des explications qui ne faisaient qu’attiser le brasier qui crépitait férocement sous ses côtes. « C’est supposé me donner moins envie de t’arracher les yeux ? » questionna-t-elle avec un sourcil arqué. « Le fait que tu n’aies pas cru en nous ne justifie pas que tu sois prêt à sacrifier les miens. » siffla la brune, peu encline à l’épargner. Il avait merdé oui. Et pas qu’un peu. Ce n’était pas le genre d’erreur sur lequel on pouvait passer l’éponge après une bonne remontrance. Il n’avait pas cassé sa montre préférée ou oublié son anniversaire, ou dépassé les bornes en l’insultant… Si c’était Peter ou Faith à sa place, elle avait la certitude qu’il n’aurait pas hésité la moindre seconde à presser cette détente. Et ça, elle ne pouvait pas le pardonner. Elle ne pouvait pas l’accepter.

La jeune femme sentit son sang se figer dans ses veines, et son teint devint livide sous ses peintures de guerre dégoulinantes. « Et tu as laissé faire ça ? En sachant que ton filleul avait toutes les chances de s’y trouver ? » L’idée lui donna la nausée. Elle mesurait ce que son ami était prêt à faire aujourd’hui… Elle réalisait qu’il aurait laissé son foyer brûler, et tous ses habitants avec. Un rire sans joie la secoua alors qu’elle fit couler un regard suintant de mépris. « Est-ce que tu as prié pour qu’un autre ait le cran de me tuer à ta place, Val ? » Elle secoua la tête. A l’évidence, sa famille avait besoin d’elle, et elle n’avait pas l’intention de perdre son temps ici une minute de plus.

Sans un regard supplémentaire pour lui, elle réajusta son sac sur les épaules, dégaina son arme et s’enfonça dans la forêt jusqu’à ce qu’une odeur ne vienne lui piquer le nez. Ses prunelles se relevèrent alors instinctivement et la vision de longues traînées fumantes s’élevant vers le ciel lui fit l’effet d’un coup dans le thorax. « Non… » Elle ne songea alors plus au grec à côté d’elle qui sembla comme éclipsé par la peur vertigineuse qui la saisit subitement. La brune s’élança sans la moindre hésitation, ses jambes foulant le sol boueux à toute vitesse, le cœur battant comme un forcené entre ses côtes. Elle devait les aider. Elle devait les sortir de là. Elle se stoppa brusquement en réalisant qu'une partie de la horde semblait elle aussi attirée par l'incendie... Fuck.

« Richard ? Richard, ici Elena, quelle est la situation de votre côté ? » la voix déformée par l’effort, saccadée, elle priait intérieurement pour que les siens soient saufs. « J'arrive, alors si tu m'entends, dis moi où je serai la plus utile. » Elle n'avait absolument aucune idée de la configuration dans laquelle ils se trouvaient. « Une horde arrive sur vous, je peux essayer de la détourner. »

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« Je… je ne savais pas quoi faire… » avoua le grec d’une voix éteinte, mortifié par la honte, incapable de soutenir le regard enflammé de colère de son amie. Glaciale, elle le surplombait de toute sa hauteur. Il émanait d’elle des vagues de fureur qui s’écrasaient lourdement contre lui, le faisant suffoquer comme s’il avait été cloué au sol par une masse invisible. Jamais encore elle n’avait eu pour lui pareil regard. Ses iris étaient cristallisés par le mépris. Toute l’affection d’Elena pour Valérian s’était subitement désagrégée, pervertie, asphyxiée par le poison que ces salopards avaient inoculé en lui. La grecque comprenait, il en avait la certitude, que, désespéré, il aurait été capable de tuer, de mettre à sac cet endroit,  tout cela dans le but de protéger Reese - quoique ces actes l’auraient profondément révulsé, détruit. Aussi, à la question méprisante d’Elena, Valérian leva-t-il un regard baigné de larmes vers elle qui trahissait aussi bien son désarroi que l’acceptation silencieuse de la sentence qu’elle prononcerait à son égard.

Sans un mot, la jeune femme se détourna brusquement de lui, disparaissant rapidement au coeur de la forêt tandis qu’elle se ruait à toutes jambes pour porter secours aux siens. Seul, reclus dans un silence écrasant, Valérian accusa brutalement le poids de son malheur, prenant pleinement conscience - avec une horrible acuité, de tout ce qu’il avait perdu. Il ne pleurait pourtant plus. C’était comme si toute émotion avait quitté son corps. Le grec se sentait harassé, vidé de toute substance, à la manière d’une carcasse décharnée que des charognards auraient soigneusement nettoyée. Il fixa le vide quelques minutes, puis, avec une force qu’il puisa il ne savait où, entreprit de se redresser maladroitement sur ses jambes.

À pas chancelants, Valérian s’efforça de suivre la grecque à travers la forêt, sans prêter attention à la douleur qui pulsait à sa jambe blessée. Une volonté nouvelle, péremptoire, le poussait de l’avant. Il devait réparer ses torts, autant que possible ! C’était la seule nécessité à laquelle son esprit hébété s’accrochait désormais. C’était tout ce qui lui importait. Clopin-clopant, il progressa aussi rapidement qu’il le pouvait et ne rencontra, par chance, aucun ennemi sur son chemin. Le grec aperçut finalement, au loin, une colonne de fumée qui serpentait dans le ciel. « Non ! » s’écria-t-il, désemparé. Il força alors l’allure, craignant d’arriver trop tard.  

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