The Walking Dead RPG

Accoudée sur la rambarde bordant la terrasse, j'observe le calme de l'eau s'écoulant à quelques mètres à peine de la maison. D'un geste presque mécanique, je viens porter ma roulée à mes lèvres d'une main, inspirant la douce fumée dégagée par les plantes médicinales contenues à l'intérieur, pendant que mon autre main resserre autour de mon cou l'écharpe qui me protège du vent froid qui souffle depuis plusieurs jours.

Je ne peux m'empêcher de trouver notre campement des plus vides, maintenant que Tariq et Ana-Lucia parcourent les routes à la recherche de nos disparus. Pas un jour ne passe sans que je ne songe à mes enfants ainsi qu'à ceux qui ont été enlevés par les Oblivions. La crainte est omniprésente et chaque fois qu'un bruit survient – de jour ou de nuit – je sursaute en imaginant que l'un des absents fera miraculeusement son retour en mettant fin à ce cauchemar éveillé qui dure depuis bien trop longtemps.

Subitement, une voix me sort de mes songes. J'étais tellement plongée dans mes pensées que je n'ai même pas prêté attention aux bruits de pas derrière moi, imaginant certainement qu'il s'agissait de Julian, Amy ou qui sais-je qui ne faisait que passer par là. Cependant, lorsque mon cerveau reconnaît le son qui vient d'entrer dans mes oreilles, mon cœur semble rater un battement. Pendant un instant, je me surprends à croire que mon imagination me joue simplement des tours. Cependant, lorsque je me tourne et que je découvre face à moi les traits de Tariq, des larmes de soulagement viennent embuer ma vision.

Sans prendre le temps de déposer ma cigarette dans le cendrier posé à mes côtés, je la laisse tomber et me dépêche de réduire la distance me séparant du brun pour venir le prendre dans mes bras et le serrer contre moi. Grazie mille Santa Maria, dis-je en remerciement à la réponse que j'ai reçu à l'une de mes nombreuses prières. Si tu savais comme je suis heureuse que tu sois revenu. Immédiatement, je recule et garde mes mains sur ses bras pour vérifier qu'il n'est pas blessé, comme j'ai pris l'habitude de le faire chaque fois qu'il revient de l'extérieur. Je ne peux en rien dissimuler l'inquiétude que j'ai pu ressentir depuis son départ.

Ana-Lucia est avec toi ? Après tout, ils sont partis tous les deux. Cela serait logique qu'elle soit également revenue... Non ?

Idiota, moque-toi de ta vieille mère vas-y! Bien entendu, il s'agit là plus d'une raillerie amusée que d'un réel reproche. Il m'a tant manqué qu'une petite pique de sa part est plus que bienvenue, dans le fond. Car rien que le son de sa voix m'a semblé si lointain dans mon esprit, après ces mois d'absence. Je serais capable de boire ses paroles et de m'enivrer de sa présence jusqu'à en perdre mon souffle. Pendant qu'il n'était pas là, c'était comme si l'on m'avait arraché encore une autre part de moi-même. Et si je ne suis toujours pas entière, en l'absence de Matias, le soulagement que je ressens en cet instant est particulièrement intense.

Impossible pour moi de ne pas remarquer le petit sursaut qu'il a lorsque ma main passe sur l'un de ses bras. Je fronce alors les sourcils, l'interrogeant du regard en attendant qu'il m'explique ce qui a bien pu lui arriver pour qu'il ait une douleur à cet endroit là. Heureusement, la justification ne tarde pas à arriver et un léger soupir traverse la barrière de mes lèvres. Te blesser à l'épaule devient un peu trop récurrent si tu veux mon avis. Il faudra être plus prudent à l'avenir. Et je vais trouver de quoi immobiliser l'articulation, pour te soulager, d'accord ? En réalité, il s'agit plus d'un fait que d'une réelle question. Je n'ai guère besoin d'une réponse de sa part en somme.

Mon visage s'assombrit en apprenant que ma belle-fille n'est pas de ce voyage retour et je hoche la tête légèrement, comprenant bien que ses motivations sont encore différentes des nôtres. Les Oblivions sont un problème bien plus important pour elle. Tout ce que je souhaite c'est qu'elle n'oublie pas que sa famille est ici, et que nous ferrons tout ce qui est en notre pouvoir pour l'aider et la soutenir. Moi, en tout cas, je m'y engage personnellement.

Comme s'il l'avait senti, voilà que mon fils m'entraîne à l'intérieur alors que mon corps est parcouru d'un frisson désagréable lié au froid. Retrouver la chaleur de la maison et de la cheminée qui y répand une douce atmosphère de foyer ne fera de mal à personne. Je laisse donc Tariq entrer, allant rapidement chercher de quoi m'occuper d'immobiliser son épaule avant de le rejoindre à la cuisine. Tu as faim ? Tu veux manger quelque chose ? Sei pelle e ossa come un gatto randagio. , dis-je d'une voix inquiète pendant que je prends soin de son articulation.

Sans même attendre d'avoir son avis, je m'en vais fouiller dans les placards et sortir quelques bocaux qui me serviront à lui préparer une bonne soupe – et qui servira pour le prochain repas – avant de hausser les épaules à sa question. Hormis la crainte constante au sujet des absents, je dirais que oui. En tout cas, tes sœurs font leur maximum pour veiller au bien être de ceux qui sont ici. Hazel a fait beaucoup de progrès, tant sur elle-même que dans la gestion de ce qu'il se passe ici. Tu devrais aller la voir, d'ailleurs, elle sera certainement contente de te retrouver.

Une fois revenue avec le nécessaire pour procéder à l'immobilisation du bras de Tariq, je fronce les sourcils en entendant ses explications. J'ignore qui est ce « Liam », mais il a fait un véritable travail de cochon. D'autant plus que le fait de ne pas avoir immobilisé l'articulation était stupide. Si des lésions se sont produites pendant ce laps de temps, je ne serai pas en capacité de lui faire récupérer sa mobilité ou sa force. Bon, je comprends que cela ne soit pas la priorité lorsque l'on se retrouve à écumer les routes et que les menaces peuvent être partout mais... Il s'agit tout de même de la santé de mon enfant. Je ne peux pas cautionner.

Adressant donc un regard mécontent à mon fils, je m'abstiens de tout commentaire alors que je prends le temps de mettre en place la contention. Ce ne sera pas agréable, mais je ne lui laisse pas le choix. Il en a conscience, c'est l'essentiel. Je le sais car depuis le temps, impossible pour le moindre de mes enfants d'imaginer que je pourrai les laisser discuter lorsque je veux les soigner.

Une fois cela terminé, je me redresse et m'approche déjà des armoires pour voir ce que je peux préparer comme repas. Serais-tu en train de sous-entendre que je suis du genre à en faire trop, jeune homme? La question est posée avec mon regard passant par-dessus mes lunettes et la cuillère en bois pointée dans la direction du brun. Comme lorsqu'il était enfant. Malgré tout, un petit sourire est toujours présent sur mes lèvres. Je ne peux dissimuler à quel point je suis soulagée de le voir de retour parmi nous.

Cependant, le sujet que nous abordons jette un voile plus sombre sur mes traits alors que je reviens au-dessus de la casserole. Tu en as fait bien plus que nous tous ici, concernant la disparition de ton frère. Ne t'en veut pas de ne pas avoir sacrifié ta vie pour obtenir quelques informations supplémentaires. Ma voix ne souffre d'aucune contradiction. Je refuse de perdre un autre de mes enfants. Préférant alléger un petit peu l'atmosphère, je décide de changer de sujet.

Une fois que tu te seras reposé et que tu auras mangé, tu voudras bien m'aider ? J'ai voulu me lancer dans la mise en place du bain extérieur, mais je dois dire que je ne suis pas vraiment très douée et l'humidité n'aide absolument pas mon arthrose à aller mieux !

Tu ne peux pas faire de miracles, Tariq. Ma voix est ferme alors que je tourne le dos à mon fils, reprenant la préparation du plat que je compte lui servir dès que celui-ci sera prêt. Fort heureusement, nous changeons de sujet au plus vite et Tariq me suit dans ce changement. Je lui en suis reconnaissante. Simplement parce que je n'apprécie pas de parler trop longtemps de sujets qui fâchent. Et la disparition de Mattias en est évidemment un. La flatterie ne fonctionne pas avec ta vieille mère, jeune homme ! Mais ça reste adorable. Dès que son repas est prêt, je m'approche et dépose un baiser bienveillant sur le haut de sa tête avant de m'installer en face de lui pour le laisser manger et lui exposer les plans ayant été préparés pour le bain extérieur.

***

Après que Tariq ait eu fini de manger et ait pris le temps de se reposer un peu, nous avions fini par retrouver l'extérieur. Bien évidemment, le but n'était pas de le faire forcer sur son bras blessé – d'autant qu'avec mon immobilisation il en est tout bonnement incapable – mais simplement de passer un peu de temps avec lui tout en profitant de ses conseils pour faire les choses convenablement.

J'ignore combien de temps nous avons passé à l'extérieur, mais dès lors que mes doigts commençaient à perdre en coloration et à revêtir quelques marbrures dues au froid, j'ai vite compris qu'il était temps pour nous de rentrer et d'aller nous réchauffer. Allumant un feu dans la cheminée, j'apporte ensuite deux infusions – pour mon fils et moi-même – alors que nous nous installons dans le salon. Un peu de repos ne nous fera pas de mal. Et c'est alors que je repense à la question qu'il m'avait posé tout à l'heure et que j'avais préféré esquiver car je ne savais que lui répondre. Prenant une grande inspiration, je pose mon regard sur les flammes tout en prenant la parole.

Je suis votre mère, et il est de mon devoir de tenir bon en toutes circonstances. C'est ce que votre père aurait fait à ma place. Je tourne alors la tête vers mon fils, glissant ma main sur la sienne dans un geste des plus affectueux. Je suis soulagée qu'au moins l'un de mes fils m'ait été rendu.