The Walking Dead RPG

Un soupir lui échappe alors qu'elle relève les yeux un instant vers le tipi qu'elle partageait avec Corray. Ce dernier a fait ses valises, embarquant Mia avec lui à la demande d'Andrea. La rupture consommée a eu son effet immédiat, le musicien n'a pas bien pris de se faire repousser, et la métisse ne vit pas mieux la situation mais ça n'est plus vraiment une option pour elle de l'entrainer là-dedans. A l'abri des regards, Andrea s'est permis quelques larmes douloureuses. Avant de se reprendre.

Ses pas la mènent jusqu'au tipi de Lisandro, où se trouve son ex-compagnon, seul. Annabella confiée ailleurs, elle en profite pour avertir de sa présence et entrer finalement : Est-ce que tu aurais deux minutes ? Demande-t-elle simplement, les mâchoires serrées, une moue de circonstances. Depuis leur dernière discussion, qui remonte quasiment à la mort de Soo, Andrea a déjà perdu du poids. L'appêtit n'y est pas, mais c'est facile de mettre ça sur le compte de la dépression. Il faudrait que je te parle, ajoute-t-elle simplement d'un ton qui se veut ferme.

Oh, my eyes are seein' red. Double vision from the blood we've shed. The only way I'm leavin' is dead : That's the state of my, state of my, state of my head

Dans le tipi déserté, le chilien goûte quelques minutes de silence, allongé sur sa couche en désespoir d’un sommeil qui ne vient guère et pourtant aux prises avec une fatigue évidente. L’espace d’une heure - peut-être plus - il peut arrêter de faire semblant, de donner le change. Teresa est sortie avec son fils et Malik, Annabella déposée avec les autres enfants près de Shawna. Au moins parvient-il à la laisser à présent, depuis quelques temps.

L’arrivée d’Andrea à l’entrée de son tipi le fait lever la tête, avant de se redresser sur le bord du lit alors qu’elle entre. « Bien sûr, viens. » L’invite-t-il, avant de lui faire de la place. Elle a les traits tirés, la mine fatiguée. Il peut deviner les kilos perdus sous ses vêtements. Il ne sait pas trop quoi lui dire, en réalité. Cela fait un moment qu’ils ne savent plus vraiment se parler, pour autant… il restera présent pour elle, il le sait. Ce sera toujours plus fort que lui.

Après un silence, il essaye : « Annabella est… » Avec Shawna. Mais il n’a pas le temps qu’elle le coupe pour autre chose. « D’accord… » Puis il la regarde, plus attentivement. Quelque chose le met en alerte, sans qu’il ne sache réellement quoi. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » A quel point doit-il s’inquiéter, au juste ? Il est bien loin du compte.

And I know this is the truth, 'cause I've been staring at my death so many times. These scary monsters roaming in the halls, I wish I could just block the doors and stay in bed until the clock will chime. I felt like I won, but I wasn't done. The nightmare repeats itself every time

❝If I had to lose you, I’d probably lose myself.❞

Un silence passe entre eux, elle doit trouver les mots, et ses yeux ne parviennent pas à s'ancrer dans le regard de son ex-compagnon. Je viens de rompre avec Corray, explique-t-elle alors. C'est la première chose qu'elle parvient à dire, c'est aussi la plus fraiche, celle motivée par des sentiments plus étranges cependant. Nous avons pris le temps de discuter de questions de garde, pour Mia. Avec ma position dans le conseil, il s'en occupera bien plus que moi, ajoute-t-elle pour la précision, en pinçant les lèvres. J'aimerais que tu puisses en faire autant pour Annabella, souffle-t-elle.

C'est là où elle parvient à ancrer son regard dans celui de Lisandro. Là où elle le voit. Sa pupille est brillante des sentiments qu'elle vient de balayer. Elle sait pourquoi elle fait ça, elle sait aussi ce que ça implique. Andrea ne se veut pas fataliste, seulement réaliste vis-à-vis du combat qui l'attend. Il n'y a pas que le conseil, en fait... admet-elle ensuite en inspirant profondément pour apaiser son coeur à la dérive : Ce n'est pas ça le problème, mais je ne peux pas lui en parler, explique-t-elle à celui qui est sans doute son seul ami.

Parce qu'il est aussi le père de leur fille, elle veut qu'il sache dans quoi il s'engage et comment : Nolan pense... Ce n'est plus vraiment une pensée à dire vrai. Enfin... Elle se reprend vite. C'est si bizarre de devoir l'admettre, de s'envisager sérieusement comme "malade". J'ai un cancer, lâche-t-elle de but en blanc, en soufflant longuement. Elle ne se sent même pas défaite de cette tumeur. Avec nos moyens, si je n'y survis pas, je ne veux pas qu'Annabella en souffre, précise-t-elle simplement.

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Il peut difficilement lui épargner un regard surpris. Corray, Mia puis Annabella… Qu’est-ce qu’il se passe au juste ? A quel moment Andrea souhaite prendre ses distances avec ses enfants ? A quel point la mort de Soo l’a affectée ? Si c’est sa façon d’avancer dans son deuil, le chilien entend bien lui faire entendre qu’elle ne peut pas plus se tromper. Mais elle n’a pas terminé.

Un cancer. Il n’était pas vraiment prêt à cette information. Son regard ancré dans le sien, il reste interdit. Un cancer. C’est maintenant qu’il la voit, qu’il la voit vraiment : son teint plus faiblard, ses kilos en moins, la fatigue imprimée sur ses traits. C’est aussi là qu’il comprend qu’elle fait le vide autour d’elle.

Il se ferme automatiquement. Il sent une certaine colère qui gronde dans son coeur, mais en réalité il a surtout peur. Peur de se dire qu’elle pourrait ne plus être là dans un avenir beaucoup trop proche. Mais il se contient - pour le moment. « Que dit Nolan ? Son diagnostic ? Les pronostics ? Les solutions ? » Il n’est pas d’accord sur ce qu’elle est en train de faire, mais il a besoin d’en savoir plus.

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❝If I had to lose you, I’d probably lose myself.❞

Une tension vive lui cerne le ventre. Le silence de Lisandro est aussi lourd que le diagnostic de Nolan. L'espace d'une seconde, elle ne sait même pas quoi dire. Elle se sent dépassée, soucieuse, morte. Et les questions suivent, s'enchainent, presque trop bien pour que ça soit anodin. Elle pince les lèvres : Je n'ai pas retenu toutes les précisions, explique-t-elle dans un premier temps pour qu'il n'attende pas trop de la situation. La tumeur est palpable, assez grosse, d'un geste, elle vient désigner la zone concernée.

C'est la douleur qui s'est imposée à elle en premier lieu. Andrea n'est pas dupe à ce sujet, ça n'est pas anodin à partir du moment où elle est déjà là. Mais... Oui, ça fait peur. Très peur. Ils me parlaient d'une ablation du sein pour éviter les récidives mais on partirait d'abord sur une opération pour retirer la tumeur, explique-t-elle. Elle le précise, mais oui, Quinn est aussi au courant. Avec lui désormais. C'est beaucoup de gens pour un secret. Ils doivent s'entrainer dans un premier temps et retrouver du matériel pour mener l'opération, ajoute-t-elle.

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Cancer du sein, donc. Il détourne la tête, les pensées et les émotions se bousculent. Il reste tendu par la colère et par la peur, plus insidieuse. Oui, l’ablation est la solution la plus sûr - la plus radicale aussi. Mais il a dû mal à être le médecin dans cette conversation. Il ne pourra probablement pas l’être, même quand cette nouvelle aura été digérée.

Sa main s’est refermée machinalement sur quelque chose - c’est l’un des doudous de leur fille.  Ce qui le met d’autant plus en colère. « C’est des conneries. » Souffle-t-il, en colère et bien sûr, impuissant. Il finit par la regarder. Les risques sont grands. Surtout à leur époque. « Je suis désolé. C’est juste que… » Juste que quoi, au juste ? « Rejeter ceux qu’on aime en pensant que ce sera plus facile pour tout le monde, c’est mon truc. Pas le tiens. » Lâche-t-il, durement. Il pense à Corray, qui aurait dû se trouver là, avec elle. Il les avait lui-même rejeté à l’époque, est-ce que ça n’avait pas attisé plus de souffrance encore ?

Il finit par souffle, profondément. Surtout parce qu’il commençait à sentir la colère le faire vibrer malgré lui. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi, Andrea. » Lui demande-t-il, finalement. « Je m’occuperais d’Annabella… pour que tu puisses guérir. » Ajoute-t-il, pour devancer cette demande. Qu’attendait-elle de lui en venant le trouver lui plutôt qu’un autre ?

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Des conneries ? Andrea relève le nez vers lui et se mordille la lèvre. Je sais, que c'est son truc. C'est ce qu'il a fait quand l'amputation de son bras lui a semblé insurmontable. Pourtant, l'afro-américaine en est encore à croire que ça peut les épargner, tous. Mais je ne vois pas d'autres solutions si ça se passe vraiment mal, admet-elle alors en haussant les épaules. De la même manière, elle compte faire en sorte que Nima prenne totalement sa relève, et d'ici trois mois, qu'elle puisse se retirer du conseil définitivement.

Si c'est pour que mes filles me pleurent, je veux qu'elles se fassent déjà à l'idée qu'elles pourraient n'avoir plus que vous, elle ne supporte tout simplement pas l'idée de les savoir tristes par sa faute. A cause de son absence. Il en va de même pour Ruben, à qui elle n'a pas encore parlé de tout ça. Je ne te demande pas de me comprendre là-dessus, c'est... C'est parfaitement étrange pour moi aussi, explique-t-elle : C'est tout ce que je veux : que tu t'occupes d'Annabella, quoi qu'il arrive, parce qu'elle n'aura pas la force de le faire, littéralement.

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