The Walking Dead RPG

Une boisson chaude entre les mains, je fixe le vide, appuyé contre un des meubles de la salle qui devrait à terme – normalement – devenir la salle de chirurgie. Sauf que le terme va être plus rapide qu’escompté. Enfin, tout dépend d’Andrea à dire vrai. Qui doit pas tarder donc. Quinn l’attend, dans la pièce principale, alors que de mon côté, je relis pour la millième fois le protocole qu’on a mis en place.

Finalement, après quelques minutes, la porte s’ouvre. Une tête rousse suivie d’Andrea. Je leur fais signe de refermer, non sans observer longuement la brune, comme si m’aidait à savoir comment elle allait sans que j’ai à poser la question. Sauf que ça marche pas comme ça. « Comment tu te sens ? » Soufflé d’une voix qui trahit pas du tout mon état de nerfs, j’avoue, je m’impressionne tout seul sur ce coup-là. Y a juste mes doigts un peu trop crispés sur la tasse qui pourraient se remarquer. Et j’ajoute, toujours sur le même ton tranquille. « Je suppose que tu sais pourquoi je t’ai demandé de venir. On va pas tourner autour du pot pendant 1000 ans. » Reste juste à trouver comment je vais dire ça. Ou Quinn. Ou… ah non, ce sont nos deux seules options. Bref.

"Our wounds are often the openings into the best and most beautiful part of us."

Elle doit tenir ces rendez-vous, avant que Nolan ne vienne la trainer par les cheveux à l'infirmerie. Le plus dur pour elle est de justifier le temps qu'elle doit passer là-bas de toute évidence mais en même temps, qu'y peut-elle ? Sans en avoir parlé pour l'instant à Corray, elle temporise toujours le moment où elle devra faire cette révélation. Il en va de même pour les autres, les membres du conseil. Elle ne sait pas quand ça sera le plus judicieux, si ça a un quelconque intérêt pour eux. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle ne veut pas mettre de mot pour l'instant sur sa situation.

En retrouvant les deux autres, elle avise de la présence de Quinn. Ils sont deux au courant désormais. Deux, c'est beaucoup. Andrea en est un peu à regretter tout ça, ne sait pas si elle n'aurait pas dû simplement... Se laisser mourir, pour garder un semblant de pudeur, et peut-être, de dignité. Ca va, je suis juste fatiguée, annonce-t-elle au médecin. Et vous ? Vous vous en sortez ? avec cette nouvelle infirmerie, et tout ce qu'il y a à faire pour l'améliorer. Ce n'est pas le sujet. Est-ce que vous avez trouvé des solutions alors ?

Oh, my eyes are seein' red. Double vision from the blood we've shed. The only way I'm leavin' is dead : That's the state of my, state of my, state of my head

Elle ne peut s'empêcher de rester profondément silencieuse, quand elle ramène Andrea devant Nolan, se contentant d'un bref hochement de tête à la question de leur leader. Et comme le faisait remarquer le pédiatre... Autant ne pas tourner autour du pot, oui. On en à trouvé. Et c'est un regard décidé qu'elle ose porter sur Andrea, avant de croiser celui de Nolan, dont les mains sont toujours entourées autour de la tasse. Plusieurs, en fait. Et il n'en faut pas plus pour qu'elle lui tende le plan qu'ils ont monté ensemble, avec le pédiatre, pour espérer trouver tout le matériel possible.

Et pour chaque potentielle question, nous avons également une réponse à apporter au Conseil, ou tous ceux qui chercheraient à s'interroger sur les expéditions qu'on souhaiterait mettre en place. Comme celle de ramener des corps de rôdeurs pour s'entraîner aux opérations, qui serait sans doute celle qui ferait le plus tiquer. Compréhensible, au demeurant. Avisant Nolan du coin de l'oeil, avant de reprendre à l'attention d'Andrea. On à passé plusieurs heures à étudier la question, je vais laisser Nolan t'exposer les solutions envisageables à court, moyens et long terme.

Hochant la tête vers son ami pour l'inciter à prendre le relais, et ne pas laisser le suspens s'éterniser dans cette discussion.

Let your chaos explodes

Je balaie l’air de la main quand elle nous demande comment on s’en sort. C’est pas trop le sujet. Et Quinn recentre vite le débat alors que, de mon côté, je prends une grande inspiration. « On a réfléchi à toutes les options qui pourront te donner les plus grandes chances de guérison avec les moyens qu’on a actuellement et ceux qu’on va pouvoir obtenir à court et moyen terme. » Autant dire que c’était limité mais ça, je pense qu’elle en est parfaitement consciente. « Le point positif, c’est que le cancer du sein est un de ceux qui se soignent le plus facilement. » Ouais, ouais, tout est relatif. « L’autre point positif, c’est qu’au vu de ton état de santé, on est encore très tôt dans la progression. »

Je me frotte la nuque et je reprends, plus sérieux que jamais. « Mais le fait qu’on va pas pouvoir se permettre d’attendre d’avoir le matos pour vérifier si c’est une simple tumeur bégnine ou pas. Si on veut avoir une vraie chance de gagner, et je suis convaincu qu’on en a une, il va falloir qu’on agisse rapidement. Et pratiquer une ablation du sein. » Je laisse filer un silence, guettant déjà sa première réaction. « Avec l’opération, on pourra prélever les ganglions et tenter de les analyser avec ce qu’on aura récupéré entre temps. Et ensuite, on aura tout un protocole à mettre en place, pour être sûrs qu’il y ait une rémission totale. » Si elle refuse déjà cette première étape, pas la peine de réfléchir au reste.

"Our wounds are often the openings into the best and most beautiful part of us."

Elle se concentre, le sujet est pris très au sérieux par ses deux interlocuteurs qui entendent présenter ses options. Il y a des mots utilisés qu'elle ne comprend pas vraiment de sa position. Pas faute d'avoir été fiancée à un médecin lorsqu'elle était encore à Los Angeles, mais tout ça remonte à si loin qu'elle ne sait pas vraiment quoi en penser. Les lèvres pincées, l'afro-américaine reste silencieuse un long moment en essayant de... elle ne sait pas trop.

Mais les termes prononcés la figent soudainement. Une... Ablation ? Reprend-t-elle alors en fronçant les sourcils. Elle se pensait préparer à tout. Là, en l'entendant, elle réalise que non, pas du tout. Et par réflexe, elle porte sa main à sa poitrine, nerveusement. Il n'y a pas d'autres moyens ? Demande-t-elle alors. Ils se rendent compte qu'ils pensent l'amputer encore d'une partie d'elle-même. Combien de morceaux devra-t-elle laisser derrière ? Mais vous avez de quoi pratiquer une opération comme ça ici ?

Oh, my eyes are seein' red. Double vision from the blood we've shed. The only way I'm leavin' is dead : That's the state of my, state of my, state of my head

Les mots tombent tel un couperet, alors que Nolan expose la situation, et la solution envisagée. Radicale, mais qui aurait le mérite de peut-être régler tout problème, alors qu'elle relève les yeux vers Andrea pour capter sa réaction à l'idée. Et sans surprises, elle voit cette main se relever à sa poitrine, pinçant brièvement les lèvres. Comme le souligne Nolan, nous n'avons pas les capacités pour effectuer un prélèvement, et déterminer l'avancée de la maladie. reprends la rouquine avec douceur. Pas plus de possibilités non plus d'espérer avoir accès à des moyens médicaux comme la radiothérapie, ou la chimio. Et au vu de la situation? Elle ne se prêterait même pas à essayer, après sept ans à l'abandon dans des ruines, quand bien même ils trouveraient le nécessaire.

Andrea, c'est ... J'entends que ce soit radical, et un choc à entendre de vive voix. Ca n'enlève en rien ton ressenti sur la question, mais si on veut être sûre que tu n'ai plus à revivre ce problème... Il faudrait en passer par là. Quand au matériel ? Son regard croise celui de Nolan, reprenant. Pas encore, mais on à cherché. Il y à un département d'oncologie dans un des hôpitaux les plus proches, des écoles médicales... Ce ne sont pas forcément les bâtiments qui ont été les plus fouillés, avec le nombre de rôdeurs alentours. On saura y récupérer le matériel nécessaire à l'opération et ... Là, c'était la partie gênante. Nous comptons nous entraîner, pour que ce soit un succès. Si tu consens à cette opération, bien évidemment.  Parce que son avis compterait toujours, quoi qu'il arrive. En tant que femme, elle ne pouvait que comprendre, supposer ce qui devait lui tourner dans la tête à cet instant. Est-ce que tu as des questions, des doutes sur lesquels nous pouvons te rassurer ?

Let your chaos explodes

J’ai un bref hochement de tête quand elle reprend le terme utilisé. Je sais qu’il va lui falloir un peu de temps pour assimiler l’information et je laisse Quinn donner quelques explications complémentaires. Avant de reprendre, d’une voix douce. « Comme elle vient de le dire, on a réfléchi à tout ce qu’il faudra faire si et seulement si tu consens à cette opération. C’est ton choix Andrea et on peut te laisser le temps nécessaire pour la réflexion. Que ce soit pour accepter ou pour refuser ce qu’on te proposer. » Bon, j’aimerais autant qu’elle dise oui, parce que c’est la seule solution où j’entrevoie une possible fin heureuse, mais je peux entendre qu’elle ait pas envie de s’infliger ça, surtout après tout ce qu’elle a pu déjà vivre ces dernières années.

J’ai un temps et je continue, toujours sur le même ton. « On est tous les deux prêts à faire tout ce qu’il faudra pour mettre toutes les chances de notre côté. J’aurais aimé qu’on ait une option moins radicale à te proposer, mais c’est celle qui nous permettra de te garantir au maximum tes chances de guérison. »

Quinn ayant déjà donné les différentes étapes qu’on a déjà en tête, je me dis que c’est pas la peine de l’assommer avec des détails qui, pour le moment, ont pas grand intérêt à ses yeux.

"Our wounds are often the openings into the best and most beautiful part of us."