The Walking Dead RPG

On prend l'air avec Analya. Elle est emmitouflée contre moi, sa petite main tient mon doigt fermement, comme si fallait vraiment pas le lâcher. J'ai un sourire tendre en la regardant faire, veillant quand même à ce qu'elle ait pas froid. Mais on s'habitue vite aux températures basses, j'ai presque l'impression d'être à Moscou. La neige, le verglas, parfois les averses de grêles, cette ambiance d'apocalypse, c'est comme à la maison quoi. Cette pensée m'arrache un sourire amusé. Alors que je relève les yeux.

Le domaine est plutôt vivant cependant. Ces derniers temps, même si les réserves ont pris un sérieux coup dans l'aile et que nourrir tout le monde est pas des plus simples, personne lésine sur l'investissement à avoir. J'me dis de mon côté que je pourrais m'arranger pour organiser un petit voyage vers Belfair et pouvoir croiser Logan là-bas si possible, mais pour l'instant, je temporise parce qu'Analya est pas forcément en état de bouger comme il faudrait. Enfin, ça arrivera pas de si tôt, c'est juste que j'suis pas non plus sûre de pouvoir tenir la route encore.

Faut que je récupère un peu de cardio. Mes yeux suivent au loin, Cooper semble occupé avec la blonde arrivée quelque chose plus tôt, du côté des chevaux. Je les laisse tranquille, la gamine a pas l'air très solide sur ses appuis, du moins, y'a une sorte de fragilité chez elle, dans son regard, qui augure qu'elle a besoin de cette solitude ou d'la proximité des chevaux pour aller mieux. J'crois que c'est là où je revois les traits d'éducateur de Cooper, d'comment il parvient à se familiariser avec tout ça.

Mais sa frangine, Mary, squatte juste à côté d'moi depuis quelques instants, et je capte ses regards dans ma direction. Ou surtout dans celle d'Analya. Tu comptes nous regarder comme une petite fouine encore longtemps ? Que j'lui demande de but en blanc. Si elle a un truc à nous dire, autant qu'elle le fasse directement. C'est la petite qui te rend aussi curieuse ? que j'lui demande finalement en fronçant les sourcils.

Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.

Okay, ptet que je me suis un peu emballée et que j’aurais dû mettre une millième couche de fringues. Sans exagération aucune, ce serait pas mon genre. En vrai, il fait pas siii froid que ça. Juste que l’air est vachement différent.

… ouais, ça parait bizarre dit comme ça, pourtant, j’arriverais pas à mieux expliquer en vrai. J’aime bien cet endroit, j’suis heureuse de voir que papa est bien installé. Et j’ai envie de croire qu’il fera vraiment du bien à Joe. J’ai surtout besoin de le croire, de me raccrocher à ça. Parce que moi aussi, ça m’aidera à aller mieux.

J’inspire longuement, alors que mon attention est captée par une brune qui a genre un tout petit bébé contre elle. J’crois qu’elle fait pas partie du groupe mais, franchement, j’ai un peu de mal à suivre qui est qui dans tout ce joyeux foutoir. Les gens ont été super accueillants avec moi et tout, mais c’est compliqué de retenir autant de noms et de savoir qui fait quoi. Ou qui va où aussi. Ils sont hyper occupés et, pendant une seconde, j’me suis quand même demandé si ce serait pas cool. De finir dans un de ces groupes. Ptet que la vie serait plus simple en vrai. Même si j’ai pas envie de perdre cette liberté de faire ce que je veux. C’est un peu… compliqué dans ma tête et ptet aussi que j’verrais pas les choses pareil au printemps ou cet été, quand la vie sera plus facile à Lakeshore.

J’ai laissé Joe avec Cooper, en train de s’occuper des chevaux. Et, sans vraiment m’en rendre compte, je continue de fixer la brune. Ouais, j’tilte pas que ça peut être un peu malaisant dans le genre et, c’est quand elle finit par parler que j’sursaute, soufflant un « oh merde, désolée » avec une grimace. Là, faut que j’trouve un truc intelligent à dire j’imagine. Mais elle enchaine, alors que je bats des cils, me frottant le nez. « J’essayais de me rappeler ton nom et… ouais, ptet que la petite m’intrigue un peu. » J’ajoute, louchant un peu sur le petit machin dans ses bras. « Elle est tellement petite ! » Et mignonne comme tout en vrai. D’un coup, j’me demande comment on va gérer si Johanna garde le bébé. Il sera aussi petit ? Et comment on va faire ? J’veux dire, ça se casse facilement ces trucs là non ? « J’voulais pas te… enfin faire ma petite fouine. J’m’appelle Mary au fait. » Au cas où elle le saurait pas. Bon, ptet qu’elle a une meilleure mémoire que moi. Mais au moins, j'ai l'impression de pas être comme une débile à la regarder quoi. Pas totalement en tout cas.

La petite rouquine s'excuse rapidement, et je lui offre un sourire moqueur l'espace d'une seconde. Sa tête m'dit quelque chose, on dirait que la réciproque est vraie. J'crois que je revois surtout l'environnement dans laquelle j'l'ai déjà croisé, et la personne qu'était avec elle. Même si avec le temps, les traits d'l'ukrainienne ont fini par s'effacer d'mon esprit, notamment parce que c'était pas vraiment mon amie non plus, j'prends conscience que j'remets un peu les filles qu'étaient en sa compagnie.

Yulia, que j'me présente rapidement avant d'lui offrir un autre sourire : T'étais dans les jupons d'Oxana la dernière fois que j't'ai vu, et ça remonte à loin. Après, est-ce que c'est grave ? Pas forcément, on s'en moque un peu. T'as grandi, que j'souffle finalement. Ouais, quelques centimètres, elle a les traits plus fins, moins enfantins, vraiment le signe qu'elle a changé et qu'elle est sans doute plus adultes qu'enfant. Adolescente, quoi. Enfin, c'est pas vraiment le sujet.

Elle semble vraiment intéressée par ma fille, qui moufte pas. Contre moi, ma gamine donne l'air de vivre paisiblement, ses siestes sont très agréables. Elle a quelques semaines à peine, c'est un bébé de Noël, que je souffle. A quatre jours près en tout cas, elle m'a fait une belle arrivée. Elle s'appelle Analya, que j'ajoute. Analya Iojov-Castle. Et elle est objectivement la plus belle au monde, même si on va venir me dire le contraire parce que tous les parents pensent ça d'leur enfant.

T'en as déjà vu des aussi petits ? Que j'demande à la rouquine avec curiosité, en lui lançant un bref regard amusé : Elle m'a pas ménagé pendant la grossesse, une vraie terreur, entre ses soirées looping et le diabète qu'elle m'a collé parce qu'elle a décidé d'être du gabarit d'son père. T'en as déjà tenu un ? que je demande finalement en glissant le regard vers elle. J'peux lui montrer comment faire. T'es un peu jeune pour vouloir des gamins par contre, hein... Que ça lui donne pas une vocation.

Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.

Yulia. Okay, je commence à la remettre. Mais clairement, je l’ai déjà croisée avant tout ça. Probablement du temps du No man’s land. Sauf que, vu que j’passais mon temps à fureter partout, ça aide pas trop à … j’ai un froncement de sourcils quand elle reprend et je souffle, pas trop sure de moi. « T’étais pas du même groupe qu’Isha ? » Quand je suis venue garder sa petite, elle était là non ? Et quand elle reprend, j’ai un hochement de tête. « Ca commence à dater en même temps. » Enfin pour moi, un peu plus d’un an, c’est un peu toute une vie.

A sa remarque, j’ai un sourire plus malicieux. « Parait que la mauvaise herbe, ça pousse bien. »  Bon, j’grandirais pas plus, mais 1m63, c’est tout à fait respectable je trouve. J’continue quand même de loucher sur la petite, fascinée à voir ses doigts minuscules. « Un bébé de Noël ? » Vu la façon dont elle en parle, c’est visiblement une bonne chose. Du coup j’peux ajouter, sans trop avoir peur de me foirer. « C’est un chouette cadeau alors. » Et quand elle me dit son nom, mon sourire se fait plus doux. « Ca sonne bien à l’oreille. »

Et j’fronce le nez quand elle me demande si j’en ai déjà vu des aussi petits, réfléchissant très sérieusement à la question. « Nan, j’crois pas. Enfin le dernier qu’j’ai vu était quand même déjà plus grand. » Ca faisait plusieurs mois que j’étais pas allée à Sanctuary Point, du coup les petits d’Ana et d’Hazel avaient largement eu le temps de pousser entre deux. « Et elle est plus calme maintenant ou c’est toujours une terreur ? » J’secoue la tête à sa question, écarquillant un peu les yeux. « Nan. Mais on risque pas de la casser si on la tient mal ? » J’lève un sourcil avant de reprendre, vaguement dépitée. « Ouais, ouais, ma question me paraissait pas si débile tant que je l’avais pas dite à haute voix. » J’veux dire, on peut pas casser un bébé. J’crois pas. Enfin, pas juste en le tenant quoi. J’imagine.

Hum. Bref. Je toussote avant de glousser nerveusement quand elle reprend. « J’veux pas de gamins. Enfin, c’est pas prévu pour le moment quoi. J’ai déjà assez de mal à me gérer moi-même. Ptet plus tard. Un jour. » Et j’ai un silence avant de reprendre, dans un murmure songeur. « Ca fait quoi ? D’être maman ? » J’me suis souvent posé la question sans trop osé le demander aux mamans que j’connais. A part Eden. Enfin je lui ai jamais demandé directement, juste j’ai pigé que toute sa vie passait après celle des petits quoi. Et je sais même pas si ça la rend vraiment heureuse. Mais visiblement, c’est pas aussi simple.

Si, j'en suis la patronne figure-toi, enfin, un peu en vacances loin des miens et pas vraiment pour les bonnes raisons mais on peut pas tout avoir dans la vie. Je pince les lèvres avant d'soupirer, l'temps de. L'instant d'après, j'essaie d'surtout pas penser à c'qui m'a amené loin d'chez moi. C'est fou comme on peut vite se sentir vieux, ouais, déjà plus d'un an qu'on a dû quitter Seattle sans rien, pour crever la dalle sur les routes. Mes yeux s'baissent vers la petite, qui chouine pas l'moins du monde d'sa condition : C'est son père qui l'a choisi, ça lui va bien, au moins la décision a pas été compliqué à prendre.

Je pense qu'elle a pas encore montré tout son potentiel, que j'ajoute alors avec amusement. Je la défais un temps de son écharpe : Tiens, essaie, avec précaution mais autorité, j'la lui apporte, l'aidant à bien placer ses bras : Tu tiens la tête ici, elle a pas encore assez de muscles pour le faire toute seule alors elle a besoin de ton aide, que j'explique : Puis tu t'aides de ton bras pour le reste, comme ça tu peux l'avoir contre toi, quand la jeune fille est prête, j'relâche Ana qui fait pas un geste pour s'faire de sa nouvelle porteuse. Elle est toute légère, on l'oublie vite, avec attention, j'passe l'écharpe autour d'la taille d'Mary pour la soulager encore.

Tout dépend des gens, que j'lui souffle à sa question en haussant les épaules : Pour moi... j'ai un temps. Soudainement tout a pris sens dans ma vie, que j'explique. C'était le truc le plus évident du monde, je suis faite pour ça. Mais parce que c'est elle, tu vois ? j'crois qu'y'a qu'avec Analya que j'peux expliquer le concept d'amour au premier regard. Et puis, elle me pousse a être meilleure, à tenir le coup, c'est pas facile... Mais sans elle, ça serait encore pire, que j'ajoute avec un sourire. Voilà, ça change tout ça... simplement tout. Pourquoi ?

Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.

Je bats des cils quand elle me répond. « Ooooh, j’suis pas totalement à côté de la plaque alors. Ca va. » J’ai quand même une hésitation, me demandant comment elle a pu s’retrouver ici, lui lançant un regard curieux au reste de ses propos. « Tu t’sens vieille en m’voyant pousser comme une mauvaise herbe ? » J’avoue, c’est marrant. Enfin, pas pour elle, c’est plus bizarre on va dire. Et j’ai un temps, songeuse. « J’ai parfois l’impression que la dernière année a fait vieillir tout le monde d’un coup. » Même moi quelque part. Pas grandir non, vieillir, m’user. Ouais j’sais bien que ça craint pour une gamine d’à peine 16 ans. Mais tant que j’garde ça dans ma tête, c’est pas grave non ?

« Son père est là ? » J’suis pas vraiment au fait des histoires de cœur du coin et j’espère que j’suis pas en train de faire une boulette. « Il a bien choisi en tout cas ouais. » Et je prends une grande inspiration quand elle me dit d’essayer. « C’est vrai qu’elle est toute légère, c’est dingue… » J’suis un peu surprise, alors que j’fais exactement ce qu’elle me dit. « Comme ça ? » La voilà toute calée contre moi alors que j’effleure sa joue d’un geste un peu timide, remarquant à peine que Yulia passe une écharpe autour de moi.

J’finis par relever la tête à ses explications, laissant filer un silence songeur. Ptet que c’est ça qu’il faudrait à Johanna en vrai. Quelque chose qui l’aide à donner du sens à sa vie qui soit pas la vengeance ou la destruction. Et j’ai beau l’aimer de toutes mes forces, j’suis pas bête, ça sera ptet pas suffisant pour l’aider à se sortir de tout ça. « C’est genre… une évidence ? » J’ai l’impression que c’est ce qui ressort de ses paroles. J’ai une moue à sa question, avant de reprendre, fronçant les sourcils. « J’me demandais surtout ce qui s’passerait si… si on avait un bébé qui arrivait dans nos vies. Si ma sœur en avait un par exemple. » Je sais pas encore si elle compte le garder ou pas, c’est un peu plus flou de ce côté-là, surtout après ce qui s’est passé il y a quelques semaines. « Et j’sais pas si … enfin si on pourrait bien s’en occuper. Tu vois ? Tenir le coup pour soit, c’est déjà pas simple, mais là, c’est pour quelqu’un qui a rien demandé, qui est tout fragile et qu’il faut protéger. » Quand je vois à quel point Analya est toute menue, j’me sens bien incapable de veiller sur elle perso.

Non, on vit pas dans le même groupe, lui et moi, que je lui souffle en haussant les épaules : Mais il est cool, il veut quand même assumer pour la petite, il fait en sorte qu'on meurt pas de faim quoi, et qu'elle puisse avoir des soins si elle a un problème, c'est bien, et ça me soulage, à dire vrai. Là, d'voir m'occuper d'elle, ça m'occupe l'esprit et le temps. Et ça renvoie très loin les angoisses liées aux pirates et à ce qu'ils m'ont fait. M'concentrer sur Analya, ça m'sauve clairement la vie. Tu t'en sors très bien, que j'lui souffle avec un sourire encourageant.

Elle fait les choses avec applications et précautions, consciente qu'elle est fragile et qu'elle dépend d'elle, donc. C'est super, ça prouve qu'elle est mature et prudente, c'est une bonne chose. Mais j'imagine qu'Oxana a toujours fait en sorte d'leur apprendre, peut-être à la dure, ce qu'est la vie, ce qu'est d'protéger des personnes faibles. Surtout des femmes. Ouais, c'est exactement ça : une évidence, que j'lui souffle en fronçant les sourcils, un hochement de tête plus tard, j'me dis que je suis pas totalement à côté de la plaque si elle capte ce que j'veux dire.

Mais t'sais après, c'est pas le même effet pour tout le monde. Y'a des mères qui ont besoin d'apprendre à connaitre leur bébé pour que l'évidence soit aussi intense, que j'lui explique. J'veux pas qu'elle s'imagine qu'c'est un claquement de doigt pour tout le monde. Même pour Analya et moi. Je l'aime à en crever, et si elle devait disparaitre, j'me foutrais en l'air. En revanche... J'vais quand même devoir apprendre à l'aimer, à la connaitre, comme elle a besoin. C'est quand même un inconnu qui a besoin de toi tout le temps, c'est pas facile à comprendre, que j'ajoute. Et c'est super personnel comme façon de voir...

C'pour ça que je m'interroge un peu sur pourquoi elle m'questionne sur tout ça. Avant qu'un petit doute m'passe comme ça. La rouquine semble un peu perdue sur c'coup. T'es sûre que ça va ? que j'lui demande. Sa mise en contexte m'fait froncer les sourcils bizarrement : Dis voir... Ta frangine serait pas vraiment enceinte, par hasard ? Je plisse le regard : C'est quoi, tes conditions d'vie ? C'est plus simple comme ça, pour m'faire une bonne idée d'la situation en fait.

Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.