The Walking Dead RPG

C’était bizarre de voir Lynn lui sourire comme ça, mais ça faisait chaud au cœur à Maelys. Surtout alors qu’elle ne pouvait qu’imaginer combien les derniers mois avaient été déroutants et difficiles pour elle. Elle savait que Lynn était habituée à susciter l’envie et les jalousies, elle le lui avait dit quand elles avaient été renouveler ses vêtements, mais… Les murmures sur son passage, les médisances et les méchancetés, c’était autre chose. Alors que depuis son arrivée à Walla Walla, Maelys s’y était plus qu’habituée. Alors, plus que tout le reste, elle avait fait des efforts, pour que Lynn ait un havre de paix, en dehors de tout ça. Surtout alors que les rumeurs seraient probablement décuplées, maintenant que Noah était né. Mais il bénéficierait de tout l’amour que les femmes Atkins et Reid pourraient lui offrir, et de celui de son grand-père.

Est-ce qu’il aurait droit à celui de son père ? Maelys aurait voulu en parler à quelqu’un, mais elle savait bien que Lynn ne voudrait pas en entendre parler, et elle ne voulait pas encore dire à Jena que Locklan lui manquait et que si Noah pouvait avoir son père dans sa vie, ce serait mieux. April ? Elle ne pouvait pas lui infliger ce secret. Alors elle gardait cette pensée solidement enfouie en elle, bien loin.

Réalisant qu’elle s’était perdue dans ses pensées, elle essaya de reprendre la conversation en cours de route. « Mère-grand ? Faut déguiser Noah en petit chaperon rouge, alors ! Et Wilan en loup ! » C’était bien comme ça qu’ils appelaient la grand-mère du petit chaperon rouge non ? « Peut-être qu’on peut chercher des noms dans d’autres langues ? » Qui feraient moins âgés, ou bizarres, pour sa mère ? Même si Maelys n’y connaissait rien elle-même. De toute façon, avant qu’il ne puisse le prononcer, ils avaient le temps. « Ça lui va très bien. » Même si ça n’était qu’un bébé, et qu’on pouvait difficilement savoir ça, il avait une tête de Noah.

Ce n'était pourtant pas lui qu’elle regardait, mais Lynn, alors qu’elle évoquait Ray. Sans qu’elles en aient vraiment parlé, Maelys savait combien ça devait être difficile, surtout après ce que son aînée lui avait confié sur son mariage. Souriant maladroitement, elle posa sa main sur l’épaule de Lynn, très brièvement – juste assez pour qu’elle le sente mais pas au point de l’embarrasser, avant de tenir plus fermement le bébé. Heureusement, d’ailleurs, parce qu’elle se concentrait sur lui, plutôt que de laisser le choc l’envahir, alors que Lynn se mettait à parler, non sans prendre son temps. Elle devait avoir un air idiot sur le visage, alors qu’elle entrouvrait puis refermait la bouche, totalement stupéfaite. Ses yeux s’embuaient même un peu, alors que Lynn lui faisait le plus beau compliment qu’elle pourrait jamais lui faire. La plus belle marque de confiance, aussi. « Je… Je te promets que je prendrais soin de lui ! Avant tout le reste ! » Avant sa propre survie, s’il le fallait. « Je… Je dois me faire baptiser, pour ça ? » Elle était à peu près sûre que oui mais, même si elle avait du mal, elle suivait avec attention tous ses cours, pour les apparences. Alors si elle devait le faire, elle le ferait. Comme elle était déjà âgée, il paraissait que c’était possible de tout faire en même temps. Et elle doutait que Lynn veuille autre chose qu’un baptême religieux pour Noah.

Un rire cristallin s'échappe des lèvres de Jena à la réponse de Lynn. « Je crois qu'il y a un peu de ça en effet. La preuve, malgré la douleur, on refait des enfants. » Le corps subit un terrible traumatisme, mais tous ces sacrifices en valent la peine quand on peut enfin errer son enfant dans ses bras. Enfin il y a des femmes qui ne ressentent pas ça, mais ce n'est pas forcément la majorité. Elle est heureuse de constater que pour Lynn, c'est le cas et qu'elle semble épanoui, malgré la fatigue. L'instinct maternel, ça n'existe pas, hélas. Lynn plaisante alors sur la façon d'appeler Jena mamie. Outch... Elle se sent bien trop jeune pour ce genre d'appellation, mais elle grimace encore davantage quand elle parle de grand-mère. « Je vais me croire la vieille dame dans le petit chaperon rouge à cette allure. » Et Maelys pense la même chose au même moment, tandis qu'elle imagine déjà quelques déguisements pour toute la famille. Elle avise April qui commente, même si elle ne saisit pas tout. La subtilité du langage des signes lui échappe encore malheureusement. « Je ne sais pas si je veux savoir à quel point. » Enfin si, elle est curieuse tout de même. L'idée de sa fille de chercher dans une autre langue ne manque pas d'intérêt, mais elles sont américaines, cela perdrait de son sens, non ?

Maelys l'interroge sur la raison de ce prénom et l'hésitation dans la voix de Lynn ne lui échappe pas. Un prénom choisi en commun avec son époux, aujourd'hui disgracié. Quel gâchis. Mais Lynn semble surmonter cela. Elle n'a jamais été amoureuse de lui, mais a éprouvé une tendre amitié. Jena n'a pas vraiment été surprise que ça ai mal tourné alors qu'il était si tourmenté. Et maintenant, elle n'a plus de contacts avec lui et ignore quel est son état mental... « J'aime beaucoup Noah. » C'est un excellent choix. « Les filles étaient tellement excitées... Cela les a occupé. Un peu. » Elle répond avec un petit sourire amusé.

Sourire qui se fige quand Lynn demande à Maelys d'être la marraine de Noah. Le cœur de mère de Jena se remplit d'amour pour toute cette famille, alors qu'elle observe attentivement la réaction de sa fille. Maelys a beau avoir un mauvais caractère, vouloir partir d'ici, elle a bon cœur... Et elle commence à vraiment aimer cette famille. La jeune fille accepte, prenant alors ce rôle très à cœur, promettant de prendre soin de suite, de le faire passer avant tout le reste. Prise d'un élan d'affection, enveloppée de l'amour des siens, Jena tend alors la main vers Maelys, venant caresser ses cheveux. « Tu seras une marraine exceptionnelle. » Et dans toute cette euphorie... Le spectre de Locklan danse encore... petit à petit, elles intègrent le quotidien des Atkins, effaçant les Reid... Jena se demande si son fragile bonheur ne va pas éclater comme une bulle qu'on perce d'une aiguille... et tout venir faire voler en éclats.

Je rends un large sourire à Jena, hochant la tête quand elle reparle de faire des enfants malgré la douleur. Et je souffle, un brin songeuse. « C’est… je ne pensais pas que je pouvais avoir autant d’amour en moi juste pour une si petite chose. Je l’aimais déjà avant qu’il ne vienne au monde, mais là c’est… ça me donne le vertige en vérité. » Même si je sais bien que les choses sont difficiles avec l’absence de Ray et que ce sera toujours délicat, surtout qu’un jour, il faudra que je lui raconte la vérité. Mais dans l’immédiat, j’ai envie de profiter de cette vague de bonheur et de l’amour que j’éprouve pour les gens qui m’entourent.

Et je ne peux pas m’empêcher de sourire aux échanges quant à la façon dont tout le monde essaie de trouver une nouvelle appellation pour Jena. Parce que ça veut dire que toutes les personnes présentes pensent comme moi, que nous sommes bien une seule et même famille. Ca me réchauffe le cœur, surtout que je sais Noah en sécurité parmi ces personnes. Tout comme Wilan et April. Et après ce que papa m’a raconté, c’est un véritable soulagement. « Sinon, il y a Nana. C’était comme ça que j’appelais ma grand-mère quand j’étais petite. » Et ça sonne tout de même mieux que mère-grand.

Si parler de Ray est difficile, je sais aussi que je ne pourrais pas faire comme s’il n’avait jamais existé. Parce que ce bébé a forcément un père et qu’il a tout de même été important dans ma vie, même si ça n’a duré que quelques mois. Alors, autant m’habituer et faire avec. Au moins, je serais moins prise de court si certains abordent le sujet. « Je suis heureuse que le prénom vous plaise. » Je le signe à April qui me fixe, la mine bien plus sérieuse, avant me rendre un large sourire. Et je tousse un rire quand Jena me raconte que les filles étaient terriblement excitées. « C’est normal avec un nouveau venu dans la maison. Je sais qu’il va bousculer encore un peu vos habitudes. » Comme j’avais pu le faire lors de mon retour. « Mais je ferais au mieux pour que ce ne soit pas trop compliqué pour vous. » Après tout, c’est de ma responsabilité.

Tout comme celle de choisir les personnes les plus à même de veiller sur Noah s’il m’arrive quelque chose. Maelys m’apparait comme une évidence, que ce soit pour resserrer nos liens mais aussi parce qu’elle est forte, capable de protéger mon fils. Et elle l’aimera, j’en suis persuadée maintenant. Je vois que ça la touche et, forcément, ça me réchauffe le cœur. « Merci Maelys. Je sais que je peux te faire confiance pour ça. » Et je tends la main pour serrer la sienne quelques instants avant de hocher la tête quand Jena confirme qu’elle sera une marraine exceptionnelle. « Il n’y a pas besoin que les deux parents soient baptisés. L’un des deux suffit. Et comme j’envisage de demander à Jacob s’il veut bien être le parrain, je sais que ça fera plaisir à papa, tu n’as pas besoin de l’être. » J’ai un temps avant de reprendre, un peu plus hésitante. « Je sais que tous ces… trucs religieux, ce n’est pas ton truc. Mais la cérémonie est plutôt rapide et il n’y a rien de compliqué. Pas de texte à lire ou quoi que ce soit du genre. » J’espère la rassurer à ce propos. Après tout, pas besoin de faire quelque chose de trop important, tant que Dieu sait qui devra veiller sur le bébé. Et qu’il est baptisé.

Maelys fit une petite moue malgré elle. Elle, elle était à peu près sûre qu’elle ne voudrait pas d’enfants, ça avait l’air terrible ! Même si elle adorait son demi-frère et, à coup sûr, adorerait son filleul. « On sera là pour te rattraper, si tu tombes. » Même si elle ne parlait sûrement pas d’un vrai vertige, elles seraient quand même là pour la soutenir et l’aider. « C’est joli Nana. Et ça peut-être un surnom de Jena aussi. » Enfin, de toute façon, elles pourraient dire ce qu’elles voulaient, peut-être qu’il déciderait de l’appeler autrement, quand il commencerait à parler. « On a quand même été sages ! » Elle, en tout cas, l’avait été beaucoup plus que d’habitude. Et April l’était toujours : c’était une enfant assez calme, même si Maelys la bousculait un peu à ce niveau-là, en la faisant expérimenter de nouvelles choses.

« Mais on ne te laissera pas monopoliser Noah ! » Encore moins alors qu’elle l’avait faite marraine. Ça la touchait énormément, et encore plus qu’elle lui dise avoir confiance en elle. Elle l’aurait fait sans cela, mais si beaucoup de choses lui échappaient, elle avait compris qu’être une jeune maman n’était pas facile, alors si elle pouvait aider, elle le ferait. « Je… Est-ce que je pourrais être baptisée en même temps que lui ? » Elle savait qu’on la regardait mal, parce qu’elle ne l’était pas. Parce qu’elle n’avait pas décidé de l’être, depuis le temps qu’elle était arrivée. Mais ce n’était pas pour ça qu’elle faisait cette demande. Hailey lui avait longuement parlé, l’avait aidée à comprendre, un peu. Elle ne croyait toujours pas à ce que la bible disait, mais elle avait appris qu’elle pouvait parler à Dieu, et qu’il l’écoutait. Même si elle était pas toujours sûre d’y croire. « Comme ça, je serai une vraie marraine pour lui. » Est-ce qu’elle en serait moins une si elle ne faisait pas ça ?

« J’espère qu’il pourra jouer avec Lucy ! La petite sœur de Mia. » Elles connaissaient bien Mia, mais moins sa petite sœur. En tout cas, Maelys le croyait. Elle était plus âgée, mais ça n’importait pas beaucoup, quand on était bébés, si ?

Elle est rassurée de constater que Lynn est complètement gaga de son fils. Malheureusement, elle sait que l'instinct maternel n'existe pas et n'est qu'une légende, ce qui culpabilise d'ailleurs les femmes qui ne ressentent pas immédiatement cet amour inconditionnel ou qui regrettent parfois d'avoir eu un bébé, quand la fatigue est trop présente et qu'elles se sentent dépassées. Pourtant, c'est normal. Cependant, Jena vient de gagner un grade... Grand-mère. Aïe aïe aïe... Ça fait mal, même si c'est de par sa belle-fille. Tout le monde y va alors de son avis pour trouver une appellation, avant que Lynn ne trouve une proposition qui plaise enfin à la matriarche de cette petite famille recomposée. « J'aime bien Nana. Adjugé. » Cela ne fait pas vieille dame fripée avec une robe à fleurs et un chapeau moche. Enfin, pour la robe à fleurs, malheureusement, ici, elle doit bien en porter. Et comme Maelys le souligne, cela marche aussi pour Jena.

La discussion se recentre sur Lynn et Noah. Cela émeut énormément Jena qu'elle décide de faire de Maelys la marraine et elle sait que ça touche aussi sa fille. Elles étaient tellement excitées en attendant le retour de Lynn et du petit, même si Maelys tempère en disant qu'elles ont été sages. « Sages, mais excitées. » Elle renchérit, avec un sourire amusé. Elle apaise très vite les inquiétudes de Maelys sur le fait d'être baptisée ou non pour être marraine. Pourtant, sa fille émet tout de même le souhait d'être baptisée elle aussi, à la grande surprise de Jena. « Je suppose que oui, si tu le désires. » Elle la regarde avec insistance... Décidément, sa fille mène sa vie sans elle, et elle ne la reconnaît plus. Mais pour cette fois, elle la surprend plutôt dans un sens positif. Elle ne s'attendait pas à ce qu'elle désire se tourner vers la religion. Par intérêt, pas par contrainte. « Tu le seras même sans ça. Ce n'est pas la religion qui dicte ton attachement à Noah. Mais ce sera sans doute un peu mieux vu en tous les cas. » Elle ne devrait pas dire cela. Mais elle ne veut pas contraindre sa fille pour ça. Les croyances sont une affaire personnelle, pas un mode de pensée à imposer, même si c'est ce qu'il se passe ici. Peut-être qu'au cours de ses leçons, Maelys a eu une illumination.

Et c'est dans cette atmosphère chaleureuse et gaie que la petite famille célèbre encore plusieurs heures le retour de Lynn et de Noah, lui montrant les diverses installations pour le petit, parlant de présent et d'avenir, sans se douter que ce dernier est plus qu'incertain.