The Walking Dead RPG

J’ai du mal à détacher mon regard de lui. Et d’arrêter de sourire. Pourtant, je suis épuisée et j’ai l’impression paradoxale que les dernières journées ont été à la fois terriblement longues et sont passées beaucoup trop vite. Ca me rappelle un peu les manèges sur lesquels je montais quand j’étais petite fille. Ou quand on partait au galop avec papa, les étés au ranch de grand-père.

C’est une sensation tellement nouvelle, tellement forte, que je ne sais pas vraiment comment l’appréhender. Et pourtant, je suis là, accompagnée dans une carriole par un des militaires, ami de papa. Un des privilèges d’être la fille d’un Trône, quand bien même ma situation est un peu particulière et que je sens certains regards dédaigneux peser sur moi. Mais, en cet instant précis, je m’en moque totalement. Il n’y a que Noah qui compte. Un bref regard au militaire alors que la carriole s’arrête et qu’il fait le tour pour m’aider à descendre. Il prend mon petit sac et me rend un sourire un peu timide auquel je réponds distraitement. « Vous avez besoin d’aide pour autre chose ? S’il y a besoin de faire des courses ou… ce que vous voulez, n’hésitez pas. J’ai dit au sergent que je ferais tout mon possible pour vous être utile. » Je bats des cils, un peu interloquée, non sans réaliser qu’il me fixe avec un peu trop d’insistance pour que ce soit totalement désintéressé. « Oh c’est gentil Theo, merci. » Il hoche la tête, son sourire se faisant plus large uniquement avec ces quelques mots. C’était déjà lui qui nous a emmenées, Jena et moi, quand le travail a commencé. Il est même passé plusieurs fois cette semaine, sous prétexte de s’assurer que tout allait bien. « Vous devriez passer boire le thé à la maison la semaine prochaine. Si vous le souhaitez. »

Forcément, il est enthousiaste mais, ce qui me fait plaisir, c’est qu’il souffle, fixant cette toute petite chose que je serre contre moi. « J’aimerais beaucoup revoir ce petit bonhomme aussi. » Je lui rends un sourire plus timide, alors qu’il me laisse sur le pas de la porte. Une petite inspiration et je me saisis de la poignée de la porte. Normalement, je n’aurais dû rentrer que demain, mais vu que tout allait bien, autant éviter de dépenser des ressources à l’hôpital pour rien. Et puis, j’ai envie de leur faire la surprise.

Evidemment, au moment où j’ouvre la porte, ce sont les aboiements joyeux d’Onyx qui se font directement entendre. Il se précipite vers moi mais s’arrête aussi sec, les oreilles dressées de curiosité, alors qu’il renifle dans les airs. « Bonjour toi. J’ai quelqu’un à te présenter. » Je tends la main vers lui, effleurant son crâne avec douceur, avant de relever la tête quand je vois la silhouette de Jena. « Je suis un peu en avance, mais j’avais hâte de rentrer à la maison. » Mais j’avoue que je me sens, l’espace d’une seconde, un peu étrange. Comme si je n’étais plus la même personne que lorsque je suis partie d’ici il y a quelques jours. Et, sans que je comprenne pourquoi, mon regard s’embue de larmes alors que je devine les silhouettes de mes sœurs juste derrière, dans la cuisine.

Je suis rentrée à la maison. Et je n’ai pas la moindre envie d’en repartir.

Jour du départ de Lynn pour l’hôpital, quelques heures après

Maelys faisait les cent pas dans le salon et agaçait probablement tout le monde. Lynn était partie il y a plusieurs heures déjà et l’adolescente s’impatientait de savoir quand est-ce que son enfant serait né. Quand est-ce qu’elle rentrerait avec lui. Jena l’avait forcée à aller se balader avec April, pour ne pas l’avoir dans les pattes, pour tout finir de préparer. Elles étaient parties un peu plus d’une heure, mais elles n’avaient pas envie de manquer le retour de Lynn, pas vraiment conscientes qu’elles pouvaient devoir attendre pendant plusieurs jours.

Le lendemain

Le berceau du bébé avait été installé dans la chambre de la future maman, tout ce qu’il fallait pour s’occuper de lui avait été acheté il y a des semaines déjà. Une table à langer avait pris une partie de leur salle de bain, et Mae regardait un gros coussin qui ressemblait à un traversin était posé sur l’un des fauteuils, sans qu’elle comprenne bien à quoi ça servait.

Plus tard

Le temps passait beaucoup trop lentement pour Maelys. Ils étaient tous à moitié dans l’attente et à essayer de vaquer à leurs occupations, en attendant des nouvelles. On frappa à la porte, Mae courant pour répondre. « Lynn revient demain ! Elle a eu un petit garçon ! » Est-ce qu’ils savaient déjà qu’elle devait avoir un petit garçon ? Elle ne s’en souvenait pas. Et si on faisait une banderole qu’on accrocherait ? Sa demi-sœur lui tapota le bras, répétant sa question, alors que Maelys n’écoutait rien. « D’accord ! Tu vas aller la voir, maman ? » Elle essayait de cacher la jalousie dans sa voix, même si les choses allaient un peu mieux avec Lynn, elle craignait toujours que Jena en vienne à préférer Lynn.

« On met une nappe sur le plan de travail ? On peint dessus ? » Pour que la banderole soit assez grande. Le temps passait plus vite, alors qu’elles s’occupaient à peindre. Jena avait attaché les lettres ‘Bienvenue à’ dans l’entrée, alors qu’April découpait le mot maison et que Maelys nettoyait un peu les pinceaux, quand les aboiements d’Onyx lui firent lever la tête, en même temps que la porte s’ouvrait. April se précipita en courant vers sa sœur, s’arrêtant net en regardant le bébé avec curiosité, alors que Maelys restait un peu en retrait, laissant sa mère et April découvrir l’enfant de Lynn en premier.

Est-ce qu'elle est nerveuse ? Oui, bien sûr... Donner la vie est un évènement merveilleux, mais aussi traumatisant pour une femme, et Jena sait bien qu'un accouchement peut aussi très mal se passer. Même si il y a tout de même une technologie bien présente ici et qu'il y a moins à s'inquiéter au niveau hygiène et prise en charge que si ils avaient vécu dehors dans un petit groupe pouilleux avec des moyens limités... Pour autant, personne n'est à l'abris d'une tuile malheureusement... Alors oui, elle craint pour la vie de l'enfant, pour celle de Lynn, pour leur santé. Lynn a traversé pas mal d'épreuves tout au long de sa grossesse... Entre la déviance de Ray, la blessure de la jeune fille, qu'elle ai pu arriver à terme est une miracle. Un vrai miracle. Alors Jena a prié, beaucoup. Sans être une farouche croyante, il lui arrive encore de recommander quelques bonnes âmes à une puissance supérieure, qu'importe laquelle finalement.

Les jours suivants sont utilisés pour arranger la maison et préparer le retour de la maman et du bébé. Jena sait que l'accouchement s'est bien passé, il n'y a plus qu'à attendre qu'elle soit suffisamment remise ou que les médecins la jugent assez forte pour lui permettre de revenir à la maison. Une maison qui est en effervescence. L'absence de River se fait ressentir, mais Jena fait contre mauvaise fortune, bon coeur. Les filles sont suerxcitées d'acceuillir Lynn et le bébé. Un fils. C'est un peu étrange de se dire qu'il n'existe que peu de différence d'âge entre Wilan et Noah... L'oncle ne sera pas beaucoup plus vieux que le neveu finalement... Tout cela remue des souvenirs aussi doux que douloureux chez la mère de famille. Elle se souvient très bien de ses accouchements... De chaque minute. Comme de ses grossesses. Et elle regrette de ne pas réussir à donner à son époux un enfant qui la légitimerait auprès de lui et empêcherait quiconque d'intervenir dans leur couple et se mêler de la façon de faire des enfants. Mais moi après mois, sauf quand son époux est parti, soit relativement souvent, elle guette un retard de règles, qui n'arrive malheureusement pas. Enfin si, mais pas pour les bonnes raisons, plutôt à cause du stress.

Amusée de voir les filles s'investir autant, elle leur prête main forte alors qu'elle préparent le retour à la maison; heureuse de les voir bien s'entendre. Ce n'est pas encore ça entre Maelys et Lynn, hélas, mais elle ne désespère pas. Wilan est sagement assis dans son parc, jouant avec peluches et petites balles, tout en babillant joyeusement. Et enfin, les aboiements d'Onyx résonnent, trahissant l'arrivée de quelqu'un. Merveilleux chien de garde. Jena suit April quand la porte s'ouvre, avant de sentir son coeur fondre devant l'adorable bouille. Elle caresse la joue du bébé du bout du doigt avant de regarder Lynn et de voir son regard brillant. "Oh ma chérie, tu as bien travaillé..." Elle pose une main légère sur l'épaule de Lynn et pose un baiser sur sa joue, serrant son épaule de ses doigts. "Bienvenue à la maison, nous t'attendions avec impatience. Viens." Elle a très envie de prendre le bébé, mais elle n'oublie pas que Lynn a aussi besoin d'attention et d'affection et qu'elle est sa fille désormais, qu'elle compte sur elle. Elle la dirige vers le salon où se trouve Wilan et l'invite à s'asseoir. Puis elle va saisir son fils et le tire hors du parc pour le mettre sur ses genoux, s'asseyant près de la jeune maman pour présenter les deux petits. "Wilan, regarde..." Elle lève les yeux vers Maelys et tend la main vers elle pour l'inviter à se joindre à tout cela et profiter aussi de ce cocon d'amour, que Jena sait éphémère. "Tu veux boire quelque chose ?"

A peine passé le pas de la porte, je suis accueillie par toute la famille, Onyx inclus. Et ça me fait un bien fou de retrouver ce cocon qui m’a manqué, même durant quelques jours. Je l’avais déjà ressenti, quand j’avais quitté la maison pour épouser Ray, mais j’avais réussi à me persuader que nous arriverions à créer le nôtre. Grossière erreur que je vais probablement payer encore longtemps. Pour autant, il m’a permis de mettre au monde cette petite merveille et ça, je ne risque pas de l’oublier.

Mon regard s’attarde un instant sur la banderole et mon visage s’illumine. « Ooooh c’est super joli ! C’est vous qui l’avez fait ? » Je fixe Maelys et April qui hoche vigoureusement la tête, avant de rougir au compliment de Jena. « Merci… C’était… difficile tout ça. Mais ça en valait la peine. » Le bébé regarde autour de lui avec les yeux bien ouverts, alors que je m’installe sans me faire prier, Onyx sur les talons. Ce dernier renifle une nouvelle fois le crâne de Noah et remue la queue avant de s’allonger à mes pieds, la mine alerte.

De mon côté, je suis Jena des yeux quand elle va récupérer Wilan et, à sa question, j’ai un bref hochement de tête. « Je veux bien oui. On a quelque chose de frais ? » April bondit sur ses pieds pour aller à la cuisine, ramenant une citronnade qu’elle vient tout juste de faire et plusieurs verres, alors que je rapproche le petit de Wilan. L’idée que son oncle soit à peine plus âgé que lui est amusante et j’ai envie de croire qu’ils seront particulièrement proches tous les deux à l’avenir. Je me penche pour embrasser mon petit frère sur le sommet du crâne, lui arrachant un petit rire alors qu’il continue d’observer le bébé avec attention.

Et je finis, après quelques secondes par désigner le petit à Maelys. « Tu veux dire bonjour à ton neveu ? » Et, alors que j’effleure le visage du bébé, je reprends, d’une voix plus douce. « Regarde Noah, la famille est presque au complet, il manque juste papi. Mais tu as tes deux taties, ton tonton et ta mamie aussi. » J’ai un peu hésité sur le dernier terme et je lève les yeux vers Jena, attendant de voir si c’est bon pour elle. Après tout, nous n’en avons jamais parlé mais, à mes yeux, elle a pris cette place au sein de la famille, même si ça peut paraitre un peu étrange au vu de son jeune âge. « Tu veux le prendre ? » Et je le tends à Maelys dès qu’elle s’est installée, sans même ressentir le besoin de lui dire comment le tenir. Je l’ai déjà vue faire avec Wilan, je sais qu’elle saura parfaitement bien s’en occuper.

Je profite d’avoir les mains libres pour serrer April dans mes bras alors qu’elle vient de s’assoir à côté de moi et qu’elle a commencé à signer à toute vitesse. « Oui, tout s’est bien passé. Ca fait mal, mais une fois Noah dans mes bras, j’ai tout oublié. » April me fixe avec les yeux ronds, alors que je laisse filer un rire. « Tout s’est bien passé ici ? » Et j’ajoute, continuant de signer et de parler en même temps en direction d’April. « Ce sera ton tour de le prendre juste après, ne t’en fais pas. » Je vois bien qu’elle trépigne déjà d’impatience et ça me fait un bien fou de la voir comme ça.

Le « la » de la banderole dans les mains, Maelys ressentit un pincement au coeur alors que Jena donnait une appellation affectueuse à Lynn qu’elle ne lui donnait plus depuis longtemps. Elle resta d’ailleurs en retrait sans même s’en rendre compte, avant que Lynn ne l’interpelle sur la banderole, la regardant d’un air gêné. « On doit encore attacher la fin… » Mais Lynn avait l’air de vraiment l’apprécier, et ça faisait incroyablement plaisir à sa demie sœur. Parce qu’elle n’était pas vraiment, vraiment pas même, manuelle. Même si elle s’améliorait grâce à April. « T’as besoin de quelque chose ? Un coussin ? Une couverture ? » Il paraissait que « ça » faisait très mal, alors peut-être qu’elle avait besoin de choses confortables.

Elle ne bougea pourtant pas davantage, son bout de bannière dans les mains, les regardant tous s’activer. Peut-être qu’elle ferait mieux de remonter dans sa chambre et de rester dans son coin ? Même si rien ne le laissait entendre dans l’attitude des deux adultes présentes. Elle s’approcha, enlevant la carafe du plateau qu’April portait pour l’alléger et s’occuper les mains, alors que sa mère lui faisait signe de venir, même si elle n’était pas sûre d’être vraiment à sa place. Servant les verres à chacun, elle regarda avec un sourire April aller déposer un léger baiser sur la joue de son frère, puis sur celle de son neveu. Elle était déjà la meilleure des grandes sœurs et serait une tante parfaitement exemplaire, Maelys n’avait aucun doute à ce sujet.

Elle leva les yeux avec surprise alors que Lynn s’adressait à elle et la désignait comme la tante de Noah. La relation entre elles était toujours étrange, aux yeux de Maelys du moins, et elle ne s’attendait pas à ce que Lynn la qualifie de telle. Elle aurait très bien pu ne pas l’inclure dans la description. Émue malgré elle, l’adolescente se contenta de hocher la tête, prenant doucement le bébé dans les bras, fixant les grands yeux qui la regardaient aussi, impressionnée. « Il est beau. » Elle s’attendait à ce qu’il soit tout fripé et tout rouge, mais ça n’était pas le cas. Elle n’avait toutefois pu s’empêcher de grimacer, alors que Lynn occultait totalement Ray. Maelys était en colère contre lui, mais plus que tout, elle culpabilisait de ce qu’il avait subi à cause d’elle et… Enfin, est-ce que Noah ne manquerait pas de papa ? Ne pas être avec son propre père lui brisait le cœur, continuellement, même si elle se demandait s’il n’était pas vraiment mort, depuis, et en priver le petit alors que Ray était si proche… Elle ne pouvait de toute façon pas y faire quoi que ce soit.

« Tu… Comment tu as choisi son nom ? C’est un joli nom. » Elle n’avait aucune idée des origines du nom, elle trouvait juste qu’il sonnait bien. « On a tout installé dans ta chambre. Et ici – je sais plus trop où, mais on a mis plein de trucs pour toi dans les meubles, et dans les paniers. » Elle ne savait pas vraiment non plus à quoi ça servait mais Lynn saurait sûrement ce qu’étaient ces machins de grossesse.

« Oui, très difficile, mais la récompense est à la hauteur. » Elle parle en connaissance de cause. Elle a vécu deux grossesses. Les deux se sont globalement bien passées, fort heureusement, mais cela reste quelque chose de traumatisant pour le corps d'une femme. « Je suis soulagée que cela se soit bien passé, Lynn. » Une trace d'inquiétude est perceptible dans sa voix, trahissant l'angoisse ressentie pendant ces jours d'absence. Une angoisse qu'elle n'a pas voulu laisser paraître auparavant pour ne pas stresser une jeune maman qui l'était déjà bien suffisamment comme ça. Jena l'invite à s'installer, tandis qu'April file chercher de quoi donner à sa sœur. Maelys, plus en retrait, se montre pourtant pleine de sollicitude pour sa demi-sœur, ce qui réjouit intérieurement la mère de cette jolie famille recomposée. Et elle observe avec attendrissement la réaction de sa fille quand Lynn la désigne comme la tante de Noah. Et oui, c'est une réalité avec laquelle elle va devoir composer maintenant. Si sa fille est une tête brûlée, elle adore les enfants et s'occupe très bien de Wilan, soulageant parfois Jena. Comme elle est très gentille et patiente avec April.

Pourtant, elle se fige un peu quand elle est elle même désignée comme mamie. Cela lui fait vraiment bizarre... Elle se sent encore jeune, peut-être trop pour être grand-mère. Elle pourra aussi charrier River là dessus. Difficile de le voir comme papy, non ? Mais ce terme un peu vieillot l'inclus surtout définitivement dans la famille et ça... Son regard se met à briller d'émotion tandis qu'elle hoche la tête. « Cela me fait bizarre d'être mamie. Je viens de prendre un coup de vieux. » Elle dit cela avec un sourire, agrémenté ensuite d'un rire, un peu voilé par l'émotion pourtant. Mince, ce n'est pas elle qui est en pleine perturbation d'hormones pourtant.

En cet instant... Jena est pourtant apaisée. Son regard s'attarde sur cette petite famille qui sourit. Sa fille semble enfin avoir trouvé une place, elle qui a tant voulu fuir cet endroit, qui a rechigné à rejoindre cette famille, qui s'est toujours sentie exclue... Un soupir de soulagement échappe à Jena. Elle aimerait avoir un appareil photo pour immortaliser cet instant. Pour capturer les visages heureux. Immortaliser les bouilles adorables de Wilan et Noah. April et sa sœur discutent brièvement par signe, Jena captant quelques bribes, pas encore aussi à l'aise que la jeune fille pour communiquer ainsi. « Oui très bien. Maelys et April m'ont aidé à tenir la maison et adorent pouponner Wilan. Un petit entraînement pour Noah. » Elle lui adresse un clin d’œil complice. Elle sait combien une mère a besoin de se reposer, même si c'est difficile de lâcher son enfant. Et là, sans père... Cet enfant sera choyé par les femmes de la famille et sans doute par papi aussi.

Si je n’arrive pas à me défaire de l’inquiétude constante depuis le départ de papa, je sais quand même qu’en cet instant, je peux enfin profiter de cette petite bulle de bonheur qui nous entoure. Oh, elle ne durera et Dieu seul sait comment les choses vont pouvoir évoluer les prochaines semaines, les prochains mois. Et je rends un large sourire à Maelys, alors qu’elle semble avoir fait des efforts avec April pour la décoration du salon. Juste pour moi. Enfin, pour nous, avec Noah. Ce qui me touche énormément, surtout venant d’elle.

Du reste, je ne suis pas mécontente d’être bien installée et j’ai une grimace aux paroles de Jena. « Je crois que j’ai eu de la chance. Ou alors, comme je l’ai dit à April, j’ai tout occulté dès que j’ai eu cette petite chose dans les bras. » Un sourire attendri en direction de Noah qui observe sa tante avec de grands yeux et je laisse filer un rire à la réaction de ma belle-mère. « Je sais, tu n’as clairement pas une tête de mamie. Tu veux qu’on trouve une autre appellation ? Même si je crois que grand-mère, ce serait encore pire. » Œillade malicieuse, alors qu’April signe, un sourire taquin sur les lèvres. Mère-grand sinon ! Oh, ou maminette ! Je me pince les lèvres pour ne pas rire, alors qu’elle attend visiblement que je traduise pour elle. « Hum, je crois qu’April est inspirée. »

A la question de Maelys, j’ai un silence songeur, fixant le bébé. « C’est… C’était dans la liste des noms que nous avions arrêté avec Ray. » Autant être honnête. « Nous avions cherché des prénoms bibliques, celui-là faisait partie de mes préférés. » Et je n’avais pas envie de lui donner le nom qu’avait arrêté mon ex-mari mais ça, je préfère le garder pour moi. De toute façon, moins je parle de lui et mieux je me porte, ça m’évite de songer au fait qu’il n’a rien fait pour prendre des nouvelles de son enfant à naitre. « Vous êtes adorables d’avoir tout préparé en tout cas. »

J’ai une petite hésitation, alors que mon regard se perd un instant à fixer Maelys avec le bébé. Et je finis par souffler, captant l’attention de la jeune fille, non sans serrer la main de ma sœur entre mes doigts. « J’ai quelque chose à te demander d’ailleurs. J’ai… j’ai beaucoup réfléchi ces dernières semaines. Et j’aimerais que tu sois la marraine de Noah. » Je laisse filer un temps, avant de reprendre. « Il aura toujours besoin de quelqu’un de fort et de débrouillard pour veiller sur lui. Et je sais que tu es particulièrement bien placée pour ça. » Si notre relation n’est pas au beau fixe, je sais qu’elle aura à cœur de le protéger si elle a un lien particulier avec le bébé. Et puis, elle sait comment est la vie dehors, même si j’ai tendance à me dire qu’elle continue d’exagérer sur ce qu’elle est capable d’y faire ou non. Alors, si les choses empirent et que je ne suis plus là, Noah sera entre de bonnes mains.