Je me crispe alors qu'il ne se démonte pas, se rapproche. Ce type est un incendie que j'essaie d'éteindre avec un bidon d'huile à la main. Mais s'il croit que je vais m'écrase, il se fourvoie totalement. Le problème ? Le voilà qu'il menace évidemment, et en sentant la magouille se refermer sur moi avec les pièces qu'il met en place, je deviens raide comme un piquet. Et quand il lève soudainement la main pour me saisir à la gorge, j'ai un réflexe aussi étrange que bénéfique de lui agripper le paquet en y plantant les ongles.
Je n'ai aucune pudeur à ce sujet, je me contente de serrer jusqu'à le voir rougir de douleur alors que sa main s'agrippe autour de mon cou : Tu vas traiter qui de salope de menteuse ? Que j'articule dans un grognement furieux. Tu veux jouer les prédateurs, mais tu n'es qu'un petit chihuahua qui jappe trop, c'est dit à voix basse, sur un timbre sifflant et menaçant. Je peux te présenter un homme, un vrai, pour t'apprendre ce que c'est... Mais tu n'es qu'un petit garçon frustré et pathétique, et tu vas me lâcher avant que je t'arrache les couilles, que j'ajoute.
We're all stories in the end, just make it a good one
Les derniers évènements sont pour me tendre actuellement. Le sale coup de Jefferson me reste en travers de la gorge, mais j'aurais dû me douter qu'il ne laisserait pas mon affront impuni. J'imagine que j'ai suffisamment enduré là, je ne sais pas. Les soupçons qui pèsent sur moi me paralysent totalement, je ne peux plus approcher Audrey ou Zachary dans ces circonstances, même Eva a commencé à me fuir, un peu par sécurité. Et je ne vois pas comment redorer ma situation. Un soupir m'échappe... J'attrape le seau d'eau que je dois ramener à la blonde, sans faire attention au reste.
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Et moi je pense que tu devrais la mettre en sourdine, te fait finalement remarquer Jefferson non sans un sourire proche de l'amusement, se relevant enfin quand il constate que tu émerges doucement de ta torpeur. Venant poser ses deux mains à plats au-dessus de ta tête pour te statuer et profiter du spectacle de te voir à sa merci, il reprend d'un ton bas : Tu vois où on en est ? Tu m'forces à en venir aux mains avec toi Anika. Et s'il le dit d'un air presque peiné, tu devines sans mal qu'il se joue de toi. Au contraire, il en est ravi. J'en pense qu'on a quelques heures à passer en tête à tête, avant que ton gars s'inquiète de quoi que ce soit. T'en fais pas, j'ai pensé à tout, qu'il t'assure d'une voix presque trop douce pour la situation, avant que tu ne sentes une brûlure sous ton bras.
Cachée, insidieuse, une plaie de quelques centimètres s'ouvre sous la lame de son couteau à même ta peau, alors que ses yeux froids viennent capter ton regard. Tu savais que j'étais un des meilleurs pour faire parler les hommes, en Afghanistan ? Evoque-t-il comme un bon souvenir, venant ramener la pointe de la lame avec lenteur sous tes yeux. Très proche, assez pour que tu en devines le tranchant au niveau de ton iris, quoi qu'il ne te blesse pas à cet endroit. J'te libérerais. Quand j'estimerai que t'as bien compris la leçon. Tu peux toujours lancer un dé 10 sur ta dextérité pour espérer détacher tes liens.
Aoutch, ça pique... que je souffle d'un ton serré alors qu'il m'entaille de sa lame et commence à l'approcher ensuite de mon oeil invalide. Si j'imagine sans peine que ça fera mal s'il se décide à me planter avec, je sais aussi que ça ne changera pas grand-chose pour moi : je n'y verrais toujours rien. Je tire sur mes liens, et entends seulement un craquement, sans sentir encore la douleur d'une prise mal faite. Oh non, on n'a pas quelques heures, que je lui annonce d'un ton froid.
Heinrich est possessif et contrôlant, il ne supporte pas quand il ne sait pas où je me trouve, et tu as vu comme moi ce qu'il a fait à Marius, que je lui souffle alors en haussant les épaules, les liens tendus me font mal mais je garde la face. Même après ça, il a été capable de la tenir pendant plusieurs heures ensuite... Contrairement à toi, j'imagine ? Mon air se fait moqueur, l'air fier qui va avec. Oh c'est un mensonge mais... Il n'était pas là pour le vérifier ce soir-là. Et puis je vais m'engouffrer dans toutes les brèches possibles pour le pousser à bout.
Donc pour te mettre une rouste, il ne devrait pas avoir beaucoup de peines à te briser quelques os avant de repartir dormir du sommeil du juste, je conserve cette risette moqueuse, l'oeillade pétillante. En contrôle complet de la situation. Dernière chance pour me libérer, et on en restera là tous les deux, ma proposition est juste, non ?
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