The Walking Dead RPG

Je reste silencieuse, essayant comme je peux de ne pas croiser le regard d'Almarich dans ces circonstances. Nous avons fait un passage par la chambre pour vérifier les lieux, et pour constater que nous n'avons pas été les seuls à nous y aventurer. Je suis d'autant plus nerveuse qu'en ne trouvant pas Marius et Jefferson ici, je crains que ça leur laisse l'occasion de me piéger au pire moment, où je ne serais pas là pour les voir faire ou les contrer. Je suis mal à l'aise, sincèrement. Bien sûr que vous êtes les bienvenus, je suis sûr qu'il s'agit d'un simple malentendu, reprend-t-il d'un air pseudo avenant.

Cependant, je ne peux m'empêcher de sentir une forme d'ironie dans ses propos, comme s'il se jouait de nous. Il a eu la version de Jefferson et Marius sans doute, et il va falloir redoubler d'imagination et de chance pour nous tirer de là. Dans tous les cas et peu importe l'issue, il est certain que Jefferson aura tenté à sa manière sa mesquinerie, et qu'en faisant ça, il aura déterré la hache de guerre. Je suis persona non grata, et il fera en sorte de me gêner, ou pire, tant qu'il le pourra. Un soupir m'échappe, je me passe la main sur le visage en comprenant que je ne suis pas tirée d'affaire.

Mes hommes ont le sens de la Justice et de l'équité, nous n'avons jamais eu de cas de vol dans nos murs depuis que nous sommes installés, c'est une première et un choc pour nous ! Explique-t-il : Mais je suis persuadé qu'il y a une explication, le voilà qui plante un regard perçant sur Sebastian. Dans le genre, j'imagine que le frère de Karl a déjà prouvé sa valeur et sa position, contrairement à mon compagnon. Marius est un homme entier et sans compromis, ajoute-t-il simplement. Vous avez visiblement attiré son attention d'une manière ou d'une autre, mais vous trouverez sans doute comment vous expliquer avec lui, et la porte s'ouvre derrière. D'ailleurs, les voilà...

Je glisse un regard vers le duo. Deux constats : Marius a les phalanges rougies. Et Jefferson le visage tuméfié. Impossible de manquer ce qu'il s'est déroulé entre les deux hommes, et le second a quand même le regard vers le sol, comme s'il venait de trouver son maitre. Vu comment il essaie de prendre l'ascendant sur moi, je n'imagine même pas ce que Marius a pu lui faire... Jefferson, tu maintiens tes accusations ? Demande Almarich à l'homme qui relève le nez et... Hoche la tête. Enflure. Accepteriez-vous qu'on aille fouiller vos affaires ? Si le vol a bien eu lieu et que votre compagne est innocente, vous pouvez être sûr qu'on ne trouvera pas l'objet du vol de votre côté, demande-t-il finalement en demandant l'autorisation à Sebastian. Marius, lui, fixe Jefferson. Inutile d'évoquer la menace de son regard.

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ANAPHORE

Je reste de marbre en essayant de deviner un peu plus ce que Almarich a en tête en se prêtant a cette petite mascarade. Il faut crois que s’ennuie un peu trop a Néo Berlin pour ne pas de croire dans une chambre d’ado mesquines qui essaye de passer le temps.

« Bien évidemment, une femme qui n’arrive pas a voir un aliment sans vomir, ou qui a la certitude qu’on lui aurait offert de la nourriture si elle avait demandé, se serait faite voleuse de ration selon vous ? »

Je lui offre un demi sourire amusé qui montre bien a quel point leur raisonnement ne tient pas la route et que je trouve cela grotesque. Il n’aura pas fallu 48h pour que nous tâtions de la perfidie des gens du coin. Je regrette amèrement d’avoir commis une erreur, mais je suis du genre a me concentrer sur les flèches qui restent a tirer, pas celles qui ont déjà ratées la cible. Je désigne et parle d’Olivia comme si elle n’était qu’un objet, je déteste ca, mais je n’ai pas le choix.

« Entendons nous bien: j’ai donné mon nom a cette femme et mélangé mon sang avec. De ce fait, l’accuser elle, revient a m’accuser moi. »

J’écoute la façon dont il parle d’un dangereux déviant psychopathe qui menace surement son pouvoir, si tant est qu’il ne l’a pas déjà plus ou moins pris. Avec amusement, je me permets de relever :

« "Entier"… c’est comme cela que vous dites chez vous ? Mais vous avez raison, je compte bien m’expliquer avec lui si vous m’en donnez l’autorisation. »

Je regarde les deux arrivés sans afficher plus d’émotions qu’il en faut, juste un air ennuyé de perdre autant de temps.

« Jefferson, tu as une sale mine, si je puis me permettre. De quoi nourrir quelques rancœurs vis-à-vis de la femme vertueuse qui aime a dire les vérités, mais oublie souvent que nous ne sommes pas chez nous et que nous n’avons pas a nous immiscer dans vos affaires. Anika, tu maintiens ta version des faits ? »

Olivia acquiesce a son tour. Je ris doucement a la proposition mielleuse d’Almarich, comme s’il avait besoin de notre accord pour fouiller nos affaires.  Tout a coup, une idée me vient. La personne qui a fouillé nos affaires est peut être celle qui a quitté le placard précipitamment. La victime de Jefferson ? Elle aurait été cherchée la pseudo preuve? Avons-nous des alliés discrets ? C’est un pari que j’aurais surement pris sans la présence d’Olivia dans le siège des accusés. Qui plus est, si nous avons un allié, autant ne pas griller sa couverture tout de suite. Olivia en aura surement encore besoin.

« Ma chambre vous est accessible, comme elle l’a toujours été vue la pagaille que j’y ai trouvé en voulant me changer avant de venir ici. Ce qui fait perdre tout le probant d’une trouvaille ou de son absence, malheureusement. »

Avec le calme d’un avocat qui déroule son raisonnement devant son auditoire, je développe un peu plus :

« En admettant qu’Anika ait été assez perfide pour voler la main qui la nourrit, me déshonorant au passage alors qu’elle sait ce qu’il lui en couterait. Envisageons, en plus, qu’elle ait été assez idiote pour cacher son butin dans nos affaires et moi assez aveugle pour ne rien voir, malgré les vomissements dont elle est prise a la vue ou odeur du moindre aliment. Déjà, vous serez d’accord, il y a beaucoup de « et si » bancales dans cette histoire? Mais admettons. »

J’avance dans la piece, parle avec mon corps et fait des pauses régulières comme si je réfléchissais, tout en cherchant les regards, en particulier celui d’Almarich, qui est, au final, celui a convaincre ici. C’est Daemon qui aurait voulu être avocat, mais participer a des appels d’offres ou démonter des concurrents a des soirées pour rafler de nouveaux marchés est un art que je maitrise sans avoir passé mon barreaux.

« Au regard de la situation, vous ne pensez pas que le butin aurait forcement été changé de place avant de venir ici ?  De la même façon, admettons que Jefferson, un peu revanchard de s’être fait prendre la main dans le sac, pour ne pas dire autre chose ailleurs, décide d’aller cacher un larcin dans les affaires de celle qui porte mon aiglon afin de se venger avant de l’accuser. N’aurait il pas eu de nombreuses occasions de le faire cela  à notre insu, y compris durant notre arrivée ici ? »

Je regarde bien Marius et Jefferson et fait un geste comme si cela n’était pas grave, que je ne leur en voulais pas, et que c’était fort amusant. Pour autant, le seul amusement dans cette pièce est dans ma façon d’être, intérieurement, le serpent froid que je suis a très envie de se venger.

« Donc, allons y, si vous y tenez vraiment, mais ne soyez pas regardant sur l’état de ma chambre, une personne y a mis une pagaille intolérable qui n’a pas été rangée. Maintenant, ce n’est pas cela qui pourrait étayer une version plus qu’une autre, vous en convenez?»

Je me tourne vers Almarich avant que quiconque ait décidé d’aller, ou non, inspecter cette chambre.

« Vous m'avez proposé de trouver un moyen de m'expliquer, si vous ete d'accord, j'aimerais régler cela à l'ancienne. Je suis quelqu’un de pragmatique, comme Marius et Jefferson, si j'ai bien compris. Par ailleurs, je respecte les préceptes de feu notre leader.  Faisons cela a l’ancienne : un petit duel pour mettre fin a cette plaisanterie de mauvais gout et reprendre sur de bonnes bases avant que nous ne reparlions de la moisissure et de ce que nous pourrions en faire comme des bons stratèges. Qu'en pensez vous Messieurs?»

Comme un bon commercial, solution et ouverture presque lancées en même temps. Ce n’est pas au MIT que j’ai appris a  faire cela, mais bien avec mon père. Maintenant, est ce que cela sera suffisant pour circoncire la folie du moment?

Those days are over.

ANAPHORE

Votre raisonnement est d'un pragmatisme et d'une intelligence rare, Heinrich, et personne n'est là pour le nier, mes yeux ont du mal à quitter Jefferson. Nos regards se croisent par moment et je ne décroche pas. Il sait, je sais. Mon air ferme trahit sans peine le fait que je ne laisserais pas ça passer, mais il n'a pas l'air d'en avoir grand chose à faire de son côté. Alors, c'est évident : il a magouillé pour m'accuser. C'est pour ça que j'estime qu'il ne s'agit que d'une perte de temps pour tout le monde, je conviens sans peine qu'il y a beaucoup trop de "si" dans ces accusations, et qu'il couve quelque chose d'autre sans que nous ayons tous les éléments, poursuit Almarich fermement en haussant les épaules.

La fouille de votre chambre règlera en partie l'histoire, s'il reste des soupçons à la fin, je n'ai aucun doute sur le fait que vous saurez les balayer, il fixe Sebastian avant de revenir du côté de Marius et Jefferson : Et que la partie accusatrice saura se contenter de ces réponses, à l'évidence, non. Non, Jefferson et moi n'en resterons très probablement pas là, je commence à suffisamment cerner l'animal pour savoir qu'il ne peut pas se satisfaire d'une défaite. Il cherchera à me faire couler autrement. Il y a probablement un simple malentendu entre deux personnes ici qui a pris des proportions que nous n'attendions pas, ajoute-t-il.

C'est pour ça que je relève les yeux vers Almarich alors. Il s'attend vraiment à ce que je fasse la paix avec l'autre abruti fini à la pisse ? Sérieusement ? Je suis certain qu'ils sauront aussi tous les deux s'expliquer ou... Au mieux, s'ignorer, pour le bien de la communauté, son sourire est aussi faux que cette façade à vomir. N'est-ce pas, Jefferson ? L'homme ne répond pas, il détourne les yeux en soufflant, sans en rajouter. Vérifions d'abord votre chambre et nous verrons ensuite pour le duel, répond Almarich à la proposition de Sebastian, qui me fait rater un battement. Il est sérieux ? Il a l'impression que c'est la proposition la plus judicieuse ? De quel ordre ? Rétorque finalement Marius, curieux.

Lui a l'air motivé, bizarrement. J'ai envie d'en prendre un pour taper sur l'autre, dans le doute. Mais ça leur ferait probablement trop plaisir vu les circonstances, c'est exactement ce qu'ils cherchent. Nous nous relevons, et nous rendons justement jusqu'à la chambre que nous habitons avec Sebastian. Nos sacs en évidence, le reste aussi, c'est Marius qui prend le soin de retourner la situation. L'instant semble s'éterniser, et mon regard se fixe sur Jefferson. L'homme trépigne lorsque son complice s'approche d'un certain endroit, avant de se raidir à sa réponse : Rien, annonce-t-il après la fouille. Eh bien, parfait, la question est réglée, s'enthousiasme Almarich : Je crois que nous avons a parlé tous les trois cependant, n'est-ce pas ?

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ANAPHORE

Je reste avec un visage impassible a écouter le verdict d’Almarich. Son besoin de quand même aller voir la chambre en dit long, trop. Il va falloir prendre congé d’une façon ou d’une autre et je sens que cela ne sera pas simple. En attendant, il y a un autre problème a régler, pendant que le politiciens milieux se prends pour un haut juge, je ne manque pas les regards que Jefferson coule a Olivia. Ce ne sont pas des palabres qu’il faut pour calmer ce genre de chien galeux.

« Comme je vous l’ai dit Almarich, même si je suis dubitatif sur la pertinence de la chose, je ne vois pas d’inconvénient a ce que nous allions dans notre chambre. »

J’affiche une assurance calme et cale mes yeux sur Jefferson, forçant le trait à lui rendre un des sourire de politicien que nous sert le maitre des lieux depuis notre arrivée.

« Je suis sûr que nous saurons mettre les choses a plat pour que tout se passe pour le mieux. N’est ce pas Jefferson ? »

Comme je me doutais, la solution pratiquée a Portland éveillerait la curiosité de Marius qui marque rapidement son intérêt. Moi j’y vois une occasion de régler le problème de façon plus efficace que cette parodie de médiation de maternelle. Si on en reste là, il y aura forcément d’autres tentatives de ce violeur et je ne pourrais pas sortir sans me faire du sang d’encre pour Olivia. Qui plus est, je devine que nous allons être en dette avec une de ses victimes. C’est un risque, pas un petit, mais je dois le saisir. J’ai assez vue de reportages sur la jeunesse hitlérienne pour savoir que la compétition et la lute étaient mise en avant pour gérer les conflits, a un point malsain et destructeur. Je fais un geste pour signifier que ce n’est rien d’important tout en repondant:

« Je ne reprends que les préceptes enseignés aux Hitlerjugend. Chez nous, ce genre de conflit se règlent lors de combat a main nues. Selon l’importance du litige il va de la joute amiable au combat a mort. »

La loi du plus fort s’impose, tel était la doctrine qui a derrière laquelle s’est cachée tout un pays pour s’enflammer et commettre les pires atrocités. Le fort n’a pas a s’abaisser pour le faible sans trahir sa vraie nature.  En attendant, avec un geste respectueux a Almarich, je l’invite a entrer chez nous, avant de passer devant Jefferson sans me gêner pour le bousculer avec mépris en lui murmurant.

« Schweineficker»

Une autre façon agréable de lui rappeler qu’il ne parle pas Allemand, il ne devrait même pas être considéré ici. Je reste a observer les réactions, comptant autant sur mon intuition quant a la présence d’un ange gardien que sur notre vérification avant d’aller voir Almarich. Marius procède aux fouilles et je me demande si leur pseudo leader voit la même chose que moi. Je sens bien Jefferson être comme un chien en chaleur qui trépigne quand Marius renverse un des sacs d’Olivia . Mon demi sourire s’allonge en lisant sa déception sur son visage. Aussi affable qu’ironique, je lui demande :

« Un souci Jefferson ? Tu me sembles bien pale ? Peut être voudrais tu vérifier pour être sur que Marius n’a rien manqué ? Je t’en prie, fais toi plaisir en nous prouvons encore plus quel genre de personne tu es.»

Alors qu’Almarich conclu, j’avise au sol un bracelet qui n’est pas a Olivia. Je pense même savoir a qui il est et cela ne fait que conforter mon raisonnement. D’un discret mouvement de pied, je le pousse sous la table basse avant de suivre les autres, quand je me sais pas regardé, d’un bref coup d’œil j’indique le petit meuble a Olivia. Des mois de complicités font que je pense qu’elle pourra comprendre l’invitation à jeter un œil quand elle sera seul.  Prenant une attitude satisfaite, comme si l’incident était déjà clos et oublié, je réponds au leader, tout en lançant un regard que j’espère gratifiant a Marius:

« Vous avez bien raison, surtout que nous avons beaucoup de choses a nous dire. Grace a la découverte de Marius, nous avons matière a réflexion pour développer peut être un système d’arme auquel personne ne s’attendra… mais avant, il me reste un détail a régler qui ne souffrira pas d’attendre plus longtemps. »

Je m’arrête et me tourne vers Jefferson, posant mes yeux devenus froids sur cet être méprisable avant de dire, un air aussi déterminé que solennel :

« Jefferson O'Clay, tu n’as pas seulement sali le sang qui coule dans tes veines ce soir, mais aussi celui de la femme qui est ta compagne et de toute sa famille. Qui plus est, tu as calomnié celle qui porte mon enfant et insulter mon nom. Je t’attends dehors pour que nous réglions cela dans la plus pure tradition afin que cette affaire soit vraiment close. A toi de me prouver que tu es un homme et pas un de ces animaux que nous traquons. »

Car tel est le risque a prendre pour délivrer Olivia et son amie de lui et nous assurer de ne pas avoir a revivre cela des que cette vipère aura un nouveau sursaut de vengeance.

Those days are over.

ANAPHORE

Je baisse le regard par là où m'indique Sebastian, pour aviser qu'il me désigne quelque chose sous notre petite table basse. Je fais mine de rien, je sais que j'irai vérifier de quoi il parle ensuite, alors que la situation se règle dans les grands lignes. Je sais que ça n'est pas miraculeux, bien au contraire, et que nous risquons de gros problèmes dans tous les cas, surtout si Jefferson reste dans le coin. Mais quoi qu'il en soit, je ne compte pas renoncer pour autant. Un soupir m'échappe, et je relève les yeux vers Sebastian avec une pointe d'angoisse dans le regard quand il prend des airs un peu trop digne.

Et qu'il parle d'un duel. Mon coeur s'agite violemment, et il est le seul à pouvoir voir le "non" que je lui fais de la tête. Il est sérieux ?! S'il se retrouve blessé ou pire, qu'il se fait tuer sous mes yeux, que croit-il qu'il va se passer pour moi ici ? Et pense-t-il sérieusement que je vais laisser faire ? Marius fronce les sourcils en le regardant, avant d'esquisser un sourire indescriptible. J'ai l'impression qu'il s'amuse beaucoup trop de cette proposition, alors qu'un vague vent de panique saisit les yeux de Jefferson. Je ne sais pas s'il attend un miracle mais en tout cas, il ne réagit pas.

Je suis contrarié de ça mais je vais me battre pour lui, annonce alors Marius. En fait, il a l'air tout sauf contrarié mais passons la remarque, personne n'est dupe. Jefferson semble respirer à nouveau, beaucoup moins quand l'autre homme pose sa main sur son épaule et la serre violemment, au point qu'une grimace douloureuse passe sur le visage de ce sale type. Je viens de lui mettre une dérouillée, et il ne sera pas en état de se défendre correctement, se justifie-t-il rapidement : Je répondrais de sa bêtise, et puis... Tu ne t'amuserais pas à te battre contre un type déjà amoché, rit-il.

L'œillade de tueur qu'il laisse passer, autant pour Sebastian que pour Jefferson, me fait froid dans le dos. Je n'ai pas vraiment le temps de prendre Sebastian à part et de le supplier de retirer cette proposition qui ne fera que nous attirer des ennuis à ce train-là. Pas de combat à mort, mais si vous voulez régler les comptes, allez-y, annonce Almarich, lui pour le coup, véritablement contrarié. Trois paires de bras en moins pour une durée même courte, ça n'est pas rentable pour lui. Qu'importe, il nous fait signe de sortir, les hommes le font. Moi ? Je reste figée, avant de ramasser le bracelet et le glisser rapidement dans ma poche, puis je sors.

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ANAPHORE

Je veux et dois estropier Jefferson, être sur qu’il ne pourra pas être une menace pour Olivia et son autre victime, en admettant qu’il n’y ait qu’une. Sauf que, j’ai minoré la soif de violence de Marius, tablant plus son envie de venger sa sœur. Visiblement, le psychopathe a trop envie d’en découdre pour laisser passer une occasion pareille.

« Effectivement, même si la logique voudrait d’attendre que Jefferson se rétablisse, je suis d’accord pour accepter cet échange afin que nous mettions derrière nous au plus vite cette histoire. »

De ce que j’ai compris de ce petit groupe, la force brute du coin est Marius, c’est lui le super prédateur local, autant dire que je suis bien moins détendu que je veux le montrer, mais maintenant, pas le choix. Faire marche arrière reviendra a me soumettre et le reconnaitre comme un dominant. La pire chose à faire pour Olivia.

Nous allons dehors, je prends le temps de retirer manteau et pull pour me retrouver en tricot de peau. Almarich nous donne ses conditions avant de valider la joute et je vois bien dans le regard de Marius qu’il pense largement avoir le dessus. Si le premier échange est en ma faveur « proprement » la suite est bien plus floues. Nous sommes clairement de la même force, nous avons tous les deux l’expérience de la brutalité et du combat, mais lui a la perversité de son côté alors que je me bats avec mon sang froid.

C’est serré, c’est violent et aucun de nous ne lâche. Les coups deviennent rapidement moins « beaux », plus perfides et les victoires moins nettes Combien de round y a t’il vraiment eux alors que je refuse de ployer devant celui qui joue de chance ? Je n’en sais rien mais je suis prêt a donner tout ce que j’ai pour gagner, conscient que les enjeux pourraient être définitifs. Je n’ai pas le droit de faillir ici, dans cette mission qui n’est pas la mienne, laissant Olivia livré a elle-même, Roman coincé chez les Pirates, Daemon, sa famille et les IF exposés aux Oblivions. Alors oui, peu importe le prix et la méthode, je refuse de perdre. Il n’y a plus de retenu dans ce duel, plus de respect, plus règles, juste deux bêtes qui veulent a tout prix briser l’autre.

Dire que cela m’a couté pour l’emporter est un euphémisme, mais je sais que ca le vaut quand, non seulement j’ai la joie de gagner mais pas que. Alors que, sur le dernier round, Marius pensant l’emporter avec une clé de soumission, je me dégage avec une méthode digne d’un sanglier furieux, une apprise dans la fosse. Ce en force que je me délivre de son étreinte, alors que le craquement de l’os du bras de Marius ne fait aucun doute.

Essoufflé, autant par l’effort que l’adrénaline, amoché, je cherche des yeux Olivia alors que je me redresse péniblement, laissant Marius au sol. J’aurais préféré qu’elle ne voit pas cela, qu’elle continue d’ignorer quel a été mon quotidien pendant des années et a quel point je me suis vautré dans la bestialité pour survivre. Il n’y a aucune fierté qui lui dans mes prunelles, juste un éclat de honte et une résignation que je masque vite. Je me donne une contenance en allant, un peu raide, laissant les autres le soin de récupérer Marius. Je me rapproche de Jefferson et pose une main sur son épaule pour lui dire :

« Il me semble que le verdict se confirme, Jefferson, mon Anika attends tes excuses. »

Puis, je lui chuchote, avec le sourire comme si c’était des banalités :

« Schweineficker, si tu trompes encore ta compagne avec cette sang impure, ou que mon Anika émet une seule plainte a ton sujet, voir que je capte un seul regard de travers vis-à-vis d’elle, ne te leurre pas, je peux être pire que Marius. »

J’attends de voir s’il s’exécute avant de rejoindre Almarich. En une soirée, deux de ses lieutenants, dont le plus féroce, ont été abimé. Même si je fais parti du problème, a ses yeux, plus que jamais, je peux devenir une solution.

Those days are over.

ANAPHORE

Les poings serrés, je me tiens en retrait pour être sûre de ne pas intervenir. Je suis tendue comme un arc, avec un sursaut de circonstances à chaque coup que Sebastian prend. Les mâchoires serrées, je ne remarque même pas la présence de Karl à mes côtés, appelé pour intervenir si jamais ça va trop loin, j'imagine. Lui cependant constate très bien ma crispation sans essayer de me détendre. Nous avons un échange de regard qui en dit long, et je traduis dans ses yeux le fait qu'il connait suffisamment son frère pour savoir que c'est le genre de prédateur auquel il ne faut pas se frotter. C'est suffisant pour gonfler mon inquiétude pour Sebastian.

Pourtant, mon compagnon l'emporte et je parviens à capter son regard. J'ai le cœur encore affolé par la situation, plus encore parce que je ne peux pas aller l'aider, je dois rester planté où je suis et ne pas trop en faire. Les époux que nous incarnons ne sont pas comme ça. Comme j'ai envie d'être avec lui, librement. Je garde les mâchoires serrées, l'avertissement passe pour Jefferson qui n'a pas le choix que de s'approcher de moi : Je te présente mes excuses, articule-t-il comme si ça le faisait souffrir de le faire. Je détourne les yeux sans pouvoir cacher mon mépris à son égard, même si c'est réciproque. J'ai l'intuition que ça ne sera pas suffisant pour l'effrayer, il trouvera des choses plus vicieuses pour agir.

Je me complets néanmoins dans l'idée qu'il ne pourra pas la lever à cause de moi avant un petit moment sans souffrir affreusement, ou que s'en prendre à Audrey ne sera plus une possibilité. Sebastian s'esquive avec Almarich sans un regard supplémentaire pour moi, je me réfugie rapidement dans notre chambre pour y remettre un semblant d'ordre. C'est Audrey qui vient m'y aider, quelques instants, ordonnant ce qui a été retourné avant de me laisser avant que quelqu'un ne la voit. Cependant, ça m'a laissé le temps d'observer sa situation, ou le fait qu'elle n'a aucun bijou avec elle. Alors un bracelet ? Je scrute l'objet en question, en pinçant les lèvres.

Ce n'est que plus tard que Sebastian me retrouve, lorsque la porte se referme, je me réfugie dans ses bras en essayant de ne pas lui faire mal. S'il l'a emporté - de justesse - sur Marius, ça n'enlève rien au fait que l'homme n'a pas été tendre avec lui. Sans la clause imposée par Almarich, probablement qu'ils auraient essayé de se tuer, et tous les coups auraient été bon pour ça. Je l'amène s'asseoir sur le bord du lit, j'ai déjà préparé une bassine d'eau, un linge, de quoi nettoyer ses plaies avant de risquer une infection. Mes mains fraiches ont le mérite de soulager un temps la douleur de ses hématomes déjà en train de marquer sa peau.

Je suis désolée, que je lui souffle alors qu'il esquisse une grimace de circonstances quand je presse son arcade pour nettoyer le sang. De ma poche, je prends le temps de sortir le bijou qu'il a trouvé : Je sais que ça n'appartient pas à Audrey, je lui explique les raisons pour lesquelles je pense une telle chose, avant de suggérer : Je crois que c'est à Eva, en fait, à bien y réfléchir, c'est presque une certitude. Elle est la seule à être suffisamment coquette pour ça, et avec qui je suis un minimum proche ici. J'éponge le linge dans la bassine, qui se colore encore de son sang. Tu n'étais pas obligé d'en venir là, que j'ajoute, un peu moins tendre sur le coup. Je crois qu'une part de moi lui en veut d'avoir poussé le vice jusque-là. Il aurait pu en mourir.

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