The Walking Dead RPG

Malgré le traitement que j’ai reçu, mon état ne semble pas s’améliorer. Depuis combien de jours suis-je sur ce lit ? J’ai perdu le fil depuis longtemps. Une énième lutte pour ma survie ; franchement, qui aurait pu dire que je crèverai d’une foutue maladie ? J’ai échappé tellement de fois à la mort ici, que je n’aurais pas parié sur ça. Malheureusement, je sais que cette fois je ne me relèverai pas. J’crois qu’après plusieurs jours à me battre, je dois me rendre à l’évidence. La fin est proche pour moi.

Combien de temps me reste-t-il ? Un jour, peut-être deux. A vrai dire, je n’imaginais pas vraiment les choses comme ça à l’approche de ma mort. Je pensais que la peur aurait pris le dessus, mais je me rends compte que seuls les regrets sont nombreux. De vagues souvenirs me reviennent, brefs et courts, des moments dont j’ai besoin de me raccrocher sans trop comprendre pourquoi. Ma mémoire a été mise à rude épreuve ces derniers mois. Mais il y a un visage pourtant, qui hante mes pensées, constamment. Un visage qui me donnerait presque envie de sourire et qui me donne la force de m’accrocher, de ne pas sombrer.

C’est encore ce visage qui me revient, alors que la triste réalité me rattrape. La toux est douloureuse et un sifflement continue se fait entendre depuis quelques temps lorsque je respire. Je serre les dents alors que mes bronches me brûlent horriblement. Un gémissement s’élève ; le moindre mouvement, même insignifiant, puise dans mes dernières forces.

L'épidémie ne faiblit pas. Chaque jour, de nouveaux patients arrivent souffrant du même mal. Tasya distribue les traitements au compte-gouttes, en privilégiant les malades les moins atteints et ceux ayant le plus de chance de s'en remettre. Elle est épuisée, dort peu, veille quasi jours et nuits sur les personnes alitées. Si elle le pouvait, elle les sauverait tous, mais ce n'est pas possible. Jamais elle ne s'est sentie aussi impuissante que ces temps-ci.

Son regard se pose sur Alba, toujours alitée et dont l'état ne s'améliore pas malgré les traitements. Elle s'agite, semble souffrir. La mexicaine vient alors s'assoir au bord de son lit, elle pose une main sur la sienne pour tenter de l'apaiser. Malgré le masque qu'elle porte sur le visage, elle tente de la rassurer et esquisse un sourire. Ses yeux laissent transparaitre toute la douceur et la bienveillance qui l'habitent à cet instant précis. « Alba ? » chuchote Tasya. Elle trempe un linge dans un seau d'eau, l'essore et le lui passe sur le front pour tenter de faire diminuer la fièvre. « Tiens le coup, d'accord ? » continue-t-elle à voix basse, la priant de ne pas laisser la maladie l'emporter.

Une idée, une hypothèse lui trotte dans la tête depuis quelques temps. Après une brève hésitation, la brune reprend : « Là où j'étais avant, il y avait une jeune femme, elle m'a parlé de sa compagne. Une très belle femme, à forte tête, fort caractère, assez grande, cheveux courts et peau noire. Elles ont été séparées lors de leur arrestation et elle ne savait pas ce qu'elle est devenue.. » Elle laisse passer une petite seconde pour être certaine que la disgraciée arrive à la suivre, avant de reprendre « Est-ce que tu es la compagne d'Amalia ? » Y a-t-il une possibilité que ce soit elle ? Le même prénom, la même description physique, à peu près le même caractère même si Colville l'a probablement durement affectée..

Message In A Bottle

Just a castaway, an island lost at sea,
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More loneliness than any man could bear
Rescue me before I fall into despair

Lorsque l’on prononce mon prénom, je rouvre les yeux. Je reconnais le visage de cette infirmière qui veille sur moi depuis le début. Comme toujours, ses gestes sont doux, son regard bienveillant. Elle me demande de m’accrocher alors qu’elle vient poser un linge humide sur mon front. J’aimerais lui dire que tout cela ne sert à rien, j’aimerais lui demander d’arrêter de prendre soin de moi. Mais aucun son ne sort de ma bouche. Peut-être qu’elle peut le lire sur mon visage ? Elle a sûrement mieux à faire que de rester là avec moi ? Pourtant, elle ne bouge pas.

Quand sa voix résonne à nouveau, je la dévisage un instant, ne comprenant pas vraiment pourquoi elle me parle de tout ça. L’histoire qu’elle me raconte fait sens dans mon esprit, sans que je puisse réellement réaliser qu’il s’agit de mon histoire. Pourtant, lorsqu’elle prononce ce prénom, je comprends… Mon regard ne quitte pas celui de la brune et je lui demande difficilement « Tu… Tu as dit qu’elle s’appelait comment ? » Une quinte de toux douloureuse résonne et il me faut du temps pour reprendre mon souffle. La jeune femme me répète son prénom et je sens brusquement ma gorge se serrer. Des souvenirs reviennent, nombreux. Je me pince les lèvres avant de fermer les yeux, brièvement. « Oui… Oui… C’est elle… » Est-ce un soulagement ? Je suis bien trop faible pour le pire… Néanmoins, je puise dans mes dernières réserves pour lui demander « Où ? Quand ? »

Tasya le voit dans son regard, Alba est résignée. Elle est trop faible pour se battre davantage. La mexicaine ne sait pas ce qu'ils lui ont fait subir ici, mais son corps est déjà tellement affaiblit que la maladie semble avoir pris définitivement le dessus sur elle. Pour autant, la brune n'arrête pas ses efforts, tant qu'Alba respirera encore et que son cœur battra, elle ne cessera pas de s'occuper d'elle, comme tous les autres patients. Cependant, elle doit l'avouer, quelque chose la retient en particulier au chevet de la jeune femme : la conversation qu'elle a eu à plusieurs reprises avec Amalia à propos de sa compagne.

Le regard d'Alba s'accroche au sien et Tasya le soutient. « Amalia » répète-t-elle doucement. La jeune femme ne tarde pas à lui donner raison et quelque chose se brise en Tasya. Elle aurait tellement aimé une jolie fin pour une fois : que les deux femmes se retrouvent une fois échappées de cet enfer, mais ça ne sera pas le cas. Ils n'ont pas droit aux fins heureuses, pas ici, et ça lui brise le cœur.

Tasya attrape la main de la jeune femme et la serre plus fort pour qu'elle se raccroche à sa voix. « J'ai rencontré Amalia en novembre, avant mon arrivée ici. Elle était dans le bidonville de Walla Walla. Elle m'a beaucoup parlé de toi. » lui glisse-t-elle d'une voix douce. « Elle est forte, elle est courageuse, je suis sûre qu'elle va bien à cet instant » Amalia a encore Phoebe, Hoani, Harper, Ray, des alliés sur qui elle peut compter et qui la protègeront. Elle sait aussi que la jeune femme souffre beaucoup, que New Eden lui inflige les pires sévices, mais ça, elle se garde de le dire à Alba, pour le moment.

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Je regarde Tasya dans les yeux alors qu’elle répète son prénom. Amalia. Brusquement, le visage de la blonde m’apparaît bien plus clairement et de nombreux souvenirs me reviennent en tête. Notre rencontre au motel, nos soirées avec les autres filles, nos engueulades, nos fous rires, les nuits passées dans ses bras, le son de sa voix… Son visage, son sourire… Ma gorge se serre et je ferme les yeux. Je sens alors la brune attraper ma main ; je serre ses doigts avec le peu de force qu’il me reste. Ce contact est doux, réconfortant et je ne cherche pas à l’écouter ; tant il me fait du bien à cet instant…

Mes paupières s’ouvrent à nouveau et je capte à nouveau le regard de la brune. Un sourire triste se dessine sur mes lèvres alors qu’elle me parle d’Amalia, qu’elle me la décrit rapidement. A ses mots, je n’ai plus vraiment de doutes – c’est bien elle – et cela m’attriste encore plus de savoir que je ne la reverrai pas. Si je me suis longtemps raccroché à cet espoir fou de pouvoir la revoir, je suis consciente que ce jour n’arrivera pas. Je n’en ai plus pour longtemps.

Je laisse échapper un sifflement sourd en ouvrant la bouche. Je crois que d’ici quelques instants, je ne pourrais plus parler tant cela est difficile. J’aimerais pouvoir lui poser tellement de question, lui parler d’Amalia pendant des heures, lui raconter notre histoire. Mais je n’en aurais pas le temps. Néanmoins, elle peut lire dans mon regard à quel point je lui en suis reconnaissante d’avoir pris le temps de me parler d’Amalia. « Elle… Elle a toujours été forte… » Ces quelques mots font trembler ma voix. Encore une fois ma gorge se serre. Un nouveau sourire se dessine sur mes lèvres. Tasya m’a dit qu’elle allait bien, est-ce vrai ? Je me doute que ça doit être difficile pour elle, mais à cet instant, j’ai besoin de me raccrocher aux bons moments passés avec elle… « Elle est la seule personne que j’ai aimé, sincèrement… » J’ai besoin de le dire, de l’avouer… Si seulement les choses s’étaient passées autrement… Encore une fois, les regrets reviennent. Mais à ce moment, c’est la tristesse qui prend le dessus sur le reste et une larme finit par couler le long de ma joue. J’aurais tellement voulu lui dire adieu… Passer le temps qu’il me reste auprès d’elle…

Les yeux d'Alba quittent les siens et semblent se perdre dans ses souvenirs. Elle parait bercer quelques instants dans une douce sérénité. Tasya patiente à ses côtés et quand la voix de sa patiente se fait plus difficile, elle l'aide à boire un peu plus d'eau. « Je le lui dirais, je te le promets. » murmure-t-elle en serrant sa main plus fort quand Alba affirme qu'Amalia est la seule qu'elle a aimé. C'est une promesse de plus que la mexicaine espère pouvoir tenir, mais pour cela, il faut qu'elle parvienne à sortir d'ici, vivante.  « Je lui dirais aussi que tu as été forte et que tu n'as jamais cessé de te battre. » Ces derniers temps, Tasya a veillé Alba et a pu constater qu'elle était forte, tenace et qu'à aucun moment, elle n'a baissé les bras. La maladie a été plus forte cette fois-ci malheureusement mais c'est un mal contre lequel ils peuvent difficilement lutter. Il n'y a qu'à voir autour d'eux, il y a beaucoup de patients d'âges différents. Des hommes forts ont aussi succombé.

Elle aimerait lui dire plus mais les mots lui manquent. La brune aimerait l'accompagner dans son dernier voyage, lui permettre de partir plus sereinement encore mais elle se sent bien maladroite... Si elle peut soigner les maux du corps, ceux de l'esprit lui semblent plus difficiles.... Alba est une victime de plus de ce groupe cruel et injuste. Sa compagne et elle ont été séparées et condamnées. New Eden leur aura porté le coup fatal et elle en ressent une grande colère, bien inutile à Alba à cet instant présent. « Je reviens » murmure-t-elle. Tasya attrape une petite cape qu'elle pose sur ses épaules et sort. L'air glacé lui frappe le visage mais elle ne renonce pas. Elle croise un milicien qui ne l'arrête pas, ses allers-retours même de nuits, sont fréquents depuis qu'elle tente de gérer l'épidémie. Ses pas la conduisent devant le dortoir de Mason. Elle hésite avant de frapper de quelques coups discrets, consciente qu'elle va probablement réveiller tout le monde à cette heure-ci. La porte s'ouvre après quelques minutes sur un homme à l'air endormi et lorsqu'elle demande à voir Mason, il se tourne vers le concerné. « J'ai besoin de toi » glisse-t-elle d'une voix presque suppliante.

Ils prennent rapidement la direction du dortoir. « Il y a une femme, elle est mourante, j'aimerais que tu.. » Tasya hésite, qu'il quoi ? La bénisse ? Elle ne sait même pas de quelle religion est Alba.. « Que... Que tu l'aides à partir plus sereinement » murmure-t-elle. Arrivés devant le dortoir, la mexicaine lui tend de quoi se protéger le visage pour ne pas risquer d'attraper à son tour la peste. Ils rentrent alors tous deux dans cet endroit où l'ombre de la mort semble rôder partout. Un peu partout, des lits sont disposés sur lesquels sont allongés des hommes et des femmes à la respiration difficile. Certains s'agitent, en proie à la fièvre, d'autres gémissent. Ici, personne ne va bien.

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« Tu sais raconter les histoires Mazon ? » Je fronce les sourcils, alors que ce petit bout en fait de même, attendant visiblement une réponse de ma part. Tout autour d’elle, l’air semble devenir plus flou et, quand je relève la tête pour parler à Anjali, je sens qu’on me secoue brusquement. « Mmmh quoi ? » Soufflé dans un grognement, alors qu’Henry souffle dans un murmure. « Hey Mason, y a la petite doc qui te demande. » Il me faut bien quelques secondes pour tilter et je finis par me relever tant bien que mal, ignorant les courbatures suite à cette énième journée passée à charrier et à brûler les cadavres des victimes de la peste.

J’ai un temps fixant Tasya. « Tu n’as rien ? » Evidemment, je la suis sans me poser de questions et, quand elle reprend la parole, je sens une espèce de panique m’envahir. « Tu veux que je fasse quoi ? » Mais comment elle veut que je fasse ça ? Et qu’est-ce qu’elle veut que je fasse exactement ? Pourtant, je continue de la suivre et, dans le dortoir, j’ai un temps d’arrêt. L’ambiance est pesante, encore plus que dans le reste du camp. La mort semble flotter tout autour de nous et une part de moi me souffle juste de partir tant qu’il est temps, que je n’ai pas à m’infliger ça en plus du reste. Pourtant, plus loin, je reconnais la silhouette d’Alba et j’ai un soupir silencieux.

Et, alors que les râles et les gémissements me donnent envie de prendre mes jambes à mon cou, je croise son regard. Qui me fait oublier cette peur presque panique de ce qui nous entoure et qui la remplace par quelque chose de plus doux. D’infiniment plus triste aussi. Impossible de ne pas voir qu’il ne lui reste que très peu de temps. Et, si nous n’avons pas vraiment eu le temps de beaucoup discuter, elle m’a aidé à me rappeler qu’ils n’avaient pas encore réussi à m’arracher mon humanité. « Salut Alba… » Soufflé à mi-voix dans sa direction. « Tasya s’est dit que ce serait bien que cette nuit, tu aies un peu de compagnie. » Surtout au moment de partir, qu’elle ait quelqu’un à ses côtés. Je pose ma main sur la sienne et je serre doucement ses doigts, non sans me débarrasser de mon foulard pour pouvoir lui adresser un vrai sourire.

I will walk by faith
even if I cannot see.

ANAPHORE

Spoiler: