The Walking Dead RPG

Tasya esquisse une petite grimace, elle n'est pas certaine de chanter si bien que cela. Sa main se resserre autour du bras d'Elliot mais elle se raidit légèrement en voyant la porte s'ouvrir sur un milicien. Heureusement, il semble empli de bonnes intentions et leur donne même du pain. Ce genre de gestes est suffisamment rare pour qu'elle grave son visage dans son esprit. Sera-t-il un allié si besoin ? Il le faut, ils ont besoin de personnes de leur côté.

Elle refuse poliment le morceau de pain que Jude lui tend. Elle en mange de temps en temps, grâce à Alec. La mexicaine serait bien égoïste de prendre celui qui est offert par le milicien. Ils en ont plus besoin qu'elle, Tasya sait qu'ils n'ont le droit, la plupart du temps, qu'à un bouilli infâme qu'ils appellent "soupe".

Mason se rapproche d'elle et sa demande la déstabilise un peu « Moi ? » Un bref instant, la confusion règne dans son esprit. Elle ne se sent pas d'humeur à chanter mais en détournant le regard pour le poser sur les personnes autour d'elle, la mexicaine comprend qu'elle n'a pas vraiment le choix. Mason doit pouvoir compter sur elle aussi dans ces moments-là. Ils ont besoin de se changer les idées, tous. Elle l'écoute et tente d'occulter tous les regards braqués sur elle pour tenter à son tour les vocalises. « Ok.. Il ne faudra pas m'en vouloir s'il pleut demain... » souffle-t-elle avant de prendre une inspiration pour imiter Mason. Elle se sent rouillée, et même si elle a toujours eu une voix assez agréable, c'est étrange de s'entendre à nouveau chanter. Cela semble... décalé comparé à ce qu'ils vivent. Elle l'interroge du regard, ayant soudainement l'impression d'avoir à nouveau 10 ans et de passer une audition devant son prof de chant.

J’accepte volontiers le morceau de pain qu’on m’offre et j’écoute Tasya qui est la première à devoir montrer ses talents de chants. Elle a une belle voix, elle chante juste ! C’est agréable de l’écouter même si c’est un peu étrange à la fois. Ici, avec nos conditions en fait.

D’un coup, c’est à mon tour. La vérité ? C’est que je ne sais pas chanter. Je ne le fais presque jamais non plus, car je n’aime pas m’entendre fausser. L’espace d’une petite seconde, je suis presque déçue d’être venue ici. Ce n’est pas le chant qui m’intéressait, mais la présence de mes amis. Je grimace donc un petit peu, mais je tente l’exercice quand même.

- Je suis désolée par avance… que je marmonne à Mason et Tasya.

J’ai les joues toutes rouges de gêne, mais j’essaie de chanter tout de même. Je les entends, les notes de travers, mais… bon. Je me raccroche à la possibilité d’apprendre ici. Ce serait quelque chose qui m’aiderait à passer le temps à Colville, un objectif qui m’aiderait à me lever le matin !

J’espère simplement que Mason ne me dira pas qu’il n’y a rien à faire…

Freedom

IN MY HEAD

A SOUL ON FIRE AND A WILL TO LIVE

Je ne me fais pas prier pour manger un morceau de pain alors que j’observe tout le monde avec une attention bienveillante. Le but ici est de souffler un peu, d’oublier ce qui nous attend à l’extérieur. Et de se rappeler qu’il y a encore des belles choses, qui nous sont toujours accessibles. Je me frotte les mains quand Tasya a fini de chanter, lui rendant un large sourire. « Et bien, tu m’avais caché tes talents on dirait. » Un clin d’œil à son attention avant de me tourner vers Elliot.

Là, c’est une autre histoire. Effectivement, elle ne mentait pas quand elle disait ne pas savoir changer. « Hum. Bien. » Je me rapproche de la jeune fille et je l’attrape par le menton pour lui relever la tête. « Déjà, tu as chanté en public. Je suis fier de toi. » Et j’ajoute, d’une voix plus douce, non sans regarder les uns et les autres. « Ce que j’aime dans le chant, c’est qu’il m’aide à me sentir mieux. Quand je ne vais pas bien, je chante. Quand je vais bien aussi. Ca aide à avoir une bonne posture, à bien respirer. Et à garder la tête haute. Même quand tout autour de vous essaie de vous faire courber l’échine. »

Je laisse filer un silence, avant de tousser un rire. « Et franchement, à choisir entre regarder Riley dans le blanc des yeux et passer du temps ici, j’ai choisi mon camp. » Quelques rires fusent et Riley me lance une cuillère, la mine faussement outrée. Je finis par claquer des mains. « Bon ! On va commencer. Elliot, tu viens à côté de moi ? » Un petit coup d’épaules affectueux et je commence à souffler des lalalala, changeant le rythme, la tonalité, en fonction des uns et des autres, jusqu’à voir quelques sourires se dessiner sur certains visages.

Un talent ? Tasya secoue doucement la tête. Elle n'a pas l'impression d'avoir chanté si bien que cela. Elliot essaye aussi et la mexicaine vient lui serrer la main. Ils vont pouvoir tous progresser et cela veut dire qu'ils vont se réunir de temps en temps ici, c'est assez réconfortant comme idée.

Quand Mason évoque leur environnement et tout ce qui leur fait courber l'échine, Tasya baisse brièvement le regard et hésite à lui répliquer qu'elle ne se voit pas pousser la chansonnette ici, pour "aller mieux". Mais elle se tait et se laisse bercer par les paroles de Mason. Ils ont besoin de ça aussi, de petits moments pour apaiser tout ce qui les tourmente.

Elle accompagne Mason et les autres en chantonnant elle aussi et finit par se prendre au jeu. L'espace de quelques instants, elle oublie où elle est et pourquoi ils sont réunis aussi. Il y en a un à qui ça plait tout particulièrement aussi. Sa main vient se poser sur son ventre où le bébé donne de vigoureux coups de pieds. C'est réconfortant car habituellement, ce n'est pas un bébé très vif, comme s'il se faisait assez discret, ou bien, peut-être est-ce aussi Tasya qui ne prend pas le temps d'écouter les signaux de son corps. Elle a du mal à se faire à cette grossesse. Elle sait qu'on va lui enlever son bébé à la naissance, ça n'aide pas à s'y attacher. « Je crois que ça lui plait aussi » souffle-t-elle avec un petit sourire en faisant courir sa main sur son ventre.

Je dois avoir l’air d’une grosse tomate, avec le visage tout rouge de gêne. Mason m’attrape par le menton pour relever mon regard vers le sien et me dit des mots apaisants. Je chante comme une casserole, mais il ne baisse pas déjà les bras avec moi. Il est même fier que j’aie bravé l’humiliation publique… La main de Tasya dans la mienne me réconforte beaucoup aussi.

Je me dis simplement que je n’ai plus grand-chose à perdre… et tout à gagner plutôt. Je ne sais pas combien de temps il me reste à vivre. C’est… flou ici, sans garantie. J’ai besoin de me raccrocher à quelque chose de normal, alors si c’est apprendre à chanter avec mes amis, c’est très bien.

J’ai du mal à réfréner un sourire. Un vrai. Tout petit, mais bien présent à la commissure de mes lèvres quand je reçois un petit coup d’épaule amical. Je vais me positionner aux côtés de Mason et j’essaie tant bien que mal de suivre les tonalités, le rythme aussi… J’ai beaucoup de travail à faire, mais je vais m’appliquer.

Ça me serre le cœur quand Tasya parle du bébé qui aime bien la musique. Parce ce bébé… il va naitre ici. Il va lui être enlevé… et il ne connaitra jamais sa mère. Tout ça à cause de ces ordures… et pour une fois dans ma vie, je n’ai absolument aucune idée pour essayer d’y remédier.

Freedom

IN MY HEAD

A SOUL ON FIRE AND A WILL TO LIVE

Je sais qu’au vu de ce que nous vivons, de ce que nous subissons même, l’idée de chanter peut paraitre dérisoire. Pour ne pas dire que c’est une perte de temps et d’énergie. Temps que nous pourrions passer à dormir, à tenter de marchander le peu de choses que nous avons, à nous faire des alliés ou, tout bêtement, à dormir. Pour autant, ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Et je suis bien conscient que je suis toujours trop sensible, naïf et j’en passe. Mais, j’ai besoin de ça pour survivre. Pour me dire que je n’ai pas totalement perdu de vue l’homme que j’étais avant d’arriver ici.

Alors, tant que je pourrais chanter, tant que je pourrais transmettre un peu de ce que ça me fait éprouver, tout ne sera pas perdu.

Forcément, c’est un large sourire qui répond à la remarque de Tasya. « Un futur mélomane ? C’est bien ça. Il va falloir lui faire écouter de la musique plus souvent alors. » Ca leur fera du bien. A tous les deux. Parce que, derrière les cernes, derrière leur regard voilé par toutes les horreurs que nous traversons, c’est bien la première fois depuis des semaines que je vois Tasya et Elliot sourire. « Allez, on continue. » Je m’amuse à taquiner gentiment Elliot à plusieurs reprises, comme j’ai pu le faire avec ma petite sœur, il y a une vie de ça. Alba, si elle est silencieuse, s’avère avoir une voix impressionnante. Et elle finit même par pousser la chansonnette seule, à la fin de la séance, alors que nous l’écoutons tous dans un silence respectueux.

***

Et les séances se suivent. Elles deviennent même un rituel et, plusieurs soirs par semaine, nous sommes une petite vingtaine à nous réunir. Pour discuter, chanter. Il y a quelque chose d’improbable dans ces réunions, surtout avec la peste qui commence à faire des ravages au sein du camp. Mais les gens restent fidèles au rendez-vous. Ceux qui tiennent encore debout en tout cas. J’ai une grimace en voyant qu’Alba manque à l’appel. Elle est malade depuis quelques jours parait-il. Et je soupire, laissant filer un silence avant de me concentrer sur les personnes présentes. « Comment vous vous sentez aujourd’hui ? » J’ai passé la journée à charrier des corps pour les brûler avec Elliot, autant dire que j’ai connu des jours meilleurs. Et que j’ai d’autant plus besoin d’un moment hors du temps.

Un bref sourire lui soulève les lèvres lorsque Mason évoque son bébé comme un futur mélomane. Une main sur pose sur son ventre où elle peut le sentir s'agiter. C'est rare et c'est encore plus réconfortant du coup.  Et c'est ainsi à chaque séance passée ici. Si discret en temps habituel, son bébé semble se réveiller à chaque fois que les voix des uns et des autres se font entendre. C'est ainsi que Tasya commence elle aussi à chanter doucement lorsqu'elle est seule. C'est réconfortant, même si elle n'arrive pas à s'attacher comme elle devrait à cet enfant, elle peut au moins faire cela...

***

Tasya a failli ne pas venir ce soir. Ces dernières journées sont compliquées. Elle passe son temps à circuler d'un dortoir à l'autre pour distribuer des traitements ou pour tenter de soulager un peu les malades en fin de vie. La peste fait beaucoup trop de dégâts et ils ne parviennent pas à l'endiguer. Physiquement, elle est épuisée et moralement, elle est à fleur de peau. Les hormones n'arrangent surement rien. Mais elle est là, fidèle au poste. Ces petites soirées passées avec Mason, Elliot et les autres lui font beaucoup de bien. Elle en sort reboostée.

Quand son ami demande comment ils vont, un silence s'instaure. « C'est dur » soupire finalement une femme. Ses joues sont creusées par le manque de nourriture et sa peau est pâle, presque translucide. Ici, ils sont tous maigres, affaiblis. Ce n'est pas étonnant que la peste gagne si facilement du terrain. Il suffit de rajouter un gros manque d'hygiène pour que toutes les conditions soient réunies à sa propagation. « J'ai l'impression qu'ils ont encore diminué nos portions » Le regard de la mexicaine plonge vers le sol, se sentant toujours coupable de manger plus que les autres grâce à Alec. « C'est vrai » affirme un autre homme. « Il n'y avait même pas de pain ce soir » Un brouahah commence à se faire entendre jusqu'à ce qu'un jeune se lève presque timidement et prenne la parole à son tour. « On le sait tous, tout ça, mais on est pas venu pour parler de ça, pas vrai ? » Il se tourne vers Mason, est-ce qu'il ne serait pas temps de commencer à chanter avant que les esprits ne s'échaudent trop ? « Non, justement, on devrait en profiter pour parler de nos soucis aussi, on doit pouvoir changer les choses non ? » L'homme chuchote presque. Ce soir, aucun garde ne s'est présenté. Tasya secoue doucement la tête et cherche du soutien auprès de Mason, c'est une mauvaise idée, non ? Elle sait que la colère gronde au sein des disgraciés, mais ils ne doivent pas venir entâcher la bonne tenue de ces petites séances de chants qui leur font du bien à tous.