Sujet: Re: /!\ You were the chosen one Lun 23 Jan 2023 - 6:09
Je sais bien qu’il sera impossible de lui faire entendre raison. Mais, quand il me parle d’avoir été chanceux, protégé et j’en passe jusque-là, je suis secoué par un rire sans joie. « C’est facile d’avoir le beau rôle quand on interdit aux autres d’aider. Mais n’oublie pas une chose River. J’étais à vos côtés depuis le début. J’ai aidé à reconquérir cette ville. J’ai été à Spokane. Et à Seattle. Alors ne va pas me faire croire que je suis resté bien au chaud pendant que vous, vous preniez les risques. Moi aussi j’ai fait ma part. Et je me suis sali les mains. » On dirait qu’il n’a retenu que ce qui l’arrangeait.
Mais dans l'immédiat je dois gérer une nouvelle fois la douleur. Bien évidemment, il ne répond pas à ma question. Et je sens les bouts de verre s’incruster dans ma joue alors qu’il m’étrangle en même temps que le reste. « …a… arrête… s’il te plait… » Soufflé dans un murmure étouffé, suppliant, avant qu’il ne finisse par me relâcher. Certainement pas parce que je le demandais. Pris d’une nouvelle quinte de toux, j’essaie tant bien que mal de reprendre mon souffle, incapable de vraiment me débattre devant la poigne du militaire.
Je renifle un coup, levant de nouveau les yeux vers lui. « Je ne sais pas pourquoi nous sommes en vie et pas les autres. Il n’y a que deux choses qui les intéressaient, c’était de savoir ce qu’était devenue une de leur amie. Et de nous faire du mal. » Je déglutis, incapable de continuer alors qu’il commence à me marteler la tête contre le sol. Et la suite m’échappe totalement. Je serais bien incapable de dire ce qu’il m’a demandé, alors que j’ai la tête qui siffle sous le coup de la douleur. Mais l’information finit par monter au cerveau alors qu’il m’a enfin relâché et que j’ai pu reprendre laborieusement mon souffle. J’ai beaucoup de mal à retrouver le fil de mes pensées qui semblent s’échapper un peu plus à mesure que passent les secondes. J’ai juste envie que ça s’arrête, mais je sais que ce ne sera pas le cas. Je crache un peu de sang, avant de reprendre, laborieusement. « Tu veux savoir ce qu’elle était devenue ? » J’arrive à entrouvrir un œil pour le fixer. Si son regard brille de colère, le mien n’est pas en reste. Même si la peur me noue les entrailles. « Tes frères d’armes s’étaient amusés à la violer en boucle. Au point de lui déboiter les hanches et de déclencher une hémorragie. » Je ses mes mâchoires qui se contractent, me faisant oublier une seconde la douleur. « Et tu sais ce que tes frères ont fait après ? Ils l’ont brûlée vive. Pour le plaisir. Voilà comment tes chers militaires occupent leurs soirées à Seattle. »
Je ferme les yeux quelques instants, alors que j’ai l’impression qu’il est toujours en train de me marteler la tête contre le sol. Pourtant, j’ai un nouveau rire – plus nerveux qu’autre chose – quand il me parle d’Evan. S’il savait… probablement qu’il m’achèverait à coups de bottes. Et je me fige de peur quand je le vois faire signe au chien, avant de déglutir tant bien que mal. « Parce que c’est ce qui se passe ici. Entre autres choses. Vous ne voyez rien bon sang… » Je soupire, avant de reprendre. « C’est ça que je voulais faire. Vous faire comprendre ce qui se passait. Ce qu’ils font. Vous aider à ouvrir les yeux. Je n’ai posé aucune bombe, je n’ai tué personne. Je voulais juste... » Protéger et servir. Je sais, ce n’est pas le cas des autres. Et il ne me croira pas. Peu importe au fond. J'ai échoué. « Tu croises souvent des handicapés ici ? Des blessés de guerre ? Des malades ? Il y a des listes. De … poids morts. A éliminer. Sous couvert de soins. » Je le laisse réfléchir à ça avant de reprendre, à mi-voix. « Un jour, ils iront encore plus loin si personne ne les arrête. Et c’est vraiment ça que tu veux pour tes enfants ? Un conseil… ne les envoie jamais voir un autre médecin que Min-Oh si tu veux qu’ils restent en vie. » Et je finis par reposer ma tête sur le sol, incapable de faire autre chose, alors que je me dis, une fois de plus, qu’il va vraiment finir par me tuer.
Sujet: Re: /!\ You were the chosen one Mar 31 Jan 2023 - 6:50
« Le beau rôle ? » Je lâchai un souffle ironique, n’en croyant pas mes oreilles. « Le beau rôle ?! » Répétai-je en hurlant à moitié. Je marchais sur la tête avec lui. A l’écouter, les militaires avaient la belle vie, et ils n’étaient tous que de pauvres opprimés sous notre joug. Il oubliait vite tous les sacrifices que nous avions dû consentir alors qu’il se targuait d’être là depuis le début, d’avoir participé à faire grandir notre éden, d’avoir dû lui aussi se salir les mains. « Ces femmes t’ont farci la tête avec leurs inepties, et toi tu leur donnes le bon Dieu sans confession. » Parce qu’il n’était question que de femmes qui ne savaient pas conserver leur place. Sous prétexte qu’elles voulaient aider, alors qu’elles ne souhaitaient que diriger. « Tu me fais pitié, Mason. Tu t’es laissé endormir par leurs belles paroles, tu es si influençable… » Il n’y avait donc que des hommes comme lui dans la résistance ? Des hommes castrés par leurs femmes, qui les laissaient décider de tout et buvaient leurs paroles ? Heureusement qu’ils étaient si peu d’hommes à avoir succombé.
Et que dire des Scarecrows ? C’était visiblement encore des femmes qui avaient réussi à le corrompre. Mason se défendait de leur avoir communiqué la moindre information, mais il condamnait aussitôt les nôtres pour leur comportement envers une de ces prostituées. Mais comment croyait-il que nous traitions celles qui écartaient les cuisses dans notre propre bidonville ? Ces femmes n’avaient pas plus de valeurs à nos yeux que nos propres disgraciés. Je ne cautionnerais jamais qu’on s’en prenne à une femme de la sorte, mais il ne pouvait pas vraiment jouer les surpris. « Donc tu avoues avoir rallié leur cause ? Et cette femme rousse qui dirige les Remnants… a-t-elle aussi réussi à te retourner le cerveau pour que tu leur révèles tout nous concernant ? Que leur as-tu dit, Mason ? » Lui devait-on la mort du général O’Connell ? L’attaque du barrage qui avait plongé tout le QG dans l’incertitude ? La révélation de nos effectifs et nos moyens à Seattle qui avaient conduit à notre retrait face à l’ultimatum laissé par les Remnants ?
« Je devrais te crever les deux yeux pour rétablir l’ordre des choses. » Il nous traitait d’aveugle, mas il était corrompu jusqu’à la moelle. Une expression de pur dégout passa sur mes traits en me relevant. Ashe attendait l’ordre qui ne venait pas, alors que Mason me servait un nouveau couplet de la pauvre victime du système. Et maintenant il nous traitait de nazis ? « Nous ne sommes pas en Allemagne nazis ici, nous sommes aux Etats-Unis. » Ces accusations étaient ridicules. C’était tout ce pourquoi nous nous étions toujours battus. Je me figeai quand il mentionna l’avenir de mes enfants, une pointe d’incertitude perçant au fond de mon regard. Mon cœur s’emballa un peu, avant que je ne réalise qu’il essayait de me faire rentrer dans son jeu. « Tu n’as aucune preuve de ce que tu avances. » Et il commençait à sérieusement m’énerver. « Le Docteur Yeo-Jeong est également dans la résistance, de ce que je comprends ? » Soufflai-je avec amertume. « Ce sont les deux cousines qui vous ont retourné le cerveau, je présume ? Deux indiennes qui vous font croire que nous sommes un régime nazi ? » Il nierait sans doute encore, mais je n’avais même plus besoin de le torturer : Mason parlait définitivement trop pour son propre bien, et celui de son entourage.
« Ils te feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas; car je suis avec toi pour te délivrer. » dit l'Eternel
Sujet: Re: /!\ You were the chosen one Sam 4 Fév 2023 - 16:07
Je commence à avoir la tête qui tourne et le souffle me manque. Les coups qu’il vient de m’asséner sont encore plus violents que je l’aurais cru et je n’écoute qu’à moitié quand il reprend la parole. Pourtant, j’ai une grimace alors que je capte quelques mots. « Ca vous arrangeait bien quand j’étais influençable avant pourtant… »
Par contre, j’ai l’impression de totalement décrocher quand il continue. Je fronce les sourcils, me repliant un peu sur moi-même, comme pour éviter les coups qui ne manqueront pas d’arriver. Ce qui n’est pas le cas. Mais c’est comme s’il ne parlait pas la même langue que moi. « Quoi ? Je… » Bon sang, il n’écoute rien, rien du tout. Et j’ai les larmes qui me montent aux yeux, entre la douleur et le désespoir qui commencent à prendre le pas sur tout le reste. « Je n’ai jamais avoué ça. Jamais je ne rallierais la cause de ces monstres. Plutôt mourir. » Je secoue la tête, la mine incrédule, quand il parle des Remnants. « Mais de quoi tu parles ? Je ne les ai jamais vus. » Je n’ai même pas fait partie des détachements qui les ont affrontés et je ne comprends même pas ce qu’ils viennent faire dans cette histoire.
Et pourtant, pendant une seconde, j’ai l’impression que je pourrais le faire basculer. Que j’aurais pu, si je m’y étais pris autrement, s’il n’était pas aveuglé par la colère, par la rage même, à l’idée de voir son monde basculer. Pourtant, les Etats-Unis sont morts il y a sept ans, il serait temps qu’il s’y fasse. Et surtout, rien de ce qui a été construit ici n’y ressemble, de près ou de loin. Malgré tout ce que nous avons essayé de faire, ce n’était qu’une illusion dans laquelle nous nous sommes baignés des années. Certains plus longtemps que d’autres malheureusement. Sauf que ce nouvel Eden n’a rien de la terre promise américaine. C’est même tout le contraire.
Je m’essuie la bouche alors que j’ai un goût de bile qui remonte une fois de plus. L’acidité ne fait me recroqueviller sur moi-même, alors que je souffle, dans un murmure. « Crois ce que tu veux, je m’en moque… je voulais juste... te prévenir. » Probablement que ça l’arrange de croire que je n’ai aucune preuve pour avancer ce que je raconte. Ce serait tellement plus simple pour lui. Mais, alors que je voulais juste l’aider, aider ses enfants, voilà que la moindre de mes paroles semble se retourner contre moi. Et c’est d’une voix suppliante que je souffle, dans un murmure. « Arrête River, pour l’amour de Dieu. Arrête de me faire dire ce que je n’ai pas dit. Je t’en prie… j’ai juste dit qu’il était digne de confiance. C’est un médecin intègre, rien de plus. Et elles n'ont rien dit. Rien du tout. » En cet instant précis, je me moque de ce qui peut m’arriver. Tant qu’il ne touche pas à un de leurs cheveux. Je ne supporterais pas de les imaginer ici, à ma place, d’imaginer ce qu’on pourrait leur faire. Et mon regard se perd dans le vide, alors que je détourne mon attention du militaire.
Sujet: Re: /!\ You were the chosen one Sam 18 Fév 2023 - 11:31
J’en avais assez de son arrogance crasse, même complètement affamé et sans avoir pu dormir depuis des jours, Mason se fendait toujours de remarques acerbes. Il était résistant pour quelqu’un qui ne faisait pas partie de l’armée, et encore moins des forces spéciales. J’en connaissais plus d’un qui aurait craqué ou débloqué plus tôt. C’était encore plus surprenant quand il était évident que Mason retournait sa veste avec autant de facilités.
Les menaces faisaient davantage effet sur lui que les coups. Mason était très enclin à parler, et surtout à me faire la leçon. Je le laissais faire pour simplement lire entre les lignes, parce qu’il se trahissait bien vite. C’était le problème quand on était bien trop fatigué et mis sous pression de la sorte, il était impossible de réfléchir correctement. Il avait bien fallu qu’il lâche malencontreusement d’autres informations qu’il aurait préféré taire.
Si j’étais plutôt enclin à croire qu’il n’avait pas de lien avec les Remnants, il en était tout autre concernant les Scarecrows. « Tu m’as bien eu à jouer les traumatisés, notamment dans les tunnels… » Je l’avais cru. J’avais cherché à le protéger, à obtenir justice pour lui… et il s’était servi de moi comme bien d’autres. La colère me donnait envie de le frapper à nouveau, mais je me retins. J’ouvris plutôt la cellule pour faire signe aux gardes placés à l’extérieur. « Amenez-moi un cercueil. » S’ils parurent tout d’abord surpris, ils obtempèrent bien vite en comprenant que je ne plaisantais pas. « Avec de quoi le refermer, bien sûr. »
Je revins ensuite auprès de Mason qui était toujours attaché à même le sol, nu comme au premier jour. « Tu vas parler, Mason. Ça prendra le temps qu’il faudra, mais j’obtiendrais le nom de tous tes complices et de vos autres planques. » Il en avait déjà tellement dit que je ne le lâcherais pas en si bon chemin. J’avais compris, à travers son discours, qu’il était bien plus important encore que l’hirondelle elle-même dans ce mouvement de résistance. Il en savait beaucoup trop pour son propre bien.
Les soldats revinrent après quelques minutes avec le cercueil en bois que j’avais demandé. Ils le posèrent dans un coin de la pièce avant d’attendre mes instructions. « On va voir à quel point tu as menti. » Avait-il réellement joué la comédie pour s’attirer la pitié ou craignait-il vraiment les espaces clos depuis son expérience avec les Scarecrows ? « Quand tu seras prêt à parler, on te sortira de là. » Je me détournai de lui sans plus lui accorder un regard, alors que les gardes le détachaient du sol pour le jeter sans ménagement dans le cercueil. Ils en clouèrent ensuite le couvercle pour ne lui laisser que quelques trous pour respirer.
TW:Torture, humiliation:
Dans quelques jours, Mason aurait sans doute préféré être mort à l’intérieur, car il n’y avait pas pire supplice que de ne pas pouvoir se tenir debout ou assis. La pénombre de sa cellule achevait de le désorienter complètement. Quand les gardes passaient, ils n’ouvraient même pas le couvercle pour lui faire passer une quantité excessivement faible d’eau et de nourriture, qui ne faisaient que prolonger davantage encore le supplice. L’un d’eux décida même de lui faire une mauvaise blague en remplaçant l’eau par de la pisse un beau matin, sous les rires goguenards de ses camarades. Finalement, après des jours de supplice, sa cage s’ouvrit enfin. Celle-ci avait été gravée par les gardes des mots très évocateurs : "Traitor". Et si Mason pensa que son supplice prenait fin, il fut bien vite détrompé en prenant le premier convoi en partance directe pour les enfers. Colville l'attendait.
« Ils te feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas; car je suis avec toi pour te délivrer. » dit l'Eternel
Sujet: Re: /!\ You were the chosen one Dim 19 Fév 2023 - 5:36
Je n’arrive plus à garder le fil, à être logique. A dire vrai, je n’arrive plus à rien. Entre la fatigue, la douleur, la faim et j’en passe, j’ai l’impression de perdre de plus en plus pied à mesure que passent les secondes, les minutes. Et si je me contente de secouer la tête quand il me dit que je l’ai eu à jouer les traumatisés, je me fige au reste, sans vraiment être sûr de comprendre. Ou plutôt, je ne veux pas comprendre.
Quand il reprend la parole et me dit que je vais finir par parler, j’en prends cette fois la pleine mesure. Il ne lâchera rien et même si ça doit me tuer, il n’aura pas la moindre hésitation. « Tu veux éliminer tout ceux qui pourraient te prouver que j’ai raison… que vous vous êtes fourvoyés et que vous êtes devenus des monstres… » Soufflé d’un ton las, avant de reprendre, non sans déglutir. « Un jour tu ouvriras les yeux River. Et que Dieu ait pitié de ton âme à ce moment-là. »
Mais j’oublie tout le reste quand je vois le cercueil arriver. « Non… » Un murmure terrifié qui m’échappe, alors que je puise dans mes dernières forces pour me débattre, tenter – en vain – d’échapper à leur prise. « Pitié, non ! » Ce n’est plus de la peur qui me pousse, c’est une véritable panique alors que je frappe contre le couvercle du cercueil encore et encore, au point d’en laisser des traces de sang et de me retourner plusieurs ongles à essayer de gratter pour me libérer.
Et j’essaie. De me raccrocher à quelque chose. N’importe quoi. Mais les cauchemars prennent le pas sur tout le reste. J’ai l’impression de sentir de nouveau les rats me grimper dessus, de suffoquer. Je ne peux même pas réellement m’écrouler et mes jambes chancèlent. Pour la première fois de ma vie, j’ai vraiment envie de mourir. Juste pour que ça puisse s’arrêter. A la longue, mes sanglots se tarissent, parce que je n’ai même plus la force de pleurer.
Le temps qui s’écoule n’a plus aucune prise sur moi. Je ne sais pas si je reste là des heures, des jours ou plus encore. Et je m’en moque. Je ne suis même pas capable de réellement réagir au traitement des gardes et même la façon dont je ressors souillé de cet endroit n’a pas la moindre espèce d’importance. Je plisse des yeux, aveuglé par la lumière quand ils finissent par me sortir de là, titubant pour m’écrouler au sol, incapable de tenir sur mes jambes. Mais pour la première fois depuis des jours, j’ai enfin l’impression de respirer. Des vêtements me sont lancés au visage et j’entends, sans même faire attention à qui me parle. « Enfile-ça le traitre. Tu pars à Colville. » Un ricanement et un nouveau coup de pied dans les côtes pour accompagner ses propos.
Et si je pensais être en enfer, ce n’était au final qu’un avant-goût.