The Walking Dead RPG

Ça y est, c’est le jour J. Débarquant à peine sur notre nouveau lieu de travail, suivant les sempiternelles mêmes directives clamées depuis quelques semaines qu’on cultive la terre, je cherche du coin de l’œil mes alliés. Je m’empresse de rejoindre leur position une fois que le petit speech de « travaillez où on vous éclate » est terminé, sondant les environs, tâtant de la fraîcheur matinale en même temps. Je souris à cette sensation de froid, bien que mes muscles se crispent par réflexe lorsque je frissonne. Pourtant, c’est bon signe. Car qui suspecterait une bande de bras-cassés ciblant les champs en pleine période hivernale ? Je retiens ma sournoiserie, suivant en file mes partenaires alors qu’on foule la terre jusqu’à notre dernière position quittée hier soir, m’agenouillant ensuite pour mieux salir les mains gantées à récupérer les cueillettes du jour. Depuis combien de temps prépare-t-on ce coup maintenant ? Entre Joe qui s’est assuré que plusieurs rebelles soient recrutés sur les champs et les quelques morts d’épuisement qui ont laissé la place libre pour certains d’entre nous, on a pu tâter le terrain au mieux depuis un bon mois et demi. Mais l’étape du repérage terminée, il est temps de passer à l’action. Aussi, en dépit de l’excitation qui me prend à la gorge, je conserve mon calme, chuchotant à l’attention de mes coéquipiers : « Ok, vous avez préparé le coup ? »

Je me rapproche doucement d’eux, jetant des coups d’œil par-dessus nos épaules. L’avantage d’être disgraciés, c’est que les autres civils ne nous prêtent pas la moindre attention. Nous sommes mis à l’écart de tout, ou presque. Et on ne dispose de pas grand-chose pour bosser, ce qui pourra être une excuse à utiliser, lorsque l’on se permettra de quitter les champs pour rejoindre la bâtisse à quelques mètres de là. « La première étape, c’est de trouver cette fichue remise. On sait qu’elle est à l’intérieur de la ferme, mais on a pas pu la localiser exactement. » Forcément, on a pas trop le droit de se balader et de fureter à notre aise. Si accéder à la ferme en elle-même n’est pas la partie la plus compliquée, quoi qu'elle ne soit pas naturelle, le reste est une autre paire de manches. Déjà, nous sommes disgraciés, et en plus, on approche des abords généralement pour récupérer du matériel, si on a droit à ce privilège, ou tout simplement pour déposer nos cueillettes. J’ai d’ailleurs déjà laissé traîner hier soir des légumes prêts à être rapatriés avec les autres caisses destinées à cet effet dans la barraque. Mais si on nous prend en train de vouloir farfouiller l’endroit, on est mal. Il faudra qu’on s’y faufile discrètement pour permettre notre sabotage.

Easy, peasy, hein ? Mais on a signé pour ça, pas vrai ? Cela étant, cette fois, la prudence est de mise. Si signer notre méfait ne m’aurait pas déplu, on doit envisager le long terme et les conséquences de notre coup du jour. Pour qu’il impacte le plus de monde, et qu’il nous offre d’autres opportunités d’agir. Je rajoute alors : « On sait que la réserve est fermée à clé, va falloir qu’on la trouve ou qu’on force l’ouverture. » L’objectif étant d’être subtil, quitte à devoir crocheter une serrure… si on en est capable. De toute façon, malgré tout notre repérage, on sait que le plan ne va reposer pas uniquement sur notre talent mais pas mal sur la chance. Et vu notre karma… « On est prêt à y aller ? On ne devrait pas trop nous poser de questions si des citoyens nous croise, vu les allées et venues dans le domaine et notre statut, mais si on s’attarde trop, ça pourrait mettre la puce à l’oreille des surveillants. » Les agriculteurs et autres saisonniers ont pour règle de tout simplement faire comme si on n’existait pas. On ne peut pas se mélanger ni se parler. Mais si des miliciens nous remarquent, eux ne vont pas hésiter à nous casser en deux. « Des questions, objections ? Si vous voulez arrêter, c’est maintenant. » Après, pas de retour en arrière possible.  « Si non, on y va. Ensemble, d’accord ? » Jusqu’au bout. Il est encore tôt, trop tôt même, mais on se repose justement sur des têtes mal éveillées et une organisation toujours difficile de bon matin pour agir. Et si on ne va pas poser des bombes, l’effet de notre stratégie, si elle fonctionne, sera tout aussi brutal. Et je m’en délecte d’avance.

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Watched my hands curl into fists, your name just went on my list. I won't say I'm sorry, I'm angry all the time. You think I fly, but I like to crash and burn, I guess I'll just never learn, how to keep my nerves.
☾☾ And it feels like a poison to me ☾☾ To Be So Angry All The Time

La nervosité le gagne alors que leurs regards se tournent vers le corps de ferme. Difficile de savoir dans quel bâtiment exactement se cachent les produits qu'ils recherchent, mais il y a fort à parier que les accès sont généralisés pour quelques personnes plus ou moins responsables, agriculteurs ou miliciens.

Il faut approcher pour repérer leur potentielle cible. Ensuite, il n'a aucune foutue idée de comment lui dérober les clés.

Ray adresse un simple hochement de tête à Hoani et se redresse, les bras chargés des récoltes encore pleines de terre qu'il entasse dans l'un des grands cageots de bois. “Il faut qu’on repère qui détient les clés. En seconde option… on forcera l’entrée.” Mais autant faire preuve de discrétion tant qu’ils en ont la possibilité.

En tout cas, pas question pour lui de se défiler. Malgré la pression qui pèse lourd sur ses épaules, malgré toute l’appréhension qui habite son regard et ses gestes, le kiné se raccroche à l’espoir d’un changement. Plutôt tenter quelque chose que rester passivement un jour de plus dans cet enfer qui les ronge.

Il prend une bonne inspiration avant de se saisir à deux mains du cageot, les doigts crispés sur les poignées abîmées et trop fines qui appuient si fort sur sa peau calleuse qu'elles semblent la lui trancher.

Mais son regard s'accroche trop vers la ferme et Ray se prend maladroitement les pieds dans ses outils laissés au sol. Il a le temps de sentir la douleur qui lui tord brusquement la cheville et le poids du regret lui tomber dessus pour le plaquer contre la terre humide. Les légumes lui échappent et roulent tout autour de lui, attirant bien malgré lui l'attention de miliciens qui approchent.

Son coeur s’est arrêté alors qu’il plante les doigts dans la terre fraichement retournée. Il lui faut un instant pour retrouver le fil de ses pensées, capter le regard de ses alliées avant de se figer sur celui des gardes.

La voilà peut-être, leur chance de faire diversion. "Je suis blessé." Gémit-il dans une douleur qu'il n'a pas besoin de feindre. Les trois hommes soupirent, semblent agacés plus qu'autre chose, “J’en ai rien à foutre. Debout, ramasse tout ça.” On lui assène un coup de botte à l’épaule pour le basculer sur les fesses. S’il y en a bien un qui le surveille du coin de l'oeil alors qu’il commence à ramasser sa récolte à genoux et malgré la douleur qui lui remonte tout le long de la jambe, il se rend bien compte que cela ne suffira pas à faire diversion.

I tak nikt tego nie przetłumaczy,
Ale moja żona zrobiła
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Une autre journée aux champs. Ce n'est pas la pire des corvées, en réalité, si je compare la tâche à ce qu'on me réserve habituellement dans les districts. Certes, je suis particulièrement exténuée, depuis l'incendie. Je ne mange pas à ma faim, et ma tête s'embrouille à travers les plans de certains et les objections des autres. Mais je pense aussi qu'il faut agir - sans grande surprise. Je n'ai pas l'intention de pourrir ici pendant que le reste du monde tourne sans moi. Sans ma soeur à mes côtés. Je ne peux que jouer le jeu, du coup. Je bosse, je ferme ma gueule, je ne regarde pas un seul milicien dans les yeux. Le froid mordant me motive à bouger, de toute façon. Jusqu'à ce qu'Hoani se rapproche lentement de nous. Je la regarde en silence, hochant simplement de la tête quand elle demande si nous sommes prêts. Mes billes se posent nerveusement tout autour, mais personne ne semble vraiment se soucier de nous. Rien de nouveau sous le soleil du bidonville, finalement.

Trouver la remise, oui. La clé, surtout. Plus facile à dire qu'à faire. « Ensemble. » que je répète en soufflant - arrivant à peine à croire que c'est moi qui ose dire une telle chose. Mais force est de constater que l'union semble faire la force, dans notre cas. Et je suis prête à faire ce qu'il faut pour faire avancer les choses, pour avoir ne serait-ce qu'une toute petite chance de retrouver Vi, de retrouver un semblant de vie, même dans ce monde ridicule. Et détruire ces enculés au passage, parce que c'est tout ce qu'ils méritent. Ils ne sont que gangrène ambulante, tous autant qu'ils sont.

Je m'approche donc de la ferme comme je peux. Difficile de se faire discrète quand il faut aussi faire mine de bosser et surveiller absolument tout ce qui se passe autour de nous. J'ai du mal, le pire, je ne peux pas le cacher. Je ne vais pas prétendre que je suis en pleine forme, après tout. C'est presque plus facile de poser des bombes, honnêtement. Je regarde Ray un instant, me demandant ce qu'il est en train de faire, pourquoi il s'éloigne si rapidement alors que je suis encore à remplir ma petite barquette de bois. Mais il s'éclate la gueule par terre - et je jure silencieusement aussitôt, lançant un coup d'oeil à Hoani en tentant de garder mon calme. Je fixe les légumes qui roulent autour de lui, ne regardant pas les trois miliciens qui arrivent rapidement à côté de notre allié. Il faut que je dise quelque chose - n'importe quoi.

Je fais signe à Hoani d'aider Ray à ramasser les légumes au sol, et je note qu'un des miliciens est assez frustré pour  le frapper, sans toutefois lui accorder plus d'attention. Je me lève donc, m'approchant à pas de souris en fixant mes mains. « Je ne pense pas qu'il pourra faire long feu sur une cheville blessée. » que je lâche en me concentrant sur un milicien en particulier. Celui qui semble le plus dur à convaincre. Mon ton est hésitant, nerveux, mais respectueux - contre toutes attentes. « Je crois que certaines cultures sont restées à la ferme hier soir, nous avions trop à récolter pour tout ramener. Si vous voulez qu'il puisse toujours être utile aujourd'hui, Ray pourrait s'occuper de stocker le surplus en étant assis. Nous pouvons même aller avec lui pour s'assurer que c'est fait, et ramener nos récoltes de ce matin dans le même voyage... pour sauver du temps. »

En espérant que ma nervosité ne passe que pour un niveau de stress normal, quand il est question de discuter avec ces cons.

Spoiler:

The wolf sits at my door, can't escape him anymore. He knows I've lost the war, and it's taking me for good. I tell those I adore, and the dishes hit the floor, the snow drips on the porch. I bite my lip and brave the storm.

On se met en marche, et malgré toute notre bonne volonté, on manque de subtilité. Lorsque Ray s’étale par terre, j’échange un regard concerné avec Harper, redoutant l’attention que l’on est en train de porter sur nous. Cela ne manque pas quand trois miliciens se ramènent, et je me presse vers le kiné, ne pouvant lui éviter de se manger un coup d’un surveillant avant de l’aider à se relever. La rouquine entame une argumentation avec les trois nouveaux venus et je retiens une grimace, parce qu’ils ne semblent pas tous convaincus. Si l’un d’entre eux hoche la tête, les deux autres continuent de nous toiser avec mépris. « Vous avez l’impression de sauver du temps là ? » Grommelle un milicien, prêt à relever la main sur nous. Soutenant le brun alors que nous nous redressons enfin, j’appuie les dires de ma camarade : « Je ne sais pas si vous les aviez vu, mais elle a raison, il reste beaucoup de récoltes à la ferme. On en a cueillies tellement hier soir, on a pas pu tout rapatrier, on espérait se rattraper ce matin pour qu’il n’y ait pas d’oubli. » Je désigne Ray, espérant sauver les meubles malgré sa cheville tordue : « Puisqu’il vient de se blesser, autant qu’on mette tous les trois la main à la pâte, on ira beaucoup plus vite. Et on finira ensuite les cueillettes du jour, il n’y a aura aucune perte comme ça. »

Je prends un air assuré, comme si nous étions des habitués des champs. C’est loin d’être le cas, mais au pire, cela n’importe pas. En se frottant le menton, les miliciens se dévisagent, et finissent par hausser les épaules. Si le boulot est fait, c’est bien tout ce qui compte. D’un doigt dressé, le plus virulent désigne la ferme du pouce, nous autorisant à y aller. Bien. Nous nous rapprochons donc de celle-ci, et je lâche Ray, lui murmurant : « Tu peux marcher ? » Sitôt qu’il me donne sa réponse, je reprends notre course. Me faufilant la première au sein de la ferme, invitant les autres à me suivre discrètement. « Vite. » Je chuchote plus pour la forme qu’autre chose, prenant les devants alors que je suis en quête d’une direction, d’un indice à suivre pour trouver cette foutue réserve, sur laquelle repose tout le succès de notre opération. A force d’avancer à tatillon, toutefois, je remarque quelques traces de mouvements plus assurés que d’autres. Et pour une simple et bonne raison : « Là regardez. Il y a énormément de poussières ici et quasiment pas par là. C’est qu’il y a du passage dans ce coin. » Autrement dit, qui dit mouvement dit que la réserve doit se trouver dans les parages, forcément. Alors je suis le chemin tracé par cette apparente propreté, enjoignant mes alliés à trouver cette pièce maîtresse qui nous manque tant.

Spoiler:

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Bon sang, sa cheville lui fait un mal de chien. Ca ne suffit évidemment pas à attiser la compassion des gardes qui ne les voient toujours que comme des sous-merdes en le renvoyant dans la boue.

Au moins, leur attitude conforte Ray dans leur décision : il faut qu’ils agissent pour détruire cette foutue société avant qu'elle ne les achève.

Les filles prennent la parole à leur tour pour tenter de convaincre les miliciens et font preuve de plus d’adresse que lui. Ray baisse les yeux pour commencer à ramasser les légumes qui se dispersent tout autour de lui, puis accepte l’aide d’Hoani pour se relever sur ses appuis fragiles.

Ils acceptent de les laisser se rende à la ferme pour déposer et trier leurs récoltes. C’est déjà un pas de plus.

Ray hoche la tête à l’affirmative, contenant une grimace souffreteuse quand il faut se mettre en marche. Ça ira. Ce n’est probablement pas une entorse, juste une foulure, et la douleur passera.

La démarche est un peu maladroite mais les emmène jusqu’à destination. Maintenant, il leur faut trouver la réserve cachée dans le corps de ferme.

Le regard du kiné suit celui d’Hoani vers les traces de passage. Ils le suivent et, contre le mur en briques, Ray remarque quelque chose qui pourrait leur être utile. “Il y a des outils. Ca pourrait nous aider à… forcer la porte.” murmure-t-il prudemment, en regardant tout autour de lui que personne n’est là pour les entendre. Ce serait peut-être moins risqué que de voler une clé. Mais encore faut-il trouver la bonne porte…

Dés:

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Je reste plantée là, espérant que les paroles de ma complice pourront vraiment finir de convaincre ces enfoirés. J'observe un peu Hoani et son air assuré du coin de l'oeil, avant de poser mon regard noisette sur les gardes à nouveau. Et j'ai l'impression qu'ils prennent au moins cent ans à rendre leur verdict. Le plus acerbe donne enfin le feu vert, et je ramasse aussitôt la barquette de Ray - en plus de la mienne - pour qu'il puisse marcher plus facilement. Hoani se faufile la première à l'intérieur de la ferme, et je ferme la marche derrière notre blessé.

Si je fais mine de bosser pendant quelques minutes, il ne faut pas beaucoup de temps à madame la rebelle pour repérer un chemin qui semble moins poussiéreux que le reste de l'endroit. Les gens utilisent clairement beaucoup ce corridor spécifique, et c'est bon signe pour nous, j'imagine. C'est ensuite au tour de Ray de remarquer la présence de divers outils, juste là, sur le mur de brique. Je le regarde un moment, quand il précise que ce pourrait être utile pour une entrée forcée dans la réserve. Oui, mais encore faut-il la trouver.

J'avance encore, du coup, m'éloignant un peu de mes partenaires. Je m'aventure assez loin pour remarquer un milicien qui ne bouge pas de sa position, devant une porte. Il note un tout un tas de trucs dans un petit calepin, concentré. Je fronce les sourcils, me demandant ce qu'il peut bien foutre là alors que notre cueillette est beaucoup plus loin. C'est à ce moment que je capte. Je souffle un coup avant de revenir plus près de mes camarades en faisant comme si tout était parfaitement normal. « Ça va, ta cheville? » que je demande en parlant très fort - volontairement. Ray se demande peut-être si je suis complètement sourde, mais ce n'est pas important, puisque j'enchaîne en murmurant. « Ne vous retournez pas tout de suite. J'ai vu un milicien qui garde une seule et unique porte, à quelques pas d'ici. Je - je pense qu'il est en train de faire l'inventaire de la réserve. »

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Bon. On se doutait que ce ne serait pas simple, mais c'est quand même sacrément la poisse qu'un milicien effectue l'inventaire de la réserve pile au moment où nous souhaitions y accéder en douce. Il faut détourner son attention, il n'y a pas d'autres choix, quitte à tenter de lui chiper la clé déverrouillant la porte si possible. Harper vole au-devant du garde pour s'y coller, mais après plusieurs longues secondes à patienter cachés, Ray et moi comprenons que quelque chose ne va pas. Merde. Indécise d'abord, j'expose au jeune homme : « Attends moi ici, je vais la rejoindre et tenter d'éloigner le garde de la réserve. Dès que la voie est libre, essaie d'ouvrir la porte, d'accord ? » Comment, malheureusement, ça dépend de lui. Mais on perd trop de temps et on risque de se faire prendre à tout instant.

Sitôt accordés, je me redresse et compose une mine effrayée en courant vers le milicien : « Euuh, excusez-moi, vous... vous pouvez m'aider ? Je sais pas à qui m'adresser, j'crois qu'on a un gros souci, j'ai entendu du bruit là-bas et... » Je bégaie à toute vitesse une excuse complètement bidon, qui laisse autant l'homme perplexe que moi-même. Devant sa mine dubitative, j'en rajoute une couche : « J'vous assure, je crois que... je crois qu'il y a des rongeurs, ou je sais pas, des parasites, y a quelque chose qui remue dans les cultures entreposées, je sais pas ce que c'est, j'ai peur que nos cueillettes soient bouffées. » Je joue la femme clichée par excellence, presque à pousser des petits cris aigus ou à monter sur les tables à la vision d'une souris. Mais bon, qu'importe, il faut que ça marche, et quoi qu'il grommelle quelques jurons mécontents dans sa barbe, le garde daigne enfin se bouger. Dès qu'il se met en route, je désigne le couloir du bout des doigts : « C'est par là-bas, venez, vraiment, je crois qu'il y a quelque chose dans les cultures, c'est pas possible, je sais pas quoi faire, j'suis désolée ! » Oh, homme viril, viens à ma rescousse ! Je redoute à tout instant qu'il me défonce pour n'être qu'une pleurnicharde, mais l'idée que les cueillettes entreposées plus loin puissent être inexploitables semble faire son effet. Et dès qu'on s'éloigne de quelque pas, je lance un coup d'oeil appuyé à Harper, lui indiquant la remise derrière elle d'un coup de menton. Mon excuse ne va pas marcher longtemps, il faut se presser, et seconder Ray d'une manière ou d'une autre, vite.

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