Joshamee ne lésine pas sur les bouquins, je crois qu'il va commencer à tomber à court. J'ai dévoré tout ce qu'il m'a filé et conseillé, il a bien cru que je me foutais de sa gueule quand je lui en ai rendu trois en cinq jours, au point de vouloir me tester sur le fait que j'ai vraiment pu les lire. En vrai, rien que pour voir sa tête de six pieds d'long au résumé de chaque, suffisamment précis et efficace pour pouvoir attester d'mon bon sens, ça valait le coup. Mais j'ai quand même dû m'expliquer : les insomnies. Et puis l'fait est que quand on a besoin d'tuer le temps, un bon livre ça aide.
C'est pour ça que je suis désormais sur To the happy few de Stendhal, que l'horloge donne déjà les deux heures du matin et qu'les autres dorment presque paisiblement dans les dortoirs. J'suis à la lumière de ma bougie qui se consomme, en m'disant qu'il faudra que je m'arrange pour m'en faire une autre rapidement si j'veux pas devoir me foutre dehors et tenter d'profiter de la lumière d'la lune pour le reste. Réajustant la chaise en face de moi, j'essaie d'étirer mes jambes douloureuses, mais l'poids qui pèse sur mon ventre m'empêche d'trop trouver une position confortable.
J'me raidis en entendant un bruit en dehors d'notre "cabine". En me relevant, je tiens le livre dans une main et la bougie dans l'autre, en m'avançant avec précaution en direction du couloir. J'veux pas qu'les autres puissent venir nous trouver la nuit, j'suis super méfiante là-dessus. Même si les deux leaders sont intraitables et impitoyables, gouvernant leur clan par la terreur et le sadisme, j'en ai avisé des suffisamment tordus pour s'pointer ici quand ils sont pas là pour vérifier. Mais c'est la silhouette presque chétive de la mécanicienne que j'trouve.
Kaitlyn ? Il est super tard. Et en fait, ça fait un moment qu'elle a pas le temps d'vivre vraiment avec nous. On s'croise sur un malentendu, elle est dans son monde, peut pas vraiment nous parler ou alors, elle ose pas. Ils te libèrent de plus en plus tard... que je constate, avec un air... Inquiet. En vérité, j'me fais du souci, ils vont l'user jusqu'à la moelle. Est-ce que ça va ? Que j'insiste finalement avec intérêt et méfiance, parce que s'il faut aller faire respecter le deal qu'ils ont fait avec nos clans, c'est pas pour abuser quand ils ont le dos tourné.
Elle était obligée de se tenir à la barre de sécurité pour monter les escaliers de fer qui mènent à la chambre des otages. Elle n'est pas blessée, en tout cas pas tel qu'on pourrait le croire. A savoir si c'est la douleur physique ou celle qui déchire son orgueil qui est la pire. Lorsqu'Ulrich lui a donné un morceau de chocolat, elle a faillis le vomir. Maman en aurait été choquée. Kaitlyn? Tu ne veux pas de chocolat? Elle aurait posé sa main sur le front de sa petite pour vérifier la température. En vérité elle avait vraiment faillis le vomir, et même le gout lui avait parus aussi corrompus que si la douceur c'était changé en merde. Elle avait travaillé toute la journée sur le navire du boss. Et du boulot il y en avait. Oh, elle n'avait pas encore atteint les objectifs qu'elle c'était fixée. Avant même d'offrir une nouvelle vie à ce bateau il faudrait remettre en état les pièces et remettre de l'ordre dans le chaos qu'avait engendré l'équipage. A termes il devrait gagner en vitesse, en manœuvrabilité, consommer moins de carburant et même gagner en puissance de feu. Elle allait transformer leur barque en bâtiment de guerre! Quand les autres avaient finis leurs journée, Kaitlyn commençait sont deuxième travail. Et elle avait crus, peut-être un peu naïvement, que celui-ci serait plus facile, mais il était de loin le plus difficile des deux. La plus part des hommes sont faciles à dirigés. Leurs fantasmes et leurs pulsions les rendent dociles. Ils prennent du plaisir dès qu'ils pensent qu'ils en donnent. Ce n'était pas le cas d'Ulrich. Pervers, ou psychopathe, sociopathe, sadique, elle n'avait aucune idée de la case dans laquelle ranger se taré, mais il prenait plaisir pour lui, et l'autre n'était qu'un objet entre ses mains. Elle avait voulu prendre la direction des choses, en lui faisant une fellation, essayer de jouer avec lui plutôt que de le subir. la prise de pouvoir avait échoué et le jeu avait tourné au cauchemar pornographique. Il avait été déçus que sa langue se soit ressoudée, mais avait retrouvé le sourire quand douleur, humiliation et plaisir forcé et prolongé avait finalement fait couler des larmes sur le visage de sa victime. Il l'avait salie, humiliée et en avait tiré plus de plaisir qu'avec sa queue.
Le pire c'est que Kaitlyn n'était pas du genre à aimer le sexe romantique. Mais quand le gars en face est fou, brutal, et que vous le détestez, le jeu se transforme en horrible piège. La jouissance d'Ulrich n'avait pas mis fin à la séance. Mais elle avait mérité son chocolat. Et, guerrière, elle avait de nouveau réclamer des fringues décentes à son maître.
Enfin libérée elle avait fuis le bateau, toujours accosté à la plateforme. Vers une heure et demi du matin elle allait se cacher dans un recoin sombre, et pliée dans deux, les genoux entre ses bras, elle avait évacué sa honte en torrent de larmes. Une demi heure après elle remontait vers la chambre en boitant.
Visage baissé, caché sous ses cheveux qui tombent en cascades de chaque côté, elle n’aperçois que tardivement la lueur d'une bougie. Au moins, si c'est un garde, elle a de quoi lui faire fermer sa gueule. On abîme pas le jouet d'Ulrich. On n'y touche pas. Elle pourrait en faire mettre un au piloris d'un simple chuchotement, et certains d'entre eux doivent déjà le savoir. Mais ce n'est pas un garde.
-"Kaitlyn?"
La mécano relève son visage, retire sa main de la rembarre de sécurité et d'un mouvement de la main replace ses cheveux en arrière. Elle essais d'afficher un sourire qui doit paraître étrange tant il est crispé. La douleur qui pulse dans son bassin lui donne un teint pâle et des cernes sous les yeux. A deux heure du matin elle doit avoir l'apparence d'un psychopathe.
-" Ils te libèrent de plus en plus tard... Est-ce que ça va ?" demande la jolie femme. Elle a un livre dans la main et une bougie qui éclaire son jolie ventre rebondis. kait espère que l'enfant n'aura pas à naître ici, mais sa sollicitude s'envole quand elle pose un pied par terre et qu'elle n'arrive pas à maintenir une démarche correcte.
-"Oui, super!" ment-elle en s'approchant de Reese. "Je devrais pouvoir recevoir des portions plus importantes, je partagerais le surplus avec vous." C'est dingue, elle n'arrive pas soutenir le regard de cette fille. Les émtions sont violentes, par fois contradictoires. Elle a honte, comme si Reese pouvait se passer le film de la nuit en la regardant simplement dans les yeux. Elle a honte parce qu'elle a subit le piloris et que ce ne doit pas être comparable avec les jeux d'Ulrich et le chocolat qui va en prime. Elle a honte parce qu'elle se sent sale. Elle a honte et n'arrive pas à soutenir le regard ou à avouer que non, ça ne va pas.
-"Il faut que je dorme, je reprends demain matin, j'espère finir plus tôt, ça dépendra d'Ulrich." Elle passe a côté de Reese et lui pose un main sur l'épaule, amicale, mais expressive. En vérité, elle est morte, épuisée, et dormir lui permettra d'oublier la douleur un moment.
J'ai un mouvement vers elle quand j'ai l'impression qu'elle va pour tomber à peine elle a posé l'pied au sol sans pouvoir se tenir à côté. Kaitlyn relativise comme elle peut, elle minimise, mais j'sais pas depuis combien d'temps elle a pas croisé son propre reflet dans l'miroir, et ça m'inquiète. Ses mots m'font un sale effet dans la foulée, l'genre que j'ai du mal à expliquer et qui m'paralyse. J'ai aucune idée d'comment on s'y prend avec les gens, j'sais pas comment les consoler, et les idées. J'crois que j'ai été très souvent trop égoïste pour savoir comment on doit l'faire, c'est pour ça que j'ai aucune idée de ce que je dois dire pour... Je sais pas... Pour faire un truc.
Oui, il faut que tu dormes, là-dessus, on se rejoint. Mais je l'attrape par le bras avant qu'elle s'esquive tout simplement et la force à se tourner vers moi. L'portrait peint de nous deux, à peine éclairé par la bougie qui se consume, donne une impression presque dramatique à la discussion. Les cernes qui creusent ses yeux lui noircissent presque le visage, elle imagine sans doute pas qu'sous cet éclairage, elle fait presque peur à voir. Mais il se passe quelque chose dont tu nous parles pas, que j'lui souffle tout bas, pour pas réveiller les autres. Et j'aime pas ça, que j'ajoute simplement.
J'suis pas son amie et elle est pas la mienne. J'sais pas si elle et moi, on est capable d'se dire ce que c'est vraiment qu'une amitié d'toute façon. Mais on est, au sens propre comme au figure, dans le même bateau. En plein milieu d'la flotte, incapable d'voir autre chose à l'horizon qu'la mer à plus savoir quoi en foutre. Depuis combien d'temps j'm'imagine un lopin d'terre, avec l'espoir d'pouvoir y poser les pieds ? Plusieurs mois, de putains d'longs mois. Je veux pas de ton surplus si ça te met en danger, Kait', que j'lui souffle sèchement.
J'sais qu'les efforts qu'elle fait sont pas forcément pour elle, surtout vu l'propos qu'elle tient maintenant. Ulrich est un sale type, un psychopathe, tu devrais pas rester avec lui, aucun de nous devrait, on l'fait seulement parce qu'on a pas l'choix. Mais là, Kaitlyn a peut-être mis la main dans un engrenage super dangereux. Il faut qu'on l'évite au maximum, il est pire que la peste, en fait, j'suis pas croyante pour deux sous, mais ce type est au moins un diable à lui tout seul, ou un démon, et pas l'plus sympa sur la liste de Lucifer. Je suis sérieuse, que j'ajoute tout bas.
-"Ah, tu es sérieuse?" Répond Kaitlyn sans montrer, en vérité, la moindre surprise. "Pendant un instant j'ai cru que vous preniez des vacances, et que tout ça c'était qu'une blague. Mais c'est surtout les plusieurs jours ou vous vous êtes faites dorées sur les piloris qui m'avait induite en erreur." Elle sait bien qu'elle ne devrait pas être aussi cynique avec elle. Elle a bien compris que Reese ne cherche pas un affrontement. Kaitlyn, ne dors que quelques heures par nuits, moins de quatre en général, elle travaille dur pour gagner la confiance des pirates, et Ulrich est un sadique sexuel insatiable à qui elle essai de faire croire qu'elle pourrait prendre du plaisir. Elle souffre en permanence, et ne dit rien, elle garde pour elle cette douleur lancinante qui lui dévore le ventre, les reins, son dos, ses doigts. Elle a vécu tellement de temps avec ces douleurs qu'elle ne sait plus ce que c'est de ne pas avoir mal. La mécanique lui détruit l''extérieur du corps, le sexe violent lui détruit l'intérieur du corps, les humiliations et le sadisme lui détruise l'esprit et l'âme. -"C'est bien, je suis rassurée que vous preniez les choses au sérieux." Explique-t-elle enfin en penchant la tête et en posant ses mains écorchés sur les épaules de la barmaid enceinte. "Alors dit moi, c'est quoi le plan? Vous comptez essayez de sauver les enfants que vous aurez avec ces enfoirés? Je vous ais entrevue, à jouer avec les mecs de la plateforme. Vous pensez qu'un jolie P marqué au fer rouge va améliorer votre quotidien? A moins que l'idée ce soit de supporter ça avec bravoure en espérant que le Seigneur tout puissant nous délivre en envoyant un espèce de Moïse ouvrir la mer à l'aide d'un bâton et fasse entendre raison à cette bande de sauvages d'un: aimez vous les uns les autres et je mènerais les esclaves vers la liberté, hors d'Egypte? Putain, Reese, je te croyais plus maline que les autres." Kayt voie floue. Elle s'imagine que c'est le froid ambiant, elle a souvent les larmes aux yeux, tôt le matin ou tard le soir. Elle réclame depuis un moment des fringues à Ulrich, se balader dans son short et son débardeur déchiré ne la protège pas du froid, et la température sur cette plateforme plantée à des miles de la côte ne trouve un peu de chaleur qu'à midi. La plus part des pirates ont des vestes ou des doudounes au minimum. -"C'est un miracle que vous soyez pas morte toutes les trois. En fait, même si une seule d'entre vous avez survécu ça aurait été un miracle, alors je peux comprendre que vous attendiez une intervention divine." Malgré le ton acide dont son chargés ses mots, Kaitlyn n'arrive même pas à exprimer de la colère, elle parle d'une voix douce, comme si on venait juste de la tirer d'un sommeil profond hanté de violents cauchemars. -"Quand je suis venue vous aider, comment avez vous réagis déjà? Ah oui, en me disant de me casser. Puis j'ai été fouettée par Roman. Je suis quand même revenue, presque chaque jour. Et en remerciement? Rien, que dalle! et tu sais quoi, je ne vous le reproche pas. Gin me voulais comme animal de compagnie quand on c'est vue pour la première fois, et de vous trois je crois que c'est celle qui est la plus saine d'esprit. Sam est tellement tordue qu'elle est dangereuse, parce qu’imprévisible. Tu as vue comment elle a réagit aux coups de fouets qu'elle a reçus? Elle en redemandait presque. Roman est un brave gars, mais il est entouré de pirates du matin au soir, et toi..." Elle termine sa phrase en posant les yeux sur le ventre rond de la jeune femme qui tient la bougie comme si cela suffisait à expliquer toute la complexité de la situation. -"Chez nous j'aurais des tas d'affaires pour toi. On venait de rentrer d'un expédition pour une amie, l'un de celles qui porte un P sur la poitrine. Elle est enceinte aussi. Vous vous entendriez bien. On avait ramener des leggings pour femme enceinte, des porte bébé, des couches, du lait en poudre, même des putains de soutien-gorge pour allaiter. Du luxe à ce croire dans le monde d'avant, quand on craquait parce qu’on avait pas assez de batterie dans son téléphone portable, ou que l'eau de la douche était tiède. J'avais ramené des trucs de dingues, qu'on trouve pas dans les autres communautés, des chaussures à talons, des collants pour l'automne et l'hivers, des serviettes et des tampons. T'imagines?" Kaitlyn sourit à cette idée de confort débile auquel elle avait crus pendant quelques jours. Et en même temps elle pleure. Ce n'est pas le froid qui lui fait couler les larmes, comme elle le croyait au début, c'est le fait de se sretrouver devant un être humain à qui elle peut parler sans avoir peur de se faire démolir et lui avouer se qu'elle regrette, ce qui lui manque, et comment tout ça à été détruit.
-"Je sais pas quel est votre plan. Peut-être que votre idée c'est que si un de ces animaux vous désirs suffisamment vous pourriez vous hisser dans leur structure sociale. Moi je vais les tuer. Je suis capable de transformer l'un de leur bateau en bombe et de faire sauter un bonne partie de ces enfoirés. Je vais tout faire pour leur faire mal. J'ai... je supporte tous ça pour avoir l'opportunité de' les détruire. Et malgré ce que tu dois penser de moi en écoutant tous ça, je crois aussi que la survie passe par l'entre aide. J'espère trouver un moyen de signaler notre position aux exilés, Mais tu sais ce qui me fait vraiment flippé?" Kaitlyn sourit toujours, même si son sourire liés à son apparence la rende plus flippante que jamais. Elle sèche ses larmes d'un revers du bras. "Les Exilés devaient chercher les Pirates, pour éviter ça. Ils ont essayé une fois. Ils n'ont pas réussis, et puis ils ont tellement de choses à gérer... Comme dans toutes les communautés j'imagines. Alors ce que je crains le plus c'est qu'ils n'essaient même pas. Que le jour ou un des bateaux que je faire péter au point qu'il va cracher des colonnes de fumées noirs des lieux à la ronde, personne ne soit là pour le voir. Alors je me demande si le mieux c'est que je ne sois pas à bord du navire le jour ou il pète. Pour l'instant j'en prend plein la gueule, et j'en prends plein le cul. Oui, si je te jure, pour gagner leur confiance, et mon idée c'est que, peut-être, avec un peu de chance je puisse vous sauver."
Kait enlève ses mains des épaules de Reese et baisse les yeux ou de nouvelles larmes commencent à poindrent. -"Je ne sais pas vraiment pourquoi c'est si important pour moi de vous sortir de là, ou de tout faire pour. Peut-être que c'est ma façon de me racheter de la perte de mon ancienne communauté. Je crois que je me suis sentie coupable jusqu'à aujourd'hui." Elle relève son visage pour croiser le regard de Reese. "Une chose dont je suis certaine c'est que c'est ce qui me maintien en vie. L'idée que ton bébé puisse vivre dans un monde meilleur, à terre, là ou on a des leggings pour femme enceinte, des serviettes hygiéniques et putains de soutien-gorge pour l'allaitement. Et qu'il ne sache rien d'endroits comme celui-ci." Elle soupire. "J'aimerais que Gin rentre chez elle, parce que c'est une fille bien. J'aimerais que Roman retrouve la femme qu'il aime et puisse se débarrasser de la culpabilité des choses atroces qu'on l'oblige à faire ici. Et même Sam... Elle ne mérite pas d'être dans cet enfer."
Kaitlyn pose sa main droite sur la nuque de Reese comme pour l'obliger à tenir le regard, ce qu'elle va dire est surement le plus important.
-"Ne me dit pas que tu n'a pas besoin de surplus de nourriture, de la chaleur de mon pull, ou de l'eau que je vous mène quand vous êtes crucifiés. Ne me dit pas ce que je sais à propos d'Ulrich, je pense que j'en sais plus sur le mal qui habite ce type que n'importe lequel d'entre vous. Il est là, dans mes reins, il me torture même quand il en a finis avec moi et qu'il m'autorise à dormir. Vous en aviez rien à faire de moi quand je venais vous sauver, vous en aviez rien à faire de moi quand vous sautiez sur les pirates, vous en aviez rien à faire de moi jusqu'à aujourd'hui. Ne m'empêche pas d'essayer de vous sauver. Continuez de me considérer comme un boulet ou un fantôme. De toute façon, dans le pire des cas, je ferais en sorte que cet enfoiré y reste, avec le maximum de ses hommes. Je vais les crever par dizaines, bientôt. C'est une course contre la montre maintenant. Je dois tenir, alors qu'il essait de me détruire, mais si je garde la raison, je pourrais nous venger, venger ceux qui ont été torturer, ceux qui sont morts, je pourrais venger nos vies arrachés. C'est la troisième fois que j'essais de vous sauver. La différence c'est que cette fois je sais pourquoi, et que je partirais, avec eux dans une explosion ou avec vous pour rentrer chez moi. C'est une promesse." kaitlyn renifle, elle sèche de nouveau ses joues. -"J'ai très mal à la chatte, et au cul. Je vais surement perdre une heure ou deux avant de réussir à m'endormir." Dit-elle en baissant les yeux. Elle se pousse sur le côté, se laisse glisser le long du mur en grimaçant, comme le fait de s'asseoir semble être une épreuve. Comme elle se retrouve enfin les fesses au sol, elle tire un paquet de cigarettes de sa poche. -"Je l'avais piqué pour une fille de la communauté, la copine d'Anton, elle s'apelle Alex je lui avais promis de lui en chopper un. Mais vue que je sais pas combien de temps on va survivre, soit je serais morte avant, soit j'aurais tous le temps d'en trouver un autre, alors t'en veux une avec moi?"
Oh putain. Ma remarque semble trouver un écho particulier chez la brune qui entame dès lors un putain de laïus que j'ai pas vu venir. Je la fixe sans bien comprendre ce qu'il lui prend, ni même ce que je fous là. Oui, j'en viens à regretter d'avoir attendu aussi longtemps, d'être là, de lui parler, parce qu'honnêtement, si on attend un peu d'humanité, c'est normalement pas de mon côté qu'on la trouve en temps normal. Mais bon, admettons. Je la fixe, sans intervenir, ou du moins, sans que mes interventions aient un quelconque intérêt : Kait'... Elle s'interrompt pas.
En fait, Kaitlyn est une putain de locomotive sur ce coup-là, et y'a rien du tout pour la faire taire. Kaitlyn... Je peux dire son nom sur tous les tons, quitte à réveiller toute la plateforme. Y'a peut-être une version de l'histoire où je l'assomme en fait, ça me semblerait même pas déconnant dans les grandes lignes. Putain... Mais putain, pourquoi ça me tombe dessus ? Je suis déjà une bombe hormonale, là, j'ai pas forcément besoin de rajouter tout ça. Pourtant sur cette plateforme pétrolière, j'ai pas le choix. Je subis les états de tout le monde, je dois composer avec, et... Et je sais pas, survivre ?
Kait' ! Bon sang, enfin, elle se tait. J'ai un long soupir, je l'empêche de s'en aller pour l'instant, et je m'arrange pour passer mon bras sous le sien pour la soutenir. Ok, j'ai compris : ça va pas fort pour toi et je peux t'aider, que j'ajoute simplement. J'ai pas envie de revenir sur toute cette mélasse de mots, je suis fatiguée, comme elle. Je suis à cran, comme elle. Je crois qu'on a besoin de parler entre nous, parce que tu as été mise à l'écart et que ça t'a amené à prendre des risques que tu aurais pas dû prendre seule, que j'ajoute comme un méa culpa de circonstance.
Même si, pour ce que ça vaut, on s'en fout. Tu mélanges plein de trucs qui ont rien à voir, des trucs dont je sais même pas à quoi tu fais allusion, mais on s'en fout de ça, que je lui souffle. Oui, j'en veux une avec toi, de clope. Je sais que c'est pas bon pour ce que j'ai mais au point où j'en suis, je crois que je prends même un shot d'arsenic si ça peut me libérer de cet endroit et m'amener très loin. Enfin, on s'en fout. Faut aussi qu'on accepte que notre condition est comme ça désormais, et c'est tout.
Dis-moi où est-ce que tu as mal et ce que je peux faire pour t'aider à aller mieux, ok ? Que j'ajoute en récupérant une tige. Le temps de récupérer la bougie qui nous sert à voir, je les allume et lui rends la sienne sans attendre. J'ai peut-être de quoi te soulager, même si ça fera pas grand chose de différence, pour peu que ça lui prenne pas deux heures à s'endormir. Il t'abuse ? que je lui demande de but en blanc. J'ai pas besoin d'une réponse, c'est oui. Tu veux une contraception de fortune ? que j'ajoute. Ou il se protège au moins ?
Reese est empathique et patiente. Kaitlyn en est presque surprise, même si elle ne laisse rien paraître. Elle laisse la jolie brune allumer les clopes et lui donner la sienne. La mécanicienne réalise seulement maintenant qu'elle vient de proposer un bâton de cancer à une femme enceinte. Elle se sent conne, mais aussi trop fatiguée pour se le reprocher. Et puis avec le laïus qu'elle vient de faire sur le fait qu'elles ne vivront peut-être pas assez longtemps pour retrouver une vie correcte, peut-être même pas pour voir le gamin qu'elle porte, ce n'est finalement pas si grave que ça. Elle tire sur sa cigarette. La dernière fois qu'elle a fumé elle avait seize ans, puis elle c'était arrêté. C'était non compatible avec ses aspirations dans la marine. Elle avait retiré sur une clope, un soir, avec Lex, le jour ou elle avait péter un câble à bord du bateau de pêche et qu'un requin avait voulu se boulotter Cézar.
-"J'ai mal partout. Reconnu-t-elle avec un sourire triste." Je ne sais pas si tu peux m'aider, à part si tu as de la Kétamine en stock." Elle plaisantait, et avait échangé un regard complice avec Reese. Elle se rendait compte seulement maintenant que Reese aussi devait en baver sévèrement. A trop avancer la tête dans le guidon, en louve solitaire, elle en avait finit par se focaliser sur la seule chose qui continuait de l'accompagner au quotidien, sa propre souffrance. Mais être une femme sur cette plate-forme n'était déjà pas évident, être enceinte devait être aussi épuisant qu'anxiogène. "Je te demande pardon... J'ai... je suis égoïste." Avait-elle finis par avouer entre deux taffes.
Reese avait soupiré, avait-elle entendu ses excuses?
-" Il t'abuse ?" Avait-elle demandé en contemplant la fraise de sa tige qui brillait dans le noir. Kait n'avait pas répondu. Elle avait simplement recracher la fumée de sa cigarette vers les étoiles. Reese avait, de toute façon, posé la question pour la forme, elle savait déjà. "Tu veux une contraception de fortune ? Ou il se protège au moins ?"
Kaitlyn faillis partir à rire. Ce n'était pas pour se moquer, mais elle se sentait stupide de ne pas y avoir penser elle même. Au début, si, elle avait même cacher un cintre sous son matelas, au cas où, mais depuis l'idée lui était sortie de la tête, avalée par le quotidien, la douleur, la fatigue, la torture quotidienne.
-"Tu sais faire ça?" avait-elle alors demandé en se tournant vers elle. Sa question répondait à celles de Reese, si elle pouvait s'intéresser aux moyens de contraception c'est qu'il ne se protégeait pas. Kait était resté silencieuse après sa question, le regard dans le vide, sa cigarette se consumant lentement entre ses doigts. Il aimait la battre, la rabaisser, l'humilier, utiliser des objets, quitte à lui faire mal. Il n'avait aucune empathie, pas la moindre notion de l'autre. Elle était un outil, la journée, sur le bateau, puis un objet, le soir, quand ses pulsions le poussait à l'utiliser pour son plaisir. Heureusement qu'il n'était pas avide chaque soir.
-"C'est un monstre. Un pervers, sadique et sociopathe." avait-elle cracher alors que les douloureux souvenirs de la soirée remontaient. Elle avait pris l'habitude d'enfouir ça au plus profond d'elle même, l'oublier, avancer, continuer, et mettre son plan à exécution. "Et moi qui est toujours adoré les jeux un peu brutaux avec les hommes viriles..." Dit-elle en pouffant de la fumée. "Ce connard n'aime que la douleur. Mais bientôt j'aurais accès aux salles de son navire qui m’intéressent. Avant de crever, je pense qu'il comprendra que c'est moi qui l'ai tué, lui et son équipage."
Kait jette sa cigarette qui tourne dans le vide, petite lueur brûlante et rouge qui se perd dans les ténèbres d'une nuit un peu trop fraîche. Elle se laisse glisser sur le côté et pose sa tête sur l'épaule de la barmaid. Elle peut sentir sa chaleur, son parfum, mélange de sel de sa peau et des produits utilisés pour ses tâches, et celui de ses cheveux aussi. Kait ferme les yeux. Elle soupire, un mélange de soulagement et de plainte.
-"Je me suis jamais retrouvée, depuis le naufrage de mon bateau et la perte de toute ma communauté. Je ne me suis jamais retrouvée et je n'ai jamais eue l'impression de m'intégrer, nul part. Je suis pas une sale conne, méchante et insensible, même si ce n'est pas l'image que je donne. Mais aujourd'hui, que j'en meurs à la fin ou pas, j'ai trouvé un objectif: Tuer Ulrich et tous ces pirates, et vous permettre de rentrer chez vous, tous les quatre. Ça me maintien en vie. Tu comprends?" Kait frisonne se serre un peu plus contre Reese. Elle a l'impression qu'elle pourrait presque trouver le sommeil comme ça. Ses yeux sont brûlants,, son corps douloureux, à l'intérieur comme à l'extérieur, et elle a froid, mais la présence de la jeune femme est rassurante.
Dans cet endroit, je trouverais ça plus simple de te dénicher de la cocaïne plutôt, j'esquisse un sourire désolé et un peu amusé, il va sans le dire. Comme elle, je suis un peu dépitée de rien pouvoir faire de plus qu'avec les moyens que j'ai à disposition. Tu préfères pas ? Un bon rail de coke, est-ce que ça a déjà fait du mal à quelqu'un ? Bon, oui, sans doute. Mais je vais rien dire de plus. C'est pas vraiment le sujet de la conversation et quoi qu'on en dise, j'essaie d'être sérieuse un peu : C'est pas miraculeux mais... Oui, je peux faire un truc approchant, que j'ajoute.
Haussement d'épaules de circonstances, je suis un peu agacée que ça soit pas miraculeux justement. Dehors, je m'en sortirais bien mieux que ça. Enfin, ça te donnera pas du cent pour cent quoi... Je l'écoute néanmoins, en tirant sur cette cigarette de laquelle j'obtiens un plaisir coupable. Tout le monde est tellement ancré autour de ma grossesse dernièrement qu'enfin, que je puisse fumer en paix, ça me fait bizarre. Comme si cette parenthèse m'était aussi nécessaire mais que j'venais juste de m'en rendre compte.
Quelqu'un a dit que tu étais une sale conne, méchante et insensible ? Je relève le nez vers elle, sans vraiment piger tout ça. Est-ce que c'est elle qui s'juge aussi sévèrement, ou y'a quelqu'un qui lui a foutu ça dans le crâne ? C'est probablement pas mes affaires, mais la curieuse en moi aime bien comprendre les choses. Même si un part de moi est déjà assurée : Je comprends, que j'lui souffle alors en haussant les épaules, un peu dépassée, comme elle, par tout ce qu'il se passe. Mais j'ai toujours un peu de mal avec les idées de sacrifice pour sauver le plus grand nombre, après j'suis une sacrée égoïste dans le genre.
Faut dire que quand on grandit seule et qu'on se construit seule, faut pas s'attendre à grand chose : Comme les histoires d'honneur ou quoi, je trouve que c'est un peu de la connerie en barre, j'ai une grimace de circonstances, c'est pas forcément un discours rassurant mais bon, c'est aussi ma réalité : Tu ferais bien de penser à toi. T'as envie de subir Ulrich ? Qui aurait vraiment envie de ça : Pense en ces termes, parce que moi, c'est ce que je fais. Si ça vous éclabousse pas, c'est le mieux, et on continue comme ça, un soupir m'échappe : Mais je me forcerais pas à faire un truc pour vous et j'attends pas que ça soit votre cas...