« Je… Hum… » J’grogne, mais c’pas d’colère pour une fois. C’te situation, ça m’fou mal. Ouais, ça m’fou carrément mal. Parce qu’putain, c’que j’développe, là, c’tout et n’importe quoi. Faut être carrément un psychopathe pour créer une famille, tomber p’tain d’amoureux, faire un gosse et vouloir l’avoir avec soi H24… Et pourtant, laisser tout c’beau monde partir à cause d’responsabilités à la con. D’jà, dans l’ancien monde, j’me souviens qu’ça cassait les couilles d’mes frères d’armes… Mais maint’nant qu’tout l’monde est mort, ou mourant, un d’morts en sursis… Est-ce qu’faut pas finalement s’barrer avec l’peu d’trucs qu’ferait qu’tu serais un peu vivant ? Hein ? Hum ?
P’tain… J’suis méga, méga paumer… Elle a beau m’rassurer, j’n’ai qu’une envie : lui dire qu’elle peut plus partir, qu’elle doit rester avec moi, et qu’on s’ra une famille. On va continuer à s’friter, et après ça, on baisera comme des chiens parce qu’c’est comme ça qu’on fonctionne. On… On va s’prendre la tête pour un oui, pour un non, mais au final y’aura pas une once d’désaccord à propos de c’te p’tiote. Parce qu’c’est comme ça qu’on fonctionne, j’ai l’impression aussi… Mais… J’peux pas. C’clair pour elle : Fort Ward, y’a pas moyen. Et moi ? Bah… Moi, j’suis un p’tain d’bidasse qu’suis les ordres… Et si j’me barrais, faudrait pas des masses d’temps pour qu’la boss elle m’retrouve et m’pende par les couilles.
« T’sais, j’pas besoin d’attendre qu’la distance r’prenne pour savoir que c’que j’ressens, c’pas un truc au cœur, ou une envie d’chier… » Ouais j’sais, c’glamour mais p’tain, l’amour, ça prend aux tripes non ?! « D’puis qu’ques temps, c’dev’nu clair. Et c’c’est éclaircis encore plus d’puis qu’chaque soir, j’reviens, et qu’t’es là. » J’sais bin’ qu’on fera jamais « maman au foyer/papa au boulot » mais p’tain… C’qu’ques jours, c’tait bin’ quand même…
« Ouais… T’ça, ça m’brise l’cœur… Et ça m’casse l’cul… » Ouais bon, j’suis c’que j’suis hein, allez vous faire enculer. « Si… S’t’arrivais qu’ques chose, ou à la p’tite, avec ces fils d’putes d’pirates là… J’sais pas c’que j’ferais… Mais j’crois qu’ce s’rait pas beau à voir, pour personne… » J’ai beau essayer d’pas y penser, j’me vois déjà écorcher vif tous ces enfants d’putains les uns après les autres…
« Je… Je… J… » Wow j’ai carrément l’impression d’faire un putain d’arrêt cardiaque là. C’normal d’avoir l’impression qu’une aiguille m’perce l’cœur ? Ou c’moi qu’vais caner ? « Si j’pouvais… J’plaquerais tout. Et j’viendrais. » voilà, c’dit…
you kill or you die, or you die and you kill you walk outside, you risk your life. you take a drink of water, you risk your life. nowadays you breath and you risk your life. you don’t have a choice. the only thing you can choose is what you’re risking it for.
La réponse qu'me donne Logan est pas forcément celle que j'attends officiellement. J'imagine qu'je me suis placée dans une position pour le rassurer d'toute évidence, mais c'est pas ça qu'il veut. Il est sur une lancée où il s'livre à moi, m'parle à coeur ouvert, et si j'apprécie qu'il ait ce courage, j'admets que composer avec ses gros sentiments, ça m'fait tout drôle. J'lui offre un bref sourire en l'écoutant, et j'me sens surtout coupable d'pas pouvoir répondre à ce qu'il veut. Rester ici ? C'est pour moi signer mon arrêt d'mort. J'y serais... Foutrement malheureuse.
Et en même temps, j'ai bien conscience qu'Logan, malgré son caractère d'merde, est trop loyal pour s'barrer. Il a ses responsabilités, sa vie ici. Enfin... Une partie d'sa vie. Si moi j'suis pas capable d'faire le pas pour m'installer à Fort Ward, et qu'lui peut pas quitter cette planque pour toutes les responsabilités qui lui reviennent, on est dans une impasse. Et j'sais que c'est le genre de truc où on s'voile la face pendant un moment, en mode "ça va l'faire, nos sentiments sont plus forts, et puis y'a qu'à redoubler d'bonnes volontés". Mais à un moment, ça suffira plus.
Faut pas s'voiler la face, c'est tout. Je baisse le regard, et l'relève à son aveu.
J'sais pas quoi dire. Voilà qu'ça me cloue le bec, ça emballe mon coeur en même temps qu'ça me le brise. J'ai envie d'le secouer et d'lui dire de venir avec moi. D'abandonner tout ça. Au final, qu'est-ce que c'est ? Qu'du confort. Y'a rien d'plus vrai que de vivre à la dure, il l'a bien vu à Kitsap, quand il est parti pour se retraite nécessaire. Et... Et quoi ? J'sais pas trop, j'me tais juste en essayant d'chercher le compromis parce que j'dois être dans cette mentalité là. Et qu'si je tente de le kidnapper, vu son gabarit, ça va s'voir très vite.
Si... Si un jour tu penses que c'est le moment pour toi de partir, que j'souffle doucement : Je t'accueillerais chez moi, en fait, y'a pas un monde où j'le laisserais dehors. Ou on se trouvera un endroit, tous les deux, je sais pas, Jaren m'écouterait, ça le boufferait d'l'intérieur. Parce que c'est le truc que j'lui ai refusé, sans compromis. Et c'est c'que je me sens prête à faire pour Logan. Sans doute parce que... Bah Logan et moi, on en est au même point. On est tous les deux des personnes paumées, confuses, qu'la vie a pas épargné. Deux putains de cons qui se sont trouvés et qui ont peut-être rien à s'offrir, mais qui l'ont fait quand même. C'est peut-être aussi ce qu'il nous faut, on en sait rien, ouais, j'en sais rien. Et pour les pirates... Je pince les lèvres : Est-ce que tu veux que... Que je trouve un moyen de te tenir au courant de ce qu'on découvre sur eux ?
Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.
« Hum… » J’grogne, mais pas d’colère. J’suis juste… Triste, et j’dois composer avec tout c’bordel qu’se passe dans ma foutue tête de merde alors que j’comprends qu’Yulia aussi en chie. J’le vois. J’vois sa tête qui s’baisse à chaque fois. Son visage qui r’garde le sol… L’fait qu’elle transpire l’déception et la tristesse, m’voyez ? Bref… J’avoue qu’ça m’fait mal au cœur moi aussi. M’enfin, pas l’choix j’crois.
Si un jour vient l’temps pour moi d’partir, elle s’ra là. Ouais… Elle s’ra là. On pourra avoir un truc à nous deux et tout. J’sais pas c’que j’dois faire ou c’que j’dois dire là, maintenant… J’avoue qu’c’est carrément la merde dans tout ça… ça m’fait carrément chier putain d’bordel de merde. Pis ensuite l’fait qu’elle insinue qu’c’est peut être c’qui nous faut, j’dois dire que j’suis aussi d’accord… J’sais pas comment faire là… Sinon… Parler, j’sais pas.
« Ecoute… » Bon, ça y’est j’sens qu’y’a un truc qu’me pousse dans l’dos. Pas des couilles visiblement… Pas des ailes non plus. On dirait même qu’c’est… Comme si qu’quelqu’un m’foutait un coup d’poing dans l’dos, et qu’ce poing m’frappait l’cœur pour v’nir l’arracher et tout. Hum… J’sais pas trop c’qu’il s’passe, mais c’est différent d’quand j’me lance dans l’combat : là, j’suis prêt, j’pense qu’à l’adrénaline, j’anticipe l’mouvements des ennemis, bref, j’sais pas, tout m’vient naturellement et j’saurais pas trop comment l’expliquer.
Mais là, tout d’suite maintenant, j’sais pas. « J’peux… J’dois rester ici, mais j’veux tout savoir. Je… J’ai encore d’boulot urgent ici, d’gens qu’comptent sur moi, qu’attendent même que j’me sacrifie si b’soin, qu’je cane l’arme à la main pour qu’d’autres puissent survivre… » Ouais j’sais pas pourquoi j’lui dis ça, ç’va clairement l’énerver que j’dise qu’certains n’hésiteraient pas à préférer ma mort à celle d’autres, parce qu’j’suis l’soldat et qu’d’autres sont… Bah… Des parents ?
C’comme l’autre folle d’Casey qu’insinuait qu’j’avais abandonné Stan parce qu’j’étais revenu l’premier. Elle a carrément dit – enfin j’crois – qu’ça aurait dû être moi qu’aurait dû crever et pas Stanley… Même si, au final, Stanley est revenu aussi. Savoir ça… Ca briserait Yulia j’pense. « J’veux dire… Heum… J’suis un d’top soldats, et des responsables ici. Alors… On s’attend à c’que j’crève pour protéger des gens. T’vois ? » Bon bref… « Mais… S’il s’passe quoi qu’ce soit avec les pirates… Si ces fils de putes, ces enfoirés d’connards d’enfants d’putains, r’viennent et tentent quoi qu’ce soit… J’viendrais. J’viendrais directement, t’as ma parole. Alors… J’veux être au courant. »
you kill or you die, or you die and you kill you walk outside, you risk your life. you take a drink of water, you risk your life. nowadays you breath and you risk your life. you don’t have a choice. the only thing you can choose is what you’re risking it for.
C'est vraiment ce qu'on attend d'toi ici ? J'le fixe, une pointe soucieuse passe dans mon regard alors qu'Logan me donne sa parole. J'sais ce qu'elle vaut parce qu'il a toujours fait en sorte d'la tenir, mais j'dois admettre que... Merde, ça me contrarie. L'idée d'le laisser là alors qu'justement, il mérite pas d'se prendre des balles pour toutes les personnes ici, ça m'ronge. Mais j'pense que y'a pas un monde où j'parviens à l'assommer, l'faire tenir dans une valise, pour l'trainer au coffre pour partir avec lui.
Pourtant, putain, j'y pense hein. J'y pense vraiment. J'suis pas d'accord avec ça. T'as une fille maintenant, c'est pas normal qu'ça soit vraiment c'que tu dois être voué à faire alors qu'elle a encore plus besoin d'toi que ces gens, et moi aussi, j'ai besoin de lui même si j'le dirais pas en ces termes, et qu'ça aurait l'air trop bizarre, que j'peux pas me permettre de prêter autant l'flanc à une blessure. Je pince les lèvres avant d'soupirer. Je hoche la tête d'toute façon, résolue avec fermeté à m'mêler de ce qui me regarde.
J'te dirais. Essaie d'rester proche d'une radio, ou d'y passer une fois par jour si jamais j'parviens à transmettre un message, j'me débrouillerais pour d'toute façon, quitte à m'rapprocher, faire d'la route, ou alors aller directement à Belfair pour déposer ce qu'il faut, j'en sais foutre rien mais j'essaierais. J'trouverais des solutions, comme c'qu'on fait depuis le début. Au fait : j'ai pu discuter avec Valérian de... De la possibilité d'ta venue quand tu pourras, et quand les pirates seront plus un problème pour personne, que j'lui souffle.
Ouais j'y pense maintenant, on s'est laissés sur ça la dernière fois, sans certitude sur la suite du programme. L'fait que j'ai du accoucher à Bainbridge fait qu'je lui dois la pareille. Durablement ou épisodiquement, que je précise simplement. L'idée est posée, non ? Il est ok avec ça, même si c'est pas gratuit : Sur l'temps de ton séjour, tu contribueras pour le clan, tu feras ta part, ça sera pas des vacances mais j'suis sûre que tu sauras te débrouiller, que j'ajoute. J'essaie d'voir la fin heureuse, pour pas déprimer tout d'suite à l'idée qu'on va tous droit dans un mur, que je lui souffle avec un sourire.
Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.
« Heu… » J’sais pas, d’un coup j’me dis qu’j’ai p’t’être abusé en disant ça et qu’c’est juste qu’moi qu’pense mal… Ou qui m’descend toujours. C’vrai qu’j’ai souvent dit qu’j’n’étais qu’un bidasse de merde, et tout et tout… Et du coup, à chaque fois ou presque, June, Arizona, et d’autres, m’disaient qu’c’était pas d’tout c’que j’étais ou c’qu’elles voyaient… Qu’j’étais un type important, tout ça tout ça… M’voyez ?
« J’veux dire… J’sais bin’ qu’j’suis un bidasse et qu’j’ai un taf à faire. D’puis qu’j’suis responsable d’plein d’trucs, les gens m’disent que j’suis plus qu’un bidasse et qu’m’ont toujours vu comme quelqu’un d’bien et d’important, t’vois ? » Mais j’peux pas m’empêcher d’penser à un truc là… « Mais j’sais bin’ qu’comparé à tous ces gens… J’suis l’sacrifiable. Y’en a plein d’autres qu’mettront leurs vies en jeu, j’le sais. Mais t’vois… Quand… » Bon, aller… J’vais l’dire et puis voilà ! « Quand j’suis r’venu d’la prison des Oblivions… J’suis r’venu l’premier, sans Stanley parce qu’on avait été séparés au bout d’deux mois d’combats dans leur foutue arène… Sa meuf est v’nue m’voir quand j’ai pété un boulon dans l’dispensaire… Et… Elle m’a accusé d’l’avoir abandonné. Qu’il avait des gosses, qu’c’est moi qu’aurait dû crever et pas Stanley… »
Sauf qu’le bro, il a pas cané. Il est r’venu pas trop d’temps plus tard… M’enfin. « J’sais bin’ qu’c’est pas la seule à penser ça. D’puis 3 ans que j’suis là, tout l’monde s’est foutu un gosse dans l’bide, et tout… Y’a qu’moi qu’ai fait qu’bosser durant trois ans p’tain d’merde. » M’enfin… ça, c’dit.
« J’passerais à la radio tous les jours, promis. » Et quand j’fais une promesse hein ! J’n’oublie rien ! Carrément rien ! N’Faut pas déconner p’tain d’merde ! L’fait qu’elle m’parle ensuite d’son boss et qu’il est ok pour que j’viennes… Contre… Bah, du boulot… ça m’fait un peu sourire et en même temps ça m’fait tiquer. P’tain, j’suis vraiment entrain d’penser à m’barrer pour d’vrai ? P’tain… Faut croire qu’tout l’monde change dans c’foutu monde de merde…
« D’accord. Bah… ça m’semble… Logique. Et plutôt bien. C’t’un bon accord quoi. » J’sais pas trop comment l’dire mais ça m’va, c’t’accord du coup. « On ira pas dans un mur. J’peux pas l’permettre parce qu’maint’nant, y’a la paupiette qu’à b’soin d’nous. Alors non. Pour l’moment… la distance… C’est c’qui nous faut. J’veux dire… J’peux pas être un père pour c’te p’tiote, j’suis d’jà pas capable d’contrôler quand j’veux buter quelqu’un alors… Voilà… » J’pense qu’en effet, nous faut un peu d’distance, au moins au début. Mais elle a raison : y’a un moment où ça va d’venir « trop »… M’enfin… « C’mur, on l’prendras pas. J’t’aurais r’joins avant. »
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J'aime pas non plus l'image que son camp à de lui. Ou la manière qu'ils ont de lui faire sentir son importance. Je connais pas Stanley, mais s'il traite vraiment Logan de cette manière aussi, j'me dis qu'il vaut mieux avoir des ennemis que des amis comme ça. Ou tout simplement qu'avec des potes comme ça, on a pas besoin d'adversité. Mais les impressions d'Logan sont aussi ce qu'elles sont, sur un bon fond d'violence et de paranoïa, je crois qu'il a aussi sa vision du monde, et qu'ça doit pas aidé à s'faire forcément une place quelque part. Je juge pas, je comprends en partie d'que ça implique.
Elle a l'droit de dire n'importe quoi, c'est pas pour autant qu'c'est vrai, que j'lui souffle simplement en haussant les épaules. La copine de Stan a traversé un truc pas chouette, j'me sentirais malade moi aussi, et j'dirais des énormités comme ça pour pas être seule à souffrir. Et moi, j'suis heureuse qu't'en sois revenu de là-bas, qu't'en sois pas mort, j'sais bien qu'ça compense pas la peine. Ecoute... On se souvient plus facilement des claques que des caresses, mais j'peux le dire deux fois, ou trois fois, pour qu'tu le retiennes, que j'lui souffle en m'approchant venant passer mes bras autour d'ses épaules.
Parce que sans toi, Analya s'rait pas là, et si ça lui pose un problème tu lui dis, et je m'occupe de lui casser la figure, on va pas épiloguer cent ans sur des conneries du genre, j'pourrais, d'ailleurs. Il suffirait qu'il me le demande gentiment, j'prendrais mon manteau, mes chaussures, et j'irai lui botter le cul pour lui faire entendre qu'elle a tort, ça m'dérange pas. Mais le reste, c'est aussi une évidence qu'il doit comprendre : Les gens malheureux disent des choses qu'ils pensent pas forcément, ils disent aussi des horreurs pour pas être les seuls à souffrir, tout simplement.
Je le fixe, avant de lui offrir un sourire. J'crois qu'mon monde serait pas aussi bien sans Logan Jack Castle. Et c'est pas encore parfait, mais dans toute cette misère que j'ai déjà traversé, j'me dis quand même que c'est pas plus mal. Qu'la merde, ça m'connait. Et qu'y'a des fois où c'est pas génial, mais c'est pas pire non plus. C'est cependant avec une pointe de souci que je le fixe : Est-ce que... je sais pas trop comment tourner ça, alors autant y aller franchement : Tes cauchemars sur Portland, ça va mieux ? Ou est-ce qu'il en fait encore ?
Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.
« Hum… » J’grogne, mais en f’sant d’signes comme quoi que j’comprends et qu’j’suis d’accord avec c’qu’elle dit. C’vrai qu’les gens s’montrent comme d’vraies teignes quand ils vont pas bien. L’pires des saloperies sont dites soit par d’fils d’putes, soit par d’gens lambdas qu’souffrent et qu’savent pas comment faire pour s’en sortir. D’coup, ils font souffrir les gens avec eux et… Voilà. D’fil en aiguille, on d’vient tous l’connard ou la salope d’quelqu’un quoi. P’tain d’cercle vicieux d’merde…
L’douceur d’Yulia, ça m’fait d’trucs chelous. Pas des trucs genre… M’donner envie d’la sauter partout, comme c’fut l’cas à la cabane. Juste… J’sais pas… Elle m’prends dans ses bras, elle m’dit d’trucs gentils… Et moi, j’veux juste poser ma trogne sur son épaule et m’laisser m’endormir. J’crois qu’ça doit être ça, la confiance et l’truc qu’on appelle l’amour. L’fait d’être bin’ avec l’autre et d’pas d’voir s’sentir pousser des ailes, m’voyez ? Comme c’foutus joueurs d’foot qu’font genre ils aiment pas l’douceurs d’leurs femmes, alors qu’en vrai, j’suis sûr qu’ce sont eux qui s’mette en cuillère d’vant leurs donzelles. Bref.
J’serais encore tout à mes p’tains d’réflexions si j’voyais pas Yulia changer d’visage. D’un coup, elle a plus l’air d’être… Douce et mignonne. On dirait qu’elle d’vient inquiète et prête à m’péter la gueule si jamais j’faisais un pas d’travers. Ou un truc d’genre. J’suis pas très doué pour interpréter c’que pensent l’gens d’toute manière.
Et elle m’pose une question… LA question, j’devrais dire. Elle m’demande si j’ai encore d’cauchemars sur Portland. J’sais pas trop quoi répondre d’tout ça… En vérité, c’pas tant d’cauchemars… ‘Fin, si, mais pas d’terreur. Bon, j’veux carrément pas r’tourner là-bas… Mais c’surtout qu’revois tous ceux qu’j’ai buté, et ceux qu’sont morts à nos côtés. L’gens ont tendance à oublier qu’outre l’fait qu’ces fils d’putes étaient d’grands malades, si on s’est r’trouvés chez eux, c’t’avant tout à cause d’l’opération suicide contre New Eden. Et qu’dans c’t’opération, on a perdu d’tas d’gens bin’… Ouais… M’forcer à buter mon pote d’venu rôdeur, ça, ça m’brise les burnes.
L’fait d’devoir toujours dormir l’œil ouvert aussi. P’tain, combien d’fois ils nous ont foutu un fils d’pute dans la cellule, en pleine nuit, pour pas qu’on s’ramollisse ?! Ces fils d’catins… J’sais pas si on parle d’cauchemars d’coup… Juste… J’veux pas y retourner, et quand j’rêve, c’souvent parce qu’j’veux tous les tuer pour c’qu’ils nous ont fait quoi…
« Heum… Bah, ça va… » C’vrai, j’passe plus mes nuits à m’réveiller en sueur, l’couteau à la pogne, prêt à égorger l’premier que j’croise. « J’dors mieux. J’dis pas qu’j’y penses plus… Mais c’plus parce qu’j’veux tous les buter quoi. » Ouais voilà…
Bon… J’crois qu’la discussion s’termine… « Ah, on dirait qu’la p’tiote veut bouffer tes nibars. » J’l’entends qu’s’réveille et qu’se met à geindre. P’tain, qu’est-ce qu’ça bouffe !
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