Il était devenu Grand Général. Il avait repris le poste de Mike O’Connell, à la tête des Trônes et de l’Elite. C’était un rôle important, qui démontrait toute la considération que leur Adonaï avait pour lui. Armand était dorénavant l’un des puissants de New Eden. Et on lui avait confié une nouvelle mission.
Au fil des jours, il s’était présenté devant la majorité des formations présentes à Spokane. Il s’était adressé aux soldats, par plus ou moins grands groupes, pour une première approche, au cours de laquelle il rappelait ses propres faits d’armes à New Eden, depuis son origine. La création de cet avant-poste, le temps investi à Seattle. Sans cacher ses échecs aussi. Il poursuivait ainsi :
- Vous n’êtes pas sans savoir l’attaque frontale que nous avons reçu là-bas à Providence. Perpétrée par les Remnants. Ceux-là même qui ont détruit les barrages qui alimentaient en électricité Walla Walla. Je tiens à l’affirmer aujourd’hui : ces agressions ne resteront pas sans conséquence ! Il parlait alors d’une voix grave et puissante, avec conviction. Cela l’amenait alors à évoquer l’objectif officiel sur lequel il travaillait. Une opération est en cours de préparation et mobilisera certains d’entre vous. Prochainement. Elle ne souffrira d’aucun échec. J’ai confiance en vous. Vous êtes l’Élite de New Eden - notre fierté - celle qui fait notre grandeur. Et qui imposait aussi leur suprématie.
Il avait retenu les conseils de l’Évêque Hermann. Il brossait les troupes dans le sens du poil. Il promit aussi une permission prochaine à ceux qui n’étaient pas rentrés chez eux depuis trop longtemps. Dans le même temps, il commencerait ses sélections. Par des entretiens. Il avait déjà prévu de voir chaque Trône, personnellement, un par un. Et autant de soldats que possible, quand cela se justifiait. Il voulait être proche des troupes. Les connaitre. Recevoir personnellement leurs témoignages et leurs doléances.
Informations :
C’est dans ce cadre que vous avez été convié, chacun, à un tête-à-tête avec Armand. Certains d’entre vous le connaissent personnellement, mais pas tous, ou bien vous n’avez pas eu l’occasion de discuter véritablement dernièrement.
• Ce premier tour sert d'introduction. Vous avez été conduits dans une salle de réunion quelconque et attendez l'arrivée du Général. Attention : vous n’êtes pas ensemble ! Vos entretiens se déroulent à des moments différents ! La rencontre sera brève, vous n'aurez qu'un post pour répondre avec précision à chaque question.
• Je tente une exérience : des interviews croisées, dans un même RP. On va voir ce que ça donne ! Pour rappel : l'enjeu pour votre personnage est de participer à une future opération - secrète - contre les Remnants ! Serez-vous à la hauteur ?
Retourner dans l’ancienne base de l’Air Force faisait naître en moi des sentiments bien contradictoires. Cet avant-poste avait longtemps été mon foyer, bien plus que Walla Walla ne le serait jamais. J’avais longuement été affecté à Spokane, puis à Glenwood, des années en arrière. L’ambiance m’avait de suite plu, si similaire à celles des camps militaires que j’avais fréquenté par le passé. J’avais concrètement aidé à bâtir cet avant-poste et à lui forger sa réputation en reprenant à ses débuts mon ancien poste de sergent-instructeur entre ces murs. J’avais entraîné nombre d’hommes avec les méthodes employées dans les forces spéciales, ainsi que des chiens d’attaque et de défense. J’y retrouvais avec un plaisir certain de mes anciens camarades restés sur place, que ce soit d’autres instructeurs ou ceux que j’avais moi-même formés, dont justement l’ancien policier maître-chien, Cameron Gardner. C’était presque comme si nous nous étions quittés la veille.
Pourtant, je ne pouvais pas m’empêcher de ressasser les derniers événements à Walla Walla. Mes angoisses s’étaient cristallisées autour de ma famille. Je n’étais pas serein à l’idée de rester aussi longtemps éloigné de mes enfants. Je ne pouvais pas assurer correctement leur sécurité en étant envoyé à chaque fois au loin. Et surtout, je n’arrivais pas à me retirer de l’esprit qu’on cherchait peut-être à m’écarter, sous couvert de félicitations, après que j’aie mis un beau coup de pied dans la fourmilière en multipliant les arrestations pour mettre la résistance à genoux.
J’avais pris le temps de faire le tour de Spokane avec Jacob, pour qu’il puisse prendre ses marques à son tour, avant de gagner les baraquements où nous avions retrouvés Kendale, Benjamin et John, assignés au même dortoir. Nous nous étions ensuite rendu tous ensemble sur place pour écouter le discours du tout nouveau général. J’étais plutôt rassuré de savoir que Phillips avait été choisi pour succéder à O’Connell, même si nous n’étions plus vraiment amis depuis Bellevue. Je n’avais rien contre mon ancien supérieur, mais je croyais davantage dans les actions concrètes menées par Armand pour emporter la victoire.
« Quand comptes-tu t'engager, Jacob ? » La question méritait d’être posée. Cela faisait quelques temps qu’il écumait chaque front à mes côtés. Ses preuves n’étaient plus à faire. « Avec un peu de chance, tu sera sélectionné au même titre que Kendale et Benjamin pour cette mission. » Les concernant, j’avais assez peu de doutes qu’ils le seraient. Je les laissais finalement pour retourner à mes missions quotidiennes, jusqu’à ce que je sois appelé à mon tour en entretien. Droit comme un i, j’attendis dans un coin de la pièce que le général se présente pour effectuer mon salut militaire.
« Ils te feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas; car je suis avec toi pour te délivrer. » dit l'Eternel
« Le roi est mort vive le roi », cette ancienne acclamation devenue familière aurait très bien pu être proclamée à l’arrivée du désormais Grand Général Armand Phillips. C’est en tout cas ce que pensait Benjamin qui, silencieux et admiratif, écoutait avec attention les mots de leur nouveau commandant en chef. Son discours à propos de son parcours, de ses ambitions mais surtout de leurs ennemis les Remnants était en tout cas revigorant. Celui-ci stimulait en effet à nouveau les troupes qui en avaient d’ailleurs grandement besoin après ces divers revers successifs contre cet ennemi de longue date. Il n’était donc pas étonnant que l’annonce d’une prochaine opération militaire contre eux enthousiasme l’intégralité des personnes qui assistaient à ce discours.
L’initiative de leur nouveau Grand Général, c’est-à-dire prendre le temps de discuter avec les Trônes qu'il avait sous son commandement ainsi que les Trônes en devenir, était en tout cas fortement appréciée par l’intégralité des troupes. L’image qu’Armand envoyait à ses hommes était donc positive, très positive et c’était une très bonne chose pour lui comme pour le moral des troupes. Le Marines, qui ne connaissait pas vraiment Armand, était en tout cas très curieux de découvrir l’homme. Pourquoi ? Déjà pour en savoir un peu plus sur celui qui les commanderait bientôt et qui les enverrait ensuite au combat. Mais aussi pour tenter de s’attirer ses bonnes grâces car après tout il était toujours plus agréable d’obéir aux ordres d’un ami plutôt que d’un homme qui ne prenait pas le temps de vous connaître.
Ce tête à tête avec leur nouveau Grand Général, la plupart des frères d’armes de Benjamin l’attendait donc avec impatience, comme le Trône d’ailleurs qui désirait vraiment faire connaissance avec leur chef des armées. Enfin bref lorsqu’on invita enfin le Marines à pénétrer dans la salle de réunion, qui accueillerait bientôt le Grand Général Philips, Benjamin s’empressa d’y entrer. En ôtant premièrement sa casquette puis en se positionnant droit comme un « I » devant la chaise et la table qui se trouvaient toutes les deux devant lui. Ses deux mains étant quant à elles dans son dos, poignet contre poignet, alors que son regard, franc, était dirigé vers l’issue par laquelle son nouveau commandant arriverait bientôt.
Semper Fidelis
I am an American, fighting in the forces which guard my country and our way of life. I am prepared to give my life in their defense. I will trust in my God and in the UNITED STATES OF AMERICA
Encore une fois, j’ai laissé Emerson et les enfants derrière moi, le temps d’une énième mission. Cette fois, le départ a été plus compliqué que les fois précédentes. Sean et Grace commencent à comprendre certaines choses, comme le fait que je serai absent durant un moment. Et si mon aîné a promis d’être sage avec sa mère, il a été difficile pour ma fille de me lâcher. J’espère que tout se passera bien pour eux, que je serai rapidement de retour…
J’ai donc rejoint Spokane en compagnie de certains Trônes et d’autres soldats. Des gars avec qui j’ai déjà fait équipe plusieurs fois : Ross, Atkins, Blackbird. J’imagine que ce qui nous attend ne sera pas une partie de plaisir, alors avoir des gars de confiance autour de moi, ça a quelque chose de rassurant. D’ailleurs, nous avons été rapidement mis au fait de notre présence ici. Philips, promu Grand Général depuis peu, nous a accueilli avec un discours empli de convictions. Cela fait un moment que je n’ai pas eu l’occasion de le rencontrer, j’imagine qu’il mérite mes félicitations pour sa promotion ?
Ça tombe bien puisque quelques jours après, nous avons été informés que le Grand Général désirait nous rencontrer, chacun de nous, pour un entretien. Cette façon de faire m’a un peu surpris, peut-être parce que j’ai appris à être un militaire sur le tard ? Y’a sûrement plein de trucs qui me dépassent mais je fais de mon mieux pour me comporter comme tel.
Le jour de l’entretien, j’ai donc rejoint la salle que l’on m’a indiquée, en prêtant une attention toute particulière à mon allure. Vêtements impeccables, chaussures nettoyées et cirées, cheveux coiffés et barbe taillée. Autant dire que le contraste est grand entre mon allure d’aujourd’hui et celle que j’avais il y a quelques années, quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois avec Philips. Mais si y’a bien quelque chose qui n’a pas changé, c’est cette foutue impatience. En attendant l’arrivée du Grand Général, j’ai du mal à rester en place, faisant presque les cent pas dans la pièce. Ce n’est que lorsque des pas résonnent dans le couloir et que la porte s’ouvre que je m’arrête. Ma posture est droite, ma tête haute et je gratifie Philips d’un salut militaire, prêt à écouter ce qu’il a à me dire.
Armand entra finalement dans la petite salle. L’extrémité de ses doigts se posèrent sur sa tempe, rendant son salut au militaire face à lui.
- Rompez, ajouta-t-il, très mécaniquement en baissant le bras. Dans un geste, il invita son vis-à-vis à se rassoir. Il prit place à son tour, non loin, de l’autre côté de la table qui se trouvait là. Je suis content d’avoir cette occasion de parler un peu avec toi, ajouta-t-il. Son regard était bienveillant, il paraissait sincère. Assénait-il ce discours à tout le monde pourtant ? Tout à fait.
Il fallait croire cependant qu’il le pensait réellement parfois. De toute évidence pour certaines vraies connaissances, non ? River était certainement celui qu’il connaissait le mieux. Les deux hommes ne s’étaient d’ailleurs quitté que quelques mois plus tôt. Le Trône était là, à Seattle, lorsque son prédécesseur, le Général O’Connell avait disparu. En dépit de leur ancien différend, ils faisaient du bon travail ensemble. Benjamin faisait aussi partie du paysage depuis longtemps. Dès le début d’ailleurs. Mais les deux hommes ne s’étaient que croisés depuis la peine de prison du plus âgé. Enfin, Kendale avait un profil à part. Armand n’oublierait jamais sa rencontre avec l’ancien pompier et sa famille. Autour de la dépouille de Jed, son frère.
- Depuis que je suis arrivé ici, j’ai eu l’occasion de me pencher sur le cas des Remnants. En détails. Que sais-tu, finalement, sur eux ? Demanda finalement le nouveau Général après les politesse d’usage. Concrètement. Au début. Maintenant. D’une manière générale. Qu’est-ce qui te motiverait à vouloir les remettre un peu à leur place ?
Armand avait depuis longtemps un avis ambigu sur les habitants de Bainbridge Island. Pour tous les compagnons qu’ils avaient tués. Pour les valeurs qu’ils voulaient pourtant sensément représentées. Mais ça, c’était avant le coup de p… hum fourré de June Phelbs contre Providence. Depuis, il ne se faisait plus aucune illusion. Il était sincèrement motivé pour leur envoyer un joli retour de bâton. Et le but de ces entretiens était aussi de juger de la motivation des autres. Sur tous les points.
- Pour quoi tu te bats ? Toi, personnellement, enchaina-t-il d’ailleurs, pour avoir une vision encore plus large.
Le militaire me fait signe de m’asseoir, je m’exécute alors qu’il s’installe face à moi. Et alors qu’il s’adresse à moi, je lui réponds avec sourire accueillant. « Bonjour Armand. Ça fait un bail ouais… » J’suis pas franchement le plus doué pour les bonnes manières, les règles de bienséance, c’est pas trop mon truc. Mais je me permets d’ajouter « Et… Toutes mes félicitations. » Une fois que c’est fait, il commence à me poser quelques questions. Je l’écoute avec attention.
Lorsqu’il évoque finalement le groupe des Remnants, mon visage se ferme légèrement. Je prends une mine bien plus sérieuse alors que de nombreux souvenirs me reviennent. Quand il a terminé, je me redresse, ne sachant pas par où commencer. Néanmoins, je ne mets pas longtemps à lui répondre. « Je ne sais pas si j'ai d’jà eu l’occasion de t'en parler. Mais je les ai déjà croisés, bien avant que New-Eden arrive à Seattle. Bien avant d'tomber sur toi et Stoot. A cette époque, ils sillonnaient la région pour tenter de grossir leurs troupes. Je faisais partie d’un grand groupe, on vivait dans le lycée Garfield. Je n’ai appris, que plus tard, leur nom… » Mon expression se durcit encore un peu plus. « Ils se sont pointés un jour. Leur deal était clair, les suivre ou mourir. Ce jour-là, ils ont brûlé ma maison et ils ont tué nombreux de mes amis. J’ai failli y passer. » Mon regard ne quitte pas celui d’Armand, il peut sûrement y lire une lueur sombre et déterminée. « J’ai jamais oublié ce qu’ils ont fait. »
Je pourrais lui en parler durant des heures, lui donner la liste des gens que j’ai perdu ce jour-là. Mais j’imagine que ce n’est pas ce qu’il veut entendre. Alors, je me permets une question à mon tour, sans vraiment me soucier du nouveau grade de Philips. « Tu comptes prévoir quelque chose contre eux ? » J’ai toujours eu du mal avec le vouvoiement, j’espère qu’il ne m’en tiendra pas rigueur.
Pour ce qui est de sa dernière question, je lui accorde à nouveau un regard franc. « Que ce soit avant, ou maintenant… Je me suis toujours battu pour ma famille. C’était déjà le cas quand tu m’as rencontré la première fois. Ça n’a pas changé et c’est d’autant plus important pour moi, maintenant que Sean et Gracie sont là. » Je marque une légère pause avant d’enchaîner « J’ferai tout ce qu’il faut pour leur assurer un avenir meilleur. Alors si ça implique d’botter l’cul de ces connards, j’suivrais le mouvement. »
J’attendis que le nouveau général me fasse signe pour m’installer face à lui. Je restais raide dans mon attitude, incapable de me détendre totalement. « Hm. » me contentai-je de répondre, quand Armand souligna qu’il était heureux de pouvoir discuter avec moi. Je restais sur la réserve, attendant de savoir quel sujet mon nouveau supérieur comptait aborder avec moi.
La mention des Remnants me fit aussitôt tiquer, me rappelant à l’incident de Bellevue. « Tu veux vraiment que nous en reparlions, là maintenant ? » Je poussai un bref soupir. « Ils ont massacré toute la garnison à Bellevue, mais pas seulement. Ils ont torturé salement mes frères d’armes là-bas. Les civils que nous devions ramener au QG étaient seulement des traîtres à notre cause qui attendaient qu’ils reviennent les chercher, je ne les ai pas laissés partir. En soi, s’ils sont morts, c’était réellement par leur faute. » Je marquai un silence, le fixant longuement. « Mais tu sais déjà tout ça. » Il n’était pas du genre à oublier quand on avait une dette envers lui, n’est-ce pas ? Armand avait découvert par lui-même le pot-aux-roses, et depuis, il m’avait évité une destitution ou pire pour avoir été trop… prompt à régler la question sur place.
« Les Remnants sont des chiens qui ont vu depuis le début d’un mauvais œil que nous venions tendre la main aux survivants de Seattle, parce que c’était leur terrain de jeu. Ils les ont retournés contre nous à coups de raids, de désinformation, et nous en sommes revenus au point de départ : forcés de quitter Seattle la queue entre les jambes pour retourner nous réfugier à Walla Walla. » Lui-même devait être assez amer de comment les choses s’étaient déroulés par deux fois, n’est-ce pas ? Armand aussi était là depuis le début, au stade, où tout avait commencé. « Mais New Eden est né de notre débâcle à Seattle, alors elle ressortira grandie de ces conflits. » Du moins, je l’espérais. « Si nous nous débarrassons de cette épine dans notre pied, aucun doute que nous pourrons unifier l’état comme nous l’escomptions au début. Les autres poches de survivants ne constitueront pas une menace suffisante pour nous arrêter ensuite. »
Je marquai un silence plus long quand Armand m’interrogea sur mes motivations réelles et propres. Ca, je ne m’y attendais pas vraiment. Je le fixai sans détour. « Armand, je n’ai plus besoin de faire mes preuves. J’ai passé plus de vingt ans à agir en militaire, dans les forces spéciales, en sergent-instructeur, et maintenant ici… et ça fait bien longtemps que je ne cherche plus à obtenir des médailles pour récompenser mes exploits en tant que soldat et gravir les échelons. Ma priorité est de garder ma famille en sécurité. Et la menace Remnant me paraît bien lointaine. Je pense qu’il vaudrait mieux solidifier nos bases, régler nos problèmes en interne, avant d’espérer reprendre notre conquête de nouveaux territoires, car nos récentes défaites ont fragilisé notre équilibre. Mais si tu penses que nous avons besoin de nouvelles victoires et de nous fédérer contre un ennemi commun pour rétablir une certaine stabilité… » Qui étais-je pour le contredire ?
« Ils te feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas; car je suis avec toi pour te délivrer. » dit l'Eternel