Le retour s'était fait dans un long silence pesant, le genre qu'il était nécessaire de garder pour ne pas se sentir défaillir parce qu'entre les odeurs et les visions, tout cela devenait difficile. Le pire était qu'à chaque fois que Maes laissait son esprit s'échapper, ses pensées le ramenaient à l'instant présent. Impossible de se défaire de ce sentiment de colère et de malaise. En arrivant au point de rendez-vous, l'homme haussait les épaules. "C'est un cimetière géant. J'imagine que leur dernier retranchement est le dernier charnier aussi. J'pense qu'il faudrait qu'on y jette un coup d'oeil, pour voir si on trouve d'autres munitions ou des restes de ce qu'ils auraient récupérés. Et p'tete essayer d'enterrer ce qui restent..." qu'il soufflait finalement en imaginant ces pauvres erres sans dernier refuge decent. Un long soupire s'échappait des lèvres de l'architecte qui vint se gratter la nuque en se pinçant les lèvres en laissant s'écouler quelques secondes.
"Avec tout ça, on est pas plus avancer sur leur localisation, malheureusement." finissait-il par dire en tournant la tête un peu à droite et à gauche, comme s'il espérait qu'un quelconque indice manqué lui saute à la figure. "Et du coup, vous ?" qu'il demandait enfin pour conclure leur tour d'horizon, espérant peut-être avoir une bonne nouvelle même si ça semblait incroyablement impossible en l'état.
J’ai réussi a prendre avec moi la malle avec les médicaments qui a couté cher a ce groupe. Alors que nous attendons les autres, je m’inquiète toujours de la pâleur d’Olivia. Ses réactions et peut être aussi le fait que nous ne soyons pas passé a coté de la mort pendant une sortie ensemble a de quoi surprendre.
« Tu es sure que tout va bien ? »
Je ne peux pas la prendre dans mes bras ni la soutenir, les autres ne tardent pas a arriver et cela serait un peu trop « tactile » pour deux « amis » j’imagine.
« On a trouvé que des corps suppliciés et aussi ce que les nazis cherchaient je pense. »
Je montre la malle que j’ouvre :
« Des médicaments. Ils ont torturé le chef de ce groupe mais visiblement, il a su emporter son secret dans la tombe.»
Je relève ma tête et regarde Maes avec un peu de surprise quand il propose d’entrer les corps. Une fois de plus, Portland m’a appris a ne plus avoir d’émotion pour des inconnus morts. Je vois bien que sous ce qui peut passer pour du self contrôle aux yeux des autres, je suis juste très détaché du calvaire de ces personnes qui sont mortes.
« Le plus simple serait de bruler les corps mais ca serait trop visible, sans compter que je ne crois pas que la crémation soit très juive. Vous voulez vraiment que nous faisions une fosse commune ? »
Je regarde tout le monde tour a tour, avant de m’arrêter sur Olivia. C’est une vraie question. Celui moi un mort est juste un mort. Il n’est plus en état de savoir C’est pour les vivants, les proches que ce genre de rite a du sens, néanmoins, je compte bien me plier a ce qui semble etre une perte de temps selon moi qui si les autres le veulent absolument.
« Ils ne peuvent pas être loin, vue l’équipement lourd qu’ils avaient. Je n’ai pas vue de traces de véhicule en arrivant. Fouiner dans les abords pour trouver des pistes peut être utile. Par curiosité Maes, des gens parlent Allemand dans votre groupe?»
Je hoche la tête, encore remuée par la nausée avant d'esquisser un sourire. Oui, ça va aller. C'est juste l'odeur qui me dérange, mais ça va aller. Alors que Lex et Maes sont là, je prends note de ce qu'ils nous disent. L'occasion pour nous de parler également de ce qu'on vient d'apprendre. On a une idée de ce dont ils ont besoin et de leurs moyens pour trouver ce qu'ils veulent, que je souffle en haussant les épaules. Ce n'est pas énorme mais bon, c'est un début. On sait qu'ils vivent dans la zone aussi...
Mais une question est soulevée, et j'admets prendre le temps d'y réfléchir. Un bref regard vers Sebastian, je hausse les épaules : Même une tombe de fortune, ça ne serait pas de trop, que je souffle. Je sais que j'ai le coeur trop tendre, mais s'il s'agissait de membres de mon groupe, j'aimerais que quelqu'un prenne soin d'eux même dans la mort. Je n'aime pas l'idée de les laisser accrocher comme ça, ils étaient des personnes, les proches de quelqu'un, de Yael et Abraham notamment. Ils méritent mieux que pourrir à la vue de tout le monde, ça va nous demander un peu de travail, autant nous y mettre tout de suite...
FIN
We're all stories in the end, just make it a good one
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