The Walking Dead RPG

La réunion n'est pas terminée, répond-t-elle de but en blanc à Clayton quand ce dernier demande, après sa présentation pour le moins haute en couleur, s'il peut s'en aller. Elle a un soupir qu'elle contient au mieux. Le défilé est... Prenant, disons. Et Zi se demande si elle arrivera vraiment à gérer toutes ces personnes, comme elle le voudrait. Pinçant les lèvres, la chinoise ne montre rien de son appréhension - pas même quand Locklan n'a pas manqué de la fixer en parlant de son addiction au sexe. Il n'y a que la blonde, Lily, pour se lever soudainement : Vous partez ? Demande-t-elle. Merci d'être passé, quand celle-ci atteste qu'elle ne peut pas rester.

Soit, elle ne peut pas la contraindre, Lily ne fait pas partie du campement de toute façon et elle n'exerce aucune influence sur elle, d'une quelconque manière. Ses yeux sondent les autres, elle temporise les esprits qui s'échauffent et se focalisent sur ceux qui hésitent : Ce n'est pas grave si ça n'est pas aussi complexe que les autres, tu sais ? Est-ce que tu penses que parler pourrait te faire du bien aussi ? Peut-être que ces gens ont des réponses aux questions que tu peux te poser... Ou pourront t'aider à y voir plus clair sur ce que tu attends de toi-même, répond-t-elle à Kassandra avec un sourire qui se veut rassurant.

Du reste, ses yeux reviennent chercher ceux du complice de Locklan : Eddie, pourriez-vous... ? Demande-t-elle. La présentation de Zelda n'est pas vraiment en adéquation avec ses attentes. L'homme soupire : Je m'appelle Eddie, et je suis alcoolique. Je ne suis pas sûr qu'il y ait grand-chose à rajouter, j'essaie de plus toucher à la bouteille mais ce n'est pas facile tous les jours surtout quand une de vos potes tient littéralement un bar où on se retrouve tous assez régulièrement en plus, explique-t-il. Enfin, je ne dis pas qu'il faut fermer le bar hein ! Avant qu'il y ait une levée de bouclier : Bref, voilà, j'ai terminé, grogne-t-il en détournant les yeux.

Finalement, tout le monde est passé. Elle échange une oeillade avec Eve-Madeleine, qui prend bonne note de la situation. Bien. Vous le constatez par vous-même, nous sommes tous des profils différents, présents pour des raisons différentes, il n'y a pas de mal à ça. Nous pourrions lancer un premier sujet, est-ce que l'un de vous a une question à poser sur laquelle nous pourrions réagir ? Demande-t-elle avant de préciser : Pour vous donner un exemple, dans le cadre d'une réunion des alcooliques anonymes, on entame parfois par... des questions sur les personnes que nous apprécions, pourquoi, comment, que pourrions-nous leur dire si elles étaient en face de nous, elle essaie, ne sait pas vraiment comment s'y prendre. Ou notre rapport à la société, à des événements précis, nos impressions sur ce qu'il se passe. Qui veut commencer ?

who's on first ?

ANAPHORE

Un ricanement m’échappa quand Zelda fit tomber le masque. « Je sais bien que le ridicule ne tue pas, mais t’as aucune limite là, non ? » Sa voix rauque et déformée n’avait détrompé personne au final. Comme la plupart ici, elle n’avait pas eu envie de venir. Le contraste était encore plus flagrant entre ceux qui le faisait par la force des choses et ceux qui estimaient en avoir le besoin. Découvrir certains à cette occasion me donnait l’impression de faire du voyeurisme. Je n’avais pas envie de m’ouvrir à eux, tout comme je n’avais pas envie qu’ils le fassent en retour alors qu’on se connaissait à peine. Ça me mettait mal à l’aise sans que je ne le montre réellement. Voir Cole verser une larme après un récit particulièrement poignant était la goutte d’eau.

La petite nouvelle se fendit d’une remarque bien sentie à l’égard de Clayton et moi. Je lâchai un rire surpris en réponse, sans me formaliser de me faire traiter de beaufs ou de crétins. « Dis celle qui ne nous a pas dit pourquoi elle était là aujourd’hui… » Je me penchai en avant, les deux coudes reposant sur mes genoux. « Ben vas-y, continue. T’étais bien lancée, non ? » Lançai-je avec provocation. Elle ressemblait à un chat sauvage prêt à feuler dès qu’on avait le malheur de s’approcher, ce qui me donnait forcément envie de la titiller un peu. « T’aimes jouer les mystérieuses pour te donner l’image d’une femme forte, pas vrai ? Et ça te donne juste l’image de quelqu’un qui pète plus haut que son cul, pour une petite nouvelle. »

Elle eut de la chance que Zi abrégea rapidement notre jouter verbale en réintervenant après ce premier tour de table. Je poussai un soupir un peu dépité, à écouter la suite des réjouissances. Et quand tout le monde tourna son regard vers moi, s’attendant à ce qu’on refasse le tour dans le même ordre que précédemment, je me sentis profondément arnaqué. « Quoi, sérieux ? » Pourquoi c’était toujours à moi d’ouvrir le bal ? « ‘Chier ! » Ils n’avaient évidemment aucune question à poser dans l’immédiat. « La société n’existe plus, on fixe les règles comme on veut maintenant. » J’haussai les épaules. Je pensais évidemment à ma fille – et même à mon fils – à la question de Zi, mais évoquer ce qu’ils étaient devenus devant un large public était juste hors de question pour moi. « On peut parler d’un événement précis ? Ok. » Je me tournai vers Zelda sans attendre. « T’as vraiment buté Caleb ? Et c’est juste une excuse d’être cinglée ou c’est vrai ? » Autant mettre les deux pieds dans le plat, non ?

"It's holding me, morphing me, And forcing me to strive To be endlessly cold within, And dreaming I'm alive And I'm not breaking down I'm breaking out Last chance to lose control"

Selene crucifia du regard l’homme qui lui avait répondu. Il ne comprenait rien. Aucun d’eux ne comprenait rien ! Tout le but de ce genre de programme, c’était de pouvoir s’écouter avec bienveillance, pour se décharger de certains poids. Ça ne faisait pas dix minutes qu’ils étaient arrivés, et ils avaient déjà fait fuir Lily. Bravo. La musicienne se rongeait l’intérieur des joues, plus fermée que jamais face à de tels énergumènes. Bras croisés, elle eut l’impression que Zi avait réussi à recadrer les choses en invitant le dénommé Eddie à parler pour de bon, puis en proposant une approche, mais…

… mais c’était sans compter sur Locklan. Locklan et son manque de respect pour le principe même de cette séance, et pour toutes les autres personnes qui l’entouraient. C’en était trop pour Selene qui se leva à son tour, bien décidée à suivre le même chemin que Lily.

- Je sais pas à quoi on joue là, mais j’en ai vu assez, ses yeux bleus passèrent de l’un à l’autre des protagonistes, on vient littéralement de dire qu’on est censés être une safe space, pour s’aider mutuelle à avancer, et vous foutez rien d’autre que vous moquez et attaquer les gens, cette fois, elle dévisagea explicitement Locklan et Clayton, les soi-disant casanova, je peux pas participer dans ces conditions. Désolé Susan.

Ça l’embêtait beaucoup de planter la psychiatre, mais c’était de toute façon au-dessus de ses forces que de se dévoiler à ces gens-là. Selene n’avait pas envie de donner des armes contre elle et encore moins de jouer à celle qui avait le plus de soucis psychologiques. Ce n’était pas un concours et encore moins un jeu – pas pour elle dans tous les cas.

- Merci, glissa-t-elle à la femme qui administrait la chapelle.

La musicienne prit alors la direction de la sortie, avec l’intention de rattraper sa camarade de Nisqually. Au final, elles n’avaient pas besoin de tout ce décorum pour ce parler. A ce moment, la pianiste regrettait même qu’elles ne se soient jamais vraiment causé avant, alors que leurs parcours les avaient visiblement amenées au même endroit…

« Dum spiro spero »

Go back and forward, but all is melting like the snow ♪ Taking all from us, all we thought was left to know ♪ On what we treasure falls a dusty snow ♪ taking us backwards, but where we will never know.

Récompenses:

- Des limites ? C'est quoi, ça ?

Zelda décoche - sans trop de complexes - un sourire goguenard à Locke. Et puis le regard qui va avec, aussi. Il la trouve ridicule ? Elle, au moins, elle arrive à résister à l'appel d'un vagin ! Quant à sa question sur Caleb : Quelle importance ? Son ton semble indifférent mais son air prouve qu'elle l'a malgré tout mauvaise. Stan' en est convaincu, lui. Et c'est tout ce qui compte visiblement ! Les autres, eux, se contentent surtout de douter. Même son écossais de sbire, visiblement.

Gênée, mal à l'aise à l'idée d'évoquer le sujet devant sa Kassandra, Zelda finit par se renfrogner. Et même faire preuve d'un certain silence alors que c'est maintenant au tour de Clay' de s'exprimer. L'australienne lâche d'ailleurs un soupir qui adopte le son d'un Putain... désabusé. La vie sexuelle du routier ne l'a jamais particulièrement intéressée. Plus maintenant, du moins. Et l'adolescente finit par se passer une main sur le visage en entendant des détails dont elle se serait bien passée... T'es au courant qu'on s'en contrefout, hein ? Elle, en tout cas. Et bien sûr elle ne se prive pas pour le lui faire remarquer.

Mais ce qui la désole surtout, c'est l'air de Ka'. Zelda lui adresse un petit regard désolé. Si elle le veut, elles peuvent s'en aller. Et c'est donc surtout des perceptions de sa petite amie que l'adolescente se préoccupe. Jusqu'à ce que cette fille qu'elle ne connait pas annonce à son tour son départ, à la suite de celle qui a déjà déserté. C'est con mais elle comprend la gêne de cette fille, l'australienne. Des fois ils disent des trucs potables, t'sais ? tente-t-elle de prendre la défense de ses camarades. Sans succès. Et sans réelle envie de garder une inconnue parmi le petit cercle non plus.

Dans tous les cas elle attend simplement son tour pour exprimer sa vision de la société, se contentant surtout de chercher à capter le regard de sa petite amie dans l'intervalle. L'indécision de Cole, elle la connaît. Les tares de Clay' aussi. Zelda se lève, va récupérer un petit four puis estime qu'elle est mieux debout. Mes impressions, hein ? Sur ce qui l'entoure ? Sur ce qu'elle voit ? L'australienne se passe une main dans les cheveux, désormais hésitante : Bah... Qu'on mérite p't-être c'qui nous arrive ? La voici qui hausse les épaules et commence à tapoter de ses doigts sur le dossier de la chaise. C'est quoi, en fait, l'but de ces séances ? C'est bien naturellement sur Zi que son regard s'est posé. De s'convaincre qu'on est des victimes ? Qu'on mérite d'être écoutés, qu'on vaut mieux que c'qu'on montre ? Zelda ne peut pas s'empêcher de ricaner. Puis de hocher tristement la tête de gauche à droite. On est des enfoirés, ouais. Mais on est toujours en vie. Va falloir qu'on s'excuse pour ça ? C'est pas vraiment dans ses intentions. Et puis très franchement... Quelqu'un peut m'expliquer pourquoi on a mélangé les sociopathes et les fatigués d'la vie ? Elle se sent bien loin des préoccupations d'un Cole, Zelda, par exemple. Ou d'un Clay'. Elle l'adore mais putain... Et bien sûr, elle ne vise pas Ka'. Jamais ! Immunité diplomatique oblige.

Zelda Anderson

Power, real power, doesn’t come to those who were born strongest, or fastest,
or smartest. No. It comes to those who will do anything to achieve it.

Les mots s'enchainent à nouveau et Zi fait de son mieux pour garder patience et contenance. Elle sait par avance qu'un groupe aussi grand ne sera pas possible, pas avec des attitudes franchement réfractèrent. Dans son esprit, elle est déjà en train de faire le tri : certains pourront venir à certaines heures, séparées des autres. Ceux qui seront récalcitrants par défaut - et elle range évidemment Locklan et Clayton dans la même catégorie, consciente qu'ils lui demanderont encore plus de travail que les autres - et ceux qui ont fait la démarche d'être là. C'est prévisible, l'asiatique se doutait déjà de toute façon que ça se découperait ainsi.

D'autres échanges ont cours, elle écoute avec attention, prend des notes, arbitre et temporise comme elle le peut les propos des uns et des autres, aussi difficile que ça puisse être concernant les esprits échaudés présents. Bien, souffle-t-elle au bout d'un long moment, elle avise sa montre : La séance est terminée, ajoute-t-elle simplement en gardant un visage égal à d'ordinaire, qui ne trahit pas le fond de sa pensée : Eve-Madeleine et moi-même vous recontacterons pour la prochaine, l'occasion de ne pas leur faire part de son humeur. La nonne a côté hoche la tête, déjà enthousiaste, bien que choquée, par ce qui a été dit.

C'est tout le temps comme ça ? Lui glisse-t-elle tout bas. Zi hausse les épaules : à dire vrai, oui. Souvent. Et parfois, c'est pire encore. Mais a-t-elle vraiment besoin de l'évoquer auprès des autres ? Elle lui offre seulement un sourire qui se veut rassurant, quand elle sent une présence derrière elle et voit Locklan déjà sur le point de lui dire quelque chose. Elle l'interrompt : Tu ferais bien de rentrer, je te rejoins plus tard, ajoute-t-elle simplement. Plus tard étant pris entre une heure et peut-être cinq en fonction du point qu'elle doit faire ici et des notes qu'elle doit retranscrire pour elle-même. Surtout qu'en la matière, Zi n'est pas du genre à voir passer le temps.

FIN

who's on first ?

ANAPHORE