The Walking Dead RPG

- C'est humiliant !

Et e mot est encore faible, hein ! Zelda appréhendait ce moment depuis quelques jours déjà. En fait depuis qu'elle sait qu'elle va devoir s'installer parmi des demeurés et raconter sa vie. Un peu comme dans les films, quand des clochards viennent raconter leurs souvenirs d'Irak juste pour boire un café chaud et bouffer un sandwich. Et des sandwichs, l'australienne, elle doute franchement qu'il y en aura en plus !

Dégradant, agaçant, frustrant, inutile, injuste... Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier la nature de l'épreuve qui les attendent. Et casse-couilles ! Terriblement casse-couilles ! Le seul avantage, au fond, c'est que pendant ce temps elle n'aura pas à devoir faire des corvées. Mais sinon... M'en fous, j'dirai rien ! C'est ce qu'elle s'entête à répéter depuis la veille, Zelda. Depuis qu'elle sait qu'elle va devoir suivre ce programme à la con pour réintégrer l'armée.

Il y a une différence très nette entre les séances dans le bureau de Zi et celle qui se profile : la confidentialité ! Là l'adolescente ne sait même pas qui sera présent. Enfin si : des victimes ! Mais elle suppose que ceux qui ont vraiment besoin de ces discussions ne seront pas là. Levi, Maddie, Valentine... Forcément, eux, personne ne juge bon de les envoyer se faire lobotimiser !

Zelda traîne un peu des pieds, prétexte une gêne avec sa chaussure pour gagner quelques secondes supplémentaires. Mais l'église finit tout même par être en vue. Super ! Y'aura même Jésus ! Et le saint-esprit, les anges et dieu senior, aussi, sûrement. Donne-moi juste deux petites secondes ! demande-t-elle à sa petite amie lorsqu'elles se retrouvent devant la porte. L'australienne déplie son bonnet - surprise, en fait, c'est une cagoule ! - et enfile une paire de lunettes de soleil.

Alors bon, elle ne voit plus grand chose sous le ciel gris de Seattle, ouais...

Mais on ne la reconnaîtra pas ! C'est impossible ! Ca va ? On peut pas deviner qui j'suis ? demande-t-elle à Ka', tournant sur elle-même pour faire voltiger ce gros pull tricoté dégueulasse qui lui arrive aux genoux. Il appartenait au gros Tony, qu'il repose en paix dans son cholestérol. Bon alors tu t'souviens ? Tu y vas et j'te rejoins deux minutes après ! Et on s'connaît pas ! Elle n'est qu'une pauvre âme sans nom, ni prénom. La femme invisible !

Et hop, l'opération est lancée !

Zelda attends même trois minutes avant d'entrer dans l'église. Elle s'avance parmi les meubles, se cogne à l'une des rangées de sièges boisés mais parvient malgré tout à se diriger jusqu'au petit groupe déjà présent. Et elle reconnaît des têtes ! Locke et Eddie, notamment. Mais qu'est-ce qu'ils foutent-là ?! Gênant... Clay' et Cole, également ! Eux, par contre, c'est normal !

Et puis il y a aussi des têtes inconnues, forcément. Une femme dans la trentaine, qu'elle n'a jamais vue. Et d'autres auxquels elle ne sait jamais intéressée. MoN iDeNtITé N'a PaS d'ImPoRtAnCe ! grogne l'australienne, sur un ton digne du Batman. Ton qui l'oblige à tousser dans la foulée, cela dit. Cette annonce faite, elle se dirige alors simplement d'un pas altier vers la première chaise libre. À côté de Locklan, face à Ka' ! VoUs PeRmEtTeZ ? demande-t-elle avant de prendre malgré tout place. Batman ne demande rien, Batman s'assoit !

Bon ! Y'aura une pause, au moins, au milieu de ce simulacre de bigoterie ?

Zelda Anderson

Power, real power, doesn’t come to those who were born strongest, or fastest,
or smartest. No. It comes to those who will do anything to achieve it.

Avait-elle fait un bon choix ? Selene était venue parce que Zi avait proposé de monter un groupe de discussion, pour toutes les personnes affectées par les sept dernières années. Pourquoi pas s’était dit la musicienne, parce que ça pourrait lui apporter d’autres perspectives d’échanger avec des gens qui avaient connu d’autres traumatismes et qui, à leur manière, luttaient pour rester à flot. Première arrivée, propre sur elle, elle s’était assise dans le cercle après avoir brièvement parlé à leur hôte. Une jeune femme au sourire chaleureux, à la voix douce et aux mots rassurants. Sa tunique ample serrée à la taille lui donnait des airs de nonne. Eve-Madeleine, c’était son nom. Dans ses yeux logeaient toujours une sorte de foyer de tristesse éteint, une peine enfouie mais à jamais visible, comme une cicatrice.

Finalement, les premiers profils arrivèrent et… Selene se demanda si elle était au bon endroit. Une adolescente, une personne cagoulé qui tentait piteusement de modifier sa voix, une armoire à clair qui débarqua sans discrétion… la pianiste avait plutôt l’impression d’un rendez-vous d’hurluberlus. Ou bien peut-être devait-elle admettre qu’elle faisait partis de ces marginaux, et qu’ils avaient chacun et chacune leur manière d’appréhender le monde extérieur.

Finalement, elle n’avait pas envie d’être remarquée. La musicienne se leva pour aller se servir un thé. La bouilloire, ainsi que les herbes et les gobelets, étaient installés sur une table dressée dans un coin. Elle fit infuser quelques feuilles de menthe et un peu de thym, ruminant pensivement ce qui l’avait conduite ici. Zi. Elle lui faisait confiance, et ce fut la seule raison pour laquelle Selene ne déguerpit pas avant le début.

- Bonjour, dit-elle à la psychiatre quand celle-ci se présenta enfin, je… je suis venue, bafouilla-t-elle maladroitement.

C’était une évidence.

La pianiste retourna prendre place, étudiant un à un les autres personnes présentes. Ce qui était sûr, c’était qu’elle ne parlerait pas la première ! Certes, elle avait fait des progrès sur la question, mais entre s’ouvrir à une interlocutrice et se mettre à nu devant une assemblée, il y avait un pas qu’elle n’était pas prête à franchir. Pas encore.

« Dum spiro spero »

Go back and forward, but all is melting like the snow ♪ Taking all from us, all we thought was left to know ♪ On what we treasure falls a dusty snow ♪ taking us backwards, but where we will never know.

Récompenses:

« C’est une idée de Stanley ou c’est la tienne ? » Grimaçai-je. Eddie haussa simplement les épaules, l’air de dire que ça n’avait pas vraiment d’importance au fond. « Je crois pas que ça vienne de Zi. » Une thérapie de groupe avec elle ? C’était bien la dernière chose qu’elle m’aurait proposé de faire. « Ca va être vraiment bizarre. » Lâchai-je, sans savoir si je m’en enthousiasmais ou si j’étais déjà en train de déchanter. Non, parce que… mettre les gens mal à l’aise m’amusait toujours autant, mais la psychiatre me connaissait par de nombreux autres aspects. C’était un coup à ce que je me la mette derrière l’oreille pendant des mois si je mettais le bazar à son groupe de paroles, non ? « Cool, cool, cool… »

Une fois entré dans l’église, je détaillai une à une les personnes arrivées avant moi. Il y avait clairement deux écoles qui se démarquaient : les timides ponctuels et les excentriques qui traînaient des pieds. « Salut, mec. » Bordel, comment s’appelait le blondinet déjà ? J’étais sûr de l’avoir déjà vu par le passé. « Euh… c’est quoi ton nom déjà ? » Par contre, la brune ténébreuse qui passa devant moi pour se servir un thé… j’étais certain de ne jamais l’avoir vue. Je m’en serais forcément souvenu d’un minois pareil ! « Salut. » Soufflai-je dans un sourire appréciateur. « Nouvelle dans le coin ? »

Mais on n’avait pas vraiment le temps de faire connaissance que d’autres se ramenaient. « Qu’est-ce que tu fous là, Clayton ? » Lâchai-je dans un rire étouffé. « Tu dois consulter parce que tu sais pas la garder ranger, c’est ça ? » Je lançai un regard entendu à Eddie ensuite. Putain, ça allait être drôle ! Mais je ne croyais pas si bien dire en voyant débarquer un petit gabarit dans un pull informe, avec une cagoule et des lunettes de soleil vissées sur le nez. Quand elle se rapprocha d’Eddie et moi pour s’installer, sa voix – même déformée – ne me trompa pas longtemps. « … Zelda, c'est toi ? » Soufflai-je d’un ton abasourdi.

"It's holding me, morphing me, And forcing me to strive To be endlessly cold within, And dreaming I'm alive And I'm not breaking down I'm breaking out Last chance to lose control"

Chiante, c'est le moins qu'elle puisse dire. Zelda est chiante depuis que l'histoire de groupe de parole est arrivée à ses oreilles. Debout à côté de Zelda, Kassandra se contente de la regarder déverser de nombreux adjectifs qualifiant le groupe de parole comme stupide et inutile.

- Zelda. C'est un mauvais moment à passer mais tu ne seras pas la seule à devoir parler.

Arrivé devant l'église, Kassandra ricane parce qu'elle a l'impression que Z pourrait prendre feu en passant la double porte. Kass n'était pas croyante pour un sous mais voir Z dans cet état, elle ne pouvait nier l'hilarité qu'elle ressentait. Surtout à l'accoutrement dont elle s'était affublée. Elle tourne sur elle-même. Lunette de soleil, cagoule, pull cent trente fois trop gros. Kassandra pince ses lèvres en elle, pouffant de rire.

- Personne ne vous reconnaîtra, Agent Bond.

La blonde sait très bien qu'elle sera reconnue en quelques minutes. Mais soit. Autant la laisser dans le déni. Alors elle hoche la tête et s'engouffre la première dans l'église. Elle s'installe sur l'une des premières chaises libres qu'elle repère.

- Salut Cole, Eddie, Locklan et tout le monde.

Voir son père entrer par la suite la surprend un peu. Et elle lui lance d'ailleurs un regard interrogateur. Mais elle préférait ne pas poser de question. Après, toutefois. Elle ignorait d'ailleurs pourquoi elle était ici de son côté. Avait-elle eu des comportements bizarres récemment ? Elle ne savait pas vraiment. Mais elle était toujours présente pour donner du sien. Si elle devait communiquer un peu... Elle tenterait.

Tout le monde se connaissait plus ou moins. Et Kassandra n'était pas sûr de vouloir s'ouvrir de la sorte. En tout cas, le costume de Z ne trompait personne. C'est d'ailleurs Locklan qui n'hésite pas à lui faire savoir. Juste après une blague graveleuse sur Clay et sa propension à visiter les lits.

- Est-ce que vous savez comment ca se passe ? J'ai jamais fait ça.

Demande t-elle, espérant détourner l'attention portée sur le costume de Zelda. A savoir, inutile. Elle ne pense pas que ça fonctionnera. Mais elle aura tenté. Elle se tourne vers Clay et ajoute.

- Je sais pas trop pourquoi je suis là...

Contrairement à bon nombre des personnes qui seront présentes ors de la réunion, Lily faisait parti du tout petit pourcentage de ceux qui s'y déplace de plein gré. Récemment, elle repensais encore aux paroles blessantes - mais potentiellement vraies - de Ruben sur ce besoin de se faire soigner. Les mots sont durs, difficiles à encaisser. Et avec le recule il y a cette chance d'avoir une vue d'ensemble sur, finalement, tout ce qui ne va vraiment pas. De toute façon que risque-t-elle ? Rien de bien grave, si ce n'est de perdre une heure de sa vie. Passer son heure ici ou dans le froid, le choix n'a pas été compliqué.

Sans aucune notion de l'heure, la fermière pense être arrivée à l'heure, ou peut-être avec une ou deux minutes de retard. Trois même, alors qu'elle patiente quelques secondes à l'extérieur de l'église en observant les alentours, pour voir si quelqu'un arrivait. Elle hausse les épaules, et entre finalement dans le lieu sacré. Ça sentait le renfermé, les peintures n'étaient presque plus visibles ; elle se souvient de l'époque où son père l'a traînait ici tout les dimanches matins. Quel enfer.

Mais le pire, dans l'immédiat, c'est de débarquer la dernière -  enfin, elle espère que non. La fermière se raidit lorsqu'elle croise quelques regards, s'immobilise, hésite même à faire demi-tour alors qu'elle se trouve encore dans l'encadrement de la porte. Mais au loin, qui retourne s'asseoir, elle reconnaît Selene. Son cœur se brise, à la fois surexcitée de rejoindre une personne qu'elle connaît, et triste à l'idée de ne pas s'être doutée une seule seconde que la pianiste aurait aussi besoin d'une réunion comme celle-ci. Elle reconnaît aussi Cole plus loin, à qui elle se retient de faire un geste de la main. Et pour le moment, elle ne remarque pas Locklan.

La trentenaire rejoint finalement le cercle dans le silence sans oser s'asseoir, remontant son épaisse écharpe noire sur son nez pour éviter de trop dévoiler son visage marqué. Elle manque de heurter Clay sur son passage et le groupe avec lequel il se trouve, le fixe avec de grands yeux ronds avant de poursuivre son chemin comme si de rien n'était. Non vraiment, finalement, comme eux, elle ne voulait plus être ici.

angel of small death
and the codeine scene