Ok, tranche-t-elle d'un ton ferme. La nourriture. Elle veut la voir avant, et en fine négociatrice, elle en veut immédiatement un pourcentage. Ne serait-ce que pour se dédommager de vous avoir conduit ici. Et elle entame : On a déjà été confronté à eux. Il y a longtemps, plus d'un an, ils ont tenté de nous attaquer et de nous asservir mais nous avons résisté. Nous y avons beaucoup perdu, mais eux aussi et leur capitaine, Jack, a compris qu'il ne nous aurait pas. Nous n'avons pas de liens commerciaux avec eux, mais il nous arrive de faire des échanges - sous tension à chaque fois. Le dernier remonte a un moment, plusieurs mois. De fait, ses informations ne sont pas de premières fraicheurs.
Ils manquent surtout de médicaments, c'est en majorité ce qu'ils nous demandent, et qu'ils ne peuvent pas leur fournir mais peu importe. Helene hausse les épaules avec indifférence. J'imagine que leur hygiène de vie n'est pas bonne là où ils sont... En dehors de ça... Nous les estimons à une quarantaine ou une cinquantaine. D'hommes surtout. Les femmes chez eux ne sont rien d'autres que des bonnes ou des putes, nous n'en voyons jamais, précise-t-elle. Ils s'en sont pris à beaucoup de communautés. La majorité du temps... Elles sont asphyxiées au bout de quelques mois, et les survivants abandonnent leurs campements et leurs otages pour nous rejoindre. J'imagine que c'est ce qui arrivera à votre groupe à part si vous trouvez une solution, un sourire perce sur ses lèvres. A ce moment-là, j'imagine en effet que nous nous reverrons...
Elle fronce les sourcils. Alors... Que valent ses informations ? Ce que vous choisissez de lui donner aura des conséquences pour des liens à venir avec sa communauté.
Bon sang, ça m’fend l’coeur de leur céder les m&m’s, mais c’est pour la bonne cause… J’suis le paquet des yeux jusqu’à ce qu’il se froisse entre les mains d’Helene, relève les yeux sur elle lorsqu’elle commence enfin à déballer des informations.
Ils leur ont donc déjà fait face. J’comprends mieux qu’elle soit si réticente à les attaquer. Leur statut quo ne tient pas à grand-chose. Je hoche sagement la tête à chaque nouveau renseignement. Ils manquent de médicaments. Quarante à cinquante personnes. J’grimace brièvement quand elle évoque le sort des femmes - c’pas pour me rassurer sur le sort de nos alliées.
“Merci. J’espère que ce sera dans d’meilleures conditions.” Qu’on sera amenés à se revoir. Pas juste en tant qu’exilés…
J’baisse les yeux vers mon sac. “Tiens. C’est nos vivres pour la journée. On y a pas encore touché.” Dans des bocaux en verre, des légumes marinés, de la viande de lapin séchée, et quelques poignées de céréales. J’fais signe à Kira d’lui donner aussi c’qu’elle a. “On va chercher l’reste. Bougez pas.”
On descend de la voiture pour finir de descendre à pieds les quelques dizaines de mètres qui nous séparent de notre embarcation. Une fois arrivés sur le navire à moitié planqué dans la végétation, j’lance à mon alliée, “J’vais siphonner une partie d’l’essence. Genre un gros tiers, ça t’parait bien ? Tu pensais à quoi d’autre ? Ils nous ont bien aidés, faut pas qu’on soit radins.” En ouvrant déjà le réservoir du moteur pour m'exécuter. “‘Me reste deux clopes aussi. Et quelques munitions.” C’pas grand chose, mais en additionnant tout ça, ça ferait un beau petit pactole…
Le monde n’est que matérialité, tout tourne autour des choses physiques, la nourriture, les parures, les métaux précieux. Même l’argent était calqué sur ces notions matérielles, ancré dans une froide réalité. Les logiques ne changeaient pas, seul les produits et les modalités d’échange mutaient sous les nouvelles conditions. Quelques années en arrière, la survivante aurait exigé quelques billets contre des indications, en ces tristes jours de privation un bocal en verre avec des légumes marinés suffisait amplement. Ironique, décourageant pour tout idéaliste mais les deux adolescents n’en étaient pas. Ils étaient les fruits de cette réalité altéré où la vie minoré et altéré, forcé d’errer dans ses propres ruines côtoie sans cesse la mort.
L’adolescente hocha tout aussi gravement sa petite tête à mesure que la meneuse déballait tout son savoir sur ce groupe qui depuis leur irruption dans les divers clans de Washington était de formidable croque-mitaine. Des épouvantails parfait sur lequel toutes les rancœurs, haine mais aussi effort se dirigeaient. Vivre avec un ennemi à combattre était plus commode que de côtoyer un allié envahissant.
Après avoir concéder une journée de vivres, un choix qui avait crispé l’estomac de la jeune fille. Le duo s’éloigna vers leur embarcation pour décider du prochain échange, Hélène avait l’avantage de l’expérience mais aussi de l’initiative. C’était elle qui détenait les informations, un peu d’essence et de nourriture n’allait pas foncièrement modifier son quotidien. Alors que du côté des enfants, quelques phrases, qui dans un autre contexte n’auraient eu de sens, si.
- Te foire pas sur la quantité faut qu’on en ait le plus possible pour pas trop galérer avec la voile au retour, elle prit le temps de réfléchir voulant proposer d’autre chose que de l’essence que l’adolescente avait franchement beaucoup de mal à céder. Elle craignait à juste titre de ne pouvoir correctement diriger le bateau au retour et de se perdre tel les malheureux explorateurs du pacifique sur les côtes de cette Mer qui n’était qu’un prolongement plus morose du Pacifique. On va aussi leur filer la moitié de notre trousse de soins, genre les compresses et un peu du désinfectant.
Se mettant d’accord sur les marchandises à échanger, cherchant doublement à obtenir de nouvelles informations et conserver des relations commodes avec les brûleurs de cadavres, les deux adolescents se mirent au travail. S’activant pour ne pas trop faire patienter Hélène, ils réunirent de l’essence dans un bidon en plastique réutilisé pour l’occasion, une bouteille en plastique où elle transvasa un peu de désinfectant et une boîte réunissant pêle-mêle des compresses, deux cigarettes ainsi qu’un peu de lard séché enveloppé dans un chiffon.
Comme les Kwakiutl qui répèterent des centaines, des milliers de fois ces symboliques et gestes au cours des siècles. Ils revinrent et présentèrent presque d’une façon ostentatoire leurs marchandises, petit potlatch improvisé. Ils étaient prêt à procéder à l’échange, la gamine se permit d’ajouter avec l’air fin d’un marchand véreux :
- Au-delà de ces trucs, si jamais il vous faut des renseignements particuliers que vous ne pouvez pas obtenir sans vous mouillez, notre groupe est en mesure de vous les fournir. Tant que vous donnez un objectif clair nous nous assurerons de vous signifier, les menaces, point d’intérêt, détails, tout ce qui pourrait être en lien avec ce que vous voudriez surveiller, quand elle voulait la petite sauvage savait user de ce suave langage que Kira retrouvait dans les livres.
Helene récupère les vivres que vous lui donnez et esquisse un sourire. Soyez juste prudents sur le retour, les gosses, articule-t-elle en haussant les épaules, remontant en voiture. Et on se reverra sans doute un jour, nous verrons bien, si c'est le cas, l'accueil sera sans doute différent. Vous pouvez retourner au bateau, avec ces nouvelles précisions qui ne sont pas forcément facile à placer dans ce puzzle. Votre navire reprend la mer de fait, et vous êtes conscients que cette discussion vous a coûté une partie de ce dont vous auriez eu besoin pour le retour. Il va falloir rationner et compter sur la chance pour atteindre Crescent Bay... Mais jusqu'ici, vous en avez eu pas mal déjà, non ?
• Merci à tous les deux pour votre participation et vos idées Je vous accorde +100 points chacun pour l'occasion, et je vous dis à très vite pour la suite de vos aventures !
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