The Walking Dead RPG

« Que je me calme ?! » Tempêtai-je aussitôt. Je me mis à faire les cent pas, comme un tigre en cage, après avoir fait le net autour de moi. Il ne restait plus grand-chose pour me passer les nerfs en dehors de celle qui me faisait toujours face. Je la fusillai du regard alors qu’elle refusait de me donner le nom des responsables. « Et pourquoi pas ? » Massacrer tout le personnel médical qui croiserait ma route était tentant. Si Neela ne voulait pas me donner des noms, il me faudrait bien agir autrement. « Tu m’en as déjà donné un qui cautionne tout ça. » J’avais un goût de bile dans la bouche en sachant que notre messie fermait les yeux sur des hérésies pareilles. Mais devrais-je être vraiment étonné après qu’il ait ordonné aux Trônes d’ouvrir le feu sur ma fille ? J’avais l’impression d’avoir défendu un mensonge. Ces hauts murs auraient dû protéger ma famille, pas la condamner à un pire sort.

Je grognai, d’un air frustré, alors qu’elle m’assénait ses évidences. « Je pars dans une heure pour Spokane. Je ne peux pas faire comme si de rien était, alors qu’il ne restera peut-être plus personne à mon retour. » C’était évident maintenant pour moi. « Ils cherchent à m’écarter. » Ils auraient dû vouloir me garder à la répression. Mes résultats étaient excellents. J’avais permis de neutraliser bon nombre de résistants pour rétablir l’ordre entre ces murs. Et tout ça pour quoi ? « Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? »

« Ils te feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas; car je suis avec toi pour te délivrer. » dit l'Eternel

Et tu vas faire quoi ? Aller dans la zone blanche et lui botter les fesses ? Demande-t-elle en fronçant les sourcils avant de secouer la tête : Préviens-moi, je suis chaude pour te suivre et regarder ça ! Même si elle sait que ça ne se passera pas. Elle ironise, mais elle n'a pas de meilleure arme pour lui montrer toute l'absurdité de ce monde. En fait, elle n'imagine pas non plus la dégringolade que ça doit être pour lui de découvrir tout ça. Surtout après avoir défendu aussi assidument cette société et ces règles...

Tu... Tu penses ? Demande-t-elle en le scrutant. Qu'on l'envoie loin, exprès. L'idée la tend. Ne pas te faire tuer ? Suggère-t-elle en soupirant. Franchement, il peut être son meilleur ennemi, elle sait où va son intérêt à l'instant. Parles-en à Jena, planque ça chez-toi et laisse-nous du temps pour protéger tes enfants, on devrait pouvoir les retirer de cette liste, les faire passer sous le radar, explique-t-elle, en essayant d'être confiante. Je sais que tu ne me fais pas confiance. Mais ceux sont les enfants de Willow... ajoute-t-elle. Tu sais que je ferais tout pour eux...

Light this world

ANAPHORE

Une part de moi réfléchissait réellement à la possibilité de me rendre dans la zone blanche pour coller une balle dans la tête de l’Adonaï. Une autre, bien plus raisonnable, connaissait d’avance les conséquences terribles et néfastes qu’un tel acte aurait. Ce serait le chaos, l’anarchie totale. C’était tout ce pourquoi j’avais longuement lutté ces dernières années. J’avais souhaité rétablir un semblant de civilisation, créer un éden où mes enfants pourraient vivre et grandir en sécurité sous le regard de Dieu. « J’ai vraiment cru qu’il avait été choisi par Dieu pour nous guider. Je voulais vraiment le croire… » Soufflai-je d’une voix ténue. Mason avait cherché à me prévenir, mais sans preuves, je n’avais pas été enclin à le croire.

Ça ne pouvait pas être vrai, et pourtant… il avait bien demandé à ouvrir le feu sur des innocents, sur ma propre fille. Et les preuves étaient là sous mes yeux : cette civilisation que nous avions rebâtis à partir de rien n’était qu’un mensonge. Newman m’avait déjà prouvé toute l’étendue de sa perversion quand il nous avait abandonné à notre sort dans cette clinique, mais je ne pensais pas que la corruption était à ce point étendue. Nous n’étions que des pièces sacrifiables, et non pas pour suivre la parole de Dieu, mais pour celle d’un faux messie qui suivait la doctrine nazie. Combien de braves soldats américains avaient déjà sacrifié leur vie pour ce mensonge ? « Bon sang… tant de vies ont déjà été sacrifiées pour notre cause, et tout ça pourquoi ? »

Je me passai une main sur le visage, cherchant à réunir mes esprits. Il ne me restait qu’une heure pour m’organiser. Neela me forçait à garder la tête froide, ce que je n’avais aucun mal à faire en temps normal… quand mes enfants n’étaient pas directement visés. Je n’étais effectivement pas enclin à lui faire confiance. Une part de moi continuait à croire qu’elle m’avait mis ces documents en main uniquement pour me pousser à la faute et me faire tomber. Mais je connaissais son attachement à Willow. Je la savais sincère là-dessus. « Je vais mettre ces documents en sécurité. Je dois prévenir ma famille, également. » Lynn était à l’étage. Je lui laisserais passer le message. Mon aînée saurait quoi faire, je l’avais déjà préparé au pire. « Beaucoup de soldats ici me doivent la vie, ils les surveilleront pour moi en mon absence. » Cela signifiait également qu’elle ferait mieux de ne pas se pointer à l’improviste.

Je refermai le dossier, m’apprêtant à gagner l’étage pour le mettre dans le coffre-fort avec mes armes. Je m’arrêtai pourtant en chemin, car quelque chose continuait de me travailler. « Pourquoi tu m’as prévenu ? Tu aurais pu attendre mon départ pour te rapprocher de Jena. » Ça aurait été plus simple pour elle de se faire entendre de ma femme, de par leur amitié. Elle avait pris des risques. Et Neela ne pouvait pas me voir en peinture, mais elle aurait eu toutes les raisons du monde de vouloir ma mort après ce qu’il s’était passé pour Mason.

« Ils te feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas; car je suis avec toi pour te délivrer. » dit l'Eternel

Très bien, les dispositions sont prises et là pour la soulager en partie. Sans ce dossier entre ces mains, Neela a l'impression de livrer une partie d'elle à son ennemi, et sans savoir si elle peut lui faire confiance à ce sujet. Honnêtement, c'est grisant et effrayant, mais elle se tient à ce plan. River semble tomber de haut pour sa part, c'est difficile à voir, mais elle imagine sans peine que c'est encore plus difficile à admettre quand on a lutté pour un monde rempli de mensonges et d'injustices.

Justement parce que tu as les moyens de tes décisions, ça n'est pas le cas de Jena, souffle-t-elle alors en fronçant les sourcils, fixant l'homme longuement. Elle estime Jena, énormément, mais elle ne la croit pas suffisante pour faire ce qu'elle veut pour protéger les enfants. Avec les amitiés que tu t'es fait, tes enfants sont bien plus à l'abri que si ta femme se retrouvait seule à devoir lutter pour leur sécurité, les autres se passeront de son avis s'ils le décident. Même si je ne t'apprécie pas - ne nous en cachons pas - j'ai au moins conscience de ce dont tu es capable. Voilà tout.

Light this world

ANAPHORE

Neela avait pris de gros risques en allant me voir directement, mais ceux-ci visaient, d’après elle, à me permettre de prendre mes dispositions avant mon départ. Evidemment, j’aurais moins de difficultés que Jena à garder ces documents en sécurité. Le coffre-fort, à l’étage, contenait mes armes de service. Personne n’en connaissait le code hormis moi. Je souhaitais bien du courage à celui qui chercheraient à le crocheter pour en récupérer les armes. Il faudrait déjà passer les deux chiens de garde, Sand et Onyx, qui avaient été dressés pour attaquer tout intrus qui se pointerait à l’improviste. En outre, personne ne devait le savoir, mais Lynn détenait une arme de poing dont elle savait se servir. « Ces documents seront en sécurité ici. Si vous avez besoin de moi, fais-le moi savoir. » Je ne lui promettais pas de répondre à l’appel, mais je connaissais les enjeux autant qu’elle. « Pour ma famille, je suis prêt à tout. » Et elle le savait également.

Je poussai un soupir audible, avant de lui désigner la porte de sortie d’un signe de tête. « Rentre chez toi, Neela. Tu vas finir par éveiller les soupçons, surtout que tu es sous surveillance. Contente-toi d’être une parfaite épouse, et il ne se passera rien. » Je pouvais au moins lui certifier, surtout avec sa grossesse. Pour ma part, j’avais bien eu en tête de trouver un moyen de me blesser pour couper à mon départ prochain, mais si mes supérieurs avaient réellement cherché à m’écarter du QG… trouver un prétexte s’avérerait très délicat. « J’essaierais de revenir au plus vite de Spokane. » C’était tout ce que je pouvais promettre dans l’immédiat.

« Ils te feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas; car je suis avec toi pour te délivrer. » dit l'Eternel