The Walking Dead RPG

Il se retient tout juste de lever les yeux au ciel à la répartie de l’adolescente. « C’est un des tes plus gros problèmes, tu le sais ça ? Tu ne réfléchis jamais aux détails. » Ni aux conséquences de ses actes, mais c’est un débat autrement plus sérieux qui les attend s’il se lance là-dedans. Du reste, il se contente de sourire en secouant la tête. « Toujours voir les choses en grand n’est-ce pas ? » Là-dessus, il sait qu’il pourra toujours compter sur l’imagination de Zelda pour toujours faire plus, voire trop. Mais il apprécie cette complicité qui s’est instaurée entre eux au fil des mois. C’est quelque chose de tangible, de concret, qui lui donne envie de revenir chez eux, tout simplement.

« Tu vas devoir apprendre à museler un peu ton imagination jeune fille. » Soufflé comme un avertissement à piètre tentative d’humour concernant Caleb. Et il espère vraiment que l’incident ne lui retombera pas dessus. Mais la jeune femme étant ce qu’elle est, il préfère ne pas trop espérer non plus. Il a un bref soupir quand elle semble vouloir insister lorsque ça concerne Tao et il laisse filer un silence à la remarque de Zelda. « J’ai déjà essayé. Je sais ce que ça m’a apporté. » Soufflé d’un ton plus neutre et détaché qu’il le voudrait, mais c’est encore sa meilleure arme pour gérer tout ça. Il reste néanmoins perplexe quand elle reprend, évoque Taken et des pnj ? « Quoi ? » Encore du vocabulaire de jeune qui lui échappe. Surement.

Mais définitivement, Zelda semble vouloir s’acharner à explorer toutes les planches savonneuses de la terre aujourd’hui. Et voilà qu’elle met sa relation avec Kassandra sur le devant de la scène. Merveilleux. S’il n’était déjà pas particulièrement à l’aise, la voir s’offusquer de la sorte ne l’aide pas particulièrement. « C’est une question de culture, tout simplement. Tu ne peux pas demander à tout le monde d’être ouvert d’esprit ou de partager ta façon de voir les choses. » Simple rappel qu’elle n’écoutera probablement pas, toute occupée qu’elle à s’offusquer cette fois de ses propos. Et il se pince l’arête du nez. « Lovoquoi ? Enfin, peu importe. » Un bref soupir alors qu’il agite la main dans les airs. « Je dis juste que c’est compliqué pour un parent d’imaginer son enfant en couple. » Et il a un temps avant de secouer la tête. « Non pas que je te vois comme mon enfant, nous avons bien acté dès le premier jour que ce ne serait jamais le cas mais… » Il s’enfonce joyeusement dans son propre discours avant de se frotter le visage. « … un peu quand même. » Il ne s’attend pas à ce que soit réciproque et il s’en moque. Mais l’affection qu’il a pour Zelda est toute paternelle, il en est bien conscient.

Et la voilà qui enchaine – encore – sur la clé de sa chambre. Son sourire se fait bien plus amusé quand elle s’emballe de nouveau. « Je prends note de ta demande, je vais voir ce que je peux faire. » Soufflé avec cette mine de commercial, ou de politicien comme elle aime à le dire, qu’il maitrise parfaitement. « Depuis quand tu n’es plus une adolescente australienne ? Première nouvelle. Te voilà prête à renier tes racines pour une simple clé. Je suis presque déçu. Et ton argumentaire est bancal. Outre le fait que ça sous-entend que tu n’as pas la moindre confiance en moi, tu ne donnes aucun argument qui pourrait me convaincre que tu es une adulte responsable capable de savoir quand verrouiller ou non cette porte. » Il sent qu’elle va adorer ce petit échange et, autant le dire tout de suite, il s’amuse franchement. « Je te remercie de me laisser échanger ma salive avec qui j’ai envie. Mais c’est encore raté pour la clé. Tu devrais mieux préparer tes discours à l’avenir. » Et il continue, toujours sur le même ton. « Tu mets la table ? »

- Ben non mais... c'est pour ça qu't'es là, toi, non ?

Pour réfléchir à ces fameux petits détails qu'elle néglige - il est vrai - un peu trop souvent. Les visionnaires ne peuvent pas s'arrêter sur chacune des petites aspérités de leur génie. Et c'est sans aucun doute pour ça qu'on dit souvent que derrière toute grande Zelda, il y a un Yu' de l'ombre. Toujours ! Oui, c'est vrai, il faut toujours voir les choses en grand. Sinon d'autres le feront pour vous. Il n'y a pas assez de place pour les rêves de chacun sur cette planète.

Fais gaffe, Yu' ! Quand tu parles comme ça, on dirait un dictateur... Museler son imagination ? Quel humain digne de ce nom accepterait de fermer la valve de la fantaisie ? Leurs vies ne sont-elles pas déjà assez mornes à ses yeux ? Pourtant, si l'australienne joue un peu à celle qui ne veut pas comprendre ou qui, du moins, à la dernier mot, elle est aussi consciente que les remarques de son tuteur n'ont pas vraiment d'autre but que celui de l'aider. Et ça t'a apporté quoi, exactement ? questionne-t-elle au sujet de Tao. Avec ce désir de l'appuyer en retour. Très bien, très bien ! conclue-t-elle, levant ses paumes pour marquer une forme d'agacement. On s'venge pas et on tend l'autre joue ! C'est un peu ce qui lui évoque la position de Yu' sur cette question. Quant à sa méconnaissance du cinéma d'action et des jeux de rôle... Taken c'est un film avec des connards qui capturent une meuf. Mais la mauvais meuf, tu vois ? La fille de Liam Fucking Neeson ! Oh et puis tu sais quoi ? Flemme ! Elle ne va pas lui refaire sa culture générale ici et maintenant, le jour de Noël !

D'autant plus qu'ils volent de sujets sensibles en sujets sensibles. C'est bientôt l'homosexualité qui est mise sur la table, et qui se heurte à ce putain de choc culturel. Zelda était plus ou moins consciente que la pilule n'allait pas passer comme une lettre à la poste mais elle ne s'attendait tout de même pas à être considérée comme une sorte de malade. Ils sont fous, ces chinois ! Et l'australienne n'est pas tout à fait d'accord lorsque son tuteur prétend qu'elle ne peut pas forcer tout le monde à partager sa vision des choses. Bien sûr qu'on peut ! Les américains ont argumenté avec des bombes pendant des décennies, non ? Faut juste s'montrer convainquant ! Et ne pas avoir peur de raser Nagasaki et Hiroshima s'il le faut. Les informations se contrôlent. Alors pourquoi pas le cerveau des gens ? June excelle d'ailleurs dans ce domaine, non ? Bon et toi, personnellement, t'en penses quoi ? Tu sais que j'suis normale, hein ? insiste-t-elle, sourcils froncés. Qu'il n'essaie même pas de lui dire qu'elle est malade ! Tu le sais ! En fait sa réponse importe peu. Elle a décidé qu'il n'avait pas le droit de la considérer comme une pestiférée. Tu le sais ? Elle aimerait quand même bien chasser définitivement cette petite part de doute qui la pousse encore à le questionner pour obtenir cette confirmation qui la soulagerait.

Mais c'est autre chose qu'elle obtient !

Une sorte de déclaration qui n'effleure tout d'abord pas sa conscience. Mais qui la rattrape bien vite et la place face à l'une de ces surprises qu'elle ne voit pas venir, et qu'elle déteste tant. Quelque chose qui touche l'intime. T'abuses... Sa fille ? L'idée lui déplaît, c'est sûr. Surtout parce qu'elle l'a séduit et qu'elle fait naître quelque chose d'étrange en elle. Un sentiment d'acceptation, d'être parvenue à prouver à Yu' qu'elle mérite sûrement un peu d'être aimée. C'est un peu... bizarre ! La nervosité l'assaille, se manifeste dans sa gestuelle désordonnée. Et puis elle ne sait pas vraiment si elle doit l'engueuler ou accepter l'idée qu'une petite larme se manifeste. Elle en chasse une petite en se retournant pour chasser ce qu'elle prétendra de toute façon être une poussière dans l'oeil. Après, bon, c'était prévisible ! ajoute-t-elle, luttant pour paraître détachée. J'suis adorable ! Tout le monde aimerait l'adopter, pas vrai ? Yu', comme tant d'autres, à simplement succombé à sa personnalité. Elle aurait dû se montrer plus ferme sans doute. Ou pas. Et donc... Tu vas commencer à m'appeler Tao ou j'peux rester Zelda ? C'est une petite remarque, quelque chose qu'elle n'aurait pas voulu dire. Mais c'est toujours plus facile de dire des conneries que d'avouer que quelque part, oui, cet homme est parvenu à remplacer le père dont elle a les yeux, et ce routier qui lui a tend apporté par le passé.

Le silence devient rapidement gênant. Et finalement il n'y a rien d'étonnant à ce que l'australienne finisse par évoquer la clef de sa chambre. Un sujet sans doute un peu stupide, mais qui a l'avantage de ne pas l'obliger à mettre des mots sur ce qu'elle peut ressentir en retour pour le chinois. Tu... prends note de ma demande et tu vas voir c'que tu peux faire ? Mais il la prend pour une débile, là, non ? Ouais, d'accord, fais donc ça ! On dirait le putain de robot d'un service après vente, celui qui enregistre vos doléances et vos insultes avec une indifférence tout markzuckerbergienne.

Parce que Yu a déjà pris sa décision, et cette dernière reste inchangée : elle peut toujours courir pour avoir la clef de sa chambre. Pourquoi ? Parce qu'à entendre ce père sans pitié, elle n'a pas présenté un seul argument convainquant. Australienne, américaine... s'amuse. Même combat ! C'est juste qu'on sait bouffer, nous ! Non, vraiment, il n'y a pas vraiment de différences. C'est l'Occident. Et si tu veux un argement, j'vais t'en filer un ! Tous les ados d'ce camp ont la clef d'leur chambre ! Ka', Bonnie, Dean, Jesse... Même Cole, bordel ! Et c'est quand même vachement révélateur en soi. Donc en fait ce serait plutôt à toi d'argumenter, tu crois pas ? Et de m'dire pourquoi l'une de mes libertés fon-da-men-tales n'est pas respectée ! Parce qu'il peut bien jouer à la vierge effarouchée lorsqu'il dit qu'elle ne lui fait pas confiance mais la réciproque semble encore plus vraie...

Non, c'est mort ! claque-t-elle alors très naturellement lorsqu'il a le toupet de lui demander de mettre la table. Il vient de l'envoyer balader pour sa clef et il s'imagine qu'elle va jouer à la domestique ? Pfeh ! J'suis en pleine crise d'adolescence, j'te rappelle ! J'dois respecter l'grand scénario d'la vie ! Et puis avoir une fille exige aussi quelques sacrifices. Elle ne peut décemment pas lui offrir les bons côtés sans les inconvénients qui vont avec. Ou alors j'ai plus l'droit de bouder non plus ? ironise-t-elle, marquant bien le fait qu'elle vit plutôt mal le rejet de sa requête précédente. J'sais pas parce tu vois, des fois, j'me demande si j'suis toujours en Amérique ou si j'ai déménagé au Kommunistan sans m'en rendre compte ! Elle est plutôt douée pour faire la conne quand quelque chose lui déplaît. Mais Yu' ne sera sûrement pas surpris. M'enfin j'vais pas trop m'plaindre non plus, mon père a au moins eu l'bon goût d'pas m'noyer à la naissance... Père... Autant c'est bizarre, autant ça lui plaît. Tout l'art consiste à ne pas le montrer.

Il arque un sourcil, fixant l’adolescente, clairement dubitatif. « Pour un peu, j’aurais l’impression que tu me prends pour ton assistant. J’espère me tromper. » Elle n’oserait pas tout de même. Encore que, connaissant Zelda il la sait capable de tout. Ce culot est à la fois une force et une faiblesse tant qu’elle ne saura pas comment l’utiliser à bon escient. Tout comme son imagination donc. S’il sait la jeune fille pleine de potentiel, il sait qu’elle est capable de tout gâcher en un clin d’œil pour l’avoir vue à l’œuvre. « Ca c’est ton interprétation, je me trouve très compréhensif. Pour ne pas dire laxiste en comparaison de ma propre éducation. C’est dire. » Tout est une question de point de vue, n’est-ce pas ?

Du reste, il se fend d’un soupir quand ils parlent de Tao. « Ce ça m’a apporté ? J’ai failli mourir. Et je n’ai pas encore dans l’optique de me suicider en tentant une nouvelle fois d’affronter des gens qui, si ça se trouve, sont morts de toute façon. » Alors il essaie d’aller de l’avant. Il sait qu’il portera ce poids toute sa vie et qu’il doit faire avec, quoi qu’elle en dise. Ce n’est pas tant se laisser accabler par la culpabilité, mais plutôt d’accepter ce qu’il ne peut pas résoudre. Autant dire que l’exercice est difficile et qu’il a un doute sur le fait que Zelda, de par son jeune âge, le comprenne réellement. « Je ne vois absolument pas. » Quand elle parle de son film. Mais effectivement, flemme comme elle dit si bien.

Mais il en vient presque à ne plus savoir quoi lui dire sans que ça lui retombe dessus. Comme ses… préférences sexuelles donc. Et il s’empêtre un peu plus à chaque seconde dans sa réponse, alors qu’elle essaie de retourner tout ce qu’il dit contre lui donc. « On ne peut pas non. Tu ne peux pas convaincre les gens quand ils sont morts, ne t’en déplaise. » Même si, de fait, ça rend la discussion beaucoup plus facile, autant être honnête. Et, alors qu’elle le presse pour avoir son avis personnel sur la question, voilà qu’il lâche une petite bombe, sans vraiment le vouloir. « C’est bizarre. Je note donc. » Voilà l’effet que ça lui fait. Ma foi, la connaissant, ça pourrait être pire. Il roule tout de même les yeux quand elle parle du fait qu’elle est adorable. « N’exagère pas non plus. » Elle est plus difficile qu’autre chose, mais il a su prendre le temps de gratter les couches de vernis pour trouver une jeune femme qui, même si elle se refusera à le reconnaitre, est plus vulnérable qu’il n’y parait. Et qui a terriblement peur d’être abandonné. Ce qu’il ne fera pas. S’il a bien des défauts, celui-là n’en fait pas partie. C’est peut-être de l’acharnement et une mauvaise idée, mais qu’importe. Ils sont là tous les deux, sur le même bateau.

Elle trouve quand même moyen de gâcher un peu les choses quand elle lui demande s’il va l’appeler Tao. « Ce n’est pas drôle Zelda. Et ne t’en fais pas, ça n’arrivera pas. » Soufflé d’un ton plus sec qu’il le voudrait. Il ne s’attendait pas à grand-chose en lui disant ça et pourtant, il est un peu déçu de sa réaction. Retenant un soupir, il finit par l’écouter déblatérer sur cette fichue clé. Il croise les bras, l’observant avec attention alors qu’elle s’empêtre dans un raisonnement qui ne le touche pas le moins du monde. « Je pensais que tu avais compris qu’ici, tu n’étais pas en démocratie. Et ce qui se passe dans les maisons voisines n’est pas mon problème. » Elle a dû comprendre depuis le temps, qu’il ne souciait pas vraiment des façons de faire des autres. Quand elle refuse de mettre la table, il a un bref haussement d’épaules et attrape juste une assiette et une paire de couverts. « Fais donc ta crise d’adolescence, moi je vais manger. » Il remplit son assiette, lui rendant un sourire poli, avant de s’installer à table, comme si de rien était. « Tu comptes manger ou tu es trop occupée à bouder au fait ? » Soufflé d’un ton curieux, alors qu’elle continue de faire des siennes. Il ne prend même pas la peine de relever, buvant quelques gorgées d’eau, avant de souffler, toujours d’un ton léger. « Je te propose un deal. Continue sur ta lancée et, au printemps, tu auras ta clé. Si je n’ai pas eu de retour négatif sur ton comportement. Qu’est-ce que tu en penses ? » C’est à prendre ou à laisser de toute façon.

- Ben après, quand on y pense...

Un tuteur, un assistant... C'est un peu le même combat quelque part, non ? Zelda hausse les épaules puis croise le regard de son aîné. C'est à peu près à ce moment-là qu'elle comprend que la situation ne l'amuse pas particulièrement. Non mais oui, bien sûr qu'tu te trompes ! T'inquiètes ! Tout roule, ils sont au clair là-dessus. Elle ne le paie pas donc elle ne peut pas trop s'attendre à ce qu'il exécute le moindre de ses caprices. Deux ou trois suffiront largement. Ca plus le bonus de Noël, ça devrait le faire. Ouais ouais... Merci de n'pas m'avoir encore fouettée avec des branches de bambou, alors, j'imagine ? ironise-t-elle ensuite quant à son éducation, et le fait qu'il se trouve presque trop laxiste. Après c'est sur qu'elle n'ira pas jusqu'à remettre en doute le fait qu'il soit compréhensif. C'est juste pour l'embêter un peu et respecter l'esprit des fêtes.

Ouais mais avant t'étais un gueux, non ? Le fait qu'il ait failli mourir en tentant de venger Tao dans le passé ne signifie pas que ce scénario se reproduira aujourd'hui. Aujourd'hui tu sais t'battre, t'as Fort Ward et puis surtout t'as... moi ? Faudrait pas l'oublier non plus. Elle aime bien exterminer des petits groupes de fils de putes. C'était ça qu'elle préférait quand elle était dans l'armée, Zelda : l'humanitaire ! Et là, clairement, il s'agit en plus d'aider un proche. J'insiste pas mais réfléchis y au moins un p'tit peu, okay ? S'lis sont mort, tant mieux. Sinon... Bah moi, tu vois, ça m'emmerde d'me dire qu'ils sont en liberté ! Indépendamment de Tao et même s'ils sont loin d'être les seuls salopards sur Terre. Faut bien des enfoirés pour s'occupe d'autres enfoirés, non ? Et dans ce domaine Bainbridge est loin d'être novice sur la question. C'est eux, les plus méchants !

L'adolescente balaie en tout cas la réponse de son tuteur au sujet de Taken. Bien sûr qu'il ne voit absolument pas. À se demander s'il a déjà vu un film de sa vie. Ou juste pris le temps d'aller au cinéma. Mais c'est pas la question, et ils auront l'occasion de se rattraper. Elle préfère garder ses forces pour les batailles qui en valent vraiment la peine. Comme celle qui s'annonce déjà au sujet de la démocratie. Non mais au moins ils donneront plus leur avis... s'amuse-t-elle quand Yu' lui rappelle que ne peut pas convaincre les morts. Avant d'avoir l'impression de ne pas avoir accordé assez de crédit au lapsus de son aînée. Ben oui... C'est bizarre ! Il aurait préféré un autre mot ? Quelque chose de moins spontané ? Ou peut-être juste la vérité, encore ? Quelle drôle d'idée ! Après j'ai pas non plus dit que j'me sentais agressée, donc... Elle écarte les bras pour marquer son incompréhension. Quoique ça pourrait encore changer, ça ! conclue-t-elle quand son tuteur la prie de ne pas exagérer. Autrement dit, qu'il refuse d'adhérer à l'idée qu'elle puisse être adorable. Tant mieux, elle aurait quand même été un peu vexée. C'est comme ça, quand on est compliquée.

C'est bon, on rembobine ! Je retire ! C'est sûr que la blague sur Tao était de trop mais bon, l'humour, c'est ce qui arrive quand on l'entraîne sur des pentes un peu trop glissantes. Celles des sentiments, de l'affection, de s excuses... J'm'en fais pas, j'm'en fais pas... maugrée-t-elle quand son interlocuteur poursuit et lui assure qu'il ne la prendra jamais pour Tao. Ca l'emmerde un peu, ouais, quand même. Quand bien même elle protestait pour ne pas être affiliée à ce fils disparu quelques instants plus tôt. Quoi, t'es même pas un curieux ? Tu veux pas savoir si Levi bat sa femme ou si Stan et Lolo ont déjà consommé leur bromance !? Il a vraiment oublié comment on peut s'amuser de nos jours. Espionner ses voisins, c'est la base ! Tout le monde sait ça ! Et puis ça occupe, en plus. Une activité saine s'il en est !

Et forcément, comme d'habitude, l'adolescente se retrouve plus ou moins à faire la forte tête à refuser de mettre la table. Elle n'est pas vraiment surprise lorsque Yu' ne l'y oblige pas. Mais beaucoup plus quand il commence carrément à bouffer sans elle. J'peux savoir c'que tu m'fais ? Il a pas l'impression d'abuser un peu, là ? Ca va, j'te dérange pas trop ? Il va vraiment manger devant elle ? C'est... salaud ?! Bon, après, ce n'est pas non plus inéluctable puisque dans le fond il lui suffit de se bouger les fesses pour manger à son tour. Mais quand même... J'te prie d'bien vouloir consigner mes réserves dans l'journal de bord ! Et l'fait que si j'm'incline, c'est uniquement parce que j'ai un estomac ! Non, elle n'a pas cédé. C'est juste une sorte de... trêve. Voilà, une trêve. Le conflit reprendra lorsqu'il sera l'heure de faire la vaisselle. C'est sûr.

Mais, donc, l'heure est aux négociations. Encore et toujours pour une foutue clef.  Zelda écoute le deal proposé par le sino-américain en s'envoyant une bonne dose de riz puis, forcément, a besoin de quelques secondes pour engloutir le tout avant de répondre. Dans l'intervale elle se contente surtout de lever l'index pour demander un peu de patience avant de faire une drôle de tête quand tout le bordel glisse dans sa gorge. J'en pense que tu sais toujours pas cuisiner, putain... Il a fait des efforts, c'est clair. Mais putain... Déprimant ! Et sinon est-ce que j'ai le choix pour ma clef ? Non, hein ? Disons plutôt que c'est une sorte d'ultimatum qu'il vient de lancer. Un bon ultimatum. Ou du moins, le meilleur qu'elle puisse espérer obtenir sanas recours à la violence, suppose-t-elle. Okay ! Ils sont en hiver donc il lui suffit d'attendre une saison, non ? Juste... Il commence quand déjà le printemps, exactement ? Ca fait partie des trucs qu'elle a oubliés. Zelda se fie plus à ce qu'elle observe qu'aux dates et autres conneries sensées définir la limite entre la fin des chutes de neige et le début des parties de jambes en l'air.

Bref, Zelda hoche la tête une dernière fois pour signifier qu'elle accepte le deal avant de s'enfiler une nouvelle dose de riz. Elle ferme les yeux pour se convaincre qu'elle bouffe plutôt du poulet ou un truc du genre, sans succès. Puis se permet finalement un petit sourire - caractérisé par un grain de riz coincé entre les dents - qui n'a de cesse de s'accentuer dès l'instant où son regard se pose sur son tuteur : Eh, Yu' ? l'appelle-t-elle sur un petit ton malicieux. Joyeux Noël de merde ! Un petit clin d'oeil complice vient ponctuer sa remarque. Mais qu'il se rassure ! C'est clairement pas le pire qu'elle ait passé depuis le début de toute cette merde.

Loin de là !

Il lève un index dans sa direction, comme pour l’intimer à ne pas finir cette phrase. Heureusement, elle se rattrape, plus ou moins, mais venant de l’adolescente, il n’espérait pas non plus beaucoup plus. « Te fouetter avec des branches de bambou ? Des fois, ta méconnaissance des autres cultures est affligeante Zelda. » Soufflé d’un ton calme, alors qu’il préfère ne pas trop s’appesantir sur le sujet.

Elle arrive tout de même à lui arracher un sourire quand, dans sa liste, elle se rajoute, l’air de rien. « Je t’ai toi oui. Et c’est peut-être aussi pour ça que je n’ai pas envie de risquer ma vie pour quelque chose qui ne m’apportera probablement rien. » Libre à elle de comprendre ou non ce qu’il veut dire. « J’y réfléchirais si tu veux oui. » Elle a tout de même raison sur un point. Si quelqu’un a les compétences pour venir à bout de ces hommes, c’est bien dans son groupe qu’il pourra les trouver.

Du reste, il se heurte à la violence qui, comme toujours, alimente le raisonnement de Zelda. Elle ne sait pas faire autrement, aussi parce qu’elle n’a jamais vraiment connu autre chose. Il essaie parfois, de l’orienter sur d’autres voies, mais c’est plus délicat qu’il ne l’aurait cru. Surtout qu’il a plus de mal qu’il le voudrait à contrer certains de ses arguments. Un soupir silencieux quand elle confirme que la voir un peu comme sa fille est donc… bizarre. « Ma foi, si c’est ce que tu penses. C’est noté. » Soufflé d’un ton neutre, avant de se focaliser sur le reste plutôt que de regretter la confidence qu’il vient de lui faire. C’est déjà presque le cas mais difficile de faire marche arrière. Autant juste éviter d’aborder de nouveau le sujet. Il se contente d’un froncement de sourcils quand elle comprend qu’elle est allée un peu trop loin mais évite de trop s’en formaliser. « Franchement, non ? Je ne me mêle que de ma propre vie et c’est largement suffisant. » Il a déjà du mal à tout suivre, ce n’est pas pour s’empêtrer dans les histoires des autres.

Il lui rend un sourire amusé quand elle s’offusque de le voir manger sans lui. « Tu ne veux pas faire ta part, je ne vais pas la faire à ta place. Si tu veux manger, tu prends une assiette. Et je prends bonne note de tes réserves, je ne manquerais pas de les consigner. » Il hausse une épaule à sa remarque suite à sa proposition. « Je n’ai fait que réchauffer le diner, alors cet argument ne prend pas. Et tu as le choix de refuser mon offre, évidemment. » Sourire commercial enclenché, il continue de manger tranquillement, avant de reprendre, toujours sur le même ton. « Le 21 mars. » Un temps puis, il ajoute. « On a un accord ? » Visiblement, oui.

Quand elle reprend, il la fixe quelques secondes, son sourire se faisant plus sincère. « Joyeux Noël à toi aussi Zelda. » Etonnamment, elle a réussi à lui faire apprécier de nouveau ce moment, même si, avec la jeune femme, il est loin d’être au bout de ses surprises.