The Walking Dead RPG

- Va quand même falloir m'expliquer un truc, là !

Il lui a fallut de longues secondes pour encaisser les mots de Yu'. Ou même pour savoir ce qu'elle ressent exactement après les avoir entendus. Et c'est bien parce qu'elle navigue entre la colère et la reconnaissance qu'elle se permet d'user d'un ton aussi léger. La violence n'est pas la solution sauf quand elle m'vise, c'est ça ? Il vient vraiment de lui dire qu'il la tuerait lui-même, là ? J't'ai déjà raconté c'qui est arrivé au dernier mec qui a tenté d'me menacer, en fait ? C'est à croire qu'il n'a rien retenu de la morale de cette histoire, de ce souvenir qu'elle lui a confié. Elle réagit plutôt mal aux invectives de ce genre, l'australienne. Avec l'extrême majorité des gens, du moins.

Mais là, il s'agit de Yu'...

Un homme qui ose lui dire en face qu'elle n'est pas fiable. Sans sourciller. Qui fait preuve d'une logique froide. En fait il lui ferait presque penser à Levi en cet instant. Et ça n'a clairement rien d'un compliment. Mais d'un autre côté... Le tuteur accepte de garder son secret. Mieux encore : de l'aider à le conserver hors de portée de ceux qui voudraient s'en servir pour lui nuire. Qu'est-elle sensée faire d'un type qui lui annonce sans sourciller qu'il n'hésitera pas à la tuer mais qui, en parallèle, lui apporte son support quand il aurait toutes les raisons du monde de le lui refuser ?

C'est une putain d'énigme, ça !

Et le soucis c'est que Yu' a vraiment l'air d'attendre qu'elle réagisse à ses exigences... L'australienne hoche la tête de dépit puis finit par lâcher un long soupir. Ouais ouais ça va, j'ai compris ! grogne-t-elle en croisant les bras. Pourquoi est-ce qu'elle a l'impression de se faire baiser, là ? Enfin j'ai surtout compris qu'être honnête avec toi, c'est pas hyper rentable ! Elle s'est ouverte à lui et au final, lui, il émet l'hypothèse de lui ôter la vie ? D'accord, il fait preuve d'une forme de miséricorde en n'allant pas la dénoncer. Et t'sens surtout pas obligé d'me rappeler que c'est moi qui ai insisté ! ajoute-t-elle en levant le doigt. Ce n'est pas le moment de la mettre face à ses contradictions. Elle doit assimiler l'information. Compter encore une fois jusqu'à dix. Il doit lui laisser un peu de temps.

D'accord ! Il lui a fallut encore quelques secondes pour accepter l'offre de Yu'. Ca lui arrache la gueule mais de toute façon elle n'a pas vraiment le choix. Elle vient de lui confier son destin. Comme une conne. Et elle ne peut s'en prendre qu'à soi-même. Mais ! C'est plus fort qu'elle, on ne lutte pas contre sa nature et la toute puissance de l'esprit de contradiction ! De un, j'suis très fiable ! J'dois p't-être travailler mon sens de l'improvisation mais j'suis comme une putain d'AK, pigé ? J'm'enraille jamais ! C'est pour l'image. Et pour soulager un peu les protestations de sa fierté, aussi. Ensuite jusqu'à preuve du contraire, oui, l'moyen l'plus simple pour s'débarrasser d'un soucis, bah c'est d'le flinguer ! C'est la même chose pour les conséquences ! Bon après pour l'australienne, de manière générale, il n'existe aucun soucis qui ne puisse pas être réglé avec du 9mm parabellum. Alors okay, j'ai quand même été virée de l'armée ! Mais t'avoueras que j'avais quand même plus de chance d'm'en sortir avec un cadavre qu'un sale petit rapporteur ! Et j'te rappelle que j'ai que dix-sept ans, et que j'suis encore en train d'apprendre quelques concepts sociaux ! Ce qui lui fait penser... Dix-huit dans trois mois d'ailleurs ! Le 10, exactement ! Au cas où il aurait oublié. Il est obligé de lui faire un cadeau, maintenant. C'est con mais c'est toujours une petite victoire de prise ! Et pour finir tu peux pas t'opposer à ma réintégration de l'armée ! Et même si tu peux quand même, ben... tu devrais pas l'faire ! Et elle le lui dit avec toute l'assurance qu'une gamine peut avoir. Oui, elle elle pense sincèrement. Parce que p't-être bien que j'suis cinglée, ouais ! Mais j'suis une cinglée qui sait vachement bien tirer ! Et puis surtout, putain, qui hésite pas à l'faire ! Fort Ward ne peut pas vraiment se priver de ses soldats maintenant. La situation est critique, le camp replié sur lui-même. Tôt ou tard, les pertes pousseront Stan à accepter son retour. Y'aura forcément un moment où ce n'sera plus une question d'choix, mais de nécessité ! Ce serait juste mieux qu'ils s'en rendent compte avant que la situation soit trop critique...

Dans tous les cas Zelda marque une pause. Elle remarque même avec étonnement qu'elle n'a pas non plus élevé la voix. Quelque part, elle est trop lasse pour s'énerver. Ses sourcils froncés sont bien suffisants, non ? Ca faisait un moment que j'avais pas eu l'impression d'parler avec toi et d'm'adresser à un inconnu, tu sais ? Le calculateur froid qui se trouve en face d'elle, c'est une facette de Yu' qu'elle ne connaissait pas. L'australienne est surprise, c'est évident. Mais elle ne saurait pas dire si c'est en bien, ou en mal. J'suis clairement mal placée pour faire des commentaires là-dessus mais ta réaction, elle est... L'adolescente hésite un bref instant. Tu serais vraiment capable d'me buter, hein ? C'est ce que son instinct lui souffle. Et là encore, elle ne sait pas si elle doit se réjouir de cette perspective ou plutôt la craindre. Intéressant... Le mot n'est sûrement pas le plus adapté à la situation mais il traduit aussi la peine de l'australienne à assimiler cette nouvelle facette de l'homme qui partage la même maison qu'elle.

Bon, bref ! L'australienne tape dans ses mains d'un air décidé puis se penche en avant. Elle éprouve le besoin de prendre la conversation à son compte. Et de s'éloigner de ce sujet qu'elle n'aurait même pas dû aborder. Maintenant c'est à ton tour ! La voici qui se penche en avant pour l'observer d'un air inquisiteur. Cela ne fait que traduire son désir d'investiguer un peu sur son interlocuteur : J't'ai dis un secret alors en toute logique, bah... Tu dois aussi m'en confier un ? Échange de bons procédés ! Après tout quel jour est plus propice aux confidences que celui-ci ?

Il la fixe quelques instants, avant de répondre, le plus sérieusement du monde. « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. » Et il reprend, toujours sur le même ton. « N’oublie pas que moi je suis dans ton camp. Contrairement à toi la plupart du temps. » Si elle veut vraiment jouer à ce jeu-là, elle ne risque pas de gagner. Et même s’il est parfaitement conscient qu’il a une meurtrière de sang-froid juste devant lui, il sait aussi que s’il se démonte maintenant, il n’aura plus aucune influence sur elle.

Evidemment, il lui laisse quelques secondes pour assimiler tout ce qu’elle vient d’entendre. Mais il attend tout de même une réponse. Et quand elle finit par répondre que oui, elle a compris, il a un bref sourire. « Parfait. » Sourire qui se fait plus large au reste. « Tu as oublié à qui tu parlais. Je suis un homme d’affaires Zelda. Je sais bien mieux que toi ce qui est rentable ou non. » En l’espèce, autant dire que, s’il devait froidement analyser sa relation avec l’adolescente, elle est tout sauf rentable, pour lui en tout cas. Pour autant, il ne compte pas lâcher son investissement, surtout après près d’un an à la gérer. « Tu es assez intelligente pour te souvenir toute seule que c’est toi qui as insisté. Je ne te ferais pas l’affront du je te l’avais bien dit. Ne t’en fais pas. »

Un nouveau silence avant qu’il n’ait un hochement de tête au reste. Evidemment, il y a un mais. Qui lui fait lever un sourcil, avant qu’il ne souffle, se frottant le menton. « A toi de me prouver que tu es effectivement fiable. En l’état, je vois juste une adolescente qui n’est pas prête à assumer ses convictions, qui pense que pour éliminer un problème, il faut le flinguer et qui pourrait recommencer sans sourciller. Il n’y a rien de fiable là-dedans. » Balayant d’un revers de la main son allusion tout sauf subtile sur son anniversaire à venir, même s’il le note dans un coin de sa tête, il reprend, toujours aussi sérieux. « Quand tu comprendras que tu peux être autre chose qu’une arme qui sait bien tirer, on en rediscutera. Ne t’en déplaise, mais tu n’es pas la seule personne capable de tenir un flingue dans ce camp. » Même lui maintenant, sait s’en servir et plutôt bien.

Au moins, la discussion reste calme et posée, ce qui est un bon point pour l’adolescente. Pour autant, hurler quand la personne en face ne monte pas le ton n’aide pas vraiment à gagner en crédibilité. Et probablement qu’elle commence à le comprendre. « Et ça te dérange de découvrir une nouvelle facette de moi ? » Un instant de silence à sa question, même si elle n’est que pour la forme. « Oui. » Il en serait capable, autant qu’elle en soit consciente.

Et sa façon de changer de sujet est tout sauf subtile. Mais il sait aussi qu’elle doit assimiler tout ça. S’il l’a assurée de son soutien, il n’est pas inconditionnel. Parce qu’elle ne serait de toute façon pas capable de faire avec. Elle en abuserait et ça se retournerait contre elle. Mais il restera à ses côtés, aussi longtemps que possible. Il arque tout de même un sourcil à ce qu’elle lui demande et semble hésiter un instant. Avant de remonter la manche de son pull jusqu’à son épaule, dévoilant une cicatrice, la première d’une longue série. « Tu sais ce que c’est ça ? » Il la fixe un instant, reprenant, d’une voix moins froide. « J’ai été poignardé à plusieurs reprises. Et laissé pour mort. Par les hommes qui ont tué mon fils. Il n’y a que trois personnes au courant, toi incluse. » Et encore, Zi n’a pas l’histoire en détail, il préfère qu’elle l’ignore. « Je n’ai pas réussi à le sauver et il en est mort. Je ne compte pas laisser la même chose t’arriver. Même si je dois te sauver de toi-même. » Manche relâchée, il se relève, sourcils froncés. « Et maintenant tu vas m’aider à réchauffer le repas. » Non, ce n’est pas une question.

- Mouais, s'tu l'dis...

Ca, typiquement, c'est le genre de réponse que l'australienne apporte lorsqu'elle n'a pas réellement d'argument à opposer à son interlocuteur. Elle se contente d'émettre un doute pour cacher son hésitation. Mais elle est bien obligée de le croire lorsqu'il prétend qu'il est dans son camp. Ou que seuls les imbéciles ne changent pas d'avis. Elle ne peut pas non plus lutter contre ce qui ressemble à des évidences.

Moi j'trouve que j'fais preuve d'une remarquable régularité, plutôt ! ne peut-elle cependant pas s'empêcher de protester lorsqu'il l'accuse de manquer de fiabilité. Tout l'monde sait à quoi s'en tenir avec moi, non ? Alors peut-être qu'elle n'agit pas en adéquation avec les attentes des autres mais personne ne pourra dire qu'il est surpris par ses actions, si ? Même Yu n'a pas eu l'air vraiment étonné en apprenant pour Caleb. Et pourtant, comme il le dit si bien, il est un homme d'affaires. Et t'es sûr que j'peux être autre chose que ça, hein ? Qu'une arme qui sait bien tirer. Moi j'ai l'impression qu'pour survivre, faut surtout être toujours plus méchante qu'le type en face... Quand deux fauves se rencontrent, seul le plus déterminé l'emporte. C'est la nature. La loi de la jungle. Et pour ton info y'a personne qui tire mieux qu'moi dans c'camp, vu ? Ca, c'est juste une question de fierté !

Quant au fait d'être dérangée par cette nouvelle facette qu'elle découvre chez son tuteur... Non, j'dirais pas ça. hésite-t-elle. C'est juste que j'suis un peu surprise, c'est tout ! En fait elle était loin d'imaginer qu'il accepte si aisément de garder son secret. Même si elle sent bien que quelque chose lui échappe, là. Tant qu'à faire t'as encore des trucs à m'dire ? Genre que t'as un kink sur les pieds ou qu't'adores t'faire fouetter à la pleine lune ? C'est étrange, cette impression de découvrir encore un homme après de si longs mois. C'est complexe, un humain. Elle a tendance à l'oublier...

Vient en tout cas ce moment où elle le presse de lui confier un secret en retour. Et ou il... s'exécute ?! Zelda observe avec intérêt la cicatrice qu'il lui dévoile. Un peu gênée, d'ailleurs. C'est chelou d'observer ainsi le corps de son tuteur... C'est une lame qui a fait ça, non ? Elle caresse machinalement sa paume à l'endroit où la lame du Skagit l'avait perforée tout en écoutant les explications qui suivent. L'australienne sait que le fait qu'il lui parle de Tao, ce n'est pas anodin. C'est vraiment un sujet qui le touche, qu'il évite d'aborder en règle général. En fait, Yu, il se montre aussi honnête qu'elle. Et l'adolescente sent bien qu'elle ne doit pas merder. Être digne de cette révélation. Alors elle tourne un peu la langue dans sa bouche avant de reprendre la parole, non sans le suivre jusqu'à la cuisine pour réchauffer le repas : Tu les as retrouvés ? Ces mecs qui ont buté son fils. Elle suppose que s'ils l'ont laissé pour mort il n'a pas eu l'occasion de se venger ? Tu veux les retrouver ? C'est surtout ça la bonne question en fait. Si t'as besoin d'un coup d'main pas fiable, j'suis là ! ironise-t-elle un peu malgré elle. N'empêche qu'elle a envie de l'aider. Si lui, il le désire en retour.

Dans tous les cas, l'australienne, elle n'insiste pas vraiment. C'est un sujet délicat, elle le sait. Et puis elle n'a pas envie de s'attarder plus longuement sur son meurtre, auquel la discussion reste malgré tout liée. T'es au courant pour Ka' et moi, en fait ? Tant qu'à faire, hein. L'instant est propice aux confidences et autres conneries du genre. C'est comme ça, il faut croire qu'elle n'est pas aussi insensible à ce foutu esprit de Noël qu'elle aimerait le faire croire. Ou peut-être qu'il a fait sauter les derniers verrous de sa méfiance, et qu'elle se sent désormais libre d'aborder n'importe quel sujet avec lui. C'est harām, ça, pour toi ? Ou ca va ? Vous seriez surpris par tous les mots qu'on peut apprendre au comptoir d'un bar...

Il croise les bras, fixant l’adolescente quelques secondes. « Et ça te convient ? Que les gens sachent à quoi s’attendre avec toi ? » Ca l’étonne, mais passons. Et, au reste, il a un bref hochement de tête. « Bien sûr que oui. Si tu t’en donnes les moyens. Personne ne le fera à ta place Zelda et personne ne va te tenir la main. » Elle a passé l’âge et de toute façon, elle aurait tendance à mordre ladite main. Il a tout de même un mince sourire à ses paroles. « Il y a d’excellents tireurs ici. Je demande à voir. »

Du reste, il lui lance une œillade amusée. « Ravi de savoir que je peux te surprendre donc. Je déteste être prévisible. » Et il a un bref haussement d’épaules avant de continuer. « Un kink ? Qu’est-ce que c’est ? » Un terme inconnu au bataillon, même s’il lui semble avoir saisi l’idée générale. « Et je ne compte pas tout te dévoiler d’un coup, ce serait dommage. » A elle de l’interpréter comme elle l’entend.

Et, quand il lui dévoile son biceps tailladé, il a un bref hochement de tête pour répondre à la question qui fuse. « En effet. » Un silence au reste, alors qu’il a un froncement de sourcils. « Non. » Parfois, il a envie d’aller demander à Locklan où trouver ceux qui lui ont fait ça. Avant de se rappeler qu’il ne serait toujours pas de taille à les affronter seul et qu’il est hors de question d’entrainer qui que ce soit dans sa chute. « Je ne sais pas ce que ça pourrait m’apporter de les retrouver. » Il sait qu’il ne répond pas vraiment à la question de Zelda, probablement parce qu’il n’a pas de réponse franche à lui donner. « Ironie utilisée au bon moment, je note. » Tout comme il note qu’elle est tout de même prête à l’aider si besoin.

Il lui tend les boites pour qu’elle vérifie ce qu’il y a à l’intérieur, cherchant de son côté de quoi réchauffer le tout parmi les casseroles et poêles à leur disposition. Et il relève la tête quand elle reprend la parole, marquant une légère hésitation. Jusqu’à présent, il a pu se complaire dans le déni et se dire qu’elles étaient juste amies. Mais à l’évidence, il ne va pas pouvoir continuer longtemps en ce sens. Et il ne sait pas vraiment comment réagir. « Harām ? Qu’est-ce que ça veut dire ? » Ca ne fait que gagner quelques secondes et il sait qu’il va devoir répondre quelque chose. Et il laisse filer un soupir avant de s’appuyer contre l’évier de la cuisine. « Je ne suis pas totalement stupide. Mais c’est quelque chose de… tabou. Dans ma culture. Et je n’ai pas la moindre idée de la façon dont je dois me comporter vis-à-vis de tout ça. » Il ajoute, avec un sourire. « Mais si ça peut te rassurer, je ne suis pas sûr que j’aurais su comment réagir si tu m’avais dit être avec un garçon. » Parce qu’il n’a jamais été confronté à ce genre de discussion et, autant le dire tout de suite, il n’est pas particulièrement à l’aise.

- Pas vraiment, non...

Mais il le sait déjà que la vision que les autres peuvent avoir d'elle ne lui convient pas. Tout comme elle est consciente qu'elle n'est pas étrangère à cet état de fait. C'est en voulant gagner le respect de ses camarades qu'elle est parvenue à le perdre. Mais l'ennui c'est qu'je sais même pas comment corriger ça... Ou plutôt si, elle le sait : en jouant la carte de la politesse, de l'empathie et de l'entraide. Il m'faudrait des années pour m'racheter une réputation et... soupire-t-elle, son hésitant finissant par se manifester sous la forme d'un vague silence. Et j'sais pas si j'ai vraiment la force d'me lancer dans un autre combat perdu d'avance, tu sais ? Parce que comme toujours, inévitablement, elle ruinera l'ensemble de ses efforts en une sale phrase, ou un seul acte. Il suffira que le naturel revienne au galop. Et il reviendra à un moment ou à un autre, elle le sait bien. Surtout qu'sans réseaux sociaux, j'pourrai même pas montrer à tout le monde mes bonnes actions sur Insta'... La tâche lui semble herculéenne et Zelda, elle, n'a pas l'impression d'avoir les ressources nécessaires pour se lancer dans son propre périple mythologique...

La voici en tout cas qui balaie la dernière remarque de son tuteur d'un geste agacé de la main. Y'a plein d'excellents tireurs, ouais, mais qu'une seule Zed ! s'entête-t-elle volontiers. Tout simplement parce qu'elle y croit dure comme fer, l'australienne. Rarement imitée, jamais égalée ! L'adolescente décoche un regard avenant à Yu' : ne peut-il donc pas lui laisser ça ? C'est important, pour elle, d'avoir raison sur ce point-là. T'as qu'à demander à Caleb ! Là, Zelda, elle se rend bien compte qu'elle n'a pas à plaisanter là-dessus. La voici qui baisse le regard et grimace un peu. Trop tôt, ouais... J'retire ! Il n'a pas besoin de lui faire la morale, elle ne recommencera pas. Le voilà, ce foutu naturel qu'elle redoutait encore quelques secondes plus tôt.

En tout cas, non, t'es pas prévisible ! Il n'y a rien d'étonnant, finalement, à ce qu'elle enchaîne aussi vite sur le point suivant. Tant mieux, d'ailleurs... Elle détesterait vivre avec une personne incapable de la surprendre. La vie, la vraie vie, elle est faite de surprises. Qu'elles soient bonnes ou mauvaises relève de l'anecdotique. T'sais pas c'que c'est un kink ? Et voilà, il recommence à la surprendre. C'est... comment dire... Une façon de désigner une sexualité qui sort un peu d'l'ordinaire ? Un truc de pervers, quoi. Un truc un peu pervers, tu vois ? Et forcément, en lui expliquant ça, elle ne peut pas s'empêcher de se demander pourquoi elle est venue sur le sujet. C'est vachement gênant de devoir expliquer ça à un vieux, quand même. Alors ouais, ce n'est peut-être pas plus mal qu'il garde encore un peu ses secrets, Yu'. Ne serait-ce que pour entretenir la flamme de leur colocation.

Au sujet de Tao et de ses agresseurs, Zelda se montre en tout cas largement disposée à aider son tuteur à obtenir vengeance. L'ennui c'est que le tuteur en question ne voit même pas l'intérêt de buter les types qui ont privé son fils du souffle de la vie. T'es sérieux, là ? grogne l'australienne. À nouveau surprise. Tu vois pas l'utilité d'te venger ? Elle penche un peu la tête sur le côté et l'observe d'un air qui se veut énigmatique. Un peu comme si elle s'attendait à ce qu'il explose de rire avant de lui annoncer qu'il s'agit d'une blague nulle. Mais pourquoi plaisanterait-il sur la mort de son enfant, hein ? Sans déc... Ca t'dérange pas d'savoir qu'les assassins d'Tao s'la coulent douce quelque part ? Bon, il n'y a aucune raison qu'ils aient une vie plus agréable que celle des autres survivants. Mais leur souffle est une insulte envers le jeune disparu. Envers Yu' et Zi, également. Et puis finalement, pour toute l'humanité. On va les retrouver ! décide-t-elle finalement unilatéralement, hochant la tête avec conviction. Il faudra juste attendre que Stan' la réintègre avant quand même. Et on leur fera aussi goûter à la fameuse ironie fort-wardienne ! pétille-t-elle. Ouais, la remarque de son tuteur lui fait plaisir. Faut croire qu'elle commence à maîtriser au moins un truc dans sa vie...

La preuve c'est que quelques instants plus tard, l'adolescente, elle se retrouve à avouer quelque chose qui relève de sa plus stricte intimité. Pas sans raisons, c'est sûr. La confiance qu'elle accorde à Yu' n'est évidemment pas étrangère à cette révélation. Pourtant elle ne peut s'empêcher de s'interroger, Zelda, lorsque son colocataire lui répond : c'était vraiment une bonne idée, ça ? Légal, j'crois ? Ou accepté ? Elle ne peut qu'interpréter les mots qu'elle entend parfois parmi les clients, rien de plus. Ce n'est en tout cas pas le sujet. Comment ça, tabou ? Elle n'est pas sûre de comprendre. C'est accepté mais il ne faut pas en parler ? Ou c'est une manière polie de dire que les filles comme elle, chez lui, on les éviscérait en place publique ? Ben... T'es pas forcément obligé d'te comporter d'une manière spéciale, en fait. Où veut-il en venir ? Ca change rien, si ? Ses préférences sexuelles n'impacteront pas sur leur relation. Si son tuteur préférait les hommes alors il aurait juste droit à d'autres sortes de blagues graveleuses, c'est tout.

La voici finalement rassurée lorsqu'il précise qu'il n'aurait pas su se comporter non plus si elle lui avait annoncé être en couple avec un garçon. Du coup... T'es pas homophobe ? Parce que quelque part elle a encore un peu un doute vu sa première réaction, et l'emploie du mot tabou. Mais puisqu'elle craint un peu qu'il lui confirme que c'est bien le cas, elle enchaîne : En tout cas si j'te dis ça c'est pas seulement pour te rappeler l'importance d'une clef pour l'intimité d'un couple mais plutôt parce que j'ai plus envie d'me cacher ! Donc admettons qu'un jour Ka' débarque ici et que j'lui témoigne mon affection à travers un traditionnel échange de salives... Zelda marque une pause, se penche un peu en avant et pose un regard attentif sur son interlocuteur : J'dois m'attendre à une attaque cérébrale ou tu tiendras l'coup ? Autrement dit : est-ce qu'il est assez fort pour voir ce qu'il sait déjà ou va-t-elle devoir prendre quelque précautions pour ménager un peu la Chine ?

Il la fixe un instant, curieux. C’est bien la première fois qu’elle laisse entendre qu’elle aimerait changer les choses et il estime le changement particulièrement appréciable. « Qu’est-ce que tu aimerais corriger exactement ? » Au moins, qu’ils aient un point de départ précis. Une grimace fugace au reste, alors qu’il souffle à mi-voix. « Pourquoi ton combat serait perdu d’avance ? C’est quelque chose qui prendra nécessairement du temps Zelda, surtout que le trou dans lequel tu t’es jetée est un peu profond. Mais tu n’es pas tout seule pour ça. » Il a tout de même un rire au reste de ses propos. « Je suis sûr que nous pourrons trouver un moyen de clamer tes exploits si ce n’est que ça. »

Et si son regard se fait amusé quand elle commence, elle peut lire tout le dépit qu’il peut éprouver quand elle évoque Caleb. « Beaucoup trop tôt, je confirme. Je sais que sa mort ne t’a rien fait, mais essaie au moins d’avoir un minimum de retenue quant à ce qui s’est passé. » On dirait qu’elle prend un malin plaisir à savonner la planche sur laquelle elle se trouve dès que les choses vont un peu mieux pour elle. Mais passons. Dans l’immédiat, il ne peut pas y faire grand-chose et la discussion s’enchaine, le laissant passablement dubitatif quand elle parle de kinks donc.

« Hum. Je vois. » Il n’a pas particulièrement envie de s’appesantir sur le sujet, un brin mal à l’aise. Même si le reste n’est pas forcément pour l’enthousiasmer davantage. Et il a un profond soupir à sa question. « Qu’est-ce que ça m’apporterait ? Ca ne le ramènera pas. Ca ne changera pas ce qui s’est passé. Et des monstres comme eux, il y en a partout. » Il ajoute, sourcils froncés. « Et je ne suis même pas sûr que ça m’apaiserait. » Mais il a tout de même un sourire à la remarque de Zelda. « Si je décide de faire quelque chose, je te tiendrais au courant. D’accord ? » C’est tout ce qu’il peut promettre sans mentir en tout cas.

Et il finit par se pincer l’arête du nez quand elle enchaine avec une nouvelle révélation. Une part de lui a envie de crier grâce, ça commence à faire beaucoup trop, d’autant qu’il se serait bien passé d’apprendre ça en plus du reste. Bénissant tout de même sa capacité à rester stoïque la plupart du temps, quoi qu’il se passe, il laisse filer quelques secondes de silence. « Et bien, disons qu’en Chine, c’était considéré comme une maladie. » Il a une grimace, se faisant plus hésitant sur ses paroles. Il n’a pas envie de braquer la jeune femme non plus, mais comme il lui a dit, le sujet est délicat pour lui. « Je ne pense pas être homophobe. » Soufflé le plus sérieusement du monde. « Je ne m’interroge pas vraiment sur ce genre de choses surtout. » Et il toussote avant de continuer. « J’ai surtout du mal à t’imaginer avec quelqu’un tout court. Mais c’est une autre problématique. » Parce qu’il s’est attaché à elle, qu’une part de lui la voit plus jeune qu’elle ne l’est réellement. Ou encore parce qu’il n’a pas envie de la voir souffrir. Beaucoup trop d’options qui ne comprennent pas vraiment le sexe de la personne avec qui elle pourrait être.

La suite lui arrache tout de même un sourire. « Je vois. Tu avais donc une idée en tête en me parlant de ça. » Et il ajoute, toujours sur le même ton, alors qu’il verse le contenu de la boite dans la poêle chauffée. « Est-ce que je suis déjà entré dans ta chambre sans frapper ? Est-ce que tu as déjà eu l’impression que je risquais d’empiéter sur ton intimité ? » Il n’a jamais rien fait en ce sens et n’y songe pas. Mais le principe de lui donner une clé pour qu’elle s’enferme le fait toujours tiquer, sans qu’il n’arrive vraiment à saisir exactement pourquoi. Et, à sa question, il arque un sourcil. « Tu le prendrais comment si tu me vois … échanger ma salive avec quelqu’un sous ton nez ? » Histoire de remettre un peu les choses en perspective. Mais, définitivement, il n’était pas prêt à ça.

- J'en sais rien moi, j'ai pas encore réfléchi aux détails !

Elle est déjà consciente qu'il y a des trucs à modifier, Zelda. Et c'est déjà bien si l'on regarde d'où l'on vient. Ses erreurs sont comme un gros sac de noeuds qu'elle doit démêler à l'aveuglette, sans savoir par où commencer. C'est comme ça qu't'appelle un ravin, toi ? grogne-t-elle lorsqu'il lui rappelle qu'elle s'est jetée dans un trou un peu profond. Parce que ouais, elle est tombée dans une putain de faille tectonique. Mais au moins il a la délicatesse de lui indiquer qu'elle n'est pas seule. Ca fait du bien. Et il a droit à un sourire en retour. Un petit truc, pas bien éclatant. Il va m'falloir un service de crise complet ! Avec bunker, écrans tv et p'tits binoclards d'Harvard... L'humour n'a jamais tué personne et puis surtout, il ne risque pas de la foutre davantage dans la merde. Clamer ses exploits non plus d'ailleurs. La remarque de Yu lui arrache un petit T'es con... complice. Un peu plus complice que prévu, même.

Ce petit instant de légèreté la pousse à plaisanter sur Caleb. Et si elle s'en rend compte, elle ne peut pas non plus échapper à une petite remarque de son tuteur sur cette foutue retenue de circonstance. J'y peux rien si j'ai un esprit vif et imaginatif... se justifie-t-elle. Ca ressemblerait presque à des excuse si l'on se fie au ton qu'elle a employé. Ou non, plutôt à une forme de regret. La preuve qu'elle n'est pas aussi détachée du sujet que ça, en fin de compte.

Quelques instants plus tard elle se surprend aussi à se sentir impliquée dans le sort des assassins de Tao. Suffisamment pour être un peu irritée par le pragmatisme détaché de son père lorsqu'il argue que la vengeance ne changera rien. Et qu'il n'est même pas sûr de pouvoir en tirer quelque chose de positif. Bah faut essayer ? C'est comme la bouffe, tu peux pas dire comment tu t'sentiras après avoir gobé des huîtres ou des saloperies du genre si t'essaies pas. Elle a raison et il le sait. Enfin, normalement. Dans l'intervalle, pourtant, elle peut se contenter d'attendre de ses nouvelles avant de se lancer dans une nouvelle chasse à l'homme. Mais d'accord, très bien. Quand tu t'sentiras d'humeur Taken alors j'serai là pour t'aider à faire l'ménage dans les pnj d'ton passé ! Une référence de film et une autre de jeu de rôle en une seule phrase. Est-ce qu'il a la référence ?

Toujours est-il que si cette discussion semble déjà un peu étrange à Zelda, la suite lui arrache carrément un rictus de surprise. Tu t'fous d'ma gueule, là ? Elle le suspecte d'un regard désapprobateur. Une... maladie ?! L'australienne finit par hocher la tête de droite à gauche, aussi étonnée que désapprobatrice. Ouais enfin après c'est aussi vous qui bouffiez des chiens, des chats et des d'chauve-souris, non ? T'admettras qu'on peut quand même questionner la perception d'un peuple qui s'enfilait des putains d'MacBatman, hein ! Vexée ? Ben... Quand même un peu, oui. Parce qu'elle ne sait même pas vraiment si c'est un avis que partage son tuteur. Est-ce qu'il va lui refiler des pilules en plus ? L'obliger à suivre une thérapie à base de bambou, thé vert et autres chinoiseries ?

Et la suite alors là, c'est le best of. Zelda se sent presque en droit d'espérer lorsque Yu' lui annonce qu'il n'est pas homophobe. Cool, c'est déjà ça ! Mais il n'empêche qu'il a l'air quand même un peu mal à l'aise. Et lorsqu'au final il lui avoue qu'il a de la peine à l'imager avec quelqu'un tout court, l'adolescente croise les bras de cet air agacé, qu'il connaît, et qui annonce que ça va partir en vrille. Vas-y ? Explique ? glisse-t-elle. Les lèvres serrées, maîtrisant tout juste cette colère qui l'envahit. Pourquoi t'as d'la peine à m'imaginer avec quelqu'un ? C'est quoi l'soucis ? Elle n'est pas assez bien ? Pas assez belle ? Pas assez normale ? Non mais tant qu'à faire dit carrément que j'suis pas... lovocompatible, hein ! Vas-y, t'gêne pas ! Ils ne sont plus à ça près et puis de toute façon cette journée est réservée aux aveux on dirait bien.

Une chose en amenant une autre, les voici qui évoquent l'un des sujets largement fâcheux du quinquennat Shèng, à savoir l'absence de clef à la foutue porte de la chambre de l'adolescente. Mais les arguments de Zelda se heurtent à des questions, comme d'habitude. T'es pire qu'une anguille ! Elle doit lui laisser ça, Yu' est vraiment doué pour esquiver. Plus glissant qu'un poisson-chat, le mec. Est-ce que je peux parler à mon tuteur et pas à l'espèce de politicien à la con qui le remplace dès que le mot clef apparaît dans une conversation ? Merci ! C'est sûr qu'elle ne peut pas lui reprocher d'être intrusif mais quand même. Elle se sentirait rassurée de savoir qu'elle peut s'enfermer en cas de besoin. Non, Yû, tu n'es pas entré dans mon chambre sans frapper. Mais oui, j'ai l'impression que tu risques d'empiéter sur mon intimité à tout moment ! Mais c'est normal, j'suis une putain d'ado ! J'ai besoin d'savoir qu'ma chambre est comme cette saloperie d'zone 51 ! Imprenable ! Même si personne n'a envie d'la prendre d'assaut et qu'j'en suis bien consciente. C'est... un truc de jeunes. C'est une manière comme une autre de lui dire qu'il ne peut pas comprendre. Mais polie. De jeunes américains. Histoire qu'il abandonne jusqu'à l'idée même de pouvoir se mettre à sa place. L'australienne s'approche et prend son petit mignon, celui avec le regard un peu suppliant. Donne-moi cette clef et en échange j'te promets que tu pourras mélanger ta salive avec qui tu veux, quand tu veux. Même devant moi même si bon, ouais, c'est quand même vachement chelou d'm'imposer ça... Échange de bons procédés, preuve de maturité... Il appellera ça comme il veut.

Tant qu'il accepte !