The Walking Dead RPG

- J'veux pas paraître agressive ou quoi qu'ce soit...

Zelda lève même ses deux paumes dans un geste plutôt convenu d'apaisement. Elle n'a pas haussé la voix, ses lèvres ont à peine tressaillé et sa gestuelle pourrait même sembler apaisée. Et pour cause : elle fait de sacrés efforts !  Mais si t'as invité un Père Noël ou un putain d'guignol déguisé aujourd'hui, j'l'égorge dès qu'il m'a refilé mon cadeau ! Oh oui, vraiment, elle en serait capable. Ce serait même thérapeutique, à défaut d'être approprié.

L'australienne lève l'index pour indiquer qu'elle ne s'attend pas à une réponse puis se dirige d'une démarche à peu près maîtrisée en direction de la cuisine pour se prendre un verre d'eau. Et se racler un peu la gorge. Oui, ça, c'était les premiers mots qu'elle a adressés à Yuan en cette désagréable journée de Noël. De la magie ? Où ça ? Ca fait longtemps que tout ceci a disparu ! Et plus encore depuis qu'elle a été radiée de l'armée !

Bannie ! Jetée !

Autant dire que l'australienne a la sobriété émotionnelle d'un caniche depuis qu'elle a appris la nouvelle. Ou plutôt, d'un caniche qui a la rage. Vraiment la rage. Un truc bouillonnant, tellement fort qu'elle ne parvient pas réellement à l'exprimer. Et encore moins à la dissiper. C'est... injuste ! Tout ce qu'elle a fait, c'est se protéger des menaces de Caleb. Son acte n'avait rien de glorieux mais il ne méritait pas une telle punition.

Oui, injuste ! C'est injuste !

Et Zelda ne soit pas trop si elle doit se rouler en boule ou juste accepter que sa vie est désormais terminée. Son talent ne sera jamais reconnu. Maintenant, son existence va se résumer à la vie de civile. Ou plutôt, à glander. Parce que ouais, l'australienne a pris une grande décision cette nuit : Tu sauras qu'à partir d'aujourd'hui j'vais faire une grève d'la faim pour protester contre le traitement injuste qu'on m'a réservé ! annonce-t-elle à travers le rez-de-chaussée. Quelques secondes d'hésitation, puis : À partir de minuit, exactement ! Parce qu'elle ne va sûrement pas d'un repas de Noël un peu plus complet que les précédents, et que ceux qui suivront. Radiée ou pas, son corps reste en pleine croissance. Son estomac ne veut rien savoir, lui !

Trois semaines ! explique-t-elle revenant dans le salon, pieds nus, puis se laisser tomber sur le canapé. Comme la grande dépressive qu'elle est devenue. À plat. Dénuée de force ou de volonté. J'me suis renseignée, j'peux tenir trois semaines sans bouffer ! Par contre elle devra boire, ça oui ! Alors en admettant que Stan n'soit pas r'venu sur sa décision d'ici là, faut qu'on discute un peu ! Déjà, j'refuse d'être nourrie de force ! Et ensuite, forcément, faut que j'les économise aussi, mes forces ! Ca veut dire pas de corvées, quoi ! Il voit où elle veut en venir ? Oui oui, bien sûr qu'il voit ! Eh j'y pourrai rien ! C'est mon corps qui refusera de se lever ! La nature quoi. La conséquence de son refus de s'alimenter. Pas d'acharnement thérapeutique, hein, tu promets ? gronde-t-elle encore, désireuse de bien insister sur le premier point qu'elle a soulevé. Quand Stan' apprendra ça, forcément, il va flipper un peu plus.

Et la réintégrer !

De toute façon il finira bien par se rendre compte qu'il a besoin d'elle. Ouais, si ça se trouve, elle n'a même pas besoin de faire tout ça. Mais dans le doute... Enfin bref ! Elle n'a pas beaucoup vu son tuteur ces derniers temps et ouais, ces moments-là, ils ils lui manquaient un peu. Les débuts de journée passés ensemble, à papoter. Ou même à se chamailler sur telle ou telle règle stupide qu'il lui fixe. Ca va, toi ? T'as encore un avenir professionnel ou on t'a aussi volé ta vie, dernièrement ? Elle s'enfonce un peu plus dans le canapé. Putain mais c'était vraiment le pire truc qui pouvait lui arriver. Sa vie est foutue... Fou-tue ! On mange quoi, en fait, ce soir ? C'est qu'elle doit quand même faire des réserves malgré tout, hein, l'australienne !

C’est à peine s’il relève la tête quand Zelda prend la parole. Il la sait passablement sur les nerfs ces derniers jours et il peut tout à fait le comprendre. Même s’il ne lui est même pas venu à l’idée de plaider en sa faveur quand il a appris son renvoi de l’armée. Si c’est arrivé, ce n’est pas pour rien et il se doute qu’elle doit plus que mériter la punition qu’elle est en train de subir.

Pour autant, il n’est pas vraiment convaincu de son efficacité. Il note dans un coin de sa tête de demander son avis à Zi sur la façon de gérer les problèmes qui ne manqueront pas d’arriver. Et il se contente de souffler, d’un ton amusé. « Qui a dit que tu aurais un cadeau ? Ce n’est pas que pour les enfants normalement ? Et tu n’as de cesse de me dire que tu n’en es plus une depuis longtemps. »

La voilà qui repart dans les tours et qui annonce une grève de la faim. Pendant qu’elle parle et se laisse tomber dans le canapé, il se relève et va ouvrir le placard dans l’entrée pour en sortir plusieurs cartons qu’il empile non loin de la jeune fille. « Trois semaines ? N’oublie pas de boire alors. Sinon tu ne tiendras pas trois jours. Il faudra quand même que tu t’occupes de Dynamite, ce serait dommage qu’il meure à cause de ta force mentale à toute épreuve. » Et, quand elle gronde, il pointe un index dans sa direction. « Pas d’acharnement thérapeutique, c’est bien noté. Autre chose ? » Il ouvre alors le carton tout en longueur pour en sortir un sapin artificiel. « J’aurais préféré un vrai, mais Dynamite risquerait de s’acharner un peu trop dessus. » Et il commence à le monter, arquant un sourcil en retournant le mode d’emploi. « Tu m’aides ? Il y a aussi les décorations dans l’autre carton. » Alors qu’il parle, le chiot arrive en remuant la queue, un énorme nœud rouge accroché à son collier. Et il attend quelques instants, attendant de voir si elle daigne se lever, avant de répondre à sa question.

« Mmmh… une des missions principales est de sortir d’ici pour aller à la rencontre des autres groupes. Des solitaires. Pour tisser des liens. Nous sommes enfermés depuis près de 6 semaines. Je te laisse décider de l’état actuel de ma vie. » Il lui rend un sourire poli avant d’enfoncer un des pics sur le tronc principal. « Ce soir ? Poulet rôti, purée de pommes de terre et je ne sais plus quoi. Ils nous ont fait des espèces de plateau-repas pour Noël. Il y a même un vrai dessert. » Gardant un ton léger, il continue, plutôt content de réussir à monter ce fichu sapin. « Il parait qu’il y a un repas spécifique demain midi aussi. Tu devrais peut-être songer à commencer ta grève plus tard, non ? Sans compter qu’il y aura probablement des restes. » Finalement il agite une main dans sa direction. « Oublie ce que j’ai dit. Je salue ta détermination et, maintenant que tu as décidé d’une date, il faut t’y cantonner. » Zelda est un estomac sur pattes, il lui donne une journée, deux grand maximum, avant d’abandonner l’affaire. Et de trouver quelque chose de probablement pire.

- Tu m'as pas fait d'cadeau ?

Zelda décoche un regard noir à son interlocuteur. Et puis se demande si elle est confrontée à une forme d'humour particulièrement glauque ou, plus simplement, à un chantre de la radinerie. En plus ses arguments sont franchement discutables... Ca veut rien dire ! proteste l'australienne, outrée. J'dis aussi tout l'temps que j'vais faire exploser les avions mais c'est veut pas dire que j'le pense vraiment, hein ! Yu' devrait être capable de discerner la part du faux dans ce qu'elle dit, désormais. De lire entre les lignes ! J'me demande c'que Zi dirait en apprenant qu't'as même pas pensé à moi pour Noël... Ca, c'est pour le faire flipper un peu ! Et lui rappeler que son manque de jugeote aurait des conséquences ! Oh que oui !

Et puis, peu après, l'adolescente est confrontée au stoïcisme d'un tuteur qui semble faire peu de cas de sa future grève de la faim. On dirait presque qu'il l'encourage ! Zelda passe une tête à travers l'encadrement de la porte de la cuisine pour l'observer d'un air critique.

Il est pas un peu train de se foutre de sa gueule, là ?!

Vraiment ? Tu m'laisserais crever de faim juste comme ça, parce que j't'ai dit qu'fallait pas t'acharner ? C'est sûr qu'elle serait fâchée contre lui mais dans le fond elle préférerait quand même qu'il lui sauve la vie. Elle pourrait ronchonner ensuite et prétexter qu'elle n'avait pas besoin de lui. Sa fierté serait plus ou moins sauve. Mais là... Il est vraiment prêt à la regarder agoniser ?! Et puis cette façon de lui demander s'il y a autre chose comme s'il était en train de noter des aliments sur une liste de courses... Ouais, j'veux une putain de statue au-dessus d'ma tombe ! Avec un putain d'fusil dans une main, l'autre bras qui pointe le futur et un pied posé sur l'cadavre d'un évêque ! ironise-t-elle. Avant de se demander, finalement, si elle n'est pas en droit d'exiger une tombe à son goût. Plusieurs évêques, plutôt ! Elle demanderait bien qu'on rajoute Maddie à l'édifice mais elle sait d'avance que ça ne passera pas, et qu'elle aura droit à une morale sur le respect qu'elle est sensée devoir à cette incapable de bras droit...

Et puis elle relève le nez vers ce sapin artificiel que son tuteur s'emploie maintenant à déplier. Elle baille longuement, met sa main devant la bouche et analyse la demande formulée par son interlocuteur : décorer ce truc ? Mouais... Non ! Elle suppose que pourrait être un chouette moment de complicité à partager avec Yu' mais bordel, qu'est-ce que c'est niais... Ouais, bon... J'veux bien te dire où placer les boules et les guirlandes, si t'as envie ! Il sera l'instrument de sa création en quelques sortes. Pourquoi on a pas un vrai sapin, en fait ? ne peut-elle s'empêcher de demander tandis qu'elle se bat avec l'un des nœuds qui a pris place dans ses cheveux. Mmh... Made in China, j'suppose ? L'adolescente pointe d'un geste du menton le carton qui contenait le faux arbre, curieuse. Est-ce que le parti communiste a encore une telle emprise sur lui malgré toutes ces années ? Ne peut-il pas s'empêcher de continuer à consommer chinois ?

C'est l'instant où Dyna fait son entrée. Affublé d'un noeud rouge du plus mauvais goût !

Ouais, alors... Yu' ? L'australienne se penche un peu en avant et tapote le canapé pour le chiot vienne la rejoindre. Et il obéit, eh ouais ! La prochaine fois tu veux bien m'demander la permission avant d'transformer mon chien en mauviette ? Zelda le débarrasse de son attirail et commence à jouer avec Dyna. Le tout pendant que Yu' lui explique quel est l'état de sa vie. Autant dire qu'en étant bloqué au Fort depuis six semaines, des rencontres, il n'a pas pu en faire beaucoup. Ca veut dire qu'tu seras toujours à la maison ? Sans trop savoir si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle, l'adolescente prend acte de l'information.

Mais il reste de l'espoir ! Toujours !

Et la nature du repas qui les attends en soirée est bien la preuve que les miracles existent encore. Un dessert ? C'est plus fort qu'elle : l'australienne salive ! Jure ! Et il va lui donner le sien, aussi, Yu' ? Oui, allez, il va faire ça ! Et ce n'est pas tout, oh non ! Il semblerait qu'un autre menu spécial les attende le lendemain. Forcément, Zelda, elle envisage déjà de décaler un tout petit peu sa grève de la faim. Genre... Au lendemain, dans l'après-midi ?

Sauf que Yu' l'invite bien vite à se tenir à ses résolutions. Et le but du jeu, là, c'est quand même de prouver qu'elle n'est pas en train de plaisanter. Oui, elle doit être forte ! On t'a déjà dit qu't'étais sadique ? Si ce n'est pas le cas alors les gens sont sûrement un peu aveugles. Plus haut, la guirlande ! commente-t-elle négligemment avant de poursuivre sur sa lancée dépressive : Vous fêtez comment Noël en Chine, d'habitude ? Vous mettez des dragons à la place des boules ? Vous chantez des trucs ? Qu'il ne pense pas qu'elle a envie de pousser la chansonnette, surtout. Mais c'est vrai que l'adolescente se demande quel genre de journée elle est en droit d'espérer...

Il se contente d’un haussement de sourcils à sa question, laissant filer un sourire quand elle commence à protester. « Je n’ai pas dit non plus que je ne t’avais pas offert de cadeaux. Et tu pourras demander à Zi ce qu’elle pense de tout ça, aucun problème. » Surtout qu’ils ne fêtaient Noël que pour Tao. Voilà qu’elle s’emballe de nouveau et il lui faut toute sa volonté pour garder un visage impassible, alors qu’il reprend, le plus sérieusement du monde. « Et bien, je respecte tes convictions et tes choix. Je ne devrais pas peut-être ? » Soufflé d’un ton curieux, alors qu’il a un regard dans sa direction.

A ses demandes, il a un bref « mmmh » avant de reprendre. « Tu devrais peut-être me faire un dessin de tout ça. Histoire que je n’oublie rien en cours de route. Ce serait dommage. » Finalement, après un dernier clic, il a un hochement de tête approbateur. Le sapin semble – plus ou moins – tenir droit. Il teste vaguement une branche, songeant qu’il serait bien incapable de le démonter avant de tourner la tête vers la jeune femme. « Je ne suis pas un exécutant. Si tu veux décorer, tu te lèves. Sinon tu devras supporter ma façon de faire. » Et il ajoute, alors qu’il commence à ouvrir le carton de décorations. « Outre le fait que je n’ai pas envie de couper un arbre pour notre bon plaisir, comme je te l’ai dit, j’ai peur que Dynamite s’acharne dessus. Et le made in China peut être de qualité jeune fille, tu ne devrais pas critiquer. » Le fait est que oui, l’arbre vient fort probablement de sa Chine natale. Et, pendant une seconde, il se demande comment ça peut être là-bas. Si sa mère est toujours en vie.

Sourcil arqué à sa réaction à l’arrivée de Dynamite, il se contente d’un bref haussement d’épaule. « Je trouvais que ça lui allait bien. » Le chien roule sur le dos, visiblement content d’être sur le canapé, alors que l’asiatique résume sa propre situation. « Pas vraiment non. Je suis toujours médiateur et il y a parfois des tensions. » Entre le rationnement, les nouveaux arrivés et le fait que beaucoup sont coincés sans pouvoir sortir de là, la population est un peu plus à cran que d’habitude.

Réprimant un sourire en voyant la réaction de l’adolescente quand il parle du repas de Noël, il a un hochement de tête. « Autant en profiter un peu non ? Enfin, jusqu’à ce que tu commences ta grève donc. » Et, à sa question, il tousse un rire. « Pas que je sache pourquoi ? » Ignorant totalement le conseil à propos de la guirlande, il attrape des espèces de fils argentés dont il n’a pas la moindre idée de l’utilité, il secoue la tête avant de se tourner vers Zelda. « On ne fête pas Noël en Chine. Mais nous l’avons fêté pour Tao avant tout ça. » Et il continue, comme si de rien était. « Ca fait des années que je ne l’avais pas fêté. Mais je me dis que c’est une fête familiale, ça serait sympa de s’y remettre. » Et il la fixe quelques instants, avant de souffler. « Non ? » A elle de voir si elle veut que ce soit juste une corvée de plus ou si elle veut y mettre du sien. « J’avais pensé à décorer le sapin donc. Et qu’on verrait ensemble pour la suite. Sauf si tu préfères retourner dans ta chambre. » Aucune obligation évidemment.

- J'sais qu'y'a un mot pour c'que t'es en train d'faire, là !

Quelques lettres pour décrire cette façon qu'il a d'accepter sans broncher ses annonces. Et de ne pas se laisser démonter lorsque l'australienne brandit la menace - pourtant relativement efficace jusque-là - de son ex femme. Mais non, rien. Pas vraiment de réaction. Juste une acceptation qui frustre profondément l'australienne. D'autant plus qu'elle ne sait même pas comment qualifier son attitude. D'la passivité ? D'la résignation ? L'adolescente tapote son menton de l'index et laisse son regard, absent, dériver sur le mobilier. Non, elle ne voit pas. Mais elle est certaine d'une chose, Zelda : Ca m'plaît pas ! Sans rechercher la confrontation, elle n'a pas non plus envie qu'on cède à tous ses caprices. Qu'ils soient légitimes ou non, finalement, ce n'est même pas la question !

Par exemple, normalement, il devrait refuser tout net l'idée d'ériger une statue sur sa tombe. Pas lui demander de faire une liste pour qu'il n'oublie pas ! T'es en train d'te foutre d'ma gueule, là, hein ? suppose l'australienne, sourcils froncés. Depuis quand tu cèdes à mes délires ?! C'est la faute de cette journée, c'est ça ? Est-ce que ce foutu esprit de Noël est parvenu à s'insinuer dans l'écrin de ses pensées ?

Du coup, Zelda, quelque part, elle est super soulagée lorsque son tuteur refuse de décorer seul le sapin. Ou plutôt, d'être un simple exécutant qui arrangerait l'arbre selon les désirs de l'adolescente. Tu m'as fait peur, j'te jure... Et la voici qui hoche même la tête d'un air approbateur lorsqu'il lui annonce les raisons qui expliquent la présence d'un sapin en plastique plutôt qu'un vrai. Donc, t'es écolo... Et c'est plutôt cool même si la planète se porte probablement moins depuis la Chute. Et toujours aussi patriotique, visiblement ! rajoute-t-elle, malicieuse, lorsqu'il ose prétendre que le Made in China peut être de qualité. Propagande, quand tu nous tiens... Tu veux qu'on parle de Wish ? Il était déjà trop vieux pour connaître ce genre de trucs quand le monde s'est effondré ? Ou ça lui parle quand même un peu ?

Qu'importe ! Parce que l'adolescente finit par se lever, ouais. Et même par emporter le chien avec elle avant de venir s'agenouiller aux côtés de son tuteur. Elle lui décoche un regard timide, accompagné d'un sourire gêné. Et la voici qui se saisit d'une guirlande d'un air méfiant. Depuis quand n'a-t-elle pas fait ça ? C'est avec hésitation qu'elle enroule la décoration autours de l'arbre. Ouais... C'était plus fun dans ses souvenirs... Des tensions genre... quoi ? s'intéresse-t-elle en jouant avec une boule. Enfin plutôt avec Dyna qui lui, joue avec une boule. Eh ! Tu pourrais m'proposer comme médiatrice, non ? Gérer quelques civils qui se battent pour une clôture ou une haie, qu'est-ce que ça a de compliqué ? Pour calmer les gens, j'suis assez douée ! Une bonne tarte dans la gueule et on en parle plus !

Zelda retrouve sa bonhommie, parvient à jongler habilement entre l'air de l'adolescente blasée et le désir de participer malgré tout à ce simulacre de fête. Mais finalement c'est elle qui est sérieusement calmée lorsque Yu' lui explique qu'il joue le jeu de Noël uniquement pour... elle. Et puisqu'il est définitivement sadique, oui, il ose même évoquer la famille. C'est ça... grogne-t-elle. Par habitude, pour se défendre. Parce qu'elle est surtout trop touchée par ce geste d'affection pour répondre par autre chose qu'une forme de mépris.

N'empêche...

il s'en est passé ces choses ces derniers temps. De sales choses. Les quelques mots de Yu' sont la seule chose qui peuvent être qualifiés de positifs. C'est une petite oasis au milieu d'un océan de déprime. Ca fait du bien. Beaucoup de bien. Suffisamment pour commencer à sentir le poids des larmes au coin de ses yeux. Tu fais vraiment chier... Il va pas la faire chialer, hein ?! L'australienne se détourne en prétextant jouer avec Dyna pour éponger ses yeux du bout de ses manches. Quel con ! Pourquoi il lui dit ça comme ça, sans prévenir ? Alors qu'elle est à fleur de peau ?

Alors il y a cette pulsion mal contrôlée, partiellement désirée, qui se manifeste : l'adolescente bondit dans les bras de Yu' pour une étreinte. Quelque chose qui oscille entre le formel et le dégoût qui colle à ce rôle qu'elle s'est forgée. Il y a un instant où elle tente de s'échapper, l'autre où elle se raccroche davantage à l'homme pour lui témoigner ce qu'elle ne se sent de toute façon pas capable de dire. Mais bon, hein, dans l'ensemble ça ne dure qu'une infime poignée de seconde. Et à la gratitude succède la gêne tandis qu'elle s'écarte de cette présence rassurante. J'te pensais un peu moins musclé... souffle-t-elle, oscillant entre un rire gêné et un air désapprobateur.

Et enfin, ça y est : l'instant de faiblesse passe !

Zelda retrouve ce qui lui sert de contenance et quitte le salon d'une allure décidée. Le chiot sur ses talons, bien qu'elle ait un peu oublié sa présence. Mais elle revient, l'australienne. Avec un paquet naze, emballé dans la dernière édition du journal de Fort Ward. C'est... pas vraiment un cadeau ! prévient-elle. Plutôt un paiement pour c'que les gens voient comme d'la patience de ta part, on va dire ! En d'autres termes : le fait d'accepter de la supporter, de l'épauler lorsque elle en a besoin et de savoir fermer les yeux sur ses facettes plus sombres, moins agréables à côtoyer. Ouais, l'adolescente est consciente qu'elle n'a rien d'un cadeau non plus !

Y'a plusieurs trucs ! Pour... plus de fun ! Youhou ! s'enthousiasme-t-elle. Avec retenue, malgré tout. Parce qu'à l'intérieur de ce petit carton mal emballé, il n'y a pas seulement un vieux red bull passé de date - mais probablement toujours buvable - et un couteau suisse dans un étui de cuir, oh non. Il y a aussi un bouquin intitulé Survivre à un enfant et un autre qu'elle trouvait plus marrant répondant au doux nom de Comment traumatiser votre enfant, sept méthodes infaillibles. Elle trouvait ce dernier livre marrant, Zelda. Quant à cette espèce de grattoir à tête qu'elle a trouvé, elle suppose qu'il ne pourra qu'y succomber. Tout le monde aime les grattoirs à têtes ! Pas besoin d'te faire chier, hein ! T'as qu'à tout déchirer ! Ce que ça l'énerve, ça, l'adolescente... Les gens qui déballent religieusement leurs cadeaux alors qu'ils ne gardent de toute façon pas l'emballage !

Il réprime un sourire en la voyant chercher l’arnaque – puisqu’arnaque il y a forcément – et ne l’aide bien évidemment pas le moins du monde à trouver les termes les plus appropriés. « Et pourquoi ça ne te plait pas ? » Soufflé d’un ton léger avant qu’il ne reprenne, non sans une œillade dans sa direction. « Me foutre de ta gueule ? Tu n’avais pas acté que je n’avais pas le sens de l’humour ? Ce serait compliqué du coup non ? » Autant dire que la voir fulminer et chercher ce qui cloche a quelque chose de passablement amusant. Il faut juste qu’il sache à quel moment arrêter avant qu’elle ne sorte réellement de ses gonds mais, pour l’heure, la situation est sous contrôle.

Au reste, alors qu’il avise le sapin, il n’a qu’un haussement d’épaules à sa remarque. « Je ne suis pas écolo. Mais fabriquer ce genre de choses est plus compliqué pour ne pas dire impossible. Autant essayer de préserver ce qui peut l’être non ? » Par contre, le regarde dubitatif qu’il lui lance quand elle parle de Wish parle pour lui. « Qu’est-ce que… ? » Bon, il ne finit pas vraiment sa phrase vu qu’elle se lève et vient l’aider à décorer. Il ne fait pas de commentaires, continuant la discussion comme si de rien était. « Des tensions du quotidien. Rien de bien palpitant. » Ou dont elle pourrait se servir en tout cas. « Tu voudrais réellement être médiatrice ? » Là, il arrête d’essayer d’accrocher sa guirlande et il la regarde de longues secondes. « Pourquoi tu voudrais faire ça ? » L’envoyer balader directement n’étant pas la meilleure des stratégies, autant essayer de comprendre son raisonnement.

Dynamite semble soudainement très intéressé par les cheveux d’ange que Yuan laisse trainer au sol, alors que Zelda semble digérer le fait que oui, ce Noël n’est bien organisé que pour elle. Et il laisse filer un silence, guettant sa réaction et surpris de voir les larmes perler au bord de ses yeux. Une inspiration, alors qu’il s’interdit le moindre mouvement, de peur de la braquer. Et finalement, elle bondit contre lui. S’il est surpris, il passe quand même son bras autour d’elle pour la serrer un instant contre lui. Et, quand elle reprend la parole, il a un sourire en réponse. « Je te pensais plus grande. » Pas le temps d’en dire plus qu’elle a déjà quitté les lieux, Dynamite la suivant avec une guirlande dans la gueule. Il en profite pour récupérer un carton plus petit, qu’il pose sur le canapé, alors qu’elle revient avec un paquet mal emballé. « Un paiement ? C’est noté. Et il y a quelque chose pour toi derrière. »

Dans le carton, un polaroïd, les recharges et les piles qu’il a pu trouver lors de ses sorties. Et deux albums. Le premier a déjà quelques photos qu’il a prises en amont. La mère de la jeune femme tenant Dynamite dans ses bras, Kassandra et les autres amis de Zelda. Entre autres choses. Il a même fait l’effort de coller une photo de lui dans le lot. Avec ça, plusieurs carnets et des crayons, des stylos de toutes les couleurs. Il lui laisse le temps de déballer tout ça, avisant les cadeaux qu’elle lui a offerts. Et, s’il a un hochement de tête appréciateur devant le couteau suisse, il se fend d’un rire au reste, alors qu’il a tout de même pris le temps de tout déballer consciencieusement. « Mmmh je sens que j’ai mes nouveaux livres de chevet. » Il se penche pour laisser Dynamite renifler les présents avec curiosité, avant de laisser Zelda découvrir les siens.

- Parce que tu réagis pas !

Zelda est bien obligée de condamner cette passivité. Principalement parce qu'elle l'empêche d'avoir prise sur son interlocuteur. Il est sensé la dissuader de se priver de nourriture, non ? Lui rappeler que ce n'est pas sensé ou même que ça ne servira à rien ! T'es en train d'tester une nouvelle technique ? Un truc inspiré par Zi ? Une méthode qui aurait fait ses preuves dans quelques obscures contrées du monde ? Ou alors, oui, il est tout simplement en train de se foutre de sa gueule. Même s'il lui rappelle qu'il n'est pas sensé avoir d'humour. Bah à force d'traîner avec moi j'ai sûrement un peu déteins sur toi faut croire... rétorque-t-elle, perplexe. P'tit veinard, va ! Bientôt il ponctuera ses phrases par des jurons, comme elle. Et combien de temps encore avant qu'il agite ses majeurs à tout bout de champ, hein ?

Donc en gros, si je résume, t'es un flemmard... Même si dans le fond un arbre en plastique lui convient parfaitement et qu'elle n'a pas envie de l'embêter pour ce qu'il s'est tout de même donné la faire, Zelda n'insiste pas trop sur le sujet. Elle participe même à ce curieux projet festif - non sans tacler Wish au passage ! - puis à envisager sa candidature chez les médiateurs. Yu' a au moins le bon gout de ne pas la dissuader même s'il semble plutôt étonné par cette perspective. Et pourquoi pas ? Ca doit pas être bien compliqué, si ? Si elle est qualifiée pour buter du bigot, elle l'est tout autant pour éduquer des civils. Quant à la raison qui motive ce nouveau délire : Déjà parce que ce job ressemble à la planque du siècle et ensuite, parce que j'ai toute confiance en mes capacités à mettre fin à un conflit ! Elle n'aura qu'à avoir l'air un peu intimidante, faire quelques clefs de bras. Et seulement si la diplomatie ne fonctionne pas évidemment. Pas toi ? demande-t-elle d'un air inquisiteur, sourcils froncés. Et puis il ne voudrait pas l'avoir avec elle un peu plus souvent ?

Et puis quelques minutes plus tard, après une étreinte qui a l'avantage d'être spontanée à défaut d'être vraiment assumée, Zelda remonte dans sa chambre pour chercher le cadeau de ce tuteur auquel elle s'est sans doute trop attachée. Et est gratifiée d'un présent en retour. Fallait pas... répond-t-elle d'abord sagement, avant d'émettre un petit ricanement. Non, j'rigole ! Fallait ! Et l'australienne, évidemment, déchire l'emballage après avoir récupéré son bien. Enfin plutôt ses biens.

L'adolescente observe l'appareil photo avec prudence avant de parcourir l'album. Elle effleure les photos du bout des doigts, se remémore les instants où elles ont été prises et les absents. Un petit sourire éclaire son visage en découvrant le visage de son tuteur sur l'une des pages. Putain, le con... Il veut vraiment la faire chialer aujourd'hui, lui, non ? T'as des livres de chevets ? Toi ? Au final elle ne sait pas trop pourquoi ça l'étonne. Ce n'est pas comme si elle ne s'était jamais infiltrée dans sa chambre non plus. Quoi qu'il en soit il est le premier à terminer de découvrir ses cadeaux alors qu'elle, elle s'intéresse enfin aux cahiers et aux stylos.

Là, pour le coup, elle ne sait pas trop comment le prendre...

C'est... De la merde ? Sympa ! Parce qu'elle n'a pas envie d'être spécialement honnête sur ce coup-là, Zelda se contente de grimacer. Mais si t'as manière à toi d'me dire que j'vais devoir retourner à l'école alors j'te cache pas qu'la suite d'la journée va être vachement moins sympathique... gronde-t-elle. Un peu comme Dyna le fait quand elle cache sa pantoufle préférée. Mais le regard de l'australienne glisse à nouveau sur l'album. Ca, par contre, c'est une très bonne idée ! approuve-t-elle. Il l'a eue toute seule où il est allé demander conseil à quelqu'un du camp ? Qu'importe... Il assure !

Mais maintenant que les cadeaux ont été faits et que les décorations finissent de prendre place sur le - faux - arbre, Zelda éprouve l'impression d'avoir un peu brûlé les étapes de cette journée. Pourquoi tu m'demandes pas si j'ai tué Caleb ? se surprend-t-elle finalement à demander. Peut-être parce que l'instant semble propice. Ou peut-être parce qu'elle a besoin de parler un peu, elle aussi. Tu t'poses la question, non ? L'adolescente marque une pause dans ce qu'elle fait pour poser son regard sur lui. Bien sûr que oui ! Tout le monde se l'est posée à un moment ou à un autre. C'est humain ! Ou c'est la réponse qui t'fait peur ?Mais cette porte qu'elle entrouvre, il n'est pas obligé de la pousser non plus.

Surtout que bon, ce genre de discussions, ça flingue quand même un tout petit peu l'esprit de Noël...