The Walking Dead RPG

Armand avait taché de ne pas le montrer mais le discours du général O'Kane le dérangeait. Des soldats étaient maintenus dans l'inconnu complet du sort de leurs familles. Certains ignoraient la perte des leurs. Pardon ?! Certes l'afro-américain avait réalisé que les communications n'étaient pas excellentes avec le QG mais pour avoir été en poste beaucoup plus loin, il savait que le courrier restait un vecteur fiable. Des convois allaient et venaient régulièrement à Spokane. Il ne voulait pas croire en l'innocence du sexagénaire dans ces silence radio. Ça servait indéniablement un intérêt...

Le sort des frères de David était ainsi dans la même veine. Déportés à Colville - dans quelles conditions ? - l'un des deux était même décédé. Il serra la mâchoire. Comment pouvaient-ils jouer ainsi avec les gens ? Il força un sourire.

- Je vois. Merci de ces précisions.

Le lendemain, Armand bénéficia encore de l'aide du jeune guide pour apprendre à connaître davantage la base. Quelques rencontres. Rien de bien particulier. Quand le jeune homme évoqua l'arrivée prochaine de Djamal, le quadragénaire fit un hochement de tête appréciateur. Il connaissait bien le médecin, pour l'avoir fréquenté à Seattle. Il connaissait ses qualités. Et ses défauts.

- Bien sûr, affirma le Grand Général. Tu connais le Dr Vanhooten, David ? Tu l'as déjà rencontré ? Il lui fit un rapide topo du phénomène. Enfin la version politiquement correcte néanmoins. Il ne le montra pas, mais il se demandait bien ce que le médecin pouvait avoir d'urgent à lui transmettre. Colville... David, je vais essayer d'obtenir des nouvelles de tes proches. Mais je ne le ferai pas sans ton accord. Le veux-tu ? Armand ne lui avait pas révélé les confessions d'O'Kane. Il se demandait cependant à quel point l'adolescent suspectait qu'elles soient mauvaises...

Armand ne s'attendait pas une seconde aux révélations que Djamal s'apprêtaient à lui donner. Il sentit un frisson parcourir sa colonne alors qu'il évoquait la peste à Colville. Le médecin était focalisé par son objectif : remettre les Remnants à leur place et n'évoqua presque pas leur avant-poste. Une ride se dessina sur le front du quadragénaire. Quant à sa proposition...

- Il y a les guerres propres et il y a les guerres sales, déclara le Grand Général. Il lança à son collègue un regard perçant. Presque dur. Te souviens-tu pourquoi l'utilisation des armes chimiques était interdite ? Moi aux commandes, je ne me laisserai jamais aller à ce genre d'écart. Malgré nos efforts, notre espèce reste hautement menacée. Ce n'est pas le moment de prendre le risque de voir cette maladie se répandre partout sans contrôle. D'autant que je travaille sur une autre opération, indiqua-t-il également.

D'autres questions pouvaient se poser, logistiques, mais à quoi bon même les évoquer alors que le concept était contraire aux préceptes humanistes auquel Armand croyait. Sa rancune envers Phelbs n'allait pas jusqu'à vouloir voir les civils de chez elle finir de cette manière. Ainsi que tous les gens extérieurs avec lesquels ils pouvaient communiquer. O'Connell aurait-il pris la même décision ?

- Comment êtes vous certains que votre convoi n'était pas contaminé ? Enchaîna l'afro-américain en fronçant un sourcil. Il se doutait que Vanhooten n'aurait pas eu la négligence de ne pas s'assurer qu'il ne propage pas l'épidémie jusqu'ici... Mais autant le demander. Quelle est la situation exacte à Colville ? Avons-nous les médicaments pour soigner cette maladie ?

Si Armand savait une chose, c’était qu’il ne pouvait effectivement prédire les prochaines actions de Phelbs et des siens. Mais le sale s’envisageait, en effet. La rousse avait prouvé qu'elle se fichait bien de la moralité. L’homme dressa le menton. Il savait que Djamal n’aimait pas être contredit. Qu’il ravalait certainement actuellement sa fierté et le Grand Général plissa légèrement les yeux alors que le médecin ne se laissait pas démonter. Il insistait.

- Je retiens la proposition mais ma réponse est aujourd’hui sans appel, trancha-t-il. Il connaissait aussi l’existence du laboratoire Remnants. Il n’était pas à exclure au passage qu’ils avaient les moyens de se défendre contre une telle attaque. Alors quoi ? Il ne resterait que les dommages collatéraux et leur conscience salie. La sienne, du moins. Il savait qu’ils avaient bien d’autres moyens de mettre les habitants de Bainbridge à terre… Utilisez en priorité votre énergie pour endiguer complètement cette épidémie, Docteur. Et sauver un maximum de vies. Devait-il être plus clair ? Qu’en est-il du référencement là-bas ? A-t-on le moindre contrôle sur les pertes régulières ?

Il posait la question car Vanhooten avait instauré au dispensaire de Providence tout un système de registre pour « ficher » les survivants. Qu’en était-il au sein même de leur communauté ? Il eut une pensée pour Mason.

Colville… S’il devait être très honnête, Armand n’avait aucune foutue idée à l’heure actuelle de ce que cet endroit était réellement. Et encore moins de ce qu’il pouvait devenir… Il secoua négativement la tête. Non, il n’y était jamais allé. Il pinça les lèvres. Il se souvenait évidemment des évènements liés à cette vilaine grippe et à l’impact dans leur bidonville. Il devait imaginer des similitudes… Mais effectivement, ce n’était pas davantage de son autorité aujourd’hui. Il serra la mâchoire. Plus que jamais, il avait cette sensation que le temps lui était compté ! Il devait agir… vite !

- Je comprends… J’espère que vous saurez éviter là-bas une situation désastreuse… Tu y retournes, je suppose ? Bientôt ?

Les deux hommes poursuivirent un temps leur échange. Ils auraient l’occasion de se revoir rapidement encore, ici. Finalement cette entrevue n’apportait rien au quadragénaire. Si ce n’était une pression supplémentaire.

- Les nouvelles générales de Colville ne sont pas bonnes, déclara-t-il, plus tard au jeune garçon, qui pouvait le voir préoccupé. Il ne se confia pas davantage. Il ouvrait toutefois la porte chez l'adolescent à l’inquiétude…

Les jours s’écoulèrent encore. Armand aborda progressivement toutes les troupes de Spokane, par groupe. Il annonça les permissions, affirmant que d’autres suivraient. Il commença également à recevoir tous les Trônes en entretien individuel. Son objectif restait de sonder les états d’esprit, les véritables motivations de chacun. Il allait constituer une équipe pour sensément s’en prendre aux Remnants, oui, mais selon des critères bien à lui. D’une certaine façon, les choses prenaient forme.

Au milieu de tout ceci, il demanda toutefois un beau matin, à David :

- J’aimerais me rendre au centre de détention. Je n’ai pas encore eu l’occasion de le visiter… Et d’évaluer le profil des gens qui y étaient enfermés…