The Walking Dead RPG

J’ai un bref hochement de tête aux paroles de Tasya. « J’en ai entendu parler oui. » Et, quand elle évoque Elliot, j’ai un soupir silencieux. « Je vais faire au mieux. Mais je ne connais pas encore beaucoup de monde ici. » Avoir un réseau aide tout autant à la survie que la volonté, la hargne même de s’accrocher. De rester debout alors qu’ils veulent tout faire pour nous mettre un genou à terre. Je suis admiratif devant ceux qui tiennent depuis de longs mois alors que moi, ça ne fait même pas deux mois que je suis là. Enfin, ça va faire deux mois. Je crois. J’ai un froncement de sourcils, alors que mes pensées sont interrompues par le changement de musique.

Ca, je connais aussi. Pour avoir entendu Jude la chantonner il y a deux jours à peine. Et, si l’air se fait bien plus entrainant, l’atmosphère semble quant à elle se figer. J’entends l’évêque vociférer des ordres et je me fige un instant, incapable de savoir comment réagir. « Je sais… » Réponse laconique aux murmures de Tasya alors que je fais un signe de la tête à Riley pour qu’il reste loin de la scène. Parce que ce n’est bien évidemment pas ce que fait la mexicaine. L’espace d’une seconde, j’ai un élan de compassion à l’attention de Min-Oh qui devait gérer mes élans d’empathie. Avant de me focaliser aussi sec sur ce qui se passe.

Je fais quelques pas, attrapant son bras, mon regard rivé un instant en direction des musiciens, alors que j’essaie de leur intimer silencieusement d’arrêter, avant de souffler, profitant de toutes ces années de chant pour faire porter ma voix autant que possible. « Ne faites pas attention à elle. Elle est enceinte et trop sensible. » Une inspiration infime avant de continuer, en direction des deux évêques. « Et je vous en prie, soyez indulgents envers ces hommes qui n’ont pas encore trouvé le chemin que vous voulez leur montrer. » C’est probablement stupide de tenter de les raisonner. Surement même. Mais je ne pouvais pas juste baisser les yeux et garder le silence.

Je tire alors le bras de Tasya pour l’entrainer plus loin, espérant qu’elle n’insistera pas plus que ce qu’elle n’a déjà fait.

Spoiler:

Alors que je boitille vers Mason et Tasya, avec l’aide de Riley, la mélodie des musiciens change soudainement. Si je ne connais pas cette musique, il semble que les Évêques eux la haïssent au point de menacer les musiciens qui ne s’arrêtent pas pour autant de jouer. Il faut être idiot pour ne pas comprendre qu’ils sont en train de les défier, sans doute en jouant quelque chose d’interdit !

Bien malgré moi, je m’accroche un peu plus au bras de Riley. Les battements de mon cœur s’accélèrent et la peur me tord l’estomac. Est-ce qu’ils vont s’arrêter ou vont accepter d’être tués ?

C’est une voix que je connais trop bien qui s’insurge contre la situation. Je tourne vivement la tête en direction de Tasya, les yeux écarquillés par la surprise. Si je suis entièrement d’accord avec elle, ici nous ne pouvons pas parler, nous opposer, essayer d’aider. Déjà Mason l’excuse en mettant ça sur les hormones… Puis, il tente à son tour de sauver les musiciens.

J’arrive enfin à leur hauteur et déjà, les larmes emplissent doucement mes yeux.

- Ils choisissent de continuer. Que je leur souffle tout simplement, même si ça m'écorche la bouche, même si ça me brise le coeur.

Je n’ai pas envie de voir un massacre, pas plus qu’eux, mais… Les musiciens choisissent de ne pas s’arrêter malgré le canon des armes qui se lèvent dans leurs directions, malgré qu’ils ont conscience qu’ils seront exécutés ou pire, torturés.

J’aurais été la première à les défendre, avant… Peut-être que je retrouverai la force de le faire, le courage ? J’aimerais me dire que oui. Cependant, je suis brisée. J’ai peur de mourir. Peur de subir d’autres mauvais traitements, peur de servir aux hommes… J’ai déjà du mal à tenir debout. Les plâtres, le marquage et la fièvre qui est revenue. Je sens la sueur sur mon front, même si je frissonne de froid… de peur.

J’ai le regard suppliant. Je ne veux pas qu’il leur arrive quelque chose, pas à Tasya et Mason. Ils sont… les phares de ma nuit noire. La seule raison qui fait que je ne me recroqueville pas dans un coin pour me laisser mourir.

Spoiler:

Freedom

IN MY HEAD

A SOUL ON FIRE AND A WILL TO LIVE

La musique résonne et je reste là, à fixer les musiciens. Qu’est ce que tout cela peut bien annoncer ? Je l’ignore et je n’ai pas tellement envie de le savoir à vrai dire. D’ailleurs, je me remets en marche, craignant d’être en retard à mon poste. Mais bientôt, le silence se fait. Je ne le perçois pas vraiment, ayant tourné le dos à la scène, prête à partir. Ce n’est que lorsque la musique reprend que je fais volte-face.

Haussant un sourcil, je scrute l’orchestre à nouveau ; comprenant bien vite ce qu’il se passe. Autour de moi des murmures se font entendre alors que les gardes clament les premiers avertissements. Bientôt, une arme est pointée en direction des musiciens ; à sa vue, je sens mon rythme cardiaque s’accélérer. L’inquiétude et la peur reviennent, brusquement, me rappelant les traumatismes subis depuis des mois. Mais je prends sur moi pour ne rien montrer.

Et si certains disgraciés se font entendre, je reste impassible face au sort de ces hommes. S’ils veulent se faire tuer, c’est leur problème, pas le mien. Prête à m’éloigner de tout cela, j’entends finalement une femme intervenir, pour les supplier de ne pas tirer. Je tourne machinalement la tête remarquant qu’un homme l’attrape déjà par le bras. J’observe la scène interloquée. Mais pourquoi est-ce qu’elle fait ça ? Pourquoi se met-elle en danger ?

L’homme tente d’expliquer son comportement avant de demander aux soldats d’être indulgents. Je soupire légèrement alors qu’il tient toujours son bras pour l’éloigner. Quand ils s’arrêtent près de moi, je ne peux pas m’empêcher, je leur souffle à voix basse, pour ne pas attirer l’attention sur moi. « Vous croyez vraiment qu’ils vont vous écouter ? » Je regarde la brune avec un regard dur avant de détourner les yeux vers l’homme qui l’accompagne « Vous devriez emmener cette pauvre idiote plus loin. Il ne faut pas rester là. » Que j’ajoute, toujours dans un murmure, sans prendre de pincettes pour autant. Je ne me sens pas en sécurité dans cette foule, surtout avec des gardes prêts à tirer à quelques mètres de là.

Mason la tire par le bras et elle se laisse faire, mais tandis qu'il prend la parole, le regard de Tasya passe des gardes à son ami. Enceinte ? Trop sensible ? Non, ce n'est pas ça, c'est eux le soucis, pas elle ! Ils ne peuvent pas tuer ces hommes ! Il y eu trop d'horreurs depuis qu'ils sont là, ne s'en rendent-ils pas compte ? Il faut qu'ils arrêtent. Ce sont des hommes et des femmes devant eux ! Des êtres humains ! Ils ne peuvent pas les tuer de sang froid ! Et pourtant, elle garde le silence. Elle a conscience qu'elle est trop bouleversée pour avoir une analyse réfléchie de la situation et elle a entièrement confiance en Mason pour savoir comment réagir.

Ses yeux croisent alors ceux d'un musicien qui esquisse un sourire puis a un hochement de la tête à son intention. Il est résigné et il n'arrête pas de jouer malgré la menace. Les mots d'Elliot arrivent alors à ses oreilles : Ils ont choisi de mourir. « Non... » souffle-t-elle dans un sanglot. Une autre femme arrive et la traite d'idiote. « Je... » commence-t-elle sans pouvoir continuer. La mexicaine se sent confuse, tiraillée entre l'horreur de la situation et les paroles de ses amis. Lorsque la première détonation déchire les airs, elle a un hoquet de surprise. Ses pupilles se posent sur le corps au sol dont le crâne baigne déjà dans une mare de sang. Et ce premier meurtre n'arrête pas ses coéquipiers. Ils savent qu'ils vont mourir et pourtant, ils défient New Eden jusqu'à la fin. La scène a quelque chose d'irréaliste, d'horrifiant.

Ses yeux s'écarquillent face à l'horreur de la situation et elle est incapable de réagir. La foule fredonne déjà l'air des musiciens. Un peu partout, les voix s'élèvent, à l'unisson, en soutien envers ceux qui ont perdu la vie. Un des gardes s'avance jusqu'à elle et l'attrape par le poignet pour la secouer en lui demandant son nom. Elle se débat légèrement plus par un réflexe de défense que pour véritablement lui échapper. « Tasya, je m'appelle Tasya ! » souffle-t-elle.

Ca ne pouvait pas se passer autrement. Je le sais pourtant. Ne pas les tuer n’aurait pas été pour eux une preuve d’indulgence mais plutôt de faiblesse de la part de ces deux hommes qui se disent porter la parole de Dieu. Heureusement, Tasya se laisse faire quand je commence à l’éloigner, c’est tout ce que je peux faire dans l’immédiat. Et quand la brune qui me semblait familière s’approche de moi, j’ai un froncement de sourcils à sa remarque. « Ils ne m’écouteront pas. Pour autant, est-ce que ça doit nous empêcher d’essayer de nous faire entendre ? » Parce que c’est exactement ce que sont en train de faire ces musiciens. Ce qui va causer leur mort. Mais ils ont choisi la façon dont ils partent et je ne peux pas m’empêcher d’être impressionné de leur sang-froid, de cette lueur décidée qui brille toujours dans leurs yeux, malgré tout ce qu’ils ont dû subir ici.

Et le premier coup de feu retentit, puis un autre. Je refuse de détourner les yeux. J’essaie de capter leur regard avant qu’ils ne tombent, pour qu’ils aient au moins un visage amical, qui leur sourit tant bien que mal. J’entends alors les hurlements de l’évêque qui n’a visiblement rien raté de notre intervention. Un bref soupir, alors qu’un soldat s’approche de nous. Celui qui a hésité à tirer. Il attrape le poignet de Tasya et il ne faut que quelques secondes à la mexicaine pour lui donner son prénom. Je réprime un soupir, me contentant de secouer brièvement la tête quand je relève les yeux et que je vois Riley se rapprocher. Qu’ils restent le plus loin possible, qu’on ne les associe pas avec nous, surtout Elliot qui n’est pas du tout en forme.

Je reporte mon attention sur le garde qui me regarde et qui attend que je lui réponde. « Mason. » Et je le fixe encore, pour bien retenir son visage. Une petite hésitation, ce n’est pas grand-chose en vérité, mais ça pourrait peut-être, un jour, faire basculer les choses. C’est quand il s’éloigne que je tilte enfin sur ce qui a rendu l’évêque furieux. Tout autour de nous, les gens reprennent cette mélodie. Et je passe un bras autour de l’épaule de Tasya, reprenant la mélodie à mon tour. Nous allons avoir tous les deux des problèmes, je le sais bien. Mais il y a toujours des gens pour se battre, même ici, aux portes de l’enfer, malgré les morts.

Ma remarque ne passe pas inaperçue. Et si je ferme le clapet de la brune, l’homme ne se gêne pas pour me rétorquer de nouvelles bêtises. Mon regard sombre ne quitte pas le sien alors qu’un petit sourire en coin se dessine sur mes lèvres. Un rictus méprisant que je ne cherche pas à cacher. Et une nouvelle fois, le ton de ma voix n’est nullement amical. « Je vous souhaite bien du courage alors. Si vous êtes aussi stupide pour le croire. Libre à vous. » Y’en a pas un pour rattraper l’autre, visiblement. Mon regard croise également celui d’une autre femme, près d’eux. Elle a l’air terrifiée.

Puis brusquement, une première détonation retentit. Je sursaute avant de me tourner vers les musiciens. Un deuxième coup de feu résonne, puis encore un autre, jusqu’à ce que le dernier homme s’effondre. Figée, je n’ose pas bouger, craignant être prise pour cible à mon tour. Une peur irascible, incontrôlable ; résultat de ces longs mois traumatisants passés ici. Cela ne s’arrange pas quand le garde interpelle les deux inconnus, pour leur demander leur nom. Ne pas attirer l’attention, me faire oublier… Je baisse la tête avant de m’éloigner tandis que les deux autres s’exécutent sans broncher. Je préfère ne pas rester, ces deux là ont l’air de vouloir chercher les ennuis. Ils ne feront pas long feu ici s’ils essaient de se faire entendre…

La fermer, faire ce que l’on me dit, j’ai fini par me plier à tout ça. Travailler dur pour essayer de me racheter, c’est ce que l’on attend de moi ici. Si ces idiots veulent se faire tuer, c’est leur problème. Je préfère partir avant que les choses dégénèrent. En passant près des corps sans vie, je relève pourtant la tête. Le spectacle est terrifiant, je sens un frisson me parcourir. Puis, un détail attire mon attention. L’un des corps bouge légèrement, l’un des hommes semble tressaillir. Il est pris de soubresauts, ayant visiblement du mal à respirer. Mon regard s’y attarde quelques secondes avant de s’en détourner sans la moindre émotion. Je continue ma route, le laissant à son triste sort…