The Walking Dead RPG

Les détonations retentissent les unes après les autres. Je n’arrive pas à détourner le regard. Les yeux grands écarquillés, je suis sous le choc devant une telle violence, une telle finalité. Oh, je sais très bien de quoi ils sont capables, mais d’en être témoin est une tout autre chose. De voir qu’ils ont si peu de respect pour la vie, de voir à quel point nous ne sommes absolument rien à leurs yeux.

Je n’arriverai jamais à comprendre. Jamais.

Les sons tout autour de moi me semblent si lointains d’un coup. Je me sens si… vide. Riley me retient sur mes pieds, mais je crois que sans lui… J’ai une bouffée de chaleur d’un coup. Je ne me sens vraiment pas bien. Mason et Tasya n’ont qu’un regard pour moi, avant que des gardes ne viennent vers eux. J’ai un peu de mal à me concentrer, je crois que la fièvre revient. Mon épaule me fait un mal de chien et je crois que ça s’est infecté… Je ne pensais pas que ça me mettrait dans un tel état, à moins que ce soit l’émotion ? Le choc ? Je me sens tellement faible, ça me dégoute. Trop sensible, trop naïve, trop… enfant.

Les gens se mettent à fredonner l’air que les musiciens jouaient et… ça me terrifie autant que ça me redonne espoir. Les gens ne sont pas complètement brisés. C’est possible de ne pas être complètement brisé !

J’ai la tête qui tourne et je dois m’accrocher un peu mieux à l’ami de Mason.

- Hey, est-ce que ça va ?

- Riley ? Est-ce que tu pourrais m’aider jusqu’au Dispensaire ? J’ai une toute petite voix, la gorge serrée par l’émotion.

J’aimerais être plus forte… mais il faut regarder la vérité en face. C’est dangereux de m’entêter, dangereux de vouloir faire la fière, dangereux de ne pas écouter mon corps. Est-ce qu’on me laissera me faire soigner ? Est-ce qu’on me renverra de force au travail ? Je n’en ai pas la moindre idée. J’ai peur de m’effondrer, peur de faire des erreurs qui me vaudraient une rouste… Oui, il vaut mieux aller au dispensaire…

Freedom

IN MY HEAD

A SOUL ON FIRE AND A WILL TO LIVE

Tasya veille depuis plusieurs heures déjà. Elle tente de lutter contre la somnolence qui menace de l'emporter. Elle est fatiguée et elle se doute que ce n'est que le début. Sa seule consolation c'est qu'ici, elle est loin d'Alec. La brune a isolé deux dortoirs. Dans le premier, les malades sont faiblement atteints : souvent une petite fièvre, un peu de toux. Dans le deuxième où elle est actuellement, les patients sont plus sévèrement touchés. Ils ont beaucoup de fièvre, de la toux importante. Régulièrement d'ailleurs, elle se lève et s'assure que tous les patients vont bien. La mexicaine déambule entre les allers de lits, passe une main sur un front pour s'assurer que la fièvre n'est pas trop élevée, aide un autre à boire un peu de soupe ou rassure par quelques mots un malade inquiet.

Son attention est attirée par du mouvement un peu plus loin. Alicia, une des jeunes patientes, semble requérir sa présence. Tasya enroule un foulard autour de son nez et de sa bouche et se rapproche. « Les autres malades..  Ils les ont emmené se faire soigner ailleurs ? » demande la patiente d'une petite voix tandis qu'une nouvelle quinte de toux la secoue. Tasya sent son ventre se nouer. Elle passe un lange mouillé sur le front de la jeune femme pour tenter de faire diminuer la fièvre. Sa main descend le long de son cou, puis dans sa nuque. L'eau est actuellement le seul moyen de lutter contre les états fébriles. Inutile de leur proposer de se déshabiller davantage vu les températures fraîches. « Je ne sais pas » souffle-t-elle. Oh si, elle sait mais la vérité est trop cruelle. Les autres malades, ceux dont l'état est jugé trop sérieux ne sont pas soignés mais probablement tués. Tasya fait donc absolument tout ce qu'elle peut pour lutter contre l'épidémie mais elle a l'impression de se battre dans de la semoule. Les disgraciés sont trop affaiblis pour lutter contre la contagion. Ils tombent malade les uns après les autres. « Essaye de boire beaucoup d'eau, c'est important pour faire diminuer la fièvre. » conseille-t-elle en venant ramener le verre d'eau aux lèvres de la jeune femme. Cette dernière boit quelques gorgées avant de se laisser retomber sur le matelas, épuisée.

La mexicaine s'éloigne et comme à chaque contact avec un patient, elle se lave consciencieusement les mains à l'eau et au savon. Il ne faut pas qu'elle tombe malade elle aussi. Elle fait son maximum pour se protéger. « Excusez-moi » Elle tente d'aborder le garde posté à l'entrée.  « Il nous faudrait d'avantages de moyens pour endiguer l'épidémie : des médicaments, des vrais médecins.. » Après tout, elle n'est qu'infirmière, pas vraiment qualifiée pour poser un diagnostique. Elle a déjà demandé plus de moyens et se doute qu'une fois de plus, sa requête sera vaine.

« Allez, bouge ton cul, on a pas toute la soirée ! » Je laisse filer un grognement, alors que j’ai du mal à émerger et à me remettre les idées en place. Le cliquetis de l’arme a nettement plus d’effet sur moi et j’ai un soupir, alors que je me relève tant bien que mal. Sans un mot, Riley me tend une paire de chaussettes supplémentaires. Quelques mains sortent des couvertures en silence, que je serre en passant, essayant de garder la tête droite et de ne pas imaginer le pire. Autant dire que c’est… compliqué.

Une dizaine de minutes de marche et me voilà comme projeté quelques jours en arrière. Là où les musiciens ont été exécutés. J’entends des grognements et je me crispe, le cœur serré, fermant les yeux quelques instants pendant que je prononce une prière silencieuse avant qu’on ne me pousse de nouveau dans le dos. C’est là que je remarque la silhouette de la femme qui nous a parlé l’autre jour. Un froncement de sourcils avant qu’on ne nous balance deux pelles à nos pieds et qu’on nous désigne la brouette. « C’est l’heure de faire un peu de ménage les gonzesses ! » Un sourire mauvais qui se dessine sur le visage de l’un des deux gardes alors que l’autre reste stoïque. C’est à peine s’il nous jette un regard alors qu’il souffle d'un ton neutre, désignant un endroit plus loin, de l'autre côté du grillage. « Vous devez aller les enterrer là-bas. Avec les autres. » « Sauf s’ils vous bouffent avant ! » Soufflé avec un rire de la part du premier garde qui ouvre le grillage pour nous nous pousser de l’autre côté. « Deux contre un qu’ils sont morts dans moins de cinq minutes. » L’autre se contente de toussoter alors qu’il nous tend les pelles, qu’il fait rouler la brouette et qu’il referme derrière nous.

Une brève inspiration alors que je me penche pour ramasser les deux pelles. Je tends celle qui est intacte à la jeune femme. « Je m’appelle Mason. Je ne sais pas si tu sais t'occuper de ces choses ou non. Si ce n’est pas le cas, c’est le moment d’apprendre. Le tranchant de la pelle devrait suffire. » Un sourire sans joie alors que je serre le manche de la pelle et que je fais craquer ma nuque avant de m’approcher du premier dont les dents claquent d’office à quelques centimètres à peine de ma jambe. Je n’ai qu’une brève hésitation alors que le tranchant de la pelle s’enfonce dans son crâne et que je chantonne l’air qui a valu leur mort. Une façon comme une autre de prier pour le salut de leur âme. Et je continue comme ça, agissant plus par réflexe qu’autre chose, alors que je me déplace dans une obscurité entrecoupée de la lumière crue des spots qui tournent vers nous. Quelques minutes me sont nécessaires pour en mettre trois au sol. Et je souffle, en direction de la jeune femme. « Le dernier est derrière toi. » Après, il faudra les mettre sur la brouette. Mais je préfère m’assurer que le dernier est bien tombé.

Et je relève la tête en direction des deux gardes. Sans surprise, celui qui pariait pour notre mort n’est plus du tout en train de rire. Et une petite part de moi aimerait vraiment beaucoup qu’il soit à portée de pelle. Part que je chasse tant bien que mal, refusant de me laisser envahir par ce sentiment de haine qui flotte tout autour de moi.

Spoiler:

Une fois de plus, le réveil est brutal. Je suis extirpée de mon lit avant même de comprendre ce qu’il se passe. Pas le temps de passer un vêtement plus chaud, ni même des chaussures ; seuls un pantalon et un pull fin recouvrent ma silhouette squelettique. Une fois dehors, le froid brûle ma peau mais la cadence qu’ils m’obligent à prendre me réchauffe un peu. Pas suffisamment pour que mes pieds ne souffrent pas…

Après plusieurs minutes de marche, ils s’arrêtent. Je scrute les environs, reconnaissant l’endroit. Il me faut un instant pour me remémorer les musiciens, les tirs et les corps sans vie. En plus des gardes, je remarque la présence d’un homme. Une fois encore, je mets un moment avant de me rappeler qu’il était là, l’autre jour. Je me souviens lui avoir parlé. Des râles se font entendre, quelque part dans l’obscurité. Depuis combien de temps ne les ai-je pas entendus ? L’amusement de nos geôliers me fait comprendre ce qu’il nous attend.

J’attrape finalement la pelle que l’inconnu me tend. Je reste sur la défensive, préférant rester silencieuse. L’homme se présente puis il me dit comment je dois m’y prendre pour tuer les rôdeurs. Vraiment ? « J’vivais à l’extérieur. Tu peux garder tes conseils. » Je ne prends même pas la peine de me présenter. A quoi bon ? Demain j’aurais très certainement oublié son nom. Et Je n’en ai rien à foutre, franchement. Je le laisse commencer, alors que les monstres approchent. Je ne bouge pas, peut-être que je devrais le laisser se débrouiller. Mais cela n’est pas au goût des gardes qui me somment d’aller m’occuper du dernier mort.

Prenant le manche de la pelle des deux mains, je m’approche de la créature. Je n’y fais pas vraiment attention, mais il s’agit de l’homme qui agonisait l’autre fois. Cela ne me touche pas. Bloquant son avancée avant le manche, je le repousse violemment avant de lui envoyer un coup sec avec le plat de la pelle, dans la tête. Chancelant, le monstre finit par s’étaler dans la boue. Là, sans lui laisser une chance de se relever, mes mains se cramponnent à mon arme que je soulève avant de venir frapper le mort d’un coup sec et précis au niveau du crâne.  

Une fois débarrassée de la créature, je l’attrape par les bras pour la traîner jusqu’à la brouette. Voyant que l’autre ne bouge pas, je lui souffle « Tu comptes rester planté là à m’regarder faire le sale boulot ? »

La fièvre est enfin tombée et on me dit que l’infection est en bonne voie de se résorbée. Ma brûlure est encore très douloureuse et juste l’air ambiant me fait frémir de douleur, mais au moins, je ne risque plus la mort par septicémie. On m’a aussi retiré mon plâtre à mon bras. On ne m’a donné aucune explication, mais je suppose que c’est plus long à guérir pour mon tibia. Ce n’est pas idiot sachant que c’est un os porteur… Il vaut mieux donc que je me rende rapidement utile, avant qu’on ne décide de me le retirer trop rapidement. J’ai besoin que ça guérisse au mieux. J’en ai besoin.

J’entends la voix de Tasya ailleurs dans le dispensaire délabré. Les gens sont malades, il y a une épidémie et comme beaucoup, je suis nerveuse d’attraper quelque chose. Je ne peux pas partir comme ça par contre, pas en sachant que mon amie est ici. Je la cherche donc et la repère un peu plus loin, à demander plus de matériel et des médecins. Je crois qu’en d’autres circonstances, ça m’aurait fait sourire. Elle n’abandonnera jamais cette empathie d’aider les autres, sauf qu’ici, c’est… dangereux.

Le cœur serré, je boitille jusqu’à elle, lui faisant un signe de main pour m’annoncer. C’est que j’ai pu colorer mes cheveux hier dans la nuit. Je me suis privé de deux jours de rations pour ça, mais j’ai l’impression que comme ça au moins, je me fonds plus facilement dans la masse, que j’attire moins l’attention qu’avec mes cheveux blonds.

- Tas ! Est-ce que… est-ce que je peux aider ? Je me retourne vers le garde pour essayer déjà de mitiger les choses. Un médecin s’y connaitrait mieux. On pourrait retourner au travail plus rapidement. Que je tente de plaider en baissant le regard.

Si je mets l’emphase sur l’esclavagisme dont nous sommes victimes, peut-être que la demande de Tasya passera mieux ? Peut-être qu’on ne lui fera pas de mal parce qu’elle a bon cœur et qu’elle parle pour ceux qui restent silencieux ? Je ne veux pas la perdre, il faut que je tente.

Freedom

IN MY HEAD

A SOUL ON FIRE AND A WILL TO LIVE

Elliot arrive et sa présence apporte un peu de baume au cœur à la mexicaine. Elle est soulagée de voir son amie debout, et non plus en proie à la fièvre ou à la souffrance. Que peut-elle faire ? La brune n'en sait pas plus. Sans moyen supplémentaire, leur champ d'action est limité. La jeune femme tente elle aussi d'amadouer le soldat mais peine perdu. Tasya finit par se détourner du garde, découragée. « J'ai déjà essayé » soupire-t-elle en entrainant Elliot un peu plus loin. « Nous n'aurons rien de plus hormis de l'eau et du savon... C'est... Je me sens tellement impuissante. L'épidémie progresse et il n'y a rien pour l'arrêter. » C'est décourageant.

Elle s'assoit et se passe une main dans la nuque. Tout ça la fatigue. Ils sont considérés comme des moins que rien, c'est encore pire qu'à Walla Walla et jamais elle n'aurait pensé que ce soit possible. « Tu ne devrais pas rester là, ils sont tous contagieux. » murmure-t-elle à son amie. Elle, c'est son travail... Elle a la chance d'échapper au travail dans les champs et dans la mine, mais en contrepartie, elle doit se rendre utile ici. Avec sa grossesse de toute manière, le boulot en dehors du bidonville serait trop difficile. Alors elle bosse au dispensaire et tente d'apporter le plus de soutien et de bienveillance aux patients. Elle leur doit au moins ça.

Soudain, elle s'arrête et se tend. Tasya est certaine d'avoir entendu un petit éclat de voix qui disait "qu'est-ce que tu fais là ?! Eh ! Reviens ici !" Elle regarde son amie « Tu as entendu ? » Elle a beau dresser l'oreille, elle n'entend rien de plus. « Je vais voir » affirme-t-elle avant de se lever pour sortir du dortoir. Pourquoi ? Elle n'en a aucune idée. Encore une fois, elle se laisse un peu trop porter par ses émotions. Quelqu'un a peut être besoin d'aide !