Maelys avait soupiré de soulagement en voyant l’Épouse qui s’était jointe à elles toutes s’avancer et demander à ce qu’on leur ouvre la voie, gageant de leur honnêteté. Et se soumettre à une fouille ? Un désagrément, certes, mais mineur. Pourvu que personne n’ait prévu d’agir ou de perturber tout ça… Si une des femmes ici présentes avait sur elle le moindre objet illicite… Que se passerait-il ? Si l’une d’elle refusait de se soumettre à la fouille s’en prendrait-on à elle ? Prendrait-on note de son identité, pour l’interroger plus tard ? L’adolescente s’inquiétait mais se pliait, de même que Mia, à la fouille, n’ayant rien à cacher. Elle avait hésité à se diriger vers le père de Mia pour qu’il la fasse elle-même, mais on l’avait interpellée avant cela. Une fois parvenue dans le premier district, elle se retint difficilement de regarder de tous côtés, comme si elle s’attendait à tomber sur des atrocités : des têtes sur des piques, des hommes qui s’attaquaient à d’autres hommes ou à des femmes. Tout cela lui semblait presque trop… normal. Est-ce que cela changeait quelque chose pour autant ? L’adolescente était perdue, mais elle était convaincue d’une chose : ces gens imposaient des choses qui n’avaient pas lieu d’être. Est-ce qu’une marche comme celle-ci suffirait pour autant ? Ils avaient écrasé les gens qui s’opposaient à eux, jusqu’à présent. Et si rien n’était fait… Mia épouserait un homme écœurant. Peut-être que Maelys elle-même serait la prochaine. Ou Lynn – ou sa propre mère, si River ne rentrait pas. Secouant la tête pour se sortir ça de la tête pour le moment, elle serra la main de sa plus proche amie ici et se remit à chanter, en murmurant les paroles qu’elle ne connaissait pas.
En son fort intérieur, l’israélienne tremble un peu. Pour autant, extérieurement, elle s’oblige à ne montrer que douceur et résilience. Elle craint les débordements qui peuvent découler de cette marche, elle craint le zèle des miliciens et des gardes qui se tiennent devant l’entrée de la zone blanche. Elle n’ose pas la scruter, mais elle craint aussi cette foule qui pourrait les faire tous basculer. Mais aucun débordement ne survient. Au lieu de ça, c’est Madame Ortega qui s’avance de bonne foi et qui de quelques paroles apaisantes et une attitude volontaire, leur permet de passer dans le quartier désiré. La fouille ? Elle sonne presque comme un soulagement aux yeux d’Ela qui s’y soumet sans mot dire. Ceux qui s’y refusent resteront dehors, mais les innocents passent et l’israélienne en fait partie.
Et c’est un soulagement. Un soulagement alors que chacun d’entre eux donne de leur voix pour se faire entendre, pour faire entendre leurs chants et leur soutien aux familles des victimes des violences de ces dernières semaines. L’Adonaï tombera - un jour. C’est ce qu’elle se dit quand son regard se pose sur cette maison protégée. Elle s’y emploiera, elle aidera cette rébellion qui, depuis ses pertes, commence à penser autrement - plus posément peut-être ? Elle sait que certains pions se mettent en place, et elle compte bien en être un et participer de son mieux.
Et qu’en pense tous ces gens ? Ici ? Tous ces privilégiés qui évoluent dans une sphère pour certains ; inatteignable ? A dire vrai, elle n’en sait rien. Et si elle joue le jeu de l’épouse effacée depuis son arrivée, l’israélienne voit dans le dénouement de cette marche pacifique … Une opportunité. Peut-être. Dans tous les cas, ils n’étaient pas si seuls qu’ils le pensent à vouloir que les choses changent. Et même quelques visages de la zone blanche se tournent vers ce cortège pacifique. Plus pour leur sourire que pour les mépriser. Et peut-être, peut-être alors qu’un espoir est permis. Alors elle chante encore un peu plus fort.
If I could start again, A million miles away I would keep myself, I would find a way.
Le grand brun, mêlé dans la foule, se contentait surtout d'observer ce qu'il se passait. Il était venu pour apporter son soutien, que ce soit pour porter la parole et l'opinion, mais également en soutien d'un potentiel dérapage. Et pour le moment, et à sa grande surprise, il n'y avait toujours rien. Tant mieux. Mais il restait vigilant, car tout pouvait dégénérer d'une seconde à l'autre. Lorsque des voix s'élevèrent pour chanter, il décida de joindre sa voix à celle des autres. Mais ne connaissant pas très bien la chanson, il bredouillait plus indistinctement les paroles. Bon, c'était légèrement ridicule, avons-le.
Le marche avançait, tant bien que mal. Et les femmes des premiers rangs avaient réussi à les convaincre d'avancer. A les convaincre que, cette fois, cette marche serait tout bonnement pacifique. C'était un soulagement, un vrai. S'en était assez de toute cette répression, des arrestations, et autres formes de violences. Beaucoup de personnes avaient déjà souffert des précédents événements. Là, pour atteindre la dernière ligne droite, le grand brun n'eut d'autre choix que d'être fouillé. Bien évidemment, il se laissa faire, et montra le contenu de son sac. Il n'avait rien qui puisse porter préjudice à qui que ce soit. Au contraire, si quelqu'un se trouvait mal dans la foule, un peu d'eau ne ferait pas de mal.
Il avait réussi à passer, comme plein d'autres, et à entrer dans la zone blanche. Cette zone remplie d'œillères, où les gens n'avaient besoin de se soucier des autres, vu qu'ils vivaient au mieux. Et ici, comme il y avait plus de miliciens et de soldats, Kerwan les regarda chacun, un par un, et essayant de se souvenir un maximum de leur visage. Il s'était juré de rendre la pareille à celui qui avait retiré l'œil de Phoebe.
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CASIER DE SURVIVANT
Sujet: Re: Jean 15:13 Mar 7 Mar 2023 - 18:25
Sans hésiter, je suis Selina et Daisy, me plaçant à leurs côtés, un peu en retrait, quand Selina reprend la parole, puisant dans le pouvoir que la place de son mari lui donne. Si elle n’est qu’une femme, elle n’en reste pas moins la seule et unique Epouse du général Ortega, et je ne connais pas grand-monde qui oserait tenir tête à cet homme. Ce que se charge de rappeler poliment Daisy, qui est sans doute moins en odeur de Sainteté, mais qui n’en demeure pas moins Epouse elle-même pour le moment. Sans parler de l’aura de sagesse et d’autorité que dame Selina Ortega dégage elle-même.
Hochant la tête, le regard braqué sur le lieutenant, j’écarte les bras en signe de bonne foi. Aucun débordement, ni abus. Aucune violence ni vandalisme. Cette marche n’a pour but que de montrer notre soutien et notre bienveillance envers chacun. Tenir tête sans provoquer ni désobéir. Pas vraiment en tout cas. N’est-ce pas là la plus belle victoire que nous pourrions avoir ? Gagner grâce à la solidarité et à la confiance ? Oh, je ne suis pas naïve, il faudra bien plus pour renverser le pouvoir, je ne suis pas idiote au point de croire que cela se fera sans heurt ni violence.
Mais nous sommes là. Cela reste une victoire que d’entrer dans le premier district de la sorte. Petite, mais significative. La population nous suit, ce n’est pas qu’une poignée de gens mécontents, ce ne sont pas que des femmes insatisfaites. Et la population sait que nous sommes là pour eux, si le gouvernement lui ne l’est pas. Ensemble, nous pouvons y arriver. Nous pouvons trouver une nouvelle voie.
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CASIER DE SURVIVANT
Sujet: Re: Jean 15:13 Mer 8 Mar 2023 - 16:31
Aussi étonnant et surprenant que cela puisse paraitre aux yeux d’Elijah, il n’y a aucun débordement. La marche vendue comme pacifiste le reste jusqu’au bout, et ce même en faisant face à des soldats peu enclins à laisser passer cette foule. Néanmoins, les propos des femmes qui s’avancent une à une semblent faire changer d’avis ce commandant, pourtant si prompte à les voir déguerpir quelques instants plus tôt. Pour quelles raisons exactement, difficile de le savoir, mais il est certain qu’éviter de nouvelles violences inutiles fait partie du lot… Toujours est-il que la voie se dégage, les laissant passer, à condition que tous se plient à une fouille.
Une grande majorité des personnes présentes jouent le jeu. De toute façon, les rares ne s’y pliant pas resteront dehors, sans aucune forme de discussion possible. Les miliciens présents, dont Elijah, sont appelés en renfort pour aider aux fouilles. Le regard de ce dernier se pose un peu plus loin, là où se trouvent Maelys et Mia: si elles ont réussi à soigneusement l’éviter jusqu’à présent, ce ne sera cependant pas le cas ad vitam æternam. Au contraire. Une discussion s’impose au vu de leur mensonge commun, et s’il le faut il les attendra de pied ferme à son domicile, lorsque la plus jeune raccompagnera sa fille…
La zone blanche n’a jamais paru autant coupée du reste de la ville, depuis ces dernières années : dans cette bulle protectrice, quoique désormais plus si inatteignable que ça, ses habitants ne manqueront sûrement jamais de rien. Certains visages ont beau se tourner vers la foule pacifique, combien d’entre eux auraient l’audace d’y prendre part ? Peu, sans aucun doute. Les privilèges sont là, criants, et le resteront encore quelques temps sûrement…