The Walking Dead RPG

A la suite du résumé, Kaitlyn ne répond rien. Elle dévisage Ulrich la tête légèrement penchée sur le côté, comme on observerait un petit attardé pour tenter de dérouler les nœuds qu'il a dans la tête et qui lui empêche de comprendre un énoncé pourtant simple.

-"Et pourquoi je me mettrais en opposition avec tes maîtres?" Demande-t-il, s'amusant peut-être de l'expression qui s'affiche sur le visage de l'otage. Elle ne cache pas sa colère. Elle griffonne déjà dans son calepin une réponse. En fin de compte, ne pas avoir à parler est plutôt un soulagement, bien qu'elle aurait préféré lui cracher sa réponse au visage. Elle n'a pas le temps de mettre le point final à sa phrase que le Capitaine reprend sur ce ton mielleux et méprisant à la fois. "Tes capacités, on s'en est passé pendant des années et regarde... Tout va bien pour nous !" Il rit... et elle ne peut s'empêcher de rire avec lui, bien que la sonorité soit bien différente. Si lui se moque, elle rit comme s'il avait sortie une bonne plaisanterie. Et c'est avec le sourire qu'elle répond à son affirmation. Peut-être l'a-t-elle déstabilisé, ou pas, mais c'est amusant de voir ou son les défauts de cet homme, l'orgueil est certainement le premier. Elle entend à moitié ce qu'il baraguouine ensuite mais en comprends l'essentiel.

-"Tu veux quoi ? Une période d'essai ? Pour me prouver que tu n'es pas une petite pute décevante comme toutes les autres ?"
Le regard qu'elle lui lance en réponse est presque aussi explicite que la réponse qu'elle rédige dans le calepin. Heureusement pour lui, elle n'a pas de fusils à la place des yeux, sinon il y aurait des entrailles à nettoyer pour rattraper le fauteuil dans lequel il est assis.
Elle griffonne les derniers mots et dépose le calepin devant l'homme.

* Je n'ai aucun maître, ni eux, ni toi. Si tu as peur de te mettre en opposition, alors, tu as raison, je ne peux rien pour vous.

* Vous vous êtes passés de mes capacités, et vous vous êtes fait voler un bateau par deux putes que vous n'arrivez pas à retrouver. Cela dit vous vous en sortez plutôt bien. La question est: Pourquoi pas mieux? Vous pouvez continuer à vous en sortir avec vos navires qui crachent la fumée, démarre au troisième essais, consomme beaucoup plus de carburant, tire trois ou quatre nœuds de moins que ce qu'ils pourraient, sans parler de vos armes à bords qui grincent, risque de s'enrayer ou de ne plus tourner correctement sur leurs pivots. Evidemment vous pouvez faire sans ça. Mais avec vous seriez encore plus efficace.

* Je ne suis la petite pute que d'un homme!! Et si je me débrouille en mécanique, une chose est certaine, je ne suis pas décevante, ni avec mes mains, ni avec le reste. Mais ça tu ne le sais pas encore. En revanche, pour la bande de bras cassés qui te servent de matelots, je suis une cheffe d'équipe, un capitaine, et rien d'autre. Tu me méprise parce que tu n'a jamais eue une fille comme moi, ni à ton bords, ni dans ton lit. Mais fait de moi la Pirate que je suis, et tu te féliciteras d'avoir trouver une perle rare. Bien sur, tu peux me renvoyer balayer aussi. Après tout l'orgueil finira par te tuer, alors pourquoi ne commencerait-elle pas par te faire faire des erreurs?

* Je ne te propose pas une période d'essais. Je te propose de remettre en état un de tes navires, avec un petit groupe de mecs doués de leurs mains. Si ton navire n'est pas deux fois plus éfficace après mon passage, tue moi. Mais si je réussis, laisse moi l'opportunité de te montrer tous mes autres talents.

*Autre chose et pas des moindres. Tu dois te douter qu'aucun de tes otages n'a envie de rester là. Ils ne vont pas rester les bras croisés à attendre éternellement pour que tu reçoive ton butin, le cul assis dans ton fauteuil. Et les communautés ne vont pas se soumettre docilement. Mais je pourrais peut-être avoir quelques informations pour toi, afin de te montrer ma loyauté.

Kaitlyn ne réagit pas aux provocations, elle reste impassible, plus soldat qu'elle ne l'a été jusqu'à ce jour. Et pourtant, Dieu sait combien elle aimerait lui planter son crayon dans la carotide, le voir s’effondrer, happer l'air comme un poisson hors de l'eau, se noyer dans son sang giclant à chaque battement de cœur. Et elle, au dessus cherchant dans son regard le moment inéluctable ou il comprendrait que la fin arrive, et dans cet ultime prise de conscience, trembler de peur.
Elle se souvient d'eux sur la péniche, elle se souvient de la terrible douleur qu'ils lui ont infligés. Elle se souvient que ce n'était pas le pire. Elle avait commencé à y croire. Tout n'était pas parfait, loin de là. Il y avait des conflits, des disputes, des sorties plus difficiles que d'autres, mais elle avait commencé à croire qu'il pouvait y avoir autre chose que les ténèbres, le néant et le froid glaciale d'une eschatologie sans lendemain.
Ils avaient brisé cet espoir naissant. Ils l'avaient éteint alors qu'il n'était encore qu'un songe fugace, une idée en passe de ce cristallisée. Ils étaient l'incarnation de la mort de ce monde, de l'humanité, ils représentaient tous ce qui les avaient amenés à ce jour. Justice divine, maladie scientifique, virus extra-terrestre? Elle n'avait jamais échangé avec personne sur les idées que chacun pouvait avoir à ce sujet. Une chose dont elle était certaine, c'est que ce monde méritait ce qui lui arrivait, comme les hommes souffrant du déluge par leur coeur remplis de méchanceté. Dommage que Noé est trouvé grâce, aujourd'hui, peut-être qu'une espèce plus intelligente prendrait soin de leur monde plutôt que de tenter de le dominer.
Le pouvoir, c'est la seule chose qui fait battre le cœur des humains. Ni le sexe, ni l'argent, ni même la survie. Survivre c'est avoir le pouvoir de vivre, l'argent est une quantification du pouvoir, le sexe est une domination de l'autre, les publicité étaient la meilleure façon de diriger les désirs, les médias avaient le pouvoir de l'information et contrôlaient la peur. Toutes les instances de l'ancien système reposaient uniquement sur l’appropriation et la sauvegarde d'un maximum de pouvoir, sur un maximum d'esclaves. Un cercle vicieux ou le maître était esclave du pouvoir qu'il voulait acquérir sur ses propres subordonnés. Le monde est un enfer, et ce n'est pas étonnant que les morts finissent par se révolter. Et le Diable dans tous ça? Ne dit-il pas qu'il est Légion quand le Christ lui pose la question? Et bien voilà l'un de ses nombreux visages.

Elle récupère le carnet, griffonne quelques mots dedans et jette papier et crayons sur le bureau. Certaine qu'il en a finit avec elle pour aujourd'hui, elle tourne les talons et sort du bureau. Demain elle débute son nouveau travail. Elle espère avoir des opportunités. Ou que cela la mène, elle est une survivante. Les autres, ils ont toujours cru qu'elle serait un poids, orgueilleuse ou stupide. Le nombre de fois ou on lui a envoyé dans la tronche "Nous ça fait sept ans qu'on survit." C'est vrai, mais elle n'est pas encore morte, elle non plus.

Lorsqu'Ulrich ouvre le calepin il n'y a pas grand chose, juste une nouvelle étoile...

*Je veux des fringues convenables!

En attendant que le futur ouvre ses portes vers cette putain d'opportunité vers la liberté, elle est une pirate, elle va vivre, respirer, penser et se comporter comme une pirate. Elle espère juste qu'à force de regarder l'abyme, elle ne deviendra pas elle même un monstre.