The Walking Dead RPG

Une dernière détonation claqua dans l’air, avant que le silence retombe. Mon oreille droite continua de siffler encore un moment ensuite. « T’as été mordu ? » Demandai-je aussitôt à William, qui se tenait la joue. Mais on me détrompa rapidement. Si ce n’était qu’un éclat de la balle, il n’y avait pas de quoi s’alarmer. Inutile de rentrer en hâte à Fort Ward avec un malade sur les bras. « Dommage pour ta belle gueule, mon pote ! » Lançai-je avec dérision, maintenant que la tension était retombée.

Je m’avançai ensuite dans le couloir sombre, lampe-torche braquée au-dessus de mon arme de poing, pour m’assurer que les lieux étaient bien sécurisés. Nos tirs successifs n’avaient pas attiré davantage de rôdeurs jusqu’à nous. C’était la bonne nouvelle. En revanche, il n’y avait strictement rien d’exploitable au sous-sol. Je lâchai un juron bien senti quand des rats me passèrent rapidement entre les jambes pour se sauver à l’extérieur. L’un d’eux finit sa course dans le mur d’en face, l’écartant d’un geste rageur du bout de ma botte. « Ça pue la merde, ici. » Et, pour preuve, le seul document exploitable en était recouvert. « Fait chier, sérieux… » Evidemment, les gosses s’en étaient donnés à cœur joie de tout saccager. J’aurais fait de même à leur place, sans me soucier de l’utilité de ces recherches. Et ce qu’ils n’avaient pas complètement détruit, les rongeurs installés au sous-sol s’en était chargé à leur place. « Il n’y a plus rien d’exploitable ici, on s’en va. On doit encore finir de sécuriser le reste du bâtiment. »

Il y avait encore de nombreuses salles de classe au rez-de-chaussée, dont la plupart ne représentèrent aucun intérêt réel. Cependant, certaines d’entre elles avaient servi de dortoirs quelques années auparavant. La librairie et la salle de musculation conservaient également un intérêt. « On aura juste à remettre un coup de neuf pour l’avant-poste. » Tout serait utile, finalement.

La journée s’était éternisée. Il faisait quasiment nuit au dehors quand on rebroussa chemin vers la cafétéria. « La fille qu’on a surprise dehors… elle a dû tous les enfermer et attendre sa mort. » Je me demandais à quel point son agonie avait été longue, surtout qu’elle avait peut-être été mordue à la main et avait décidé de la couper. Mieux valait ne pas s’appesantir sur la question, tout comme ce que renfermait cette porte solidement close. « Allez, c’est tout ce qu’il nous reste à faire avant d’aller se boire une… enfin de rentrer chez nous. Vous êtes prêts ? J’ouvre. » J’attrapai le pied-de-biche de Zack pour forcer un bon coup sur la porte, jusqu’à la sentir enfin céder. Les rôdeurs, pressés de l’autre côté, déferlèrent ensuite sur nous. Je me reculai à temps pour laisser les autres œuvrer. Encore des enfants-rôdeurs… ça me rebutait tellement.

Spoiler:

"It's holding me, morphing me, And forcing me to strive To be endlessly cold within, And dreaming I'm alive And I'm not breaking down I'm breaking out Last chance to lose control"

Bon, plus de peur que d’mal pour Will visiblement. J’ai même un sourire quand Locke parle de sa belle gueule, avant de me focaliser de nouveau sur le couloir. J’le suis en silence alors que l’odeur me prend direct à la gorge. « Bordel… » Soufflé entre mes dents, alors qu’au final, on fait chou blanc. Rien d’utilisable. « Dommage. » Y avait du potentiel vu les infos qu’on avait réussi à grappiller pendant notre exploration.

Exploration qui continue d’ailleurs, alors qu’on finit de vérifier chacune des pièces. Ca prend du temps, même si on a pas d’autres mauvaises surprises. « Y a moyen de bien être installés ouais. » Surtout qu’il y aura pas grand-chose à faire en effet. Et on finit par se retrouver devant la cafétéria. J’ai un vague hochement de tête à la remarque du motard quand il évoque de nouveau la gamine. « C’est moche putain. » soufflé plus pour moi-même qu’autre chose, avant de hocher la tête quand il nous demande si on est prêts. Mon couteau à la main, mon flingue à portée, j’attends que Locke ouvre les portes et j’ai un quand même un temps d’arrêt en voyant les mômes. Et si ça m’fait quelque chose, j’ai pas vraiment envie de savoir ce qu’il y a dans sa tête à lui là, de suite.

« Tu surveilles nos arrières ? » Lancé dans sa direction, alors que j’fais un signe de la tête à Will pour qu’il m’accompagne. Après, chacun fait comme il le sent sur ce coup-là et je m’attarde pas vraiment sur qui suit le mouvement ou non, concentré sur les rôdeurs. Eliminer ces pauvres gosses est un peu trop facile malheureusement, mais je préfère pas m’appesantir sur le sujet. J’finis d’essuyer ma lame quand le dernier est par terre et j’ai un regard en direction des autres. « J’pense qu’on a terminé là. » J’crois que je dirais clairement pas non à un verre.

The stuff that dreams
are made of.

ANAPHORE

Concentré sur ses tirs manqués, la situation se passa bien trop vite pour William qui sentit la brûlure sur sa joue alors qu’il venait à peine le temps d’entendre la détonation, sans bien comprendre ce qu’il venait de se passer. Laissant passer une exclamation de surprise, il sursauta à retardement en voyant Locklan balancer furieusement le mort qu’il tenait par les cheveux vers un autre d’entre eux. Passant la main sur sa joue, il sentit le liquide poisseux qui en coulait, se faisant la remarque qu’un peu plus et elle fauchait son œil. Sur le qui-vive, il faillit repousser Zi en craignant qu’il n’ait pas vu un des rôdeurs qui se serait approché de lui mais une fois la panique refluée, il la suivit docilement, la laissant faire. Elle était douce et rapide, c’était… bienvenu, pour quelqu’un qui n’aimait pas vraiment le corps médical. « Merci. »

S’il était sincère, il regretta presque ses paroles, alors qu’elle l’informait qu’il devrait aller à l’infirmerie. Il avait beau avoir affirmé qu’il s’y rendrait, pour le suivi de son dos, il ne l’avait pas encore fait. Mais il n’avait pas de douleur, pas qui perdurait et pas qui avait été définie comme anormale par Maeve dans le passé du moins, alors… « C’est indispensable ? » Même s’il ne voulait pas faire sa chocotte. Il se retourna vers Locklan, cachant le rictus qui déformait son visage une seconde plutôt face à Zi, et prit un air enjoué. « Tu déconnes ? Une blessure de guerre mystérieuse, il n’y a rien de mieux pour plaire à ces dames ! » Il n’avait pas besoin de ça mais ça serait clairement un atout supplémentaire, et il comptait bien en jouer. « Je compte sur vous pour ne rien dire des circonstances, évidemment. » Il était sûr que le secret serait éventé rapidement, mais ça ne coûtait rien de demander. « Je suppose que vous viendrez avec moi à l’infirmerie ? » Une manière comme une autre de ne pas se défiler.

Se relevant, arrêtant sa main alors qu’il s’apprêtait à se toucher le visage où les straps le démangeaient, il continua à explorer les classes, plutôt silencieux, jusqu’à ce que Locke ouvre la dernière. « Allons-y. » Plus vite ils le feraient, plus vite ils rentreraient. Et, contrairement aux autres, ils le laissaient de marbre : des gosses qui avaient perdu la vie, il y en avait plein. Au moins, eux avaient eu la chance de pouvoir la découvrir… Rejetant cette pensée amère bien loin dans son cerveau, il sortit son couteau et perfora le crâne des enfants sans s’interrompre, retournant à l’entrée de la salle une fois le dernier achevé. Ils étaient mieux morts qu’à devoir se planquer et prier pour survivre quotidiennement face à des morts-vivants affamés et dangereux contre lesquels ils ne pouvaient lutter, de toute façon.

WE ARE SOLDIERS

It's time to strap our boots on
This is a perfect day to die
Wipe the blood out of our eyes
In this life there's no surrender

Un ricanement m’échappa à la remarque de William. L’ambiance se détendait un peu, maintenant que nous avions surmonté le plus difficile. Et, contre toute attente, sa cicatrice « de guerre » lui plaisait. « Tu sais qu’on va pas se priver à notre prochaine soirée de raconter comment tu t’es fait ça ? » Il s’en doutait certainement même. « Sérieusement, mec ? T’as besoin qu’on te tienne la main pour aller à l’infirmerie ? » Lâchai-je d’un ton moqueur. Enfin ça restait un prétexte tout trouvé pour rendre visite à Zi, alors… pourquoi pas ?

On finit de faire le tour de notre nouvel avant-poste, pour être certain d’avoir écarté tout danger. Fort heureusement, nous n’eûmes pas d’autres mauvaises surprises. Les pièges artisanaux étaient visiblement mis en place avant tout pour tenir les indésirables loin d’eux et les rôdeurs au sous-sol. Nous aurions certainement beaucoup de cadavres à brûler le lendemain, en plus de plusieurs pièges à démanteler pour les remplacer par de nouveaux systèmes de défense. En bref, on ne risquait pas de chômer. Mais dans l’immédiat, la nuit tombait et nous en avions certainement assez vus pour la journée.

La prévenance de Zack me surprit. William et lui se chargèrent d’éliminer la demi-douzaine d’enfant-rôdeurs sans que je n’ai davantage à me salir les mains. « Laissez tout en place, on finira demain de faire le ménage. Bien joué, les mecs ! » Et les filles, ça allait de soi. Investir correctement les lieux prendrait encore de longues semaines, mais le plus dur était fait : les lieux étaient sécurisés. Je gardais personnellement tous les écrits et les enregistrements audio. Ils pourraient être encore utiles, mais surtout pour ne pas oublier ce qu’il s’était passé entre ces murs. C’était une sorte de dernier hommage rendu à ces enfants laissés livrés à eux-mêmes, et également un cruel rappel de ce que Fort Ward aurait pu advenir…

"It's holding me, morphing me, And forcing me to strive To be endlessly cold within, And dreaming I'm alive And I'm not breaking down I'm breaking out Last chance to lose control"