Sujet: Re: Détours & virages Ven 13 Jan 2023 - 14:35
- Oui, j’le sais, avait-il répondu simplement à propos de sa vaccination. Ils avaient été amenés à faire quelques opérations à Kitsap pendant l’été et c’était un facteur qu’il prenait dorénavant toujours en compte. D’autant plus depuis l’apparition de ces vilaines spores. Ta fille l’est aussi ? Demanda-t-il toutefois.
La conversation tourna court cependant car une créature surgit un peu plus loin. Le jeune homme passa au radar les alentours tandis que Selene se chargeait d’éliminer la menace. Le reste de la nuit était calme. Il leva de nouveau les yeux sur l’épave, ou du moins sa silhouette qui se dressait devant eux dans l’obscurité. Elle leur rappelait à quel point leur monde était un cimetière. Il reprit sa marche quand sa partenaire le rejoignit. Ses sourcils se haussèrent légèrement quand elle reprit la parole.
- Ah oui, réagit-il, sans feindre un étonnement exagéré. C’était un fait, il ne pouvait pas le nier. Tu n’es pas allée au Summer’s du tout ? Elle est souvent derrière l’bar.
Il jeta un regard en coin vers sa voisine. Avait-il consciemment évité que les deux femmes ne se croisent ? Il n’en avait pas réellement eu besoin, son quotidien ne chevauchait pas si souvent celui de sa femme, mais ça lui avait pourtant bien convenu ainsi. En réalité, s’il avait accordé à Selene beaucoup de temps pour ses premiers jours, c’était toujours un peu dans le cadre de l’armée. Tout au plus était-elle venue une fois jusqu’à chez lui, mais sous le prétexte de faire se rencontrer leurs filles. Il l’appréciait, mais il ne voulait pas en faire de trop aux yeux des autres, comme pour ne pas trop attirer l’attention sur elle.
- On n’vit plus ensemble, on n’se voit… pas tout l’temps, c’est… Elle proposa un adjectif. Difficile… j’sais pas, mais compliqué oui. Ça va l’rester encore un bout d’temps, répondit-il. Il pinça les lèvres en poussant un soupir. Il pensa évidemment à cette grossesse qu’il avait appris une dizaine de jours plus tôt. Ils savaient dorénavant qu’ils allaient certainement garder cet enfant, mais il n’en avait encore parlé à personne. Il n’y avait rien de mieux que de détourner l’attention quand on ne désirait pas s’étaler. J’t’ai entendu hier… hésité ou n’pas répondre quand Jill t’a d’mandé si t’étais vraiment séparée d’ta copine. C’est plus si clair ?
Elle avait commencé à lui répondre quand il posa une main sur son avant-bras. Il venait d’aviser une masse sombre, assez imposante, sur la plage au loin, qu’il n’identifiait pas. Il fit un mouvement du menton dans la direction en question : tout droit. C’était au ras du rivage.
- C’est quoi c’truc là… souffla-t-il, les sens et les réflexes en alerte. Une seule solution s’offrait à eux : s’avancer pour voir.
Sujet: Re: Détours & virages Ven 13 Jan 2023 - 23:58
- Ah… non, pas encore.
Le fameux « bar » semblait être une véritable institution mais elle n’y avait pas mis les pieds, tout simplement parce qu’elle avait trop peur d’être prise pour une profiteuse. Officiellement, elle était toujours en période probatoire, alors la musicienne souhaitait éviter de se faire remarquer. A la place, elle bossait sans voir le jour, sans prendre de repos. Au final, la réponse de Stan avait un goût de trop peu, et Selene n’eut pas le temps de le faire approfondir qu’il lui retourna la question. Évidemment…
- C’est compliqué… si, on est séparées, mais depuis que c’est assumé, on a retrouvé notre facilité à se parler sincèrement. Du coup…
Son aîné l’interrompit en posant la main sur son avant-bras. Il y avait quelque chose sur le rivage. Instinctivement, la jeune femme leva son arme. Ça ne bougeait pas mais c’était d’une taille impressionnante. Trop gros pour un rôdeur, trop arrondi pour un bateau. Lentement, elle progressait en suivant la cadence du militaire. Les semelles de ses chaussures firent crisser les énormes grains de sables, mais la forme ne bougeait toujours pas. Sa lampe commençait néanmoins à découper les contours de cette chose sombre… Une peau noire luisante, une délimitation blanche, des nageoires.
- Oh, putain, laissa échapper Selene ; c’était possible ça ?! C’est une orque…
Échouée, visiblement. Comment était-ce possible ?! Selene était loin d’être spécialiste en comportement animalier, mais elle remarqua bien vite que la bête était gravement blessée. Plusieurs plaies saignaient encore sur le rivage, dans son dos était planté l’embout cassé d’un harpon. Pas de doute donc : des Hommes avaient fait ça. Ça lui fit mal au cœur, d’autant qu’elle percevait maintenant les frémissement d’agonie de l’animal, mais elle s’efforça de ne rien laisser paraître.
- C’est… y’a une procédure pour ça ?
A deux, il était probable qu’ils n’arrivent jamais à la remettre à l’eau – et en même temps, elle n’y survivrait pas. Mais ils n’avaient pas non pus de quoi jouer aux vétérinaires de fortune. Cette scène lui en rappelait fugacement une autre, qu’elle aurait préféré oublier. Les couinements des chiots lui résonnaient encore dans la tête.
« Dum spiro spero »
Go back and forward, but all is melting like the snow ♪ Taking all from us, all we thought was left to know ♪ On what we treasure falls a dusty snow ♪ taking us backwards, but where we will never know.
Sujet: Re: Détours & virages Sam 14 Jan 2023 - 15:54
Il avait commencé à pincer les lèvres, à sa réponse concernant Juliet. Le dialogue était l’une des failles de son couple. Tout comme la complicité perdue. C’était peut-être aussi ce que les deux filles avaient égaré. Il se l’imagina une seconde, parce que leurs vies paraissaient parfois se renvoyer le même écho. C’était en ça que Selene ne le laissait pas indifférent. Il n’avait jamais rencontré jusqu’ici quelqu’un d’aussi… semblable à lui. Dans son vécu principalement, dans son état d’esprit aussi.
L’instant confession ne s’éternisa cependant pas davantage car ils étaient en poste et ils devaient rester attentifs. Stanley avait appris au fil des années à garder constamment un œil autour de lui, tout en pouvant discuter tranquillement. Il savait faire deux choses en même temps ! C’était très certainement les seules. Sur leurs gardes, ils approchèrent donc de cette ombre mystérieuse échouée sur la plage. Il reconnut l’animal en même temps que sa partenaire et ses yeux s’arrondirent aussi. Il remarqua à son tour les plaies, le harpon.
- On les aperçoit parfois plus au large. Mais jamais de c’côté d’île. Il doit être trop blessé pour réussir à nager… Il avait ainsi certainement dérivé, avant de finir ici.
Le clapot recouvrait une partie de son corps. La bête faisait presque six mètres de long. La remettre à la mer ? Ils n’y arriveraient jamais, elle pesait bien ses cinq tonnes, au moins ! Sans compter que ça ne servirait certainement à rien. L’orque était mourante. Celle-ci lâcha d’ailleurs une plainte, à briser le cœur le plus hermétique. Stanley n’avait aucune affection particulière pour la faune d’ici et d’ailleurs, mais il sentit ses poils se hérisser. Le cétacé les appelait à l’aide. Littéralement. Y avait-il une procédure ?
- Non, j’crois bien qu’c’est inédit. On ne l’sauvera pas, t’es d’accord avec moi ? Il jeta un regard vers Selene. L’achever ? Il ne voyait pas bien comment… puis… J’sais pas qui a essayé d’le chasser, mais j’suppose du coup que… ça s’mange…
Ça faisait mal au cœur, car c’était un animal majestueux. Il poussa une nouvelle plainte. Oui le sentiment était terrible. Mais le militaire avait perdu bien trop d’amis pour s’apitoyer sur le sort d’une orque. Aussi belle et intelligente fut-elle. Et en cette période de rationnement, il fallait savoir être pragmatique : ils venaient finalement de faire une belle pêche !
- R’tourne à la maison, réveille Melinda. Explique-lui. Faudra sûrement contacter Fort Ward pour qu’ils nous envoient du monde pour gérer ça. Mais elle saura quoi faire. Melinda avait de l’expérience dans le domaine marin. Elle était l’unique vraie référence, depuis la disparition de Jaimie. J’vais rester là. Faudrait pas qu’un rôdeur ne vienne nous l’contaminer…
Sujet: Re: Détours & virages Sam 14 Jan 2023 - 21:33
Stan avait malheureusement raison. L’animal ne pouvait certainement pas être déplacé, ils ne pouvaient pas l’achever et ils ne le sauveraient pas non plus. Qu’importe qui l’avait chassé, l’orque s’était perdue, peut-être loin de sa destination, et l’urgence était de palier à un protocole qui n’existait pas encore. Les plaintes du cétacé lui fendirent le cœur aussi, mais la musicienne avait conscience que d’un point de vue pragmatique, ils n’avaient qu’une chose à faire. La bête allait mourir et ils manquaient de nourriture.
- J’y vais, approuva-t-elle en faisant volte-face, pour rebrousser chemin au pas de course.
*
Ça avait été une drôle de journée. Après avoir été tirée du lit – non sans ronchonner – Melinda avait pris les choses en main. Il fallait aller vite, car comme tous les produits de la mer, la chair de l’orque deviendrait vite avariée si elle n’était pas correctement nettoyée et conservée. Heureusement que les températures étaient basses, alors le renfort eu le temps d’arriver pour l’opération « découper Willy ».
Selene n’assista pas à l’exécution finale, ni au travail de taille dans la viande et la graisse. Une fois l’équipe improvisée au boulot, sous les ordres de l’ancienne marin qui avait des cernes plus larges que ses yeux, la pianiste avait repris son tour de garde. Bien que chamboulée par cette découverte et l’agonie de l’animal, elle avait fantasmé avec Stan sur des pavés d’orque accompagnés de frites à la graisse de cétacé. Ils n’avaient plus parlé de leurs couples respectifs et avaient travaillé sérieusement… tout en rigolant bien au passage.
*
Fin de sa deuxième ronde. La nuit était tombée et le silence régnait dans la maison. Rocco était parti se coucher sans demander son reste, Jill avait raccompagné la cargaison d’orque avec Melinda, la relève des deux femmes arrivera le lendemain. Selene s’octroya une toilette rudimentaire, à base d’eau de pluie et d’un pain de savon dur comme une brique, puis elle regagna le salon de la piaule en tenue « confortable ». Un pantalon de survêtement, un débardeur sous un gilet à capuche. Sa crinière cascadait librement et rebondissait au rythme de ses pas.
Stan était là, sur le sofa. Elle remit d’abord une bûche dans le poêle qui chauffait la baraque – il faisait frisquet – puis s’installa à côté de lui, jambes contre son buste, talons sur l’assise. Lessivée, elle poussa légèrement son ami de l’épaule, dardant sur lui ses prunelles bleu glacier.
- Pas sommeil ?
Question sous-entendue : à quoi pensait-il ?
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Sujet: Re: Détours & virages Dim 15 Jan 2023 - 9:27
Stanley n’avait de son côté pas troquer ses vêtements de la journée. Il ne se déplaçait généralement pas avec beaucoup de fringues, alors il supportait ses pantalons jusqu’au coucher. Il avait cependant retiré ses chaussettes et ses pieds nus étaient posés sur une sorte de pouf, qu’il avait approché du feu. Il regardait danser les flammes, derrière la vitre un peu sale du poêle, pendant que ses orteils se réchauffaient. C’était agréable. A quoi pensait-il ? A rien, véritablement.
- J’n’ai pas encore trouvé l’courage de me l’ver de là, glissa-t-il, alors que Selene venait de s’assoir à ses côtés et le bouscula légèrement. Il se souvint brutalement de tous ces petits coups que lui assénaient aussi Casey à leurs débuts. Il tourna franchement le visage vers la brune et la dévisagea quelques secondes, sans rien dire. Sacrée journée, hein, déclara-t-il finalement, en reportant ses yeux vers le foyer. C’est plus rasoir d’habitude, j’te l’cache pas. Et on n'finit pas sur des découvertes culinaires.
La journée n’avait pas été commune pour l’avant-poste d’Agate, c’était certain. Elle avait été mouvementée et ils avaient eu le droit à leur ration de l’animal au diner. C’était Prince qui avait cuisiné. Les steaks d’orque dans leurs assiettes étaient magnifiques, la chair était pâle, assez grasse, et ressemblait un peu à celle de l’espadon. Dans la bouche, ça s’apparentait assez au bœuf, du moins un peu, mais avec un fort goût de métal qui restait sur le palais. Est-ce que c’était bon ? Honnêtement : non. Mais ça faisait longtemps qu’ils ne s’arrêtaient plus vraiment à ça.
- Ça fait du bien d’rire surtout, j’crois, ajouta-t-il. C’était finalement ce qu’il retenait de ce dernier jour et de la soirée qui l’avait précédé. Ils avaient une bonne connexion. Tous, mais surtout eux deux. C’est tellement chiant la vie quand on n’rit pas. Il repensait à sa dernière année. Le temps lui avait paru tellement long alors qu’il était empêtré dans ses états d’âme et de corps surtout. S’isoler, s’engueuler. Il était tellement soulagé d’en être sorti, en partie. Le jeune homme restait indéniablement un être sociable. Il se redressa de sa position un peu avachie. Tes impressions du coup ? Sur ici, lui demanda-t-il pour poursuivre l’échange.
- Je vois pas comment ça peut être rasoir avec des gens comme Jill et Rocco, rétorqua-t-elle dans un petit rire.
Tous les deux étaient sacrément drôles. Ceci dit, la musicienne avait bien compris que la facette plaisantine de l’ancienne flic cachait une bourreau de travail implacable, et l’autre acolyte masculin de leur quatuor n’était pas en reste quand il était question de mettre la main à la patte. En vérité, ils étaient une sorte de combo parfait : des gens sérieux qui faisaient un boulot chiant, mais dans la bonne humeur. Le sourire de Selene s’élargit alors que Stan confiait que ça faisait du bien de rire. Elle voyait carrément où il voulait en venir et machinalement, elle se mit à l’imiter en fixant les flammes du poêle.
- Mes impressions sur l’avant-poste ou sur le camp en général ? Au final, ça revenait un peu au même, alors elle poursuivit, c’est assez intimidant au début… je veux dire, on voit que vous êtes là depuis des années et que vous avez eu le temps de perfectionner la gestion, il y avait un côté psychorigide dans l’organisation qui était presque effarant ; mais en même temps, il suffisait de regarder Layla ou June pour comprendre qu’il ne pouvait en être autrement, et la pratique me confirme ce que j’avais entraperçu à Kitsap.
Que ce ne sont ni des monstres, ni des idiots avides de pillages, ni des abrutis planqués dans un refuge doré. Ils étaient des survivants comme les autres, avec leur passé, leurs deuils, leurs totems et leurs casseroles. De ce que Selene avait entendu, au fil des années, des dizaines – voire plus d’une centaine – de personnes avaient perdu la vie à Fort Ward même. Ça ne devait pas être évident de perpétuer éternellement la vie dans un lieu qui avait vu tomber autant de gens. De son expérience, les survivants déménageaient, dès que la terre se gorgeait du sang de trop de partenaires.
- Je suis bien avec vous, résuma-t-elle.
Et elle pouvait comprendre ce qui rendait les gens d’ici si attachés à leur communauté, en dépit de l’aspect stricte de la gouvernance. Ils n’avaient pas fait que préserver « l’avant », ils avaient rebâti une micro-société fonctionnelle. Souvent, la pianiste oubliait que les gens qui avaient tué Alma et attaqué le ranch venaient aussi d’ici. Peut-être même que Stan y avait participé. Elle ne voulait pas lui demander, pour ne pas bêtement enrayer une mécanique qui marchait à merveille.
- Dis, je me demandais…, elle sentait que c’était le bon moment pour sa requête, mais elle était gênée malgré tout, quand on sera rentrés, je sais que t’as beaucoup de choses à faire, mais ça te dirait si… euh…, ses doigts jouaient nerveusement dans ses cheveux, recalant quelques mèches derrière ses oreilles, tu m’as pas mal accompagnée à mon arrivée, mais on a pas vraiment eu le temps d’avoir un moment.
Comprendrait-il ? Ils avaient beaucoup parlé, ils avaient travaillé ensemble, Stan l’avait introduit auprès de certains de ces collègues et amis, mais il n’y avait plus eu de « rendez-vous » sur la plage depuis ce fameux jour. Elle aimerait retrouver ça, ces instants privilégiés. Car actuellement, plus qu’un toit sur sa tête et de quoi manger, Selene avait besoin d’un ami. Un qu’elle voyait autrement qu’avec une arme dans la main et des êtres vivants morts à gérer, si possible.
- Ça te dirait si un soir, on passait une soirée ensemble ? Y’a encore une télé qui fonctionne chez moi, bizarre d’admettre que ce n’était plus que la maison d’Elizabeth, j’ai cru comprendre qu’on pouvait se dégoter un lecteur DVD et quelque films…, rien de fou au final, ni de très original, juste… comme ça quoi.
Juste comme ça.
« Dum spiro spero »
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- Tu n’choisis pas toujours tes partenaires, lui rappela le garçon, dans un sourire. A moins d’être pistonnée !
Certes il avait constitué ces jours-ci une véritable dream team du fun – encore qu’il manquait le légendaire Graham – mais ce n’était pas toujours le cas. Le garçon se souvenait de l’époque où il faisait des guets presque tous les jours, parfois en compagnie de gros lourds. Quel enfer ! Enfin c’était de l’histoire ancienne. Il avait l’autorité aujourd’hui pour faire les choses à sa sauce, et comme il lui plaisait. Il garda un fin sourire en coin dessiné sur son visage, alors qu’elle évoquait qu’elle appréciait la compagnie. De ce groupe, de manière générale.
- Tant mieux, glissa-t-il simplement. Il accueillit sa proposition suivante, les sourcils hauts, le front légèrement plissé. Surpris ? Un peu oui. Il accrocha son regard sur elle. Ses yeux d'un bleu électrique, sa tignasse, qu’elle tortillait avec nervosité. Tu veux m’inviter à voir un film chez toi ? Reprit-il. Ça… ça sonnerait presque comme un rencard…
Il posa cela, cash, en se donnant un air détendu. Une façade. Il esquissa un nouveau sourire et Selene pouvait interpréter sa remarque comme une boutade. La question était bien sérieuse toutefois. Il lui laissa d’ailleurs quelques secondes pour répliquer. Pour éviter tout malentendu ou désillusion, il valait toujours mieux lancer des perches pour permettre de clarifier. Elle pouvait approuver, sans complexe, ou nier avec ardeur. Ce serait clair. Elle pouvait aussi se contenter de rire et là…
- Pourquoi pas, répondit-il dans tous les cas. Deux mots, qui ne rejetaient pas l’idée, sans complètement s’emballer. Il précisa néanmoins : on a un moment, là. Ce n’était pas un rendez-vous, mais ils étaient seuls. Un peu comme lors de leurs entrevues de l’été. Du moins sur le principe. Rocco était monté depuis une bonne demi-heure et rien n’assurait qu’il n’allait pas ressurgir. Qu’attendait le militaire en déclarant ça ? Il ne savait pas très bien. Il ressentait les tiraillements de leurs dernières rencontres sur ce petit bout de plage. Il y eut un bref blanc qu’il rompit rapidement. Quel film tu m’montrerais si t’avais tous les choix ?