The Walking Dead RPG

Il coupa le moteur à quelques mètres de la berge, pour s’emparer des rames et accoster en silence. Ils n’étaient dorénavant plus en territoire complètement sûr. Il dut enfoncer sa pagaie dans le sable pour approcher un peu plus leur embarcation et s’éviter de devoir sauter sur le rivage avec de l’eau jusqu’aux chevilles. Ils remontèrent alors le zodiac sur la plage pour le caler dans un coin discret. Les joues rosies par le vent qui les avait fouettés pendant la traversée, Stan fit un hochement de tête aux indications de sa partenaire. Il serait passé à côté sans voir ces traces. Il n’avait jamais appris à chasser. Il n’en aurait certainement pas la patience. Sa mâchoire se crispa toutefois : la nouvelle ne lui plaisait pas.

- On fait un état des lieux, souffla-t-il. Observation seulement, pour l’instant. On avis’ra si besoin d’renfort.

S’il avait le fusil automatique dans le dos, il sortit cependant son Berreta de son étui. Il était d’ordinaire plus à l’aise avec ce dernier. Sauf quand il était question de faire un carnage, mais croyez-le ou non, c’était tout de même quelque chose qu’il aimerait éviter. Par habitude, il avait enfilé le gilet par balle. C’était comme une deuxième peau, chaque fois qu’il sortait. Il fit un mouvement de la tête pour signifier à Selene qu’ils pouvaient poursuivre. De fait, ils allaient commencer par suivre les traces de pas et il la laissa ainsi passer devant… Il couvrirait leurs arrières, les sens aux aguets.

Il était clair que l’ambiance n’était ni au flirt, ni à la rigolade. Stanley perdait d’ailleurs tout sens de l’humour quand il était ainsi sur le terrain. Il voulait croire que c’était l’une des raisons pour lesquelles il était encore vivant. Au même titre que sa chance parfois insolente, évidemment. Ils progressèrent quelques minutes entre les jardins, puis les traces s’effacèrent en rencontrant la route.

- Là-bas, souffla le garçon, alors que des semelles apparaissaient plus loin. Dressées, les orteils vers le ciel. Le reste du corps était caché par la carcasse d’une voiture. La dépouille était celle d’un rôdeur. La pluie n’avait pas davantage rincé le sang brunâtre qui s’était répandu en partie autour de son crâne fracturé.

Aucun autre indice ne leur permit toutefois d’aller plus loin. Ils cherchèrent quelques instants, avant de se résigner. Il leur restait un objectif dorénavant : le feu. Prudemment, pour ne pas être trop en vue, ils choisirent de s’éloigner de la côte en longeant la route par les zones boisées. Les habitations se faisaient de plus en plus clairsemées. L’odeur leur parvint finalement, ils savaient qu’ils n’étaient plus très loin. En même temps, le craquement d’une branche les avertit qu’ils n’étaient pas seuls. A quelques mètres d’eux, trois rôdeurs s’avançaient à travers les arbres nonchalamment. Parallèlement à eux. Ils ne les avaient pas vus et s’avançaient, attirés comme eux par ce qui générait ce brasier.

Leurs regards se croisèrent. Il ne fallait pas se leurrer, il y aurait certainement d'autres infectés sur place. Devaient-ils pourtant les ignorer et prendre le risque d'évoluer à proximité de ces derniers ? Ils ne parlèrent pas, mais Stan entendit la question muette de sa partenaire. Il hocha la tête. Oui, autant les tuer. Son Berreta retourna à sa ceinture, alors qu'il attrapait son couteau de combat.

Tout aussi concentrée que son partenaire, la musicienne s’efforça de déceler les traces de pas laissées ci-et-là. Elles n’étaient pas nombreuses, mais suffisantes pour leur donner un cap et leur permettre de se mettre sur une piste sérieuse. Les voraces ne s’éclataient pas le crâne entre eux, en plus d’allumer des feu. La pianiste suivit Stan, alors qu’ils étaient à court d’indice concret, le long des arbres qui vampirisaient la route. Elle tourna vivement la tête en directement du bruit de branche qui craquait dans leur dos.

Des rôdeurs.

Ils ne les avaient pas vus et continuaient leur route chancelante en direction du feu, eux-aussi. D’un échange de regard, ils se mirent d’accord. Selene troqua son fusil contre son couteau de combat, et approcha des morts aussi discrètement que possible. Son souffle se réduisit au minimum, ses sens étaient aux aguets, elle avait même cessé de ciller. Nouveau coup d’œil vers son acolyte, pour qu’ils se synchronisent. Trois. Deux. Un.

Ils frappèrent rapidement, supprimant chacun un vorace avant qu’ils n’aient eu le temps de se retourner. La musicienne accompagna le poids du corps au sol, pour limiter le bruit de sa chute. Le dernier, qui fit volte-face en montrant les crocs, ils s’y prirent à deux pour faire ça proprement. Selene fit une clef de bras, passant dans le dos de la charogne, pour limiter ses mouvements et la forcer à faire face à Stan. Le duel fut vite réglé.

La jeune femme essuya la lame de son couteau sur son jean, qui en avait bien vu d’autre, et reprit la progression. Quelques minutes plus tard, ils durent dévier de la route pour s’enfoncer véritablement dans les bois. Un autre rôdeur fut neutralisé en route et gentiment allongé sur les feuilles mortes. Enfin, ils entraperçurent une clairière. La musicienne se planqua immédiatement derrière un arbre, même s’il n’était pas impossible qu’on les ait déjà vus venir.

Sans bruit, elle échangea encore avec son partenaire par simples coups d’œil. Elle passait devant, il la couvrait. Son canon quitta sa cachette le premier, suivit de sa tête, puis du reste de son corps. Un à un, ses semelles se posaient souplement dans la terre meuble. Selene distinguait une tente, couverte d’une espèce de couverture marronâtre, et le foyer mourant d’un feu de camp. Son cœur battait fort dans sa poitrine, mais elle restait alerte.

Il n’y avait pas beaucoup de traces de pas et celles qu’elle voyait se ressemblaient toutes – il n’y avait donc probablement qu’une personne. Sous la cendre, les dernières braises s’éteignaient, la branche qui servaient de tisonnier était échoué juste à côté des pierres qui délimitaient le foyer. La pianiste pointa finalement son arme sur la tente. Elle comprit que ce qui la couvrait était une sorte de toile imprégnée de sang de rôdeur. Pas bête. Malheureusement, impossible de voir à travers en transparence.

- S’il y a quelqu’un, je vous demande de sortir s’il vous plait.

« Dum spiro spero »

Go back and forward, but all is melting like the snow ♪ Taking all from us, all we thought was left to know ♪ On what we treasure falls a dusty snow ♪ taking us backwards, but where we will never know.

Récompenses:

Parce qu’ils restaient définitivement très similaires, leur approche même de l’extérieur se faisait aussi avec une évidente alchimie. Stan l’avait déjà remarqué l’été précédent, cela se confirmait encore. Ils éliminèrent les trois rôdeurs en quelques mouvements. L’instant suivant, le jeune homme avait ressorti son arme de poing et il écoutait avec attention la forêt alors que Selene s’approchait d’une tente couverte de terre ou quelque chose y ressemblant. Le feu qu’ils avaient remarqué auparavant n’était finalement qu’un foyer sauvage, qui ne dégageait presque plus aucune fumée…

- Tu bouges pas !

La pianiste avait à peine parlé qu’un homme venait de sortir de derrière un amas de fougères en fin de vie, à quelques mètres de sa tente et de la jeune femme. Aux premiers frémissements des plantes, Stanley l’avait braqué. Mais le type n’était pas armé. Ses deux mains nues s’élevèrent vers le ciel. Le militaire s’approcha vivement de lui.

- Je suis là, déclara-t-il, d’un ton las, comme s’il n’avait jamais eu d’autre intention que de simplement s’annoncer. Son visage était si maigre que ses yeux paraissaient s’enfoncer dans ses orbites. Ses mains étaient noires de crasse, bouffées aussi par le froid. Il était impossible de lui donner un âge, tant la famine avait travaillé ses traits. Il les observa un instant, muet. Vous ne seriez pas… des Remnants, par hasard ?

Il s’avéra que l’homme – un certain Kevin – était en fait depuis de longues semaines à leur recherche. Il vendait ses services à l’époque au No Man’s Land, puis à Providence, mais la destruction de l’endroit avait anéanti son équilibre. Il avait pris la direction de la péninsule et de Brainbridge, après avoir vu l’avion de William disparaitre par-là, le jour fatidique où celui-ci avait largué ses bombes. Il errait ainsi seul depuis trois mois. Ses explications étaient parfois embrouillées, et même parler lui coutait.

- J’espérais ne plus… être loin. Vous avez vu le feu… c’est ça ?

L’homme avait tendu une longue dague qu’il avait à sa ceinture, quand Stanley lui demanda de déposer ses armes. Puis le trentenaire l’avait fouillé, brièvement. Il nageait complètement dans ses vêtements. Son odeur était pestilentielle. Il paraissait réglo, et pourtant… il ne pouvait s’empêcher de rester sur ses gardes. S’ils devaient faire entrer en douce un espion chez l’ennemi, comment s’y prendraient-ils ?

- Fouille ses affaires, demanda-t-il à Selene. L’homme ne s’offusqua pas et opina du chef en lui donnant son consentement.

Selene se retourna d’un bond en entendant la voix de son partenaire claquer dans l’air. Le canon de son fusil compléta la menace du beretta, visant le torse d’un homme émacié et visiblement inoffensif. Pendant tout l’échange, elle laissa la parole à Stan. Elle était encore « en formation », c’était lui le représentant le plus pertinent du groupe – et l’un de ses responsables avec ça. Ainsi donc, Kevin cherchait l’asile de Fort Ward depuis plus d’un an maintenant. La musicienne affichait un air fermé, étudiant ses traits de ses yeux glacier. Même dans la situation de celle qui avait fraîchement bénéficié d’un asile, son instinct la travaillait. Elle n’arrivait pas à se sentir complètement tranquille à son sujet.

D’un hochement de tête, elle reçu l’ordre de fouiller ses affaires et ouvrit effectivement la tente pour mettre le nez à l’intérieur d’un logis aussi pestilentiel que son propriétaire. Narines retroussées, Selene tâta le sac de couchage et l’ouvrit pour en l’inspecter complètement. Ensuite, elle analysa les possessions de Kevin : un carnet noirci de notes, une cartes gondolés et déchirée, un minuscule bout de crayon, un bocal rempli de fruits sauvages, une couverture de survie abîmée par les années, un étrange papier froissé et plié en quatre. Les yeux de la pianiste s’écarquillèrent quand elle en découvrit le contenu.

- Tu nous expliques ça, Kevin ?

Main droite toujours fermement sur le fusil automatique, elle brandit un vieil avis de recherche qui avait aussi souffert de l’humidité. Pourtant, on y reconnaissait le visage de June, encré par un cartographe du No man’s land quelques années auparavant, ainsi que la promesse de New Eden d’une grasse récompense pour sa capture – ou sa mort.

- N-non, c’est pas ce que vous croyez…, blêmit le concerné, je… je l’ai gardé pour la reconnaître si je la rencontrais en personne… ou demander à des survivants s’ils l’avaient vue… c’est le seul indice que j’avais pour essayer de vous trouver…

Selene jeta un coup d’œil à Stan. Gobait-il cette histoire ? La musicienne attendit que leurs regards se croisent pour faire comprendre à son partenaire, d’un discret signe de tête, qu’elle voulait lui parler en privé. Ils ne prirent que quelques secondes à prendre leurs dispositions, Kevin sachant de toute façon qu’il ne courait pas plus vite que des balles s’il essayait de s’enfuir.

- On est d’accord qu’on est sur la partie de la région qui n’est joignable que par la mer ou par Belfair ? Questionna-t-elle une fois qu’ils se furent éloignés de quelques pas, de telle sorte que seul son acolyte puisse l’entendre, donc soit il est arrivé ici en esquivant les check points, soit il a un bateau quelque part, soit…, et elle ne finit pas, songeant que Stan devinerait : soit quelqu’un l’avait fait traverser.

« Dum spiro spero »

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Récompenses:

Stan fronça un sourcil devant l’avis de recherche de June. Sa mâchoire se crispa. Il dévisagea le prénommé Kevin, comme s’il espérait ainsi parvenir à lire dans ses pensées. Ça ne fonctionnait jamais ! Son regard coula alors vers Selene.

- Reste là, intima-t-il au type en s’approchant de la jeune femme, tout en maintenant toujours l’inconnu dans son champ de vision. Celui-ci commençait à afficher quelques signes de nervosité, il triturait ses mains l’une contre l’autre. Le regard du militaire se posa brièvement sur sa partenaire. Il acquiesça à sa première question. Le reste… Il ne dit rien, mais il comprenait le message. Lui non plus ne le sentait pas… Et dans ce genre de cas, il ne prenait généralement aucun risque. Il tenait toujours son Beretta dans la main, le canon baissé. T’as dit que t’étais v’nu à pieds jusqu’ici, non, Kevin ? Demanda finalement le militaire, en se détournant de la brunette. Il s'approcha. Juste une confirmation. L’homme acquiesça. Hum. C’est vrai qu’ça fait une trotte. T’es passé par quel côté ? T’as pris l’pont ?

De nouveau, l’étranger fit une moue affirmative. Il mentait. Il n’était même pas au courant que tous les ponts qui reliaient ce morceau de terre avaient été détruits. Il y avait fort à parier que la dernière possibilité, silencieuse, émise par Selene était la bonne. Stanley fit un hochement de tête, les lèvres pincées. Il échangea un regard avec la jeune femme, qui n’échappa pas au bonhomme. Celui-ci déglutit, fit deux pas, penaud. Avant de prendre une profonde inspiration.

- Vous ne me croyez pas, n’est-ce pas ? Demanda-t-il très factuel. Il n'attendit pas la réponse car ses yeux se posèrent rapidement derrière les deux Remnants qui lui faisaient face, et si c’était possible, ses yeux s’agrandirent encore. Attention ! Rôdeurs !

Par réflexe, le militaire se retourna. Même s’il n’avait rien entendu. Même s’il n’y avait rien de ce côté une minute plus tôt. Il se fit berner. Car au même instant, l’homme s’était baissé pour ramasser une grosse pierre qu’il jeta sur le trentenaire et sa voisine. Avant de s’élancer à toutes jambes, définitivement plus dynamique qu’il ne l’avait paru jusqu’ici. Stan réussit à éviter le projectile. Il lui fallut une longue seconde pour enregistrer ce qu’il venait de se passer. Il poussa un juron en armant son bras droit. La détonation retentit dans la forêt silencieuse. Le dénommé Kevin poussa un cri de douleur, il tituba. Mais il ne s’effondra pas, poursuivant sa course.

Spoiler:

Selene retint sa respiration. L’homme mentait. Elle avait lu dans les yeux de Stan qu’ils en arrivaient à la même conclusion et… putain, ça faisait chier. Inutile de mots pour comprendre qu’ils songeaient à la même chose, à la même nécessité, pour garder leurs proches – leurs filles – le plus en sécurité possible. Mais le dénommé Kevin sentit également que le vent tournait, et son stratagème bêtement basique la fit se retourner également.

- Merde !

Le projectile les avait frôlé de peu, mais l’intrus s’enfuit bien plus vivement qu’ils ne l’auraient pensé. La musicienne mit trop de temps à redresser son canon et la première salve qu’elle tira creusa des cratères dans l’herbe humide de la clairière. Instinctivement, elle partit en trombe, poursuivit le fuyard qui, malgré sa blessure, slalomait comme un diable entre les arbres nus. Nouvelle grêle de balles, l’écorce vola dans le sillage de Kevin, qui s’en tirait toujours in extremis.

Un rôdeur au corps infesté de champignons se dressa sur la route de la pianiste, qui lui fit sauter le caisson sans autre forme de délicatesse. Selene cavalait, zigzaguant, sautant par-dessus les racines, expédiant ses tirs dès qu’une fenêtre se ménageait. Un moment, sa proie dérapa dans la boue, et elle saisit sa chance. TAKATAKATAKATA. Touché, à au moins trois reprises, dans le dos. Pourtant, il trouva la force de trottiner quelques pas supplémentaires, porté par une force obscure, avant de s’effondrer.

Le souffle court, la pianiste s’approcha prudemment, l’œil toujours rivé aux encoches de visée de son arme. Le fuyard ne bougeait plus. Ils n’avaient plus beaucoup de temps ici : si d’autres voraces trainaient dans le coin, comme ils le craignaient, les détonations les auraient attirés. La jeune femme fut la première à atteindre sa victime, qui haletait péniblement, face au ciel. Un rictus mauvais tordit son visage quand elle approcha.

- Les gens c… comme vous… qui s… se croient t… tout per…mis… V… vous… vous ê… êtes… m… morts…

Selene le gardait en joue sans bouger, attendant les consignes de Stan. Peut-être voudrait-il essayer de savoir d’où venait réellement cet homme et qui l’avait introduit ici, mais dans la fuite, elle n’avait pas pu faire dans la finesse. Il risquait de mourir sous peu de ses blessures et ils n’avaient rien pour le maintenir en vie.

Dés:

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Récompenses:

Stanley allait appuyer une nouvelle fois sur la détente, mais Selene le devança en s’élançant à la suite du bonhomme. Impossible pour lui de tirer sans risquer de la toucher. Il baissa son bras pour partir en courant à sa suite. Il fut toutefois ralenti de son côté par deux autres rôdeurs qu’il dut éliminer. Le premier s’écroula sur le sol, le crâne explosé, quand le second se retrouva empaler sur une branche basse. Le militaire ignora ses bras qui continuaient à se tendre vers lui, pour reprendre sa course. Il ne rattrapa sa complice que pour s’approcher du corps étendu au sol de leur homme, qui balbutiait quelques menaces.

- Et au nom d’qui, tu nous dis ça ? Tenta-t-il en s’agenouillant brièvement près de lui.

Le Kevin ne lui accorda pas même un regard, alors que du sang s’échappait de sa bouche dans une série de hoquets. Ils n’en apprendraient pas plus. Le garçon troqua son revolver pour son couteau qu’il lui enfonça sans une once d’hésitation dans la tempe. L'odeur du type lui arracha une grimace. Il se redressa pour observer un instant le cadavre. Il laissait après lui quelques mystères. Qui l’avait déposé ici ? Jouait-il cavalier seul ou faisait-il partie d’un groupe ? En réalité, cela ne changeait rien. Ils étaient déjà sur le qui-vive, ils ne comptaient plus les menaces qui surgissaient de tous bords. Une de moins, une de plus…

- Il devait savoir qu’il était parti pour une mission suicide. Mais il est pas impossible, qu’des gens essaieront d’retrouver sa trace à un moment ou un autre… déclara le jeune homme en réfléchissant tout haut. Combien de pistes avaient-ils suivies dans l’espoir de retrouver leurs disparus ? Roza, Maeve… Son regard balaya la forêt qui les entourait. Devaient-ils cacher le corps ? Brûler sa tente ? Comment tu vas ?

Il venait de ranger sa lame et ses yeux bleus-gris se posèrent sur Selene. La question n’était pas simplement formelle. Ils venaient de tuer un homme, ensemble. Il savait qu’elle avait déjà combattu, mais il ignorait son rapport à ce genre de choses. Était-elle hantée par ces vies qu’elle avait pu ôter ? Ou se trouvait-elle relativement indifférente ? Comme lui. Elle répondit avant de lui jeter un regard qui le transperça. Elle le voyait aussi tel qu’il ne s’était pas montré à Casey depuis des années. Ici, dehors. Et cette constatation s'ajoutait à... tout le reste. Il repensa à leur rapprochement un peu fou de la veille et sans réfléchir davantage, il approcha son visage du sien pour déposer sur ses lèvres un baiser bref, mais appuyé. Il se recula doucement.

- Viens, ne restons pas là, souffla-t-il, alors qu’ils pouvaient entendre un grognement familier s’approcher.