The Walking Dead RPG

Si elle regarda un bref instant Roman, elle n’hésita pas vraiment avant de répondre. « Peut-être, mais je suis partageuse, tu ne devrais pas te méfier ! » Se penchant vers lui, elle posa ses lèvres sur les siennes pour l’empêcher de répliquer : s’il désirait le faire, il aurait le temps d’y réfléchir et de le dire plus tard, même si elle pensait qu’il ne l’était pas. « Apprends-moi à me défendre, plutôt ! » Même si elle n’était pas en reste, elle tirait à peu près correctement et se débrouillait très bien avec son fusil-harpon. Il n’avait en soi pas tort : si elle ne faisait pas le poids, elle ferait profil bas ou se cacherait, jusqu’à ce que le moment opportun arrive.

Elle hocha brièvement la tête, avant de réagir. « J’ose croire que, s’ils acceptent, c’est pour enterrer la hache de guerre… » Elle l’espérait, du moins, mais le minimum serait que ça ne dégénère pas, au moins. Mais les tensions étaient vives, la réaction de Salem – alors qu’elle l’avait pardonné elle, malgré les circonstances de leur rencontre – montrait à quel point leur mésentente avec eux était gravée dans leurs mémoires. Il était impossible d’affirmer que tout se passerait bien.

Elle secoua légèrement la tête, sans prendre la parole, alors qu’il affirmait que ses paroles étaient clichées – ce serait peut-être le cas, mais quelle importance ? Elles n’en étaient pas moins vraies. « Je… Je voudrais me refaire tatouer. Pour tous les gens perdus depuis tout ça… » Pas leur nom, mais peut-être un symbole qui leur correspondait. « Ce n’est pas juste. Que je puisse avancer, et pas elle. » Même si le fait qu’elle pense souvent à elle et qu’elle se dise qu’elle aurait aimé voir certains endroits qu’elle découvrait contribuait à faire vivre Alaska un peu plus, ce n’était pas… Ce n’était pas pareil. Elles auraient dû le vivre à deux. Fixant ses yeux dans ceux de Roman, réfléchissant à ses paroles, elle saisit la main de l’homme. « Tu mérites de penser à elle de manière positive et qui te fait du bien. » Il était suffisamment torturé pour ne pas s’infliger totalement la culpabilité à ce sujet.

***

Blottie contre lui, Alice jouait avec ses cheveux à la base de son cou, sans envisager de s’éloigner de Roman. « On dit souvent qu’on choisit sa famille, qu’elle est composée des gens à qui on veut faire une place, c’est plutôt vrai, non ? Il peut y avoir sa famille de naissance, mais aussi n’importe qui pourvu qu’on le veuille. Alors… tu n’avais peut-être pas rencontré ta bonne famille ? » Elle lui souhaitait qu’ils le soient, en tout cas. Retenant difficilement un soupir, manifestant toute l’étendue de la peine qui continuait à la traverser en pensant à Alaska, elle acquiesça brièvement d’un signe de tête. « Je… Elle était tellement solaire et difficile à suivre, j’ai peur que tout ce que je puisse te dire soit décousu. Mais elle était insouciante, excentrique, du genre à ne pas se préoccuper des conventions et de ce que les gens pensaient d’elle… Elle était libre. Et elle attirait les gens avec sa personnalité. » Si le silence s’installa un peu, Alice finit par le briser. « Tu veux me parler de Flora ? » Ce qu’elle aimait, ce qu’ils partageaient… Comment ils s’étaient rencontrés, ce genre de choses.

Alice se redressa légèrement, pour regarder Roman dans les yeux. « Tout ça pour que je te dise que si je suis avec toi, ce n’est pas parce que tu peux me protéger ! » Même s’il avait peut-être plus à cœur de le faire pour ça, et qu’elle n’allait pas s’en plaindre, elle avait peut-être trop d’orgueil pour le mettre dans son lit uniquement pour ces considérations. Il avait su se faire une place à ses côtés et se faire apprécier d’elle, tout simplement. « Et puis, je suis sûre que je peux te battre au bras de fer. » C’était une simple boutade. Elle n’avait pas la carrure de le faire, pas à la loyale du moins.

Hochant doucement la tête, elle baissa les yeux sur ses bras, pour regarder la barre à roues sur le droit, qui lui donnait le sentiment de la guider au quotidien. « J’espère… J’ai toujours ‘su’ ce que je devais tatouer, mais là… C’est plus important. » Mais elle avait déjà quelques idées. « Je ne sais pas si je veux quelque chose qui soit représentatif de chacun ou qui soit représentatif de l’idée qu’ils sont dans un monde meilleur… » C’était de toute façon plutôt intime. « Tu n’as jamais envisagé de te faire tatouer ? Tu ferais quoi ? » Elle en avait fait dès qu’elle avait été majeure, au final.

« Tu l’aurais adorée, comme les autres, au final. Tout en souhaitant qu’elle te fiche la paix. » Un peu comme elle. « Alaska aurait sûrement fait la même chose. » Peut-être qu’elle aurait insisté pour en prendre un deuxième, pour qu’il ne se sente pas seul. Elle aurait fondé une véritable arche de Noé à elle seule. Et elle aurait été aimé de tous ces animaux, parce qu’elle aurait pris soin d’eux comme personne auparavant. Une véritable providence pour eux. « Tu sais que tu n’es pas aussi ombrageux que tu le crois ? Peut-être que tu as besoin de gens pour t’ouvrir les yeux, mais tu es quelqu’un d’attentionné et de bon. S’il faut t’y inciter parce que tu n’y crois pas toi-même, cette bonté est bien présente en toi. » Mais elle était convaincue qu’il lui faudrait le répéter au fil du temps, pour qu’il parvienne à y croire.

Elle ferma les yeux, alors qu’il lui affirmait qu’elle lui rappela sa femme, sans être sûre que ce soit une bonne ou une mauvaise chose. Sans répondre, non plus, alors qu’il l’embrassait et qu’elle le lui rendait, avant de se blottir à nouveau contre lui. De lui poser une question, distraitement, alors qu’elle profitait de l’étreinte, finissant par s’assoupir progressivement dans ses bras.