Bon, peut-être avait-elle conservé une certaine... Obsession du rangement. Peut-être. Avisant l'étagère fabriquée plus tôt par Tucker et elle dans l'espoir de ranger l'intégralité de leurs effets personnels, par taille et nuance de couleur, ce qui l'invitait à recommencer à peu près toutes les trois minutes. Bon. Mauvaise idée. Tirant sur la manche de son haut noir en hésitant, avant de tout reprendre pour déposer au sol, se laissant tomber en tailleur à côté du foyer qui avait au moins le mérite de réchauffer agréablement la pièce, loin des températures négatives de l'extérieur. L'extérieur. Vi.
Merde.
Un bref regard tourné vers les fioles de Jenifael en parfaite exposition. La soirée fille. Et l'obscurité douce du tipi lui confirmait qu'elle n'était absolument pas dans les temps, en prime. Récupérant les fioles qu'elle vient finalement enfoncer dans son sac de voyage à la va vite, reposant dans un coin l'ensemble de médiator, CD et autres reliques de Tucker pour faire de la place au centre du tipi, terminant de se relever en catastrophe en venant défroisser les plis de sa longue robe noire et détacher son chignon flou pile au moment ou Violet entrait dans l'habitation.
Je n'ai pas du tout oublié ! Qu'elle annonce à la blonde. J'ai juste ... Perdu la notion du temps. La nuance était des plus importantes en l'état. Offrant un sourire à l'artificière en l'invitant à prendre place à même le sol face au petit feu qui avait le mérite d'apporter une chaleur agréable à l'intérieur des lieux, récupérant le yanabah que leur avait apporté Ohankô en guise de bienvenue.
Bon, on à plus d'alcool. Mais Ohankô à dit que c'était super bon. Elle n'avait pas encore eu l'occasion de goûter l'infusion, la gardant bien au chaud en prévision de la venue de Violet, et une partie de côté pour son petit ami. Souriant avec sincérité à la blonde qui vient finalement s'installer, ramenant le tissu de sa robe sur ses jambes pour se protéger du froid, reprenant. Tu ne t'es pas installée dans un tipi alors ?
De tous ceux alentours, elle n'avait pas croisé la jeune femme une seule fois.
Revenir à la réserve après avoir passé de nombreux jours à l'avant-poste du casino, ça fait du bien aussi. Je suis fatiguée et un peu de repos ne me fera pas de mal. Surtout que ça ne va certainement pas durer longtemps. Alors après avoir passé deux heures à entraîner Waban à monter à cheval puis une bonne heure et demie à apprendre avec lui la langue des signes, je dois dire que j'ai bien envie de décompresser un peu. Et pour ça, rien de mieux qu'une soirée entre filles avec Quinn.
Ayant pris le temps de faire un brin de toilette à l'eau froide, évidemment, et avoir enfilé des habits assez chauds pour sortir de la vieille maison délabrée dans laquelle je loge temporairement, je finis par rejoindre le tipi où vit la rousse. J'ai l'impression d'être en retard, alors du coup je presse le pas. En temps normal, j'imagine qu'il aurait été de bon ton de ne pas venir les mains vides. Mais là... ce n'est pas comme si j'avais grand chose à lui offrir.
Difficile de toquer avant d'entrée, je pousse le pan de tissu servant d'entrée et me retrouve face à Quinn qui me saute presque dessus alors que j'allais lui annoncer que je suis là. Clignant plusieurs fois des yeux, surprise, je ne peux retenir un petit rire amusé. Encore en train d'essayer de tout organiser? C'est que je commence à la connaître, à force. Ça fait partie de son charme, en quelque sorte.
Je ne me fais pas prier pour m'installer au sol à ses côtés, frémissant à cause du contraste de chaleur entre l'extérieur et les flammes qui éclairent et réchauffent l'intérieur de l'habitation. Et plus que « super bon », il t'a dit quelque chose ? Genre... ce que c'est? Parce qu'avec ma chance, on va s'enfiler une potion de rituel ou je ne sais quoi et je vais finir par aller danser à moitié nue au milieu des tipis en pendant que c'est le moment de faire un show titanesque. Enfin, j'en sais rien, mais dans le doute... Je préfère m'inquiéter un peu.
Remettant un peu mieux ma veste sur mes épaules, je secoue négativement la tête à la remarque de mon amie. Non, j'ai posé mes affaires dans une des vieilles maisons en ruine. Comme je vais fréquemment faire des allers-retour entre ici et l'avant-poste, je me suis dit qu'il valait mieux laisser les tipis à ceux qui en auraient l'utilité. Et vous deux alors ? Vous vous installez bien ici?
Je vois absolument pas pourquoi tu dis ça ? Bon, peut-être un peu en fait. Sans doute pour le tas d'objets savamment empilés dans un coin. Coupable, donc. Esquissant un sourire désolé avant de reprendre. J'aime juste quand c'est bien rangé. C'est tout. Et dire que ça frôlait l'obsession était un euphémisme tel que sous entendre que Frances était parfois, de mauvaise humeur. Quand à la boisson ? Elle hoche la tête avec un sourire ravi.
C'est du asi! Et c'est plus fort qu'elle, elle le prononce avec l'accent, et en signant même le mot, bien trop fière de ses progrès en la matière. C'est un dérivé de la caféine ! Et de toute manière, la boisson était d'un noir profond. C'est Sahale qui en fait, apparemment c'était un truc de chaman avant. C'était en tout cas ce qu'elle avait retenu quand elle avait commencé à assommer Ohankô de questions. Et si Vi était suspicieuse, aucun problème. Elle avala une première gorgée sans aucune hésitation, hochant la tête avec satisfaction en lui tendant. C'est bon. Vraiment bon. L'écoutant évoquer la maison délabrée qui lui faisait office de domicile, hochant la tête à son annonce sur les allées et venues.
Comment ça se fait ? Que tu doive y aller régulièrement, je veux dire. Pour son entraînement ? S'installant en tailleur pour être plus confortable, esquissant un sourire sincère à sa question. Relevant brièvement la tête sur l'intérieur de leur tipi, pour l'heure pas encore spécialement décoré mais ... Qui valait la peine assurément. Les guirlandes lumineuses à pile qu'elle avait accroché au dessus de leur couchage permettait un semblant de lumière douce, rare souvenir de leur ancienne habitation.
Ce n'est pas aussi confortable que le tipi qu'on avait à Nisqually, mais ... On est ensemble. C'est tout ce qui compte, au final. L'époque ou elle était matérialiste et accro à la mode lui semblait d'un coup, bien loin. Et pour ta maison tu fais comment ? Pas de lit, pas de quoi te chauffer ? Le terme de ruine avait quand même quelque chose d'un peu alarmant, là tout de suite.
Revenant prendre une gorgée de sa boisson non sans émettre un bref soupir de bien être à l'idée de pouvoir réchauffer son corps semblant avoir éternellement froid, glissant ses mains autour de la tasse brûlante avant de reprendre. Je peux te filer un coup de main, si tu veux aménager un peu ?
Un petit rire m'échappe quand Quinn tente de se dédouaner et je hausse les épaules, amusée, avant de signer un rapide un peu, qui fait partie des trucs les plus faciles à apprendre. Ouais, j'ai envie de montrer que je progresse dans l'enseignement de Waban. Et de son côté, lui, progresse aussi à cheval. Alors c'est cool qu'on arrive tous les deux à aller de l'avant. C'est qu'on est pas mauvais, l'un et l'autre, dans le rôle de prof.
Venant saisir une tasse à mon tour, je la lève rapidement vers la rousse comme pour trinquer avant de souffler sur son contenu et d'en boire une gorgée. Un frisson me parcourt, à cause de la chaleur du liquide qui contraste avec celle de mon corps. Parfois, j'en viens à me demander si je ne suis pas à moitié morte quand je vois à quel point j'ai tout le temps froid. Mais j'arrive étrangement à me convaincre que « le froid c'est dans la tête » et du coup je tiens le coup.
Je me suis portée volontaire pour le faire. En plus, ça me permet de faire des excursions fréquentes pour surveiller les déplacements du reste de la horde que nous avons rencontré pendant le voyage. Nihima me fait confiance pour ça, je crois, que je finis par dire avec une pointe de fierté, à la manière d'une gamine qui aurait eu droit à ses premières félicitations de la part de son prof.
Si j'observe pendant un petit temps le tipi dans lequel je me trouve, m'approchant un peu plus des flammes pour pouvoir me réchauffer – ce qui me semble très complexe – je finis par hausser les épaules à la question de mon amie concernant ma « demeure ». Rien de tout ça. J'ai des couvertures pas trop bouffées par les mites, c'est déjà ça. Mais eh, au moins si je me retrouve à devoir dormir à la belle étoile pendant une expédition, je serai pas dépaysée ! Je préfère prendre ça à la rigolade. Et puis, c'est moi qui ai fait ce choix, personne ne m'a mis un couteau sous la gorge.
T'as envie de te lancer dans une mission impossible ? Non parce que là, c'est plus juste de la déco qu'il faut faire, limite il faudrait tout raser et recommencer à zéro ! Je ricane un peu, revenant prendre une gorgée de asi, avant de prendre une grande inspiration en posant une main sur le sol pour pouvoir m'appuyer dessus et me mettre un peu en arrière. Dans le fond, t'embête pas. J'ai pas vraiment plus envie que ça de décorer. Tout ça... C'était plus le truc de Harp que le mien. Moi, tant que j'ai un sol où dormir et une couverture pour pas crever de froid, ça me va. Si j'ai un léger sourire se voulant rassurant aux lèvres, difficile de ne pas sentir la mélancolie dans ma voix et dans mon regard.
C'est fou parce que tu as l'air étonnée quand tu le dis. Que sa responsable puisse lui faire confiance. Haussant un sourcil en lui offrant un regard faussement étonné par dessus sa tasse brûlante. C'est pas du tout comme si elle avait pu avoir le temps de vous juger, pendant que vous étiez face à deux milles rôdeurs, quoi. Au hasard. C'était sans doute le meilleur moment pour voir qui faisait l'affaire ou non, assurément.
Et sa ruine -ou habitation, selon- semble définitivement inapte à recevoir un semblant de confort, alors qu'elle l'avise sans trop comprendre. Non, c'est sûr. Mais le sommeil c'est sensé être un minimum important, si tu veux tenir des journées titanesques... Et c'était le médecin en elle qui parlait. Quoi qu'elle soit sans doute assez réputée pour ses insomnies nombreuses, ou son incapacité à tenir en place. Mais elle ne s'était jamais targuée d'être irréprochable dans ce domaine. Mais l'argument s'entend, alors qu'elle hoche la tête. Harper. Ca expliquait un peu mieux cette volonté de ne rien vouloir faire pour embellir un semblant de chez soi.
Tu sais, si j'ai réussi à faire de ce tipi et du premier un vrai lieu cosy, ce n'est pas une ruine qui va me faire peur. Et elle était sérieuse dans son offre. Elle te manque ? Sans doute qu'elle n'avait pas besoin de prononcer son nom, pour que Vi sache de qui elle parlait. Baissant brièvement le regard, avant de reprendre à son attention.
Mon frère est parti à Talequah. J'ai voulu lui parler, il m'a demandé si j'étais toujours avec Tucker, et ... Comme j'ai confirmé, il à décrété qu'on avait rien à se dire. Ca lui avait fait mal, évidemment. Venant serrer la bague de Tucker à son cou par instinct, comme à chaque fois qu'elle songeait à un épisode difficile de sa vie, avant de reprendre. Mais ça reste mon frère.
Ca n'empêchait pas l'amour qu'elle pouvait toujours lui porter. Qu'il soit à sens unique ou non.
J'ai un petit rire qui m'échappe, haussant les épaules à la remarque de Quinn. On est jamais trop sûr de rien, tu sais. Et puis, je suis encore en apprentissage, je suis pas une vraie Valkyrie. Du coup, y'a plus qualifié que moi. Même si elle n'a sûrement pas tort. Le fait d'avoir réussi à s'en sortir face à une telle horde – même si j'ai pas eu grand chose à faire dans le fond – a été certainement décisif dans l'avis que Nihima a pu se faire de ses élèves. Et donc, de moi.
Malgré tous les efforts que je tente de faire au quotidien, voilà que dès que j'entre dans une sphère plus privée, je suis incapable de ne pas parler d'elle. De Harper. Pas un jour, pas une heure, ne passe sans que je ne pense à elle. Que j'essaie d'imaginer ce qu'elle peut endurer là-bas. Que je prie tout ce qui peut bien exister ou non qu'elle aille bien. Je ne pourrai jamais me pardonner le fait de ne pas avoir su la protéger. De ne pas avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir pour aller la sauver lorsqu'elle était captive à Seattle en attendant son procès. Je suis restée sans rien faire. Faible. Inutile. Je ne veux plus que ça se reproduise. Et s'il est trop tard pour Harper, je garde espoir de pouvoir me rendre utile pour les autres.
Bien sûr, Quinn a raison. Il faudrait que j'ai un endroit plutôt confortable où me reposer si je veux espérer être en forme pour mon entraînement, les missions et tout le reste. Mais... C'est pas vraiment ma priorité. Pas pour l'instant, en tout cas. Tant que d'autres sont mieux lotis, ça me va. J'ai un léger rire à la remarque de la rousse, haussant les épaules. Si t'as besoin d'un autre défi que ranger ton tipi par ordre de taille et de couleur, ma foi, fais-toi plaisir ma belle!
Malheureusement, mon sourire disparaît à sa question. Je détourne le regard, fronçant légèrement les sourcils alors que mes yeux se perdent dans les flammes qui me font face. Instinctivement, je viens ramener mes genoux vers ma poitrine et les entoure de mes bras. Un soupir m'échappe et je déglutis presque difficilement. Elle me manque énormément. Harper et moi... ça a toujours été compliqué. On s'est connues que quand elle avait seize ans. En soit, pas très longtemps avant que le monde devienne ce qu'il est. Mais... le jour où je l'ai rencontrée, j'ai su qu'il était de mon devoir de grande sœur de la protéger. Et j'ai échoué... A de nombreuses reprises, en plus.
Relevant le regard vers la rousse, je grimace un peu à sa remarque. Excuse moi de dire ça comme ça mais... Il a l'air d'être une sacrée tête de con quand il veut, ton frangin... Il devrait être heureux pour toi, qu'il apprécie Tucker ou pas... Enfin, c'est que mon avis. Je sais pas s'il y a un passif entre eux, mais de ce que je sais, voilà ce que j'en pense.
Et alors ? Être en apprentissage ne veut pas dire être performant. Regarde Tucker, ou Daryl. Ils ne sont peut-être pas berserker, mais ça ne les empêche pas d'être apte à savoir se défendre. Fait-elle remarquer en haussant les épaules. Esquissant un sourire coupable à la remarque de Vi, une petite moue trahissant sa gêne à l'idée. Je sais que je suis un peu toquée. Mais je fais pas exprès, promis. Ca avait toujours été plus fort qu'elle, cette obsession du rangement. Ca avait le don de la détendre, en prime.
Et l'évocation d'Harper assombrit l'ambiance, alors qu'elle écoute avec attention la blonde évoquer cette esquisse de son passé. Ne pouvant que compatir à cette perte qu'elle ressent sans mal, pinçant les lèvres. Tu ne peux pas te sentir coupable de ses choix, tu sais ? fait remarquer la rouquine en revenant prendre une gorgée de sa boisson, émettant un bref soupir. Harper ... Elle à fait ses choix, elle connaissait certainement les risques. Et elle ne voulait pas parler de sa propre présence chez les Scarecrow. C'était déjà un cauchemar éveillé à chaque fois qu'elle y songeait, ou en rêvait. Mais au vu de son court séjour la-bas, il n'y avait à ses yeux, pas un monde ou Harper n'aurait pas pris conscience des risques.
Quand à Connor ? Elle ne peut s'empêcher de sourire tristement à l'idée.
Connor est ... du genre têtu, rancunier. Tête de con, certes. Mais pas que. Il ne lui à jamais pardonné ce qu'il s'est passé la première fois entre nous. Même si Tucker n'était pas allé aussi loin qu'elle l'avait supposé, il lui avait quand même brisé le coeur. Mon frère m'a vu dans les pires états possibles ces sept dernières années. Endeuillée, gravement blessée, catatonique. Je crois que Tucker, c'était la goutte d'eau. Je commençais à aller mieux, on se rapprochait et il s'est passé ce qu'il s'est passé. J'ai beau essayé de lui faire comprendre qu'il à muri, qu'on à évolué tous les deux et que maintenant tout est différent, il ne veut rien savoir. Et ça lui faisait toujours aussi mal, dans le fond.
Mais je ne veux pas m'interdire d'être heureuse. Elle l'avait déjà fait si souvent, après tout. Pendant quatre ans, sans doute un peu plus. Baissant le regard pour masquer à quel point évoquer cette partie de sa vie peut parfois l'impacter, secouant doucement la tête en revenant esquisser un sourire. J'ai aussi ma vie à faire, et je sais que Tucker en fait partie. Tout comme Connor avait fait la sienne auprès d'Elena.
Et toi alors ? Pas de copain, de copine ? Elle n'avait jamais parlé de ça avec Vi, maintenant qu'elle y songeait.