The Walking Dead RPG

Kaycee fut presque surprise d’apprendre que les responsables de cette rébellion interne n’avaient pas été tout bonnement liquidés, exécutés. Un peu comme à l’instar des forces de police par le passé, il était parfois plus facile de tuer les terroristes dans le feu de l’action que de s’embêter par la suite à les juger. Mais c’était ce que The Haven avait fait.

- Ils n’avaient fait que « faillir de vous tuer »… tu crois que ça aurait été différent si des gens étaient réellement morts ? Certainement. Tu penses qu’ils représentent encore une menace pour vous ? Que ça pourrait se reproduire ? Demanda-t-elle ensuite, alors que Rafael lui avouait le désir de vengeance qu’il peinait à ravaler. Il avait conscience cependant qu’elle n’avait pas vraiment lieu d’être. Mais ce n’était pas si simple. Pour ça, la jeune fille se réjouissait effectivement que Tiago ne soit pas fait de ce bois-là. Car de ce qu’elle savait, ce penchant ne se raisonnait pas vraiment, pas plus qu’il ne se contrôlait. Il y a le phénomène de groupe, qui accentue ça aussi. Pour survivre, les gens ont du faire des choses… vraiment dures, supra violentes. La plupart des vrais gentils sont morts depuis longtemps. Alors ça n'arrange pas les choses.

Elle se tut un instant. Elle avait effectivement cette conviction profonde qu’il n’y avait aucun méchant, aucun gentil. Ils avaient tous déjà tué quelqu’un, parfois même beaucoup. Elle pinça les lèvres, avant de soupirer.

- Tu as tué beaucoup de gens ? Enchaina-t-elle finalement sans vraie transition. Elle planta ses yeux clairs dans ceux du gitan. Il n’y avait pas d’accusation dans ses prunelles. Elle voulait simplement savoir exactement à qui elle avait à faire… dans quelle catégorie de monstres Rafael se plaçait-il ? La même qu’elle, ou bien pire…

~ Kaycee,

Easy as a kiss we'll find an answer
Put all your fears back in the shade
Don't become a ghost without no colour
Cause you're the best paint life ever made

S’il grimaça, il finit par laisser échapper un long soupir. « Je ne sais pas quand ils ont pris leur décision… Nous n’étions pas là, ils leur ont dit qu’on était morts, piégés dans un éboulis. » Ce n’était même pas tout à fait faux : ils avaient été piégés par un éboulis et n’avaient survécu que par pure chance. « Peut-être que… Peut-être qu’ils ont craint pour les autres, pour tous ceux pris en otage. » Il secoua légèrement la tête. « Ça donnait l’impression qu’on ne comptait pas suffisamment, pour qu’il y ait une vraie punition. Comme s’ils n’avaient eu qu’une tape sur les doigts… » Qu’auraient-ils pu, dû, faire ? Les condamner à l’exil ? Le gitan n’en savait rien, mais la question continuait de le ronger. « Je ne pense pas. Je crois que… que les choses sont allées dans leur sens, finalement. Au point qu’on ait dû quitter le lieu où nous vivions, par crainte que l’on nous attaque. » Était-ce une bonne chose, une sage décision ? Il n’en savait rien.

Il la dévisagea en silence, alors qu’elle poursuivait. Est-ce que c’était ça ? Il avait clairement suivi les gens de Fort Nisqually quand ils avaient attaqué les bikers, mais le regrettait-il pour autant ? Ils capturaient et agressaient des femmes. Ce n’était pas une mauvaise chose, de son point de vue. Qu’il ait été influencé ou non. « Je suppose que je comptais parmi les gentils, avant. Maintenant… » Il ne savait plus rien. « Directement, en face-à-face ? Non. C’est probablement la seule fois que j’ai tué, sans que ça ne soit de la légitime défense, face à ces hommes aux côtés de The Haven. » Si l’on comptait qu’il ait détourné le regard alors qu’ils savaient que des gens allaient se faire tuer… « Et toi ? » En était-on réellement épargné, de toute façon ?

- Alors vous avez sûrement pris la bonne décision. Et peut-être qu’ils n’avaient pas complètement tord dans le message qu’ils essayaient de faire passer. Elle haussa les épaules. C’était probablement difficile à entendre, mais ce n’était pas parce que des gens se dressaient contre nous qu’ils étaient nécessairement dans le faux. Parfois on se trompe. Peut-être que ces gens regrettaient cette prise d’otages aussi, simplement.

Elle ne dit rien quand il évoqua l’attaque de Tahlequah. Elle en avait eu le récit par les Exilés, Emie. Elle n’en connaissait cependant pas complètement tous les rouages. Rafael se rangea ensuite dans la catégorie des « plutôt raisonnables ».

- Deux fois. Par balles. Je crois que j’avais envie depuis longtemps de le faire, pour… comprendre ce que ça faisait, tu vois. Comme une simple expérience. J’avais vu tellement de gens mourir. Un jour on s’est attaqué à un groupe, dans une église, ils avaient kidnappé certains des nôtres. Un peu comme ton histoire… Dans le feu de l’action, j’en ai tué un. Ça m’a fait bizarre et… en même temps pas grand-chose. Ça fait peur je trouve, de ne pas en ressentir grand-chose… Elle interrogea Rafael du regard. Partageait-il ce sentiment ? Si ce n’est peut-être le soulagement d’être soi-même vivant ? Ça ne me plait vraiment. La deuxième fois, c’est quand notre convoi à l’époque du Troc s’est fait attaquer par les Scarecrows.

Mentionner ces monstres réveillait dans son esprit une série de flash : les masques, God, l’état de Salem après sa torture, la flèche qui se plantait dans le dos de Roxanne.

- Alors je préfère me souvenir des gens que j’ai aidés, ajouta-t-elle en forçant un sourire. Et si elle ne le faisait que rarement gratuitement ou par simple bonté de cœur, oui, elle restait tout de même clairement dans le camp des gentils, non ?

~ Kaycee,

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Rafaël soupira malgré lui, à la réponse de Kaycee. « J’aimerai pouvoir être aussi convaincu et catégorique que toi… » Mais il était directement impliqué, et ne parvenait pas à pardonner. « Peut-être qu’on a tous eu raison sur certains points, et tort sur d’autres. » Est-ce que tout ça aurait pu être évité ? Il n’aurait sûrement jamais de réponse, ni à ça, ni de raison qui puisse justifier ce qu’ils ont fait aux membres de leur propre groupe. Mais il était peut-être temps qu’il laisse cela derrière lui. S’il en était capable. S’il se targuait d’être gentil, il devait l’être, n’est-ce pas ?

« Est-ce que c’est moins grave quand c’est pas des gens biens ? Quand on sait qu’ils font du mal. Ces bikers et les gens que tu as tués… Ils faisaient souffrir les autres, par plaisir. » En tout cas, c’est comme ça qu’il le voyait. « Je n’ai rien ressenti non plus. » Il ne s’était même pas vraiment posé de questions. « Je sais qu’on ne doit pas être victimes, juges et bourreaux mais… C’est difficile. Quand j’étais plus jeune, au lycée, j’ai laissé en sang des mecs qui riaient et voulaient, il s’arrêta, les mots sortant difficilement, abuser de notre sœur. Je ne regrette pas. Je devrais, sûrement. Mais ils disaient qu’elle ne méritait que ça et qu’étant gitane, elle n’aurait pas le droit de se plaindre… » Ça avait été horrible pour lui, d’entendre tout ça. Mais il n’avait jamais regretté, ne s’était jamais senti coupable. « Ça ne fait peut-être pas de moi quelqu’un de gentil, en fin de compte. Mais ils l’avaient mérité. » Il n’aimait pas vraiment cette image qu’il donnait de lui, mais elle faisait partie de sa famille, à ses yeux, donc… elle méritait de savoir, non ?

« C’est une sage décision. Et même s’il n’a pas besoin de toi pour se préserver, je suis heureux que tu donnes une raison de plus à Tiago de le faire. Une raison de plus de venir aux rendez-vous que l’on se fixe, et de me retrouver vivant. Je ne te serai jamais assez reconnaissant pour ça. » Même si l’amour fraternel qui régnait entre eux valait tout ça et que jamais ni Tiago ni Rafaël n’oublieraient leurs rendez-vous. « Considère que tu m’aides plus que quiconque. Et que je suis ravi d’avoir une nouvelle sœur. » Oui, indéniablement. « Mais je ne te retiens pas debout ici, je vais panser Anoki, tu vas vite ressentir la douleur d’être montée. » Surtout alors qu’elle n’était pas habituée. « Il y a ma guitare dans ma chambre, si tu veux en jouer. » Après tout, Tiago lui avait confié qu’elle aurait voulu apprendre. Lui tournant le dos, il s’occupa de féliciter le cheval et de le brosser, non sans lui servir un peu de foin, malgré les faibles quantités. C’était un bon cheval. Il rejoint Kaycee quelques temps après, au coin du feu dans une des pièces communes, pour discuter et lui montrer les accords de ses morceaux préférés, sans voir le temps passer ou la pièce qui se vidait, alors qu’il apprenait encore un peu plus à la connaître.